L'Histoire de l'Amicale Laïque de Châteaubriant de 1919 à 1939

 

Blog de Michel Bonnier

 

  Histoire

 de  l' AMICALE LAÏQUE CHATEAUBRIANT

(II)

 

(de 1919 à 1939) 

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                   Avertissement

Pendant près de 20 ans, de 1919 à 1938, l'Association des anciens élèves des Ecoles publiques sous sa forme statutaire est en sommeil... mais les activités relatives à la défense de l'école publique sont toujours à l'honneur, les principales restant la remise des prix aux élèves, l'organisation des Noëls républicains et de soirées concert et la mise en place de loisirs en faveur des élèves des écoles publiques. Autant de manifestations, d'actions d'avant-guerre et reprises dés le retour de la paix dans les années 20. Elles sont la conséquence d'un engagement social et laïque, la promotion et la défense de l'école laïque restant toujours au premier plan. C'est une période marquée par une opposition permanente entre les défenseurs de l'école laïque et les partisans des écoles libres regroupés derrière  les élus de droite, opposants aux lois laïques qui en demandent le réajustement voire la suppression. Quant aux futurs membres de notre association, on en trouve un très grand nombre déjà engagés dans la vie politique, sociale et syndicale au sein des diverses Amicales. On ne peut bien comprendre leur position, leur engagement si on ne relie par leur action et les décisions qui les engagent à l'environnement politique au niveau local, cantonal et national 

 

Aussi regarderons-nous "Autour de nous". D'où cette rubrique toujours présente au fil du blog relatant événements locaux et événements dans un rayon élargi. Manifestations, conférences politiques privées ou publiques de deux camps font partie du paysage et les divers articles relatant ce qui se passe proviendront en grande partie des deux journaux de Châteaubriant : "Le Courrier" d'André Quinquette et "Le Journal" de Léon Lemarre. Leurs rédacteurs et autres journalistes et chroniqueurs "savaient écrire". Ils maniaient notre langue parfois avec humour et n'avaient pas peur d'afficher leurs idées ni de polémiquer exigeant un droit de réponse de leurs adversaires si nécessaire. Certains articles ont nécessité une analyse de ma part des principales idées développées, D'autres peuvent être retrouvés par les liens qui donnent accès aux Archives départementales et vous permettront de lire l'article du Journal ou du Courrier in extenso. Il vous suffira d'ouvrir "Le Journal" ou "Le Courrier"

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AUTOUR de NOUS... Après 1919

 

LA POLITIQUE EXTÉRIEURE

Depuis 1919, la Chambre des Députés dispose d'une majorité de droite. Raymond Poincaré et Alexandre Millerand tout à tour présidents de la République et Présidents du Conseil étaient partisans d'une politique de fermeté vis à vis de l'Allemagne

A l'issue de la Grande Guerre l'Allemagne perd de vastes territoires et se trouve astreinte à es indemnités considérables, auxquelles la France tient d'autant plus qu'elle sort du conflit ruinée et endettée vis à vis des États-Unis. La République de Weimar considérera le traité de Versailles comme un diktat et le gouvernement social-démocrate fera obstacle aux règlements des indemnités de guerre. En 1921, la France riposte en occupant quelques villes de la Ruhr puis en 1923 (avec l'appui des Belges) la totalité de la Ruhr, des mesures auxquelles sont hostiles les Britanniques

 

Le BLOC NATIONAL au pouvoir (1919-1924)

Il est le fruit de la coalition des partis de la droite radicale qui par peur du socialisme ont fait bloc avec les partis du centre et de la droite réactionnaire, Cette coalition est victorieuse aux élections de novembre 1919 des radicaux et des socialistes. Renversant la majorité de gauche élue à la veille de la guerre, les droites ont, pour la première fois depuis l'instauration de la IIIèmeRépublique, la majorité des élus.

  • Le Bloc national mène une politique fondée sur le patriotisme. Le bolchevisme est combattu, et l’Allemagne fait l’objet de déclaratio d’intransigeance concernant la question des réparations de guerre. 

  • On assiste au retour d'une opposition cléricale aux lois en vigueur depuis 1880 et 1905 dont les principales exigences sont la défense et le retour à la "liberté d’enseignement", le retour des Congrégations, le rétablissement de relations avec le Vatican

Le Bloc National se fissure en 1924. Les désaccords entre la droite et les radicaux qui s'y sont ralliés se multipliant, ces derniers se retirent du gouvernement pour se rallier à la S F I O en vue des élections de 1924. La dislocation progressive du Bloc national entraîne ainsi le retour au pouvoir de la gauche française unie sous le nom de Cartel des Gauches.


       CLÉRICAUX et ANTI-CLÉRICAUX


       La loi de 1905, loi de séparation, s’est réellement appliquée de 1905 à 1919 malgré une opposition toujours présente. La lutte va reprendre dès 1919, année marquée par le retour des congrégations religieuses avec l'aval du gouvernement dit "d'union nationale".En signe de reconnaissance pour les religieux revenus combattre pour la France, on suspend l’interdiction faite aux membres des congrégations d’enseigner et le gouvernement du Cartel des Gauches renoncera à étendre la séparation dans les départements concordataires en n’appliquant pas les lois laïques à l’Alsace-Lorraine

 

Que demandaient les partisans de l'école catholique?


         Gustave Hervé dans « la Victoire » exprime   certaines de leurs idées

- Pourquoi les Républicains laïques n’arrêteraient ils pas de déchristianiser la France par le moyen de l'école laïque et anticléricale ?

- Pourquoi tout en faisant de l'école publique une école neutre au point de vue confessionnel et laïque sans prosélytisme anticatholique, ne laisseraient-ils pas une place à côté de l'école publique et à côté de l'assistance publique à l'école catholique et aux congrégations charitables ?

- Pourquoi dans ce pays où, avec juste raison, alors que les loges maçonniques sont libres de s'organiser comme elles l'entendent et de tenir leurs assises en secret, ne pas reconnaître aux mystiques catholiques le droit de se rassembler dans les couvents pour prier à leur guise suivant leurs rites


Un article du Courrier de Châteaubriant favorable à une proposition de loi en faveur de la répartition proportionnelle scolaire (R P)

« Pourquoi ne pas allouer des subventions à l'enseignement privé ?Le principe étant de ne faire aucune différence entre les enfants qui fréquentent les écoles publiques et ceux qui fréquentent les écoles privées. L'exposé de ces motifs s'inspirant du principe même de notre législation scolaire qui assure à tous les jeunes français le bénéfice de la gratuité et de la liberté. Il serait juste que les charges du budget qui pèsent sur tous les contribuables profitent à tous quelle que soit l'école choisie par le père de famille. 

Il n'y a d'ailleurs dans nos lois aucune texte qui interdise à l'état, aux départements et aux communes de subventionner les écoles privées. N'a t-on pas accordé des subventions à l'institut musulman ? Au surplus ces subventions, loin d'obérer le budget lui apporteraient au contraire un allègement certain, en contribuant au maintien des écoles libres qui suppléent, dans les grandes villes à l'insuffisance des établissements d'enseignement primaire publics dont la création  constituerait un lourd surcroît de dépenses soit pour l'Etat soit pour les communes (Courrier 5 janvier 1923)

L'ECOLE LAÏQUE et le BLOC NATIONAL

Face à la remise en cause des lois qu'avait mise en place la 3ème République au cours des 30 années qui avaient précédé la guerre de 14, les partisans de l'école laïque ne restaient pas inactifs  Ils étaient conscients des dangers que présenterait cette R P souhaitée par les partisans de l'école catholique

 

Le problème scolaire 

Le Courrier - Septembre 1923 - qui reproduit un article de Gustave Hervé paru dans "La Victoire" -

 

Pour le Courrier, il s'agit de lignes fort sensées, des lignes qui ont d'autant plus de poids que l'on sait quelles furent à ce sujet les opinions de celui qui se proclame toujours sincèrement libre penseur déclare le Cour

« Si Gambetta, Ferry, Waldeck Rousseau savaient ce que nous savons aujourd'hui, s'ils avaient l'expérience que nous avons des lois laïques dont ils ont été les promoteurs, ah ! non, ce n'est pas le maintien des lois laïques qu'ils réclameraient, c'est leur révision qu'ils inscriraient dans leur programme.

- Comment ? Toucher à la plus importante des lois laïques, à la loi scolaire ?

- Oui, même à la loi scolaire de 1881 qui a laïcisé tout l'enseignement public puisque c'est d'elle que la France se meurt, malgré les laurier de la victoire dont son front est couvert

Et notre libre penseur de s'élever contre ceux qui ont soutenu cette école laïque qui a été fondée pour déchristianiser la France ou plutôt pour l'arracher à l'emprise religieuse qui s'exerçait en France sur la majorité des enfants par l’Église catholique.

Quels sont-ils ?

Et de dénoncer tous ceux qui se sont trouvés d'accord pour faire voter la grande loi scolaire de 1881 croyant - les uns et les autres - servir ainsi l'intérêt national et affirmer leur républicanisme

Les Huguenots qui n'avaient par pardonné à l’Église la Saint Barthélémy,

Les Israélites dont les ancêtres ont souffert dans le passé de l'intolérance de nos ancêtres,

Les catholiques renégats qui à la suite de Voltaire et de Diderot ont considéré que toutes les religions avaient fait leur temps et étaient des obstacles au progrès humain

Sans doute est-il possible que les esprits modérés que comptait le parti républicain aient rêvé de faire de l'école publique une école « neutre » au point de vue philosophique et religieux ?... 

Sans doute n'allaient-ils pas jusqu'à vouloir une déchristianisation totale du pays ?

Mais dans la pratique c'est pourtant une « école sans Dieu » qu'ils fondèrent, une école athée et antireligieuse.

Et de regretter de se retrouver (40 ans plus tard) avec deux « France » en face l'une de l'autre. Et même « Prenons garde, si l'école laïque, socialisante, anarchisante continue ses ravages, qu'il n'y ait bientôt plus de France du tout !

Et de souhaiter la réconciliation totale de la République et de l’Église. Croyait-il par ces lignes polémiques favoriser ce rapprochement ?

 

                          ( Le Courrier – 1er Septembre 1923 page 1)

Une expérience à ne pas refaire

La Guerre religieuse

Reprise de nos activités laïques et républicaines

  • L'Arbre de Noël des enfants des écoles publiques

23 décembre 1921, salle comble... Succès habituel... Grâce au généreux dévouement de bon nombre de nos concitoyens et, en particulier de Mmes Bréant, Davy et Nouaille aidées du concours éclairé de Mmes les Institutrices, il y eut en ce jour beaucoup d'heureux. N'oublions pas les remerciements de M. Faron, inspecteur primaire aux donateurs et organisateurs... Enfin vint le moment tant attendu des petits, dans les yeux desquels brillaient des regards de convoitise à l'aspect de tous les jouets, de tous les gâteaux et bonbons qu'ils savaient leur être destinés, celui de la distribution... Vous dirais-je qu'elle fut judicieusement faite et qu'il n'y eut point de mécontents... Quant à la joie, elle était peinte sur tous ces mignons visages. On n'oublia pas cette année encore les enfants nécessiteux de nos écoles. Le lendemain, une ample distribution de vêtements eut lieu dans chaque école

 

1922... 1923... 1924... 25... 26... 27...

Cette fête en faveur des écoles publiques, inscrite au calendrier des manifestations castelbriantaises, se déroulera.désormais,chaque année. Un programme immuable présenté par les enfants se terminant par la distribution des cadeaux et de vêtements chauds aux enfants nécessiteux, le lendemain ou la veille de l'Arbre. Originalité de certaines fêtes : la participation des grandes filles du Cours Complémentaire... Outre les sarraus, chemises, galoches, lainages, sans doute récoltés lors de souscriptions, s'ajoutaient des chemises, les sarraus, qu'elles confectionnaient... Elles habillaient aussi des poupées. 

Les grands élèves des Terrasses de troisième et quatrième se souviennent-ils des camions et autres chariots en bois qu'ils ont confectionnés en travail manuel dans la baraque affectée au travail manuel dans les années 50 . Maître d’œuvre : Marcel Jeanneau. On joignait l'utile à l'agréable. Autant de jouets qui garniraient l'arbre de Noël de la Maternelle

Cette année là - on est en décembre 1923 - salle de l'hôtel de ville - les enfants furent comblés... Assurément les 300 oranges, les 275 jouets, les 110 sarraus y étaient pour beaucoup mais imaginez l'émerveillement des petits comme des grands. Pour la première fois, les arbres étaient gracieusement illuminés par les soins de M. Geslin électricien... Émerveillement... Cris de joie... Mais le dessert pourrait-on dire ce furent les films projetés... Lanterne magique... Des films d'une drôlerie enfantine

On ne s'arrêta pas là. L'année suivante « les absents eurent tort... Il s'agit de ceux qui ne surent pas profiter de la bonne occasion qui s'offrait à eux, à l'école maternelle de la rue de la Victoire » Comme si nous y étions !

M Faron le sympathique et dévoué inspecteur primaire devait exprimer publiquement à M. le Maire E. Bréant, à M M les Adjoints, à M M les Conseillers municipaux, à M. Perrinel , président de la Commission scolaire la gratitude du personnel enseignant et des élèves d'avoir bien voulu doter les écoles de la Ville de ce merveilleux instrument pédagogique qu'est le cinéma. M. Le Maire sut alors, en termes paternels, parler aux enfants et leur dire combien ils pouvaient être heureux de profiter de ce cinéma si gracieusement mis à leur disposition. Qu'attendaient les enfants impatiemment ? La projection évidemment ! Et voilà le programme des films éducatifs qui défilèrent... Après avoir vu les Gaumont- Actualités que de découvertes ! Que de voyages ! Un coin de Rouergue, Sur les lacs suédois, le Port de Boulogne, La vie au palais impérial d'Annam... On termina par un film comique, le Placier tenace, qui amusa grands et petits. C'était au temps du cinéma muet avec accompagnement musical. Cette a année là, ce fut Mme Poussin qui charma notre oreille des sons harmonieux qu'elle sut tirer de son piano... Que c'était beau ! durent dire à leur maman, une fois rentrés à la maison les petits André Marchand, Victor Lemaitre, et autre élèves de la rue de la Victoire... Regarde Maman ! Ce que le Père Noël m'a apporté !

  • La distribution des Prix en Juillet 1922
 

Du discours de M. Faron, retenons la liste des examens primaires auxquels se présentaient les élèves garçons (des Terrasses, de Béré) comme filles (de la Vannerie, de Béré) : certificat d'études, bourses d'enseignement primaire supérieur, brevet élémentaire, concours d'entrée à l'école normale. 

N'avaient pas été oubliés nos bambins de la Maternelle de la Vannerie. Petits garçons et petites filles s'asseyaient-ils sur les mêmes bancs où étaient-ils séparés ? Au vu du palmarès, l'école comptait deux classes, chacune comptant deux sections elles-mêmes comptant deux divisions. Henri Derouallierè et son prix d'honneur dut être heureux. Quant à Auguste Héry au Cours Complémentaire, un certificat élémentaire d'éducation physique récompensait tous ses efforts

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             EN 1924...CLÉRICAUX et ANTI-CLÉRICAUX

Que demandaient les partisans de l'école catholique?

Un édito révélateur, celui du "Courrier" du 9 février 1924. Deux clans opposés irréconciliables

La reprise par l’État français des relations avec le Vatican, les pourparlers qui en avaient suivi avaient abouti en partie. La mise en place des Associations diocésaines dont le Pape avait recommandé l'essai dans son encyclique favoriserait-elle la paix religieuse qui était dans tous les cœurs - exception faite, nous sommes bien obligés de le constater ajoute l'éditorialiste, pour ces anticléricaux et ces radicaux endurcis – une paix religieuse toujours troublée par la loi de séparation – une paix religieuse qui rétablie, ferait que les conditions de l’église catholique. en France fussent plus conformes à la justice sous la sanction de la loi. Mais l'opposition aux lois laïques restait violente et on en réclamait toujours l'abrogation

« Citoyens libres d'un état libre, nous voulons, pour nous, pour nos familles, pour notre pays, le libre et total épanouissement de la vie catholique. Et que nous manque-t-il à cet égard ? L'abrogation des lois contraires à cette liberté, aussi nécessaires à l’Église catholique qu'au pays lui-même […] Nous ne cesserons donc pas de réclamer au nom du droit et au nom du salut public, l'abrogation des lois laïques […] Nous réprouvons entièrement cette laïcité et nous déclarons ouvertement qu'elle doit être réprouvée. Sont manifestement contraires à Dieu et à la religion les lois laïcisant l'enseignement, interdisant aux Congrégations religieuses de se former et de fonctionner librement, interdisant à ces congrégations d'enseigner[...] Aussi ne cesserons-nous jamais de réclamer pour les catholiques de France, pour les Ordres religieux, pour leurs familles et leurs œuvres, des libertés complètes et dignes d'une nation civilisée »


(Le Courrier de Châteaubriant - 9 février 1924 page 1)

Lois Laïques et Paix Religieuse 

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  • La venue d'Aristide Briand à Châteaubriant et celle des « Camelots du Roy » au pays des Marquis. 
  • De l'importance des élections législatives de Mai 1924 qui virent la défaite du Bloc National et la victoire des Gauches... 

NAISSANCE ET VICTOIRE DU CARTEL DES GAUCHES

De part et d'autre, la bataille avait été rude. Le cartel de droite (ou Bloc National) formé en 1919 et continuant pendant toute la législature, appelait fatalement le cartel des Gauches. Les partis conservateurs ont donné l'exemple aux partis réformistes. Étonnez-vous qu'ils se plaignent que les Gauches aient imité leur tactique électorale et leur ordre de combat à la Chambre. Ce qui valait pour les conservateurs ne valait-il pas moins pour les républicains démocrates »

Les engagements des Cartellistes seront-ils tenus ? « On connaît notre programme laïque : on sait qu'il comporte la suppression de l'ambassade au Vatican et l'application de la loi sur les congrégations. Des mesures destinées à exécuter dans sa lettre comme dans son esprit, la loi de séparation, des mesures qui n'ont rien qui puisse menacer soit la liberté de conscience, soit le libre exercice du culte « (Lettre d'Edouard Herriot à Léon Blum, leader des gauches)

 

 

    Xavier Viallat à Châteaubriant en 1924 

    Six mois auparavant, fin 1924, la venue de Xavier Vallat et la conférence qu'il donna à Châteaubriant au cercle catholique,en décembre devant plus de 1200 fervents, ayant pour thème la défense religieuse et sociale, illustre bien le climat qui régnait à cette époque.


Le Courrier de Châteaubriant - 2 janvier 1925 page 1

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206937068&l=1600&h=860&m=&titre=206937068&dngid=98b96cba6cb3f0b78cc6cb814f346c0d3253441a

     Cette conférence organisée par le comité diocésain des chefs de famille catholique, conformément aux directives données par l’épiscopat français, avait pour but de protester contre les lois laïques et contre les tentatives de persécution religieuse auxquelles se livrait le ministère Herriot, d’autre part de mettre en garde les chefs de famille contre les menaces de jour en jour plus précises et plus audacieuses du parti révolutionnaire communiste

     Violente opposition du conférencier à la législation laïque "Cette législation qui a laïcisé l'école et tous les services publics, qui a chassé les congrégations de France et qui, nous donnant la séparation des Eglises et de l'Etat, a confisqué les biens de nos églises, les fondations religieuses de nos morts, supprimé les traitements de nos prêtres, une législation qui aurait pour but de rendre à l'Etat son indépendance vis à vis de l'Eglise"

     Opposition aux lois scolaires qui selon l'orateur vont à l'encontre de la liberté de conscience. Une liberté qui consiste pour le chef de famille, à faire instruire et élever ses enfants conformément à ses croyances. Or l'Etat ne le permet pas puisque les écoles de l'Etat sont des écoles sans croyances 

     La neutralité de l'école ?  Ancien élève de la Laïque, je puis donc en parler ajoute-t-il. Tous mes souvenirs s'accordent pour affirmer que nulle part, dans aucune école laïque, je n'ai vu respecter la neutralité. Cela n'est pas possible. Le maître penchera tantôt en faveur de la foi religieuse, tantôt contre elle. Et de déclarer qu'il est impossible à l'instituteur de ne pas prendre parti pour ou contre Dieu

     Quant à la liberté de culte catholique, bien que garantie par la loi de séparation, elle est en fait violée par cette même loi qui a privé le clergé et les paroisses de leur patrimoine, de leurs propriétés légitimes qui servent à l'entretien des églises, du culte, du clergé et des oeuvres

     Violente diatribe contre la Franc-maçonnerie qui serait la grande responsable. Pourquoi, demande-t-il, revient-on maintenant à l'exécution de ces lois laïques si contraires à la logique et à la justice ? Pourquoi, alors qu'on les avait laissées dormir pendant et depuis la guerre, réclame-t-on leur application notamment en ce qui concerne les lois contre les congrégations ? Est-ce-que leur non application avait été cause de quelque trouble en France ? Au contraire les Français vivaient unis et les vieilles luttes religieuses semblaient éteintes.

      Pourquoi ? Mais c'est que dans l'ombre, la secte veillait, la Franc-Maçonnerie n'avait pas désarmé. Et d'ajouter que dès 1918, avant même que la guerre ne fût terminée les Loges se préoccupaient de reprendre la lutte contre l'église catholique, son éternelle ennemie. Les ennemis ? Le Cartel de gauche victorieux lors des dernières législatives dont la tactique nouvelle a été délibérée et votée par les Loges et les Couvents maçonniques


    Mais qui était Xavier Vallat... Quel fut son parcours ? 

     (Xavier Vallat, un bon français avec "la haine au cœur" - Blog de Philippe Poisson)

     Infatigable militant catholique, champion  des milieux "anciens combattants" durant l'entre deux guerres, Il s'impose comme l'un des chefs de file de la Droite républicaine et réactionnaire à la chambre des députés. Il  est avec Edouard Drumont la figure emblématique de l'antisémitisme français. 

     Rallié avec enthousiasme au maréchal Pétain et au régime de Vichy, on le retrouve Commissaire général aux questions juives sous Vichy. Législateur méticuleux, il contribue à doter la France d'une législation antisémite qu'il veut la plus élaborée et la plus sévère d'Europe. Il assumera pleinement son action sous l'Occupation comme stratégie de défense lors de son procès en 1947. Il sauve sa tête de justesse. Rapidement libéré, puis amnistié, il terminera sa longue carrière politique comme éditorialiste vedette de la presse d'extrême droite.

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               1925... 1930

En faveur de la paix et d'un rapprochement franco-allemand

Après la victoire du Cartel de Gauche, le socialiste Aristide Briand devient ministre des affaires étrangères et le restera six ans. Il a foi en la réconciliation franco-allemande, en l'union européenne, en la concorde entre les peuples. 

Un premier Plan prévoit l'échelonnement de la dette (l'Allemagne étant incapable de payer) et l'évacuation de la Cologne et de la Ruhr. 

Seconde avancée lors de la conférence de Locarno. L'Allemagne reconnaît sa nouvelle frontière occidentale acceptant la restitution de l'Alsace Lorraine et la démilitarisation de la Rhénanie.Briand appuyé par le ministre des affaires étrangères britannique – A. Chamberlain.

Entrée de l'Allemagne à la Société des Nations en 1926. En 1928, Briand et son homologue américain - F Kellog – font signer par soixante quatre nations dont l'Allemagne et l' U R S S un pacte visant à « mettre la guerre hors la loi » On sait ce qu'il adviendra de ce pacte une dizaine d'années plus tard.

Pendant ce temps, les négociations sur les dettes allemandes se poursuivent. Un nouveau plan – le plan Young – en 1929 étale les paiements jusqu'en 1988. Qui peut croire que cette exigence sera respectée.

En juin 1930, nouvelle concession : Briand fait évacuer la Rhénanie cinq ans avant l'échéance prévue par le traité de Versailles

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NOS ACTIVITÉS


En 1926... Reprise des soirées concert

En décembre, un succès des plus mérités... Une salle des Fêtes trop petite pour contenir toute l'assistance... Un programme divers et complet.... Comme si nous y étions !

La Musique municipale très en progrès dont l'audition fut impeccable... Des chœurs chantés par les élèves des écoles de la rue de Rennes, d'une part et par les élèves des écoles de la rue de la Victoire et de la rue de la Gare d'autre part, qui furent très applaudis... Un original ballet chinois qui recueillit des applaudissements chaleureux... Un comique à la verve de bon aloi qui déchaîna à maintes reprises des rires et des applaudissements largement justifiés... Une violoniste, au talent de virtuose et à la  science musicale parfaite qui charma l'assistance... Des poses du plus heureux effet réalisées par les élèves de la rue de la Gare qui eurent un vif succès de curiosité... et une farce moliéresque (5) qui fut interprétée le mieux du monde par trois charmantes jeunes filles qui firent une ample moisson de bravos, après avoir mis la salle en joie 

Désormais pendant plus de 20 ans, on retrouvera au programme de ces Soirées Concert de petites pièces de théâtre interprétées par les grands élèves des deux C C.

« La Muette et le Sourd « est-elle une des premières pièces que l'on ait jouée ? On l'avait étudiée... On l'avait répétée... Il restait à la jouer... Ce que nos trois charmantes jeunes filles firent devant une assistance conquise

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(5) L'auteur n'est pas Molière mais Maurice Bouchor. L'idée de cette farce lui avait été suggérée par Rabelais qui nous présentait les personnages. On avait sans doute joué cette farce au 15ème ou au 16ème sur le parvis des églises... Au 20ème, nous voilà salle de l'Hôtel de Ville

« Un bon mari qui avait épousé une femme muette aurait voulu qu'elle parlât. Elle parla par l'art du médecin et du chirurgien qui lui coupèrent un encyliglotte qu'elle avait sous la langue... La parole recouverte, elle parla tant et tant, que son mari retourna au médecin pour remède pour la faire taire... Le médecin répondit qu'il avait bien des remèdes pour faire parler les femmes mais qu'il n'en avait pas pour les faire taire. Le seul remède qu'il connût serait la surdité du mari contre cet interminable parlement de femme... Et voilà le paillard devenu sourd par on ne sait quel charme qu'ils firent. Sa femme voyant qu'il était sourd devenu, voyant qu'elle parlait en vain, qu'elle n'était plus entendue de lui, devint enragée. On aurait pu en rester là. Non ! Car le médecin demandant son salaire répondit qu'il était vraiment sourd et qu'il n'entendait pas sa demande. Et le médecin de réagir en lui jetant sur le dos on ne sait quelle poudre, par les vertus de laquelle il devint fol. Adoncques, le fol mari et la femme enragée se rallièrent ensemble et tous deux battirent (tant) le médecin et le chirurgien qu'il et des parties de celles de ... Pantagruel (Livre III, chapitre 34)



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Autour de nous...

Une revue de presse à compter des années 1925... 

  • L'école Laïque en péril

Un grand meeting républicain à Nantes. Tous les démocrates  se dressent contre la campagne acharnée des réactionnaires qui veulent battre en brêche l'école laïque

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483228556

(Journal - 30 avril 1927 page 1)

  • L'école Laïque insultée
  • L'école Laïque insultée
  • Création de la Fédération des œuvres et des groupements laïques

On s'organise pour faire face aux adversaires dont toutes les initiatives, toutes les formes d'action visent l’abrogation de la loi de de concernant les congrégations et l'établissement de la répartition scolaire.

Principaux objectifs du Comité d'action : l'abrogation de l'odieuse loi de 1850 (loi Falloux) et l'application à l'école privée des mêmes obligations, du même contrôle et des mêmes sanctions qu'à l'école publique sans oublier la suppression de la fraude des moniteurs

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483228786

(Journal - 9 juillet 1927 - Chronique régionale page 1)

  • Nombreuses ouvertures d'écoles libres

Pourquoi ces "secondes écoles"comme les appelle l'Inspecteur primaire.? Quelles sont les raisons de leur création ? Quels reproches peut-on faire au point de vue religieux à l'école publique ?

"Ce que l'on reproche à l'école publique, c'est de ne pas enseigner le catéchisme, c'est de ne pas enseigner la religion... et je vous demande : qui dans la commune est qualifié pour enseigner la religion ? Est-ce l'instituteur ou n'est-ce pas le prêtre qui a fait des études spéciales et qui doit avoir la conviction de la foi ? Dans quel endroit l'enseignement religieux doit-il être donné. Est-ce dans la salle de classe où n'est-ce pas dans l'église où le décor, où l’atmosphère recueillie, disposent les âmes à recevoir l'enseignement des mystères ?

La loi a fixé, en plus du dimanche, un jour par semaine où les classes sont fermées afin que les enfants puissent recevoir l'enseignement religieux. De plus en dehors des heures de classe a-t-on jamais empêché les prêtres de faire venir les enfants ?

Quant aux véritables causes de la construction, de l'édification de tant d'écoles libres, poursuit-il, elles ne sont pas religieuses, elles sont tout autres [...] et de développer les véritables raisons qui poussent  à ces constructions

(Journal - 16 juillet 1927 page 2 colonnes 4 et 5

La distribution des prix à Moisdon la Rivière

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483228786


Et si l'on réécoutait Victor Hugo le 14 janvier 1850

L'ENSEIGNEMENT LIBRE

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483228786

  • Les persécutés... Qui sont-ils ?

Voyons qui sont ces adversaires de la politique d'union moins ouverts certainement mais non moins acharnés, ceux qui réclament l'abrogation des lois laïques

(Journal - 2 décembre 1927 – Les saboteurs de l'Union Nationale)

Eh ! Quoi ! Les catholiques de France seraient persécutés. Ils ne pourraient pratiquer en toute indépendance leur culte.[...] Mais regardez : les églises n'ont point été fermées par la loi de séparation. Elles sont grandes ouvertes et la foule des fidèles y afflue. Les prédicateurs même congréganistes, y ont une entière liberté de parole. Les catholiques ont leurs écoles primaires, leurs collèges, leurs écoles techniques et aussi leurs facultés. Ils ont leurs patronages scolaires. Ils organisent à leur gré des sociétés sportives ou musicales, des meetings, des cortèges où des milliers de fidèles, évêques en tête, manifestent librement en faveur de leurs croyances et de leurs opinions que défendent librement leurs journaux

Où est la persécution ? La masse catholique sait bien qu'il n'y en a nulle trace dans notre régime. La paix religieuse règne sur notre terre de liberté à l'abri des lois de la République. Malheureusement, à côté des catholiques dont nous respectons les croyances, il y a les cléricaux qui prétendent parler en leur nom et s'opposent toujours violemment aux lois de laïcité

Des lois laïques qui ne sont point un caprice arbitraire et haineux de gouvernements éphémères. Elles sont la conséquence inévitable d'une évolution multi-séculaire qui, après avoir séparé de la religion les sciences astronomiques, physiques, morales, après avoir mis fin aux guerres de religion entre les peuples, a réalisé à l'intérieur de nos frontières la séparation définitive du spirituel et du temporel et soustrait la loi civile à l'autorité des églises.

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(Journal – 26 novembre 1927  page 1

Les saboteurs de l'Union Nationale

  • Les écoles "secondarisées"...

     Comment on tourne la loi (Article du Journal - 25 mars 1933) 

Découvrons les résultats d'une enquête réalisée par la section du S N I de Loire Inférieure sur les écoles dites d'enseignement secondaire spécial 

« Il y avait au début de 1933 en L. I. quatre-vingt écoles « secondarisées » et 6812 élèves recevaient l'instruction dans ces écoles. On sait, que dans ces écoles, pourvu que le directeur  – qu'il enseigne ou n'enseigne pas – soit bachelier. Les maîtres peuvent être n'importe quoi : sacristains, bedeaux, chantres, cultivateurs, couturières... et le modeste certificat d'études ne leur est même pas nécessaire pour enseigner. Or le nombre de directeurs exerçant effectivement – sur une soixantaine d'écoles recensées – ne s'élève qu'à 9 (1 civil et 8 vicaires tous bacheliers). Les 51 autres directeurs ne le sont que de nom, ces messieurs se sont simplement donné la peine de leur nom, leur diplôme de bachelier surtout, pour que la loi sur l'enseignement soit tournée. Quelles sont leurs professions , curés en activité, autres ecclésiastiques, professeurs d'établissements religieux de Nantes ou de Saint Nazaire, anciens officiers, ingénieurs, propriétaires agriculteurs... Autant de directeurs qui ne dirigent absolument rien, ne vont pas obligatoirement visiter leurs écoles souvent fort éloignées de leur domicile. Des vicaires les remplacent dans la plupart des cas et l'article de préciser les 17 cas de directeurs qui n'habitent pas la commune où ils « dirigent » Ainsi découvre-t-on qu'un aumônier de la clinique de Mondésir à Nantes dirige l'école d'Issé à 45 kilomètres... Qu'à Soudan, c'est le Curé de Béré qui dirige l'école. Il ne peut exercer aussi se fait-il remplacer par le vicaire de Soudan et un ménage sans diplôme »

  • Insinuations calomnieuses

Opposition marquée entre « la Cure » et « l'Ecole » à Soudan en cette année 33.

Aux insinuations calomnieuses du Curé Duchet parues dans le bulletin paroissial « La Concorde » proclamant que le « certificat d'études était un instrument de persécution contre l'enseignement libre » un enseignant bien informé – est-ce Alfred Gernoux instituteur à Soudan – réplique dans le « Journal » en se demandant « quel peut être le but poursuivi par le rédacteur d'un bulletin paroissial, destiné à être lu par des pères et des mères de famille de campagne, qui en principe doivent avoir foi dans ce qu'on appelle une « autorité morale »

Un article illustrant le climat qui régnait dans certaines communes (Rougé, Saint Aubin, Moisdon, Soudan...) où les défenseurs de l'école libre comme de l'école publique se livraient un combat violent sur la place publique par écrits interposés – bulletin paroissial pour les uns – « Journal » pour les autres. Que reprochait notre rédacteur au Curé Duchet ? Quels propos calomnieux avait-il pu tenir ? Quelles insinuations – que l'auteur (le Curé Duchet) sait pertinemment fausses puisqu'il se défend de les formuler après les avoir copieusement écrites avait-il émises au grand jour ?

Quelques textes parus dans "La Concorde de Soudan", le bulletin paroissial éclaireront notre lanterne

  • La défense des écoliers des écoles publiques...

Il y a des limites à tout pour la municipalité Bréant...

Où la politique s'en mêle au sein du Conseil Municipal

Une séance des plus calmes devient subitement orageuse... A une mise en demeure des conseillers socialites, le Maire oppose la question de confiance

De l'intervention intempestive, de trois conseillers municipaux, de la section castelbriantaise du Parti socialiste désireux d'allouer des fournitures gratuites aux élèves des écoles publiques..

Une demande qui ne sera pas prise en considération. Un refus du Conseil Municipal... Les trois conseillers socialistes qui ne démissionnent pas, qui s'accrochent à leur mandat, vaincus et... résignés. Et une conclusion de Léon Lemarre, directeur du journal qui renvoie les socialistes dans leurs cordes pourrait-on dire "Messieurs les socialistes qui étiez aux élections municipales les alliés des droitiers; ces droitiers qui réclament la Répartition proportionnelle scolaire et qui sont les adversaires du Cartel des gauches, comprenez-vous que nous savourions, avec une espèce de gourmandise heureuse, cette première revanche"

 

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(Journal - 20 août 1927 page 2 colonnes 2 - 3 - 4)

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 NOS ACTIVITÉS

 La séance récréative du 4 décembre 1927


Cette fête n'avait pas seulement un but intéressé – celui de donner les ressources nécessaires au fonctionnement du cinéma scolaire – mais elle montrait la vitalité et la prospérité des écoles laïques de la Ville tout en donnant aux enfants, aux parents, aux maîtres et aux amis l'occasion de se trouver réunis dans une atmosphère de joie, de cordialité et de sympathie. Notre association Amicale est en sommeil mais il est remarquable de voir réunis dans les éloges et remerciements qu'adresse M. Faron aux divers acteurs qui contribuèrent à l'éclat de cette fête M M Blais, directeur du Cinéma ; Beaussier, chef de District à la S D E O et les électriciens qui assurèrent la décoration de la salle, les jeux de lumière et prêtèrent le matériel

         

Relevons dans le programme qu'avait offert les grands élèves : l'interprétation avec l'esprit et le mouvement convenables de la farce moyenâgeuse du Cuvier. Quant aux grands élèves de la Rue de la Gare ils jouèrent avec entrain et naturel une petite comédie : Pierrot farceur. N'oublions pas les petits de la même école qui avaient présenté  une amusante saynète, pleine de vie : les Marmitons, dont on retiendra l'originalité de la présentation. Que les instituteurs et institutrices qui assurèrent le succès de cette fête au prix d'efforts patients et dévoués aient été remerciés est logique mais cette année là ce furent les enfants des écoles, charmants de grâce et de fraîcheur, dont la belle diction et le jeune talent furent justement admirés qui eurent droit aux félicitations du rédacteur de l'article

 

 

Séances et fêtes traditionnelles

En décembre de chaque année, les séances récréatives étaient inscrites au calendrier des festivités. A ces deux séances venait s'ajouter l' Arbre de Noël des écoles publiques. Autant de fêtes traditionnelles très courues. Seul regret : l’exiguïté de la salle de la Mairie. On refusait du monde ce qui entraînait « le mécontentement de personnes n'ayant pas reçu de lettres d'invitation » et la réaction cette année là du Comité d’organisation qui tint à leur faire savoir qu'aucune lettre n'avait été adressée à personne, l’exiguïté de la salle ne permettant pas la garantie des places. Tout le monde sait, ajoutait le Comité, qu'il nous en faudrait une très grande pour contenir toutes les mamans heureuses de jouir du succès et de la joie de leurs chers petits 

En 1930, originalité du spectacle... Un auditoire surpris puis charmé quand se présenta – et c'était la première fois – le tout jeune orchestre scolaire recrutant ses membres déjà nombreux parmi les enfants de nos écoles, petits et grands, les anciens élèves et les Amis des écoles publique. Quelle bonne mine vraiment faisaient tous ces jeunes musiciens groupés par pupitres, autour de leurs maîtres dévoués et sous la baguette magistrale de M. Nédélec ! Cette surprise devait se changer bientôt en admiration – oui en admiration le rédacteur ne tarissant pas d'éloges – quand, sur doux accords des seconds violons et violoncelles, s'affirma le chant de berceuse délicatement interprété par toute une équipe de jeunes artistes élevés au rang de premier violon ! Que de justesse, d'ensemble dans le rythme et les nuances. Ce fut donc avec enthousiasme que le public bissa ce gracieux numéro, comprenant combien ces résultats surprenants avaient dû coûter de peine au courageux animateur et de travail sans défaillance aux nombreux et jeunes artistes

Mars 1931 - Pour ou contre un Comité de défense laïque ?

« Si étrange que cela puisse paraître de prime abord, le personnel enseignant de Châteaubriant ne voulait pas de ce Comité. M. Danet, directeur de l'école des Terrasses fut son porte parole. Des objections qui feraient capoter le projet des organisateurs. Le fond du débat n'était-il pas le suivant : L'école laïque est particulièrement florissante à Châteaubriant et par conséquent la défense laïque ne s'impose pas... D'autre part – et ceci fut seulement suggéré – les organisateurs locaux du Comité en question semblent avoir été inspirés surtout par la section de Châteaubriant du part socialiste... Or, chez nous les dirigeants socialistes uniquement soucieux de politique, se sont créé un devoir qui prime tous les autres : combattre la personne du Député Maire. Est-ce que le le Comité de défense laïque ne serait pas, dans le secret de leurs cœurs, une machine de guerre antibréantiste se demande Léon Lemarre

On en était là... Comment en sortir ? Et M. Danet de proposer généreusement la constitution d'un Comité non plus uniquement de Châteaubriant mais de l'Arrondissement tout entier. Ainsi fut-il décidé et on nomma une commission chargée de convoquer une assemblée générale laquelle élira un bureau.

Le directeur du Journal, défenseur de la Municipalité Bréant, n'y va pas par 4 chemins lorsqu'il conclut que la sollicitude des socialistes castelbriantais pour l'école laïque ne serait pas récompensée et que leur grosse malice cousue de fil rouge n'aura eu d'autre résultat que d'ouvrir les yeux à bon nombre de républicains 

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Quand la politique s'en mêle 

On ne peut comprendre les commentaires de Léon Lemarre sans remonter dans le temps et donner un aperçu des positions des socialistes, candidats lors des élections municipales, en 1925 comme en 1929, face à la liste Bréant sortante.

 L'Union des radicaux et des socialistes n'était pas à l'ordre du jour - il faudra attendre encore plusieurs années - avant qu'ils ne suivent un chemin commun. Certains articles ne manquaient pas d'humour lors des élections municipales. 

Que Léon Lemarre « approuve le passage de la profession de fois de la liste de M. Bréant dans laquelle celui ci déclare avoir donné assez de preuve de son activité, de son désir de bien faire, de son esprit de tolérance, de ses sentiments démocratiques, de son amour de la République » 

Qu'il demande à ses amis politiques de faire bloc sur la liste républicaine de M. Bréant est de bon aloi pourrait-on dire mais quelle volée de bois vert envers les candidats de la liste socialiste représentants de « Ceux qui ont pour chef de file les hommes qui en 1925, mis en présence d'une liste de Cartel des Gauches – liste qui était la conclusion logique et attendue d'une campagne de plusieurs mois - ont maintenue leurs candidatures sur une liste opposée, perdant ainsi dans cette aventure de 1925 toute autorité morale » On n'avait pas oublié ! 

Ne voilà-t-il pas qu'en 1929, pris de tardifs scrupules, trois d'entre eux avaient formé une liste de cartel ! Singulière attitude dont on ne sait si elle ressort davantage au cynisme ou à l'inconscience ! Mais il leur fallait trouver 5 co-listiers et parmi ceux-ci L. Lemarre ne cache pas sa surprise de trouver « un homme sympathique et que rien ne paraissait disposer à embarquer sur cette galère : M. Marcel Sinenberg . Souvenez-vous de... qui dans les « Fourberies de Scapin » de Molière répète à qui veut l'entendre « Mais qu'allait-il faire dans cette galère ! » Que pense-t-il de cette candidature ? « Ce dernier, nous dit-il, s'il a tout naturellement sa place sur les contrôles de la Société d'encouragement pour l'amélioration du cheval français de demi -sang, ne nous paraît marqué en aucune façon pour figurer sur les contrôles du parti S. F. I. O. Et de conclure Nous ne le prenons pas gagnant ni même placé !

Vous dirai-je qu'il avait vu juste. La liste Bréant emporta 22 des sièges sur 23. Les candidats figurant sur la liste du parti socialiste (S.F.I.O) aucun... Ni gagnants, ni même placés !

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Léon Lemarre et Marcel Sinenberg se retrouveront à compter de 1938 - 1939au sein de notre Amicale laïque dont ils furent membres actifs.Début 1944, tous deux en compagnie d'une vingtaine de membres de notre amicale, arrêtés par la Gestapo, seront déportés et mourront en camp de déportation

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Où l'on parle de char, d'attelage, de charrette !

Un langage imagé et coloré

Après le scrutin. Commentaires du Journal

Les grands vaincus de la journée, déclare L. Lemarre, ce sont les citoyens que Messieurs M - B - G (ces trois conseillers sortants S.F.I.O qui en 1925 avaient été candidats sur une liste autre que celle du Cartel) ont attelés à leur char écarlate. En mesurant la profondeur de leur échec, qu'ils mesurent s'ils le peuvent, le mal fait par eux, inconsciemment nous voulons le croire, aux partisans fidèles d'une République laïque, sociale et vraiment démocratique

L'image avait été reprise par M. Bréant lors de l'installation du nouveau C M « Il nous faudra suppléer à la carence de quelques collègues. Les intérêts qu'ils représentaient ici n'en seront pas moins défendus et de regretter « Sil est beau d'attacher sa charrette à une étoile, il est imprudent d'y attacher le char municipal » Les anciens conseillers n'étaient plus là mais tous les présents savaient de qui ils voulaient parler.

 

D'une pierre deux coups

Lors d'une réunion commune avec la section de Châteaubriant de la Ligue des Droits de l'Homme, le Comité de défense laïque se met en place . Mise au point de son organisation... Maintien en fonction du bureau provisoire... Adoption des statuts... qui imprimés seront envoyés à tous les instituteurs et institutrices de l'arrondissement (Journal du 13 février 1932)

Une conférence aura lieu en mars et devrait traiter d'un intéressant sujet : la République, c'est la laïcité. Elle eut lieu.

 Ce fut une conférence très intéressante et fort instructive. Après avoir expliqué la genèse des lois laïques toujours violemment combattues par toutes forces de réaction, l'orateur fit un magnifique éloge de la morale laïque. Prenant la défense des instituteurs si souvent calomniés, si injustement critiqués il parla du rôle admirable qu'ils jouaient désormais pour la paix après avoir fait largement leur devoir durant la guerre. Comment ? Les instituteurs font entrer l'idée de paix dans les cerveaux et dans les cœurs, c'est par eux que l'entente entre les peuples deviendra une réalité. L'orateur devait prôner - A cette heure où les Droites s’apprêtent à mener l'assaut final contre l’œuvre des grands apôtres de la tolérance qu'ont été Ferdinand Buisson, Paul Bert, Jules Ferry – l'union de tous les républicains, et cet appel de la Ligue de l'enseignement serait certainement entendu dans tout le pays

La mise en place de conférences ouvertes à tous était une pratique très suivie. C'était une époque où la radio était à ses débuts, où seuls les journaux étaient en mesure d'informer les citoyens... Aussi les conférences étaient-elles très suivies. Les contradicteurs présents avaient en général droit à la parole mais on en rencontrait peu... Une fois encore « le conférencier avait été chaleureusement applaudi et l'appel à la contradiction était resté sans écho ! »

 

LE CLIMAT ELECTORAL... 

Ambiance   surchauffée lors de réunions

Lorsque approchaient les élections .... s'ouvrait la campagne électorale où s'affrontaient les candidats, chacun ayant ses partisans, chacun ayant ses détracteurs. Autant de réunions dites contradictoires qu'on aurait peine à imaginer de nos jours. Une atmosphère surchauffée...

La réunion contradictoire de Derval 

On était à huit jours du scrutin. Mr Bréant député sortant battait campagne et M. Gautherot soi-disant républicain était présent entouré de ses partisans, les mêmes que ceux qui applaudissaient naguère les orateurs royalistes venus au secours de M. le comte Ginoux-Defermon que M. Bréant avait battu en 1928.

Il s'agissait comme on sait d'une réunion contradictoire à laquelle étaient invités les autres candidats. Une réunion en plein air devant environ un millier de personnes troublée par les cris et les invectives des partisans de M. Gautherot, champion des Droites. Ceux-ci étaient presque tous d'ailleurs étrangers au canton. On pratique décidément l'importation sur une grande échelle dans le clan maringouin (...)

M. Bréant avait rendu compte de son mandat... Il avait exposé ce qu'il avait fait au cours des quatre années qu'il venait de passer au parlement, son rôle au sein des différentes commissions auxquelles il avait consacré une activité indiscutable et tout particulièrement les services rendus aux agriculteurs... Autant de préoccupations qui ne sont pas - comme celles de M. Gautherot - uniquement tournées vers les problèmes de politique pure. Chacun sait - ajoute L. Lemarre - que M. Bréant n'est pas un politicien ni un démagogue. C'est un réaliste et c'est de façon pratique, de façon réellement effective qu'il a travaillé aux intérêts généraux du pays et aux intérêts particuliers de sa circonscription. Affirmer que son concurrent M. Gautherot a pratiqué à la chambre des députés l'abstention totale, l'abstention sur toute la ligne, l'abstention sur toutes les questions suscite de la part des partisans de M. Bréant une ovation enthousiaste, ovation que soulignent les quelques cris discordants des maringouins (...) et autres contradicteurs

 

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(...) Langage imagé de notre rédacteur … Une comparaison péjorative. Les maringouins , c'est le nom vulgaire donné aux moustiques aux Antilles. Au Québec, les moustiques ou les maringouins c'est la même chose

Les maringouinsc´est une bibitte

Faut se gratter quand ça nous pique

Je vous dis c´est bien souffrant

C´est cent fois pire que l´mal aux dents

J´ai les jambes pleines de piqûres

C´est comme un vrai morceau de forçure

J´ai la peau toute enlevée

C´est parce que j´me suis trop grattée — 

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Outre M. M. Gautherot et Bréant se présentaient trois autres candidats : un républicain M. Eluère, un candidat S.F.I.O et un candidat communiste. M. Eluère argua de sa jeunesse, des idées de la génération à laquelle il appartenait « la génération qui monte et qui est seule capable de sauver le pays englué dans les vieilles méthodes et les vieilles querelles » On lui demande pour qui il se désistera au deuxième tour. « Je n'ai pas à répondre à cette question » déclare-t-il. Alors une tempête de cris où domine « vendu ! » l'assaille. Et M. Gautherot d'en rajouter et de prononcer péremptoirement « M. Eluère, vous êtes le compère de M. Bréant, vous êtes jugé ! »

M. Alexandre Fourny, avocat, veut parler après M. Eluère au nom du candidat S. F. I. O absent... Mais il ne peut se faire entendre... De toutes part on réclame le candidat lui-même qui ne s'est pas déplacé et force est à M. Fourny de descendre de la tribune sans faire entendre la parole socialiste

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Alexandre Fourny, né le 17 mars 1898 à Issé (Loire-Inférieure) et mort le  22octobre1941à Nantes, en France, est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, un avocat ayant notamment défendu les « insurgés de Cayenne», un homme politique lié à la SFIOet un résistant françaisfusillé par l'Armée allemandelors  de la Seconde Guerre mondiale, en représaillesde l'exécution à Nantes par la Résistance du lieutenant-colonel Hotz, commandant des troupes allemandes d'occupation du département de la Loire-Inférieure.

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Restait M. Danet, directeur d'école à Châteaubriant, Il n'est pas plus heureux... Une formidable obstruction se déclenche à son apparition. Et pourquoi cet ostracisme ? Mr Danet est un partisan de M. Bréant et représente le le courant de celui-ci, partisan acharné de la paix, un courant majoritaire chez les instituteurs. Il interviendra lors des trois réunions à Derval, à Nozay, à Nort. A chaque fois, malgré les vociférations d'une partie de l'auditoire, il évoquera en termes saisissants , la guerre et ses horreurs... et aussi ses profits pour certains, les hommes qui ont fait à Briand une guerre au couteau qui l'ont bafoué, insulté, des hommes qui ont besoin de politiciens – tel M. Gautherot – à leur service pour abattre l’œuvre de paix, de réconciliation des peuples, l’œuvre admirable à laquelle Briand a consacré sa vie.

Retrouvons M. Danet à Derval. Formidable obstruction, on l'a vu, lors de son apparition mais il ne s'était pas découragé. M. Gautherot et ses partisans, sachant ce qu'il allait dire avaient quitté précipitamment les lieux. Leur départ avait ramené le calme dans l'auditoire autour de M. Danet qui peut enfin parler avec une sobre éloquence saisissante par sa sobriété même. Il évoque la guerre et les possibilités d'un nouveau conflit. Trop de gens - déclare-t-il- ont intérêt à ce que la guerre se déchaîne de nouveau sur le monde. Il y a le Comité des Forges, il y a les Shneider et il y a les Krupp. Il y a des sociétés qui de 1914 à 1918 ravitaillaient aussi bien les français que les allemands. Tous ces gens ont besoin de députés à leur solde pour faire au parlement une politique d'armement à outrance qui leur rapporte de fabuleux dividendes. Aussi veulent-ils faire élire des hommes tels que M. Gautherot qui est le représentant d'un parti constitué et financièrement alimenté par les marchands de canons et d'obus »

UNE GAUCHE MAJORITAIREMENT PACIFISTE (Jean Sévilla – le Pacifisme et l'entre-deux guerres)

« Le pacifique aime la paix mais se tient prêt à la guerre pour préserver sa liberté et sa dignité. Le pacifiste aime la paix par-dessus tout et se montre prêt à tout pour éviter la guerre. Notre société est-elle rongée par le pacifisme même si elle bénéficie de circonstances atténuantes... L'apathie française face à l'Allemagne serait-elle due en grande partie à la gauche ? Quels peuvent être pour Jean Sévillia, les facteurs qui y ont contribué ?

- Il est loin le temps « des hussards noirs de la République » ces instituteurs patriotes de la fin du 19ème et du début du 20ème regrette notre auteur, des hussards qu'il a pourtant longtemps dénigrés. Dans l'enseignement public, le syndicat national des instituteurs est tout puissant. Or cette formation est pacifiste

- Héritée de Jaurès, l'idée de réconciliation franco-allemande est reprise par Aristide Briand sur la base d'un programme de conciliation et d'arbitrage. Principaux responsables : Briand et Caillaux et leurs partisans qui à compter de 1920 ont refusé de voir que la République de Weimar poursuit une politique nationaliste, politique qui sera portée à son paroxysme par Hitler

- Au sein de la C G T, les pacifistes sont majoritaires. Il en est de même au sein du parti socialiste (SFIO) qui préconise l'engagement en faveur de la paix, fut-il unilatéral

- Toute la gauche humaniste et laïque continue de cultiver un profond pacifisme, aux relents anti-militaristes alors que la droite par tradition, est patriote et révère l'armée. Par tradition elle est aussi anti-allemande

 

Partisans et défenseurs de la paix

 La Ligue des droits de l'Homme et du Citoyen

 

Où l'on retrouve M M Danet et Bégaud futur vice-président de notre Amicale Laïque en 1938. Tous deux sont désignés pour représenter la Ligue au Congrès national de Vichy. Ils seront porteurs de vœux en faveur de la paix et attendent du gouvernement    Qu'il contribue au désarmement général en réduisant à la fois le temps de service, les effectifs, le matériel et les dépenses d'ordre militaire et qu'il prescrive à ses délégués auprès de la S D N de prendre toutes les initiatives qu'exigent l'organisation et la consolidation effectives de la paix

Les J. L. R défenseurs de la paix à tout prix. L'entrée en lice de Gabriel Chanteux

Dans une tribune libre « Les J. L. R et la Paix » Gabriel Chanteux s'oppose aux « Nationalistes », à tous ceux qui qui voient dans une solide organisation militaire la meilleure garantie de paix et mettent en pratique le sempiternel adage des anciens « Si vis pacem, parabellum » en exigeant de nouveaux crédits d'armements, Il n'oublie pas de dénoncer tous les profiteurs « Même si personne ne veut la guerre, il y a aussi ceux à qui elle rapporte : toute la haute mercante dont les invraisemblables bénéfices en 14-18 resteront comme un des plus prestigieux scandales de notre époque, les marchands de munitions pour lesquels chaque conflit ouvre une ère de prospérité, toute une catégorie puissante qui dispose à son gré d'une presse souvent vénale là qui il est facile de façonner l'opinion »

Mais l'Allemagne hitlérienne n'est-elle pas submergée par une vague de folie nationaliste ? Ne devons-nous pas rester forts face au vieil esprit prussien qui inspire à nouveau ses dirigeants ? diront nos détracteurs.

« Il est incontestable qu'aujourd'hui (nous sommes en juillet 1933) l'Allemagne soit militariste et constitue un danger pour la paix. Mais est-ce en surarmant ou simplement en refusant le désarmement que nous ferons face au danger

Et G. Chanteux de proposer un choix face aux arguties et vaines palabres de ses contradicteurs du Courrier

« Ou nous désarmons et ainsi l'Allemagne n'ayant aucune raison avouable pour armer est mise au pied du mur et doit contenir ses élans militaristes sous peine de voir se dresser contre elle le concert des autres pays, ou bien bous continuons notre politique actuelle et aucune force au monde n'empêchera alors nos anciens adversaires d'armer, et nous serons revenus à la tragique situation de 1914. Est-ce cela que veulent nos nationalistes ? »

Il n'y a qu'un moyen pour empêcher la guerre : le désarment général, simultané et contrôlé des peuples. Certes nos « patriotes » reprochent au « Briandisme », à la Société des Nations de ne pas avoir évité tous les conflits mais nous pouvons leur répondre que si 20 siècles d'histoire ne leur suffisent pas pour admettre la faillite de leurs conceptions, les pacifistes peuvent bien exiger plus de 20 ans, pour mener à bien la tâche qu'ils se sont fixée et qu'après tout, si des obstacles s'élèvent nombreux, le but poursuivi est assez noble pour que nous nous efforcions de tout notre cœur de les détruire »


        UNE DROITE MAJORITAIREMENT ANTI-ALLEMANDE


         Dès 1919 les groupes parlementaires qui représentent la droite à la Chambre au sein du Bloc National défendent une ligne de fermeté à propos des réparations de guerre « L'Allemagne paiera » Au Parlement ou dans la minorité gouvernementale au cours des années 1920-1930 après l'arrivée du Cartel des Gauches en 1925, cet esprit de résistance, selon Sévillia est représenté par toute une classe politique et des organisations de droite dont nous retrouverons des représentants engagés lors des élections au sein de l'arrondissement : L'Union Nationale des Combattants officiellement apolitique mais marquée à droite, la Fédération nationale catholique, les Jeunesses patriotes, les Camelots du Roi, les Croix-de-Feu, le Centre de propagande des républicains nationaux qui sont toutes des organisations de droite

 

ORGANISATIONS de la DROITE RÉACTIONNAIRE

 

  Les Camelots du Roi

         C'est dans ce climat de violente opposition qu'il nous faut placer la venue de de Briand puis celle de Viallat en 1924 à Châteaubriant, les actions de la Ligue de l'Enseignement, des Comités de défense laïque, de la Ligue des Droits de l'Homme, des Jeunesses Laïques et Républicaines, des Comités républicains... autant d'organisations apolitiques ou politiques qui auront entre autres comme objectifs la défense de la Paix et la défense de l’école Laïque

Face à ces ligues, partis, syndicats, l'opposition s'est organisée depuis plus de 20 ans en mettant à son tour en place diverses associations et ligues (Chefs de famille catholique -

Des deux côtés on ne reste pas inactifs et les réunions et conférences au fil des années attestent de l'engagement, la période des élections communales, cantonales et législatives ranimant la flamme des deux camps. Deux camps... Deux journaux attestent des oppositions et des engagements des diverses parties


          Les Jeunesses Patriotes ou Patriotiques

(Courrier de Châteaubriant – 5 Mai 1934)

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206948812&l=1600&h=860&m=&titre=206948812&dngid=9340a5df5639a4b0301e84ee3f193133204b70b1

Deux conférences tenues en mai 34 - après les événements du 6 février 1934 - l'une à Saint Aubin des Châteaux, l'autre à Derval nous donnent un aperçu des objectifs des Jeunesses Patriotes et de la politique qu'elles proposent et des actions à mener pour arriver à leurs fins

A Saint Aubin après avoir dressé le constat de la faillite complète du gouvernement, les abandons supplémentaires à l'extérieur, le premier orateur était arrivé à la conclusion « Quand un arbre ne porte pas de fruits, il faut l'abattre. C'est une question de vie pour la France »

Quant au second après avoir rattaché l'affaire Stavisky à la politique du Cartel des Gauches, après avoir dénoncé les événements des mois derniers, la manifestation du 6 février, le sang des Français répandu et... l'espoir de l'aurore d'une vie nouvelle pleine d'espérance, il avait exposé la politique des Jeunesses Patriotes car « Abattre ne suffit pas, il faut reconstruire et pour cela donner au chef de l'Etat une autorité plus grande, posséder des ministres responsables devant le Chef et non devant les chambres, une chambre s'occupant plus d'action économique et sociale que de politique, en un mot une chambre corporative »

A Derval, les conférenciers avaient fait ressortir de façon magistrale les méfaits de la politique cartelliste et de la franc-maçonnerie et réclamé l'union de tous les patriotes pour la sauvegarde de la France. Une union nécessaire et indispensable de tous les français patriotes résolus à défendre leur pays contre les buts révolutionnaires des éléments louches, des internationales socialistes et communistes et des suppôts de la franc-maçonnerie

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Les Jeunesses patriotes après interdiction et dissolution des Ligues sous le Front Populaire se retrouveront au sein du Parti  Social Français. Leurs espoirs se réaliseront avec l'arrivée du Régime de Vichy en 1940. dont on a retenu la formule « Travail Famille Patrie » Cette devise était déjà dans les statuts du Parti Social Français dont la devise était « l'Ordre par la Famille et le Travail pour la Patrie »

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              Une conférence contradictoire

 

  

A Châteaubriant où l'on apporte la contradiction aux Jeunesses Patriotiques... Où le Courrier parle d'obstruction de la part du Cartel des Gauches lors d'une réunion qui aurait été parfaitement réussie

"Malgré l'obstruction préparée de 400 fanatiques les J. P. font une réunion qui a parfaitement réussi "titre le Courrier du 18 février 1933. Autant de fanatiques du ban et de l'arrière-ban de la Ligue des Droits de l'Homme, du Comité de défense laïque, des Jeunesses laïques et républicaines et du Parti Socialiste qui avaient été appelés, convoqués à venir occuper la salle et contre-manifester et qui ne cessèrent de se manifester par des interruptions stupides ou grossières

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206947357&l=1600&h=860&m=&titre=206947357&dngid=70738f49007ffb0622b271d72a116f2a2b302cb6

Une fois le bureau installé (M. Delatour comme Président, M. Chirade comme assesseur) les deux jeunes orateurs patriotes qui ne se laissèrent pas démonter par les apostrophes et les criailleries, réussirent à faire entendre aux troupes rassemblées du Cartel des gauches de justes et cinglantes vérités. Un succès qui eut pour résultat d'irriter tout spécialement quelques instituteurs qui de rouges, devinrent écarlates (…)

Et tout de suite avait commencé le procès du parti radical et radical socialiste, un parti dont l'incapacité gouvernementale est toujours démontrée et qui n'a jamais su bien faire qu'une chose : mettre ses créatures aux meilleures places... Autant de politiciens qui installés dans « la république des camarades » n'ont qu'un seul désir : que cela dure

Les oreilles des deux chefs du Cartel avaient-elles sifflé en entendant les propos tenus sur eux : Herriot faiseur de discours et de promesses, incapable d'agir quand il est au Gouvernement ; Blum, profiteur du régime bourgeois qui ne désire rien moins que le pouvoir quand il en a le profit

Quant à leurs troupes, elles n'étaient pas oubliées : des assoiffés d'honneurs et de prébendes, des fonctionnaires en mal d'avancement, des instituteurs en particulier qui font de la politique pour être bien vus de M. le Député (Il s'agit de E. Bréant)

L'orateur avait ensuite, avec éloquence, dressé le programme constructif des J. P, adjurant les présents « Restons unis entre Français, ne sacrifions pas totalement notre sécurité par des réductions imprudentes de crédits militaires » des propos que son auditoire fanatisé ne veut pas comprendre et dont les protestations sans fin sont accompagnées de cris, de hurlements. On siffle, on tempête, on injurie... L'orateur est coupé à tout instant [...]

Enfin était venue l'heure des contradictions et le tour des interrupteurs en qui porteurs des espoirs des opposants aux J P.. :M. Guillot pour les J. L. R - M. Thiéphaine qui socialiste, parle en socialiste. Dernier coup de griffe du rédacteur « Chacun sait que, seuls, les socialistes voient clair dans tous les problèmes, dans toutes les situations( témoin, les prophéties de Blum qui écrivait il y a trois mois qu'Hitler était fini!)

Comment s'était achevée cette réunion ? Au grand dam du rédacteur, par le chant de l'internationale – c'est l'hymne adopté par les J. L. R ! nous dit-il

Comment retourner une situation à son profit ? En déclarant que toutes les troupes cartellistes avaient quitté la salle, fuyant la discussion, abandonnant la lutte, dans la crainte évidemment des répliques dernières de l'orateur des J.P. qui était demeuré sur la tribune, prêt à la riposte, infatigables et souriant.

 

Un tel compte rendu du « Courrier » ne pouvait appeler qu'une solide réplique. Elle ne tarda point. C'était le charme de l'époque … On pouvait apporter la contradiction lors d'une conférence à moins qu'elle ne fût privée, et que ce soit le Courrier comme le Journal, au niveau régional, on ne se privait pas par écrit de dire ce que l'on pensait. Quel était l'article qu'avait pu écrire le correspondant du Phare – sans aucun doute G. Chanteux - pour que M. Kieffer réagisse demandant rectification dans le « Journal »... Ce qui ne pouvait qu'entraîner un une nouvelle réaction de M. Thiephaine adjoint au maire de Rezé


       Leur bonne foi

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Du rouge à l'écarlate, une tournure colorée du rédacteur du Courrier que l'on retrouve dans plusieurs articles. M M Danet, Chanteux, Piveteau, Audrain et leurs collègues de Soudan, Sion, Saint Aubin, Noyal, Soulvache... Voilà les instituteurs rouges particulièrement visés que l'on retrouve au sein de de la Ligue de l'Enseignement, des J L R, du parti socialiste dont les membres sont les Rouges à cette époque. Le Rose viendra plus tard.

L'Internationale. Qu'on chantât cet Hymne révolutionnaire à la fin d'une réunion politique, qu'on le chantât lors de certains meetings, n'avait rien d'interdit ni d'étonnant. Mais que les élèves des Terrasses l'aient chantée au sein de leur école ! Qui pouvait le croire ? Qui avait inventé un tel bobard ? Qui l'avait colporté jusqu'au Conseil Municipal ? Un certain M. Renaud conseiller municipal

 

Ce sujet fut à l'ordre du jour du C M fin octobre 1935. M. Bréant qui s'était engagé à faire une enquête sur ces faits, prit la parole, rendit compte de l'enquête menée et donna connaissance  des témoignages recueillis, bien que cela soit inutile, ajoutait-il, M. Renaud ayant mené son enquête personnelle à la suite de laquelle il avait bien voulu faire des excuses en reconnaissant qu'il s'était trompé

M. Le Maire donne alors lecture des dépositions de M. Danet, directeur de l'Ecole, des élèves, de M. Ronsoux propriétaire de l'hôtel de la Gare et de M. Bombray, employé de gare, et desquelles il ressort que l'Internationale avait été chantée le soir des élections, à l'hôtel de la Gare, par un groupe de jeunes ouvriers de Saint Nazaire, de passage à Châteaubriant

Rue de la Gare un jour de marché à l'époque...
  Ce n'est pas dans les locaux de l'école des Terrasses dont on aperçoit une classe à droite qu'avait été chantée l'Internationale mais en face à l'Hôtel de la Gare


        Incident clos, le C M passa aux questions qui étaient à l'ordre du jour 

Le vœu exprimé par le C M de voir rétablir les enterrements le dimanche

la Soumission de trois dossiers de marchés en voie d'être passés avec divers entrepreneurs

Les conclusions des analyses relatives à l'eau consommée dans la ville... Potable ou non ?

La nomination de nouveaux administrateurs à la Caisse d'Epargne

L'approbation de l'initiative de M. Pons, acquéreur du champ de foire de Béré qui se propose d'y organiser chaque année une Foire de printemps qui ressemblerait comme une sœur à la Foire d'Automne et qui paraît assurée d'un très grand succès

 

 

          LES INSTITUTEURS ROUGES DU S N I

       (Courrier de Châteaubriant - 6 octobre 1933 page 1 colonnes 1 et 2)

            G. Gautherot - Sénateur de la Loire Inférieure 

« Le Syndicat « National » des Instituteurs n'est pas autre chose qu'une fraction de la C.G.T et du Parti Socialiste. Il est inspiré par des politiciens dont la doctrine révolutionnaire vise à détruire le gouvernement, la société actuelle, la nation française, et à leur imposer la dictature d'une classe appelée « prolétariat »

« Les fonctionnaires » ont-ils le droit de se syndiquer dans un semblable but ? Légalement, ils ne l'ont pas. Les hommes d’État les plus éminents de la 3ème République leur ont toujours refusé ce droit. Théoriquement, il est impossible de le leur reconnaître, sans tomber dans l'absurdité, paralyser le gouvernement et légitimer l'anarchie. Le fonctionnaire est en effet au service de l'intérêt public. L’État le paie (avec l'argent du contribuable) pour exécuter la loi. Il tient ses pouvoirs de la Constitution et non pas d'un parti quelconque. Il peut s'associer pour l'étude et la défense de ses intérêts professionnels mais non pas se liguer contre la nation dont il doit rester le fidèle administrateur.

Les instituteurs rouges pensent exactement le contraire : ils s'imaginent que l’État patron est leur ennemi, que l'intérêt qu'ils ont à défendre est leur « intérêt de classe » ou de Parti ; que l'école publique est leur propriété ; que l'âme des enfants leur appartient ; qu'ils sont libres d'en détruire les traditions nationales pour y substituer leur aveugle fanatisme. Ils vont, on s'en souvient, jusqu'à prôner l’objection de conscience, le sabotage de la défense nationale, la trahison devant l'ennemi

Que faut-il en conclure ? C'est très simple : tout en accordant enfin aux fonctionnaires par un statut légal les garanties indispensables auxquelles ils ont droit, il faut les arracher à la politique révolutionnaire, leur interdire de s'affilier à des syndicats illégaux et les mettre en demeure de servir l'Etat - ou un Parti

Faisons connaissance avec les instituteurs rouges du "Pays"ceux qui ont sans doute fait grève, grève pourtant interdite, ce que leurs opposants leur reprocheront avec violence. Sont-ils affiliés à un parti ? Pour la très grande majorité non ! Si on en retrouve au sein de la Ligue de l'Enseignement, au sein des J. L. R. de Chanteux à compter de 1928-29, s'ils s'engagent dans la lutte contre le fascisme (conférence de Luigi Campolonghi en mai 1934) leur action est d'abord locale,  chacun au sein de sa commune défendant son école publique et laïque contre ses adversaires locaux partisans d'une école libre

Jean Sévillia regrette le temps des Hussards noirs d'avant 14... Que ne regrette-t-il les vaillants combattants anti-cléricalistes d'après 1919. Sortent-ils de leur rôle, ce que la droite leur reprochera toujours ?  Où doivent-ils réagir aux attaques dont leur école et eux-mêmes sont l'objet, aux articles de leurs opposants regroupés autour des élus de la Droite cléricale 

 

Qui étaient-ils/ C'est l'enquête d' Alfred Gernoux parue en 1931,sous le titre « Les pionniers de l'Enseignement public de l'arrondissement de Châteaubriant », qui nous les fera connaître.


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Alfred Gernoux,est né à Noyal sur Brutz (Loire Inférieure) en 1892 où son père François Gernoux (un hussard noir de la République ) sera instituteur de 1887 à 1908.

 Digne fils de son père, Alfred mort à Nantes en 1973,est un instituteur érudit, passionné d’histoire locale à qui l’on doit une œuvre nourrie de documents. Au retour de la guerre 14-18, où il a été gravement blessé - il en gardera des séquelles - il est nommé à Soulvache. Il est aussi secrétaire de Mairie. On lui devra une remise en ordre avec décryptage et annotations, précieuses pour les généalogistes, dans la marge des archives d'état civil d'avant la Révolution. Il quittera Soulvache pour un nouveau poste à Soudan où il se fixera. Ardent défenseur de l'école publique, il s'opposera aux partisans de l'école libre à la tête desquels on trouve le Curé Duchet rédacteur du bulletin paroissial appelé « La Concorde »


      Quelques écrits consultables d'Alfred Gernoux et parus dans le "Journal de Châteaubriant"

On en trouvera un relevé avec les divers liens qui faciliteront l'ouverture du document dans un article du blog de mibonnier

https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=9109180975607901904#editor/target=post;postID=7352932227530752667

La Révolution au Pays de Châteaubriat

La Chouannerie en 1832

La Sylve castelbriantaise

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A Rougé... à Saint Aubin... A Soudan... A Moisdon

Heureux les « pays » où il n'y a pas d'école libre de filles ou de garçons – Ruffigné, Noyal, Soulvache... .ne connaîtront pas ces combats de longue haleine. Combats marqués par l'ouverture de nombreuses écoles libres qui entraînera la fermeture d'écoles publiques dans certaines communes, écoles dont la réouverture (Rougé, Moisdon...) n'aura lieu que près de 80 ans plus tard. 

On ne connaît pas de fleurets mouchetés... Chacun dispose de moyens d'expression qu'il utilise à bon escient soit en attaquant soit en répondant....

Chacun se fera son idée. Il lui suffira de lire le « Journal », le « Courrier » ou encore les « bulletins paroissiaux » versés aux archives. Dire qu'on s'écharpe... qu'on s'étripe... Lisez et faites-vous votre opinion.

 

Quelques extraits de bulletins paroissiaux édifiants


      Le cinquantenaire de l’École Laïque 

La CONCORDE de Soudan – 1er mars 1931)

La doctrine de l’Église sur la laïcité et la neutralité scolaire (La CONCORDE deSoudan – 1er mars 1931)

« Le but de l'école laïque n'est pas d'apprendre à lire, à écrire et à compter ; c'est de former des libres-penseurs. Le but de l'école laïque n'aura porté ses fruits que si l'enfant est débarrassé du dogme, s'il a renoncé à la foi de ses pères, à la foi catholique »

Hypocrisie Laïque 

(La CONCORDE de Soudan – 22 mars 1931)

Où l'on fait intervenir Gustave Hervé

« Savez-vous ce qu'ont répondu les députés cartellistes et avec eux quelques pitoyables modérés du centre ? Ils ont répondu : « Pas un sou, pas un centime pour les gosses qui vont à l'école chrétienne ! » Mais est-ce que nos politiciens francs-maçons ou terrorisés par la franc-maçonnerie – est-ce que ces imbéciles imaginent qu'ils échapperont à la nécessité de réviser leur loi scolaire, pierre angulaire de leur république maçonnique maintenant que la faillite de leur école laïque éclate à tous les yeux de ceux qui n'ont pas la berlue ? »

Parlons net 

(La CONCORDE de Soudan - 19 avril 1931)

« Reconnaissons que les enfants des écoles chrétiennes n'ont à compter sur aucune faveur d'ordre public. Lorsqu' arriveront les examens, on ne leur passera rien. Les sujets du concours ne leur seront pas communiqués la veille. Le diplôme qu'ils sauront conquérir sera un diplôme de mérite laborieusement obtenu et non pas une vile faveur mendiée par politique »

Au sujet de la Liberté d'enseignement

Quelques points d'histoire qu'il est bon de retenir

(La CONCORDE de Soudan 24 mai 1931)


(La CONCORDE de Soudan 6 juin1931)

« Combien de pauvres gens victimes de l'ignorance et des préjugés, victimes surtout de mensonges colportés par les agents de la secte irréligieuse se sont persuadés que nos luttes actuelles ne sont que des luttes politiques . Quelle erreur ! […] Aujourd'hui comme hier, l’Église, en dehors et au-dessus des partis politiques n'a en vue que le salut des âmes et la défense de la religion »

L'Eglise se tiendrait-elle en dehors et au dessus des partis ? C'est oublier ce que préconisaient plusieurs évêques, directives relatives à la participation des Ligues catholiques à la vie politique. 

"Rien ne saurait empêcher les membres de cette Action catholique qui restent des citoyens complets et parfaits d'adhérer individuellement à titre privé, sous leur responsabilité strictement personnelle, aux partis politiques qui peuvent avoir leurs préférences dont non seulement ils ne doivent pas se désintéresser, mais dont ils ont le grave devoir, eux, les chrétiens plus éclairés que d'autres de s'occuper. Voilà le principe.

En principe, il faut excepter naturellement certains partis politiques auxquels un catholique ne peut adhérer, l'Eglise les ayant condamnés. Ceci dit, il n'est permis à personne d'empêcher les catholiques d'adhérer à une de ces ligues nationales qui s'appellent Croix de Feu, Volontaires Nationaux, Jeunesses Patriotes, Solidarité Française, Francistes [...]

Jamais donc il n'a été question à la Ligue catholique de jeter l'interdit sur telle ou telle association du moment que ses statuts ne comportent rien qui soit contraire aux devoirs d'un bon chrétien, d'un bon Français"

"Courrier" du 3 janvier 1936 page 1 colonne 3

Les catholiques peuvent-ils participer aux ligues nationales?

 

Haros sur les instituteurs

Le congrès des instituteurs 

(La CONCORDE de Soudan – 20 août 1933)

Ah ! Ils vont fort les laïcs syndiqués : La pédagogie est bien le cadet de leurs soucis. Ils s'occupent de politique et sous couvert de défendre leurs droits professionnels, ils font de la démagogie et du désordre.

Et de reprendre l'article du journal « la Province » et de dénoncer les instituteurs laïcs

- Le gouvernement ? Il est à leurs pieds. Ce sont les chouchous du régime. A eux faveurs, facilités, avantages, traitements, décorations et privilèges

- Sont-ils contents ? Non ! On leur donnerait la terre entière qu'ils demanderaient la lune !

- Et la grève ? Ils menacent de se mettre en grève si on ne s'agenouillait pas devant leurs prétentions. Au moindre mécontentement, on chante l'Internationale et on se met en grève plantant là les écoliers. Eux qui sont payés pour former des jeunes, ils donnent l 'exemple de la révolte.

Comment ne pas terminer en suppliant les pères de famille de faire le bon choix et de comparer l'attitude des deux catégories d'instituteurs : les LAÏCS et les CHRÉTIENS (dits libres)

- Côté des LAÏCS : Vie matérielle heureuse et largement assurée, avancement réglé, retraite ménagée. Tout apaisement pour l'avenir. Locaux d'habitation parfois luxueux, logements confortables comprenant même jusqu'à Garages pour autos. Quelle faveur ! (Professionnellement parlant, l'instituteur n'a pas besoin d'avoir auto)

Côté des CHRÉTIENS (libres) : Salaires, hélas ! Insuffisants, Isolement trop fréquent, Vie de privations et anxiété de la vieillesse... Rien pour être encouragé et soutenu que la conscience d'un magnifique devoir à remplir, l'estime des familles et l'amitié de ceux qui les comprennent. Et pourtant ils ne se plaignent jamais et la « Grève » est un mot qu'ils ignorent.

 

Comparez et Jugez !

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En 1933 : Renaissance de l'Association des élèves de l'Ecole publique

Écoutons le témoignage d'un de ses premiers membres André Martin

« En 1933, M. Danet* directeur du Cours Complémentaire et moi*, sommes allés demander à M. Perrinel, adjoint au Maire de Châteaubriant, la libre disposition du jardin des Terrasses et le concours de quelques employés municipaux pour notre première kermesse, ce qui nous fut accordé avec plaisir

Les chevilles ouvrières furent surtout Danet*, Chanteux*et Louis Piveteau* précise André Martin*. Une réunion de tous les instituteurs à l'école des filles, rue de la Victoire fixa les programmes et les rôles de cette première kermesse de juillet 1934. Tous furent invités, au niveau de chaque école à faire appel aux parents d'élèves et à leurs amis. Ce sont surtout les Jeunesses laïques et Républicaines présidées par Chanteux qui apportèrent les gros contingents d'animateurs : Cheminots, postiers, employés, commerçants, ouvriers tous assemblés dans un même but : la réussite de cette première kermesse. »

Autour de Nous... 

Avec les J. L. R et les instituteurs qui sont à l'origine des actions en faveur des Elèves des Écoles Publiques à compter de 1933 (C R du congrès dans le journal de Châteaubriant de Juin 1933)

Le congrès départemental des J. L.R.s'était tenu à Châteaubriant le 6 juin 1933 et l'action qu'envisageait ce mouvement et sa position par rapport aux partis politiques dont il voulait être indépendant furent l'objet de débats autour de plusieurs motions dont les orientations différaient. Au sein même des J. L. R de Châteaubriant les avis étaient partagés entre G. Chanteux (section de Châteaubriant) et Guillot (section de Nantes dont A. Martin était partisan)

         Guillot soutient avec force sa thèse, invitant les jeunes à ne s'effrayer d'aucune idée nouvelle et les conviant à se débarrasser des vieilles méthodes en allant de l'avant  « Les forces de gauche n'ont pas donné au gouvernement ce qu'on pouvait en espérer. Ou la Société tombera dans le fascisme ou dans le collectivisme. Sur le plan de la paix, il faut également aller aussi loin et c'est pourquoi la section de Nantes a cru bon d'adhérer au Congrès d'Amsterdam (...) dirigé par les communistes et bien que les radicaux et les socialistes s'en soient retirés. ?

Chanteux qui se dresse contre la thèse de Guillot montre le travail néfaste accompli par les communistes tant au point de vue syndical qu'au point de vue politique. Il souligne la collusion de la droite et de l’extrême gauche et montre le rôle néfaste joué par les moscoutaires dans les élections où le maintien au second tour de leurs candidats fait trop souvent passer le candidat de droite

        Un désaccord total. Alignement ou non ?

        Ce fut, la motion présentée par André Morice président d'honneur de la Fédération des J.L.R de la Loire Inférieure reprenant les idées de Chanteux qui mise aux votes fut acceptée

« Notre rôle doit être avant tout de préparer, l'Union des forces sincèrement républicaines. Adhérer à Amsterdam serait changer complètement l'orientation des J.L.R issues des forces démocratiques Qu'en était-il des J.L.R dont toute référence à un parti devait être bannie. Elles doivent entendre tous les thèmes et ne doivent point se lier aveuglément à l'action d'un parti, à plus forte raison s'il n'est pas démocratique. Ce sont surtout des cercles d'études où librement, sans aucune contrainte, les jeunes épris d'idéal, peuvent se faire au contact des opinions et des faits, une idée bien personnelle. Elles entendent poursuivre ce rôle essentiel en maintenant leur action sur le plan de l'union de toutes les forces démocratiques ; union qu'elles s'emploieront toujours de leur mieux à réaliser dans tous les domaines pour que notre République soit toujours plus belle, plus juste, plus humaine dans la paix universelle

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(...) Deux articles de G Chanteux parus dans le journal de Châteaubriant  qu'il nous faut replacer dans leur contexte : Point de radio à part quelques rares postes de T S F. La sonorisation et le pick-up que l'on découvrait... C'est la presse qui est reine de l'information. Toutes les annonces de manifestations des diverses associations, leurs comptes-rendus, paraissent dans la presse locale.

Peut-on penser que G. Chanteux  président des J.L.R qui écrivait pour « le Journal, » « le Populaire » était alors bien placé pour défendre ses propres idées  qui ne recueillaient pas obligatoirement l'aval de tous les futurs amicalistes

La réaction du Courrier était attendue... Elle ne se fit pas attendre et entraîna de nouveaux articles dans le Journal

 

"Quand le Courrier s'en va-t-en guerre"

Lien caduc à renouveler

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=299960355&l=1600&h=860&m=&titre=299960355&dngid=9956fe72d21ae89c2b751c22f0fe70f30d182a6f.

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Un de nos témoins, André Martin, instituteur aux Terrasses à partir des années 30, avait alors, sur un agenda qu'il avait conservé, une liste d'une quarantaines de noms - promoteurs de l'Amicale - qu'ils n'avaient plus revus mais qu'il n'avait pas oubliés et « Son souvenir allait d'abord aux disparus, surtout à ceux qui figurent sur la plaque commémorative de l'école des Terrasses, amis ou anciens élèves » (Extrait de son courier de 1988)

Nous sommes en 1933... Désunion, opposition violente entre les forces que nous dirions de gauche aujourd'hui (radicaux, socialistes, communistes) dont les divergences sont profondes et expliquent les hésitations, la participation ou non aux divers gouvernements.

Mais la très grande majorité des J. L. R, qu'ils soient Amis des Écoles Publiques, Anciens élèves des mêmes écoles, Amicalistes … nous les retrouverons au sein d'une même association, l'Amicale Laïque à compter de 1938... Amicale au sein de laquelle toute action politique sera formellement interdite. Cette règle sera parfois bien difficile à suivre et des antagonismes apparaîtront.

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La distribution des prix aux Ecoles Publiques

A défaut d'être présent lors de la distribution des Prix aux Écoles publiques, on pouvait en lire le Compte rendu et chercher le nom de son enfant, heureux ou non bénéficiaire d'un prix au vu du palmarès des différents écoles : école par école primaire, classe par classe du Cours préparatoire au Cours Supérieur sans oublier les deux Cours Complémentaires fiers de présenter la réussite de leurs élèves au brevet élémentaire, aux concours des bourses, au concours des chemins de fer de l'état ou... Le nec le plus ultra à celui de l'entrée à l'école normale d'instituteurs ou d'institutrices. Au niveau primaire, étaient cités les reçus au Certificat d'études que l'on « passait » à 12 ans en ce temps là

Une distribution solennelle des prix et récompenses qui eut lieu fin juillet 33 - Les écoliers étaient en vacances depuis le 15 juillet  - dans le magnifique cadre des Terrasses verdoyantes et fleuries. Comme de coutume, de nombreux parents, des amis des écoles, de simples curieux assistaient à cette cérémonie toujours préparée avec beaucoup de goût et de soin par le personnel enseignant dont l'inlassable dévouement revêt des formes multiples

En présence de nombreuses autorités qui avaient pris place sur l'estrade (M. Podevin sous- préfet – M. Bréant député maire et Mme – M. Vincenot inspecteur de l'enseignement primaire, M. Veper président du tribunal – MM. Périnel et Glédel adjoints au maire – M. François Trébaul, commissaire de police... etc) la cérémonie pouvait commencer :

Une exécution impeccable de la Marseillaise par l’Harmonie municipale avait précédé le discours de M. le Sous-Préfet à l'adresse des enfants, un discours plein d'humour que le rédacteur s'excuse de ne pouvoir reproduire et qui fut accueilli par de chaleureux applaudissements. 

Nouvelle intervention de l'Harmonie dirigée de main de maître par son chef, M. Valentine qui enlève « la Marche des Cadets du Brabant... Puis ce fut autour des enfants des écoles de présenter divers numéros, un programme qui enchanta les spectateurs

Sans doute avait-on rappelé les enfants à l'école pour une ultime répétition la veille. Un beau spectacle. Le public témoigna de sa satisfaction par des bravos enthousiastes et nourris

 

Les parents étant attentifs en priorité aux évolutions de leurs enfants. Rien n'a changé !

Et de découvrir l'école maternelle dans «  Le petit navire et ses matelots », les filles de Béré dans  "Le ciel rit ", les garçons de Béré dans "les coloniaux-aviateurs", l'école de la Vannerie dans "les Ondines". On termina par les Terrasses et leur  "ballet chinois"

Terminons en disant comme G Chanteux, rédacteur de l'article, que la place nous manque pour accorder une mention spéciale à chacun. La place nous manque encore plus pour publier le palmarès (3 colonnes dans la journal de Châteaubriant du 3 août 1933) (...)

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(...) Cette année là, Henri Derouallière entrait à l'Ecole Normale (6ème sur 76) après avoir obtenu son Brevet élémentaire – Victor Lemaître, Marcel Bécam, Jean Sinenberg étaient reçus au concours des bourses 1ère ou 2ème série....

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En 1934

LA KERMESSE

Cela s'annonçait bien ! La fête serait belle

La classe de Mme Gourdelle (Rue de la Victoire)

« Cette kermesse, la première organisée par les écoles publiques de Châteaubriant et qui prend par suite la signification d'une grande manifestation laïque, s'annonce décidément sous les meilleurs auspices et nul doute que le beau temps aidant, ce ne soit sur un grand succès que se clôturera dimanche la fête... Suit une présentation détaillée du programme…Une conclusion qui s'impose... Un appel à venir s'amuser en faisant œuvre utile, que souhaiter de plus ? Amis des écoles laïques, je vous crie, au risque de paraître par ce style électoral dénoncer la trêve : « Dimanche prochain, tous aux Terrasses ! Pas d'abstentions ! 

(Journal - G. Chanteux - 7 juillet 1934 page 1)

« La fête commença par un brillant défilé qui déroula à travers les rues de la ville l’interminable théorie des enfants des différentes écoles. En tête marchait un magnifique garde-champêtre d'opérette avec les favoris et « la bouffarde », puis l'harmonie municipale, entraînant de ses pas redoublés le long cortège.

Ensuite les enfants costumés : accortes villageoises et fringants campagnards conduisant « La Noce à Toinon » ; sauvages indiens sioux aux tatouages impressionnants et qui avaient déterré la hache de guerre ; délicieuses pastourelles et dames du corps de ballet entourant une exquise « Fée aux cheveux d'or ». Et enfin saisissante manifestation de la vitalité des écoles publiques, le défilé de tous les enfants, où on admirait la diversité et le pittoresque des coiffures des « Merveilleuses » du Directoire, des pompons rouges de la flotte nationale. Est-il besoin d'ajouter que sur tout le parcours, un nombreux public applaudit sympathiquement les enfants

Dès 14 heures, dans l'admirable cadre des Terrasses, c'était la grande foule, prenant d'assaut tous les comptoirs. Qu'on en juge : au bout d'une heure, la « pêche à la ligne » se terminait faute de... poissons. A 17 heures, la « loterie volailles » manquait de volailles, le lapinodrome, , le jeu d'adresse, les anneaux faisaient des affaires d'or. Et Phoebus étant de la fête, devons-nous insister sur la valse émouvante des bocks et des coupes de mousseux. Et tout l'après-midi, ce fut le défilé compact devant toutes les attractions de « clients » enthousiastes essayant leur adresse.

Ajoutons qu'à côté de ces attractions classiques, les organisateurs n'avaient pas négligé le côté artistique et que le stand des livres, où les plus éclatants succès s'arrachaient à des prix défiant toute concurrence et celui de la musique, où un excellent orchestre interpréta avec un remarquable brio les récents triomphes de la chanson connurent le plus vif et le plus mérité succès.

Par ailleurs, nombre de dames allèrent admirer aux comptoirs de la Maternelle et à celui des grands élèves de la Victoire les coussins délicatement brodés et les pôteries peintes avec un goût exquis, et se firent un devoir d'y faire de nombreuses emplettes.

 

Un excellent micro de la maison Bignon permit tout l'après-midi de suivre dans tous ses détails le programme préalablement fixé qui fut d'ailleurs suivi d'une façon impeccable, de goûter l'admirable voix des artistes du Théâtre de la Jeunesse de Nantes et aussi celles de délicieuses fillettes de l'école de la Victoire dont parents et amis suivirent avec grande ferveur les débuts au micro [...\

Depuis la fête de Françoise de Foix en 1932, la ville de Châteaubriant n'avait pas connu d'aussi belle manifestation que celle de dimanche dernier. La vieux château a dû se souvenir avec émotion – le soir, une douce brise faisait palpiter les feuilles de lierre qui caressaient les pierres – des anciennes fêtes qui se déroulaient jadis dans ce parc

Puis vint la fête de nuit. Après l'éclatant succès de de la kermesse, le plus large optimisme était de règle pour le soir, et cependant, une fois de plus, tous les espoirs furent dépassés. Ce fut dans le magnifique jardin, sous la lumière des guirlandes électriques et des projecteurs, la grande foule se pressant pour applaudir tous les acteurs […]

Point de fête de nuit désormais sans un bal populaire « Enfin ce fut le bal impatiemment attendu par une nombreuse jeunesse (et à vrai dire, qui donc n'était pas jeune à cette mémorable soirée ?) Pendant plus de deux heures, l'excellent pick-up de la maison Bignon diffusa, pour le plus grand plaisir de tous les derniers succès de la danse, et le vieux parc où rodaient des ombres séculaires se rajeunit aux ébats de cette multitude joyeuse.

Dresser un bilan... Remercier tous les participants... Notre rédacteur n'y manqua point. « Un mot résume l'impression générale : un triomphe. Les organisateurs peuvent être légitimement fiers de ce beau résultat : c'était la première fois qu'ils montaient pareille fête et ils n'étaient pas sans inquiétude. Le soleil serai-il propice ? (On a vu que Phoebus était au rendez-vous) Le public répondrait-il à leur appel ?

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Le vocabulaire imagé de notre professeur de Français du C. C Terrasses. Phoebus pour les Grecs ou Appolon pour les Romains, c'est le Dieu du Jour, de la Lumière, du Soleil et de l'Intelligence. Chaque matin, il conduit le char dans le ciel jusqu'au crépuscule.

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Aujourd'hui les félicitations cordiales qui leur parviennent de tous côtés leur prouvent qu'ils avaient raison de faire confiance aux nombreux amis de l'école laïque. Ils sont heureux de remercier tous ceux qui se sont dépensés sans compter pour la réussite finale et qui aux comptoirs, aux entrées, aux différentes attractions, à la décoration générale du parc, ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Vendeuses et vendeurs, musiciens, électriciens, tous ont accompli vaillamment et gaiement leur tâche. Merci aux généreux donateurs qui ont assuré le succès de la tombola et merci à tous ceux qui qui, par leur présence, ont manifesté leur attachement à la cause des écoles publiques.

Et à tous, pour une fête encore plus belle, nous disons, sûrs qu'ils répondront présents « A l'année prochaine » 

Lisez leJournal de Châteaubriant - samedi 14 juillet 1934 page 1)

Efforts en faveur de la jeunesse.

 

Les garderies scolaires, le Cinéma scolaire... deux projets.

    Lors de son assemblée constitutive, en 1938, l'Amicale Laïque Castelbriantaise « l' aménagement de séances cinématographiques, de garderies et de promenades au profit des enfants de nos écoles, et toutes initiatives pouvant éventuellement apparaître comme utiles et en accord avec les fins que nous nous proposons »

Mais ces activités avaient pour certaines déjà été mises en place sous l'obédience des J L R en relation avec les Amis des écoles publiques (société non constituée et sans statuts en 34 jusqu'en 38)


OU L'ON PARLE DE GARDERIES SCOLAIRES en 1934 

Les Jeunesses Laïques Républicaines à l'origine des garderies scolaires

 

Assistons à leur réunion qui s'était tenue un mercredi de février à l'hôtel de Ville. Une quarantaine de membres étaient présents, sous la présidence de Chanteux. On avait d'abord procédé à l'élection du bureau et l'on avait reconduit les sortants : Président : G. Chanteux – Vice-Président : Alfred Sinenberg – Secrétaire: Louis Piveteau - Secrétaire-adjoint : A Chailleux – Trésorier : L. Raimbaud. La commission dont le rôle n'est pas précisé comprenait en dehors du bureau : R. Chailleux, Huteau, Vaillant, Jublanc, Gillot, Lejeune. Quelques noms devaient venir s'ajouter ultérieurement.

A l'ordre du jour : Un très intéressant projet de garderies scolaires du jeudi avait été mis en discussion. Il serait possible à la belle saison de réunir chaque jeudi après-midi, les enfants des écoles laïques sous la surveillance de quelques maîtres et membres des J. L. R. Un terrain devait être facile à trouver (on envisageait l'appui de la Ville et l'autorisation accordée d'utiliser le stade Victor Maudet) On escomptait certains concours financiers, l’œuvre envisagée ayant un caractère d'évidente utilité.

Utilité certaine... Voulait-on concurrencer le patronage catholique dont " les enfants du Patro" bénéficiaient d'activités pendant les grandes vacances ou sommes-nous les précurseurs ? Garderies d'un côté... Activités du Patro de l'autre... 


En quoi consistèrent ces premières garderies?

« Le vendredi 20 avril, les instituteurs laïques de Châteaubriant et de nombreux amis des écoles s'étaient réunis pour organiser définitivement les garderies. Le jeudi qui avait suivi, les enfants étaient conduits sous surveillance au terrain de sports où des jeux variés leur assurèrent une saine distraction. (28 avril 1934)

Fonctionneraient-elles désormais tous les jeudis comme le prévoyait le communiqué ou l'effort d'organisation et d'encadrement était-il trop grand pour qu'on puisse assumer une telle charge ?

La première sortie fut l'objet d'un long article rédigé par G. Chanteux, secrétaire des J. L. R, paru en mai 34 soulignant la réussite de l'initiative

« C'est par un temps splendide que s'est effectuée la première des sorties des garderies des écoles publiques de garçons, sous la surveillance de leurs maîtres, de membres des Jeunesses Laïques et Républicaines et d'amis. Le succès dépassa les espérances puisque pendant 3 heures, environ 300 enfants s'ébattirent sur le joli stade mis aimablement à leur disposition par la Ville

Courses-relais, matches de barrette arbitrés de sifflet de maître par les ruggers L. Combet et Bicot, parties de quilles, courses-poursuites, etc...Un match défi sensationnel mit aux prises sur 100 m un jeune champion scolaire et A. Sinenberg et ce ne fut qu'à l'arrivée que la science de la course du vétéran consentit à s'incliner devant l'ardeur de la jeunesse. Il nous fut également donné d'assister à la rentrée sur le « ground » d'ancêtres du rugby revenant à leurs premières amours.

Une ample distribution de petits pains et d'excellents chocolats clôtura cette joyeuse partie et à 5 heures, enfants, maîtres et amis, regagnèrent les écoles de Béré et des Terrasses, pleinement satisfaits d'une agréable après-midi de plaisir sain et de grand air.

Merci à ceux qui se sont dévoués pour cette œuvre si bienfaisante ; que ceux qui peuvent y collaborer financièrement ou par le don de jouets, se fassent connaître ; c'est un peu de bonheur qu'ils répandront »


Beaucoup de bénévolat mais certains frais étaient incompressibles. Au niveau recettes, on relève une attribution-subvention de 300 francs des J. L. R s'ajoutant à diverses souscriptions

« Voilà un mois qu'elles fonctionnent à la satisfaction générale. Le nombre des enfants présents, oscillant entre 200 à 280, l'accueil sympathique des parents, tout encourage les J. L. R à persévérer dans leurs efforts pour développer une œuvre éminemment utile. En quatre séances, 930 petits pains et chocolats ont été distribués ; de nombreux jouets, balles, ballons, quilles, jeux de croquet ont été achetés. Il m'est revenu que certaines bonnes âmes s'étaient laissé aller à quelques considérations chagrines dont il ne serait pas malaisé de découvrir la source : elles apprécieront l'esprit charitable dans lequel je porte à leur connaissance ces premiers résultats. (G Chanteux – 9 juin 1934)

ANIMATION : LE CINÉMA SCOLAIRE

A l'origine toujours les J. L R.

Elles décident pour bien montrer l'intérêt qu'elles portent aux écoles laïques d'organiser quelques séances gratuites de cinéma le jeudi pour garçons et filles. Le bureau va se mettre en relations avec une maison éditrice de films et espère offrir sous peu aux enfants la première séance

 

OUVERTURE d'UNE NOUVELLE ECOLE

La nouvelle école de filles d'Aristide Briand

Le projet de création de cette nouvelle école avait été mené à bien. La rentrée scolaire officielle du 30 septembre pour les élèves filles du primaire comme pour celles du Cours Complémentaire (avec internat) avait eu lieu dans les anciens locaux de la rue de la Victoire. La rentrée dans les nouveaux locaux était prévue pour la Toussaint 34. Le transfert aurait lieu un mois plus tard

Des élèves et des maîtres et maîtresses se rendaient-ils compte du bonheur qui les attendait ?

« La Municipalité et par suite, la majorité des castelbriantais peuvent être fiers de la saine, confortable et belle école qui va s'ouvrir aux jeunes filles et fillettes de la région dès octobre prochain

La situation de l'école, en face du château mais sur l'autre versant de la Chère est parfaite ; de là, on domine la ville donc beau site, endroit plaisant et très bon air.

Les classes sont spacieuses,et bien éclairées ; le dortoir et et l'infirmerie sont installées à la moderne. Il y a une salle de gymnastique ; la cour est ombragée. Les logements du personnel sont tapissés et chaque cuisine est pourvue d'un fourneau à gaz. Au point de vue de l'hygiène, rien n'a été négligé.

Quand on songe à tout le temps (de 6 à 16 ans) que la jeunesse passera dans cet établissement, on comprend que cela vaille la peine de faire des sacrifices.
Cette ouverture d'une école moderne au chef-lieu de l'arrondissement sera d'un précieux exemple 

(Journal de Châteaubriant – 1er septembre 1934 page 2 colonne 2)


C'est bien beau une nouvelle école et si on allait la voir ? On avait tout prévu...

La nouvelle école E. A. B. édifiée rue de Vitré sur l'emplacement de l'ancien collège Sainte-Marie a reçu dimanche d'innombrables visiteurs. Ceux-ci ont été accueillis de la façon la plus heureuse par Mme Trébaul la directrice et ses adjointes Mmes Martin et Piveteau et Mlle Héraud, par M M. Trébaul, Martin et Piveteau, guides infiniment complaisants

Nous avons déjà donné une description du magnifique bâtiment, nous n'y reviendrons donc pas. Soulignons seulement que la création de l'E A B est l'une des plus intéressantes, des plus brillantes et des plus utiles réalisations de notre municipalité (5 janvier 1935)

A la rentrée qui suivit les nouvelles occupantes arrivèrent. Elles venaient de l'école des filles de la rue de la Victoire (Vannerie). Les locaux et bâtiments délaissés seraient désormais  dévolus aux élèves du primaire de l'école des garçons des Terrasses dirigée par M. Danet puis M. Geffriaud. Des élèves qui feraient connaissance avec comme instituteurs entre autres Raoul Nivert, Marcel Viaud...


L'ARBRE de NOËL

Autre grand moment pour tous les écoliers « 

(Journal de Châteaubriant - 29 décembre 1934 page 2

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483238816

Originalité de cet arbre traditionnel... L'audition de disques de choix... Le pick-up était roi... On écouta l'Arlésienne et les diverses rondes et jeux chantés furent présentés par les enfants des diverses écoles... Des rondes exécutées avec brio... Un ballet exécuté avec beaucoup d'entrain et une sûreté dans les mouvements vraiment remarquables... Une saynète ravissante, d'une fraîcheur délicieuse et d'une exécution impeccable... Les acteurs ? Ravissants dans leurs frais costumes... Longuement applaudis... Une assistance sous le charme. Quant aux bébés de la maternelle, en chemises de nuit et bougeoirs en main, à défaut de voir le Père Noël, au moins le chantaient-ils ! Est-il nécessaire de vous dire que leur gentille mimique et leurs évolutions furent très admirées

Et tout le monde d'écouter... Le disque tournait sur le pick up... La Marine avait du succès... C'était parti pour « Les petits matelots » qui savaient tous « Qu'avant d'être capitaine, il faut être matelot »

Comme chaque année,des friandises furent distribuées et de plus les enfants pauvres de nos écoles publiques furent pourvus de vêtements. Il restait à remercier toutes les personnes qui durant des semaines n'avaient ménagé ni leur temps ni leur peine pour quêter et s'occuper en plus, activement de l'achat et de la confection des vêtements. Un dernier merci à toutes les personnes qui avaient apporté leur obole pour cette belle œuvre

O

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      1934-35 : Sous le préau de l’école des Terrasses les élèves du Cours Supérieur et « deux chevilles ouvrières » dont parle A. Martin

A gauche : M. Chanteux (sa canne et son chapeau). A droite : M. Danet, directeur de l’établissement (Cours Complémentaire et primaire)

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FIN 1937... DÉBUT 1938 

 

En janvier 1938, 

L’Amicale des Anciens élèves et Amis des Écoles Publiques

de Châteaubriant était créée


En 1937

Un mois de décembre 1937 bien rempli


      Divers articles dans le journal de Châteaubriant nous renseignent sur la mise en route de ce grand projet et les objectifs que visera l'Amicale une fois créée

      « Devant le succès grandissant remporté chaque année par la kermesse des écoles publiques de Châteaubriant, il a semblé à beaucoup d'amis de nos écoles que la création d'une Association Amicale s'imposait. Elle serait destinée à coordonner les efforts de ceux qui s'intéressent à la cause de la laïcité. Nombreuses sont les tâches qui feront l'objet de nos réoccupations

  • Organisation de la kermesse annuelle et gestion des fonds qu'elle permet de recueillir

  • Organisation des loisirs sportifs des élèves

  • Distribution de secours en nature aux plus nécessiteux (vêtements, chaussures, etc ..)

  • Subvention et aménagement de séances cinématographiques, de garderies et promenades au profit des enfants de nos écoles, et toutes initiatives pouvant éventuellement apparaître comme utiles et en accord avec les fins que nous nous proposons

    Nous tenons à préciser que toute action politique sera formellement interdite au sein de cette Amicale.

    Une cotisation annuelle de 5 fr est prévue mais ne sera réclamée qu'après la constitution définitive de la Société.A cet effet une Assemblée Générale de tous ceux qui auront signé le bulletin d'adhésion aura lieu le 18 décembre à 20 h 30 dans une salle de la Mairie.

    Jusqu'à ce jour nous avons reçu une centaine d'adhésions. Tous les amis de l'école laïque qui n'ont pas été touchés doivent réclamer un bulletin d'adhésion aux maîtres et maîtresses des Écoles publiques et à M M Beaussier, Bégaud, Jean Genêt (rue de Nantes) et Victor Martin, membres du Comité Provisoire d'organisation » Le Comité Provisoire (Journal de Châteaubriant - 4 décembre 1937)

Le café que tenait Jean Genêt avant guerre, au 19 place de la Motte avant qu'il ne ne crée son magasin de cycles Boulevard des Marronniers


Il fallait battre le fer comme il était chaud. Une semaine plus tard « Les adhésions affluent : leur nombre approche maintenant les 200, exactement 187. Mais beaucoup d'amis de l'école laïque n'ont pas encore été touchés ; qu'ils demandent des bulletins d'adhésion […] D'autres ont négligé de nous faire parvenir leur bulletin d'adhésion signé, qu'ils le fassent sans tarder afin que l'Amicale parte allègrement avec un nombre imposant d'adhérents.

 

       L'Assemblée Générale qui marquera la naissance de la nouvelle Société est fixée au samedi 18 décembre à 20 h 30. On discutera et on adoptera les statuts. Ce sera une réunion importante puisque l'avenir de l'Amicale en dépendra. Que tous fassent leur possible pour y assister. Le Comité Provisoire (Journal de Châteaubriant - 11décembre 1937)


On s'était tous donné rendez-vous salle des Fêtes de la Mairie le 18 décembre 1937. Ce jour là, des castelbriantais de tous milieux, unis par la même volonté de défendre et de promouvoir l’école publique, s’étaient réunis en A G constitutive et avaient décidé la création de l’Amicale des Anciens Élèves et Amis des Écoles Laïques de Châteaubriant.

 

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(Journal de Châteaubriant - 11 décembre 1937 page colonne 2)

« Samedi 18 décembre s'est tenue la réunion inaugurale de l'Amicale. Environ 200 personnes avaient répondu à l'appel du Comité Provisoire. Après la formation du bureau (président , M. Geffriaud ; assesseurs, M M Audrain et Bégaud) il fut immédiatement procédé à la discussion, article par article, des projets de statuts.

Ceux ci ayant été adoptés, la liste des membres appelés à former le Comité Directeur fut soumise au vote de l'assemblée. 20 membres ont été élus. Ce Comité désignera ultérieurement le Bureau chargé d'administrer la société,
En outre, sont de droit membres du Comité, au titre de représentants du personnel enseignant : Mmes Bruno, Houlard, Trébaut, directrices d'écoles publiques ; M M. Audrain, Geffriaud, directeurs d'écoles publiques et 5 maîtres et maîtresses (1 par école) choisis par leurs collègues.

Une excellente impression s'est dégagée de cette réunion et le grand nombre des adhérents permet de concevoir les plus grands espoirs quant à l'avenir de l'Association. Le Comité Directeur adresse un pressant appel à tous les sympathisants qui n'ont pas encore adressé leur adhésion et les invite à la remettre au plus tôt à l'un des membres de ce comité - Le Comité Directeur 

L'Arbre de Noël des Écoles Publiques

Cette année là... C'est dire le succès que connaissait cet Arbre de Noël, il y eut deux séances. Le lundi 20 décembre, en présence des autorités (Inspecteur et Inspectrice des écoles primaires et maternelles, Représentants de la Municipalité, de la Sous Préfecture). Au programme des numéros et saynètes fort bien exécutés qui assurèrent le succès de cette charmante « matinée »

      Le lendemain, le 21 décembre, devant une salle comble, une répétition (une deuxième séance) eut de nouveau lieu et elle fut suivie de la traditionnelle distribution de jouets et d'oranges qui enchanta tous les enfants

      Pour subvenir aux frais, des listes de souscription avaient été ouvertes. Elles avaient connu un franc succès. La liste des donateurs (on n'avait pas peur de s'afficher) avait paru chaque semaine dans le « Journal de Châteaubriant » ...  5 semaines … 5 listes et les félicitations et remerciements des organisateurs

« Remercions tous les maîtres et maîtresses qui se sont tant dévoués pour la parfaite réussite de cette belle fête et toutes les personnes qui ont bien voulu marquer quelque intérêt à cette charmante réunion en y assistant. Nos remerciements vont encore aux généreux donateurs et particulièrement à Mesdames Le Goff et Dassimond, à Mlles Héry et Deniaus qui ont bien voulu en accompagnant Mme Houlard, se charger de recueillir les oboles qui ont permis de semer tant de bonheur dans l'âme des enfants et de distribuer des vêtements aux plus nécessiteux"

 

Que lisait-on ?

De l'intérêt de l'existence de deux journaux castelbriantais


      On avait le choix entre deux hebdos castelbriantais « le Courrier de Châteaubriant » « Le Journal de Châteaubriant » et deux quotidiens nantais « le Populaire de Nantes » « Ouest-Eclair », lnantais

Peu d'Amicalistes parcouraient "le Courrier", C'est "le Journal" - Hebdomadaire Républicain - qui avait leurs faveurs. Convocations, invitations et Comptes Rendus détaillés de toutes leurs manifestations paraissaient régulièrement dans le "Journal" et (ou) "le Courrier". Citons les correspondants bénévoles chargés de rédiger les articles. Pour l'Amicale Laïque : M. Geffriaud... G Chanteux. Pour l'A C C : M. Delaunay. Ajoutons certains « chroniqueurs sportifs » M. Vanloo... R. Lahuppe... M. Pohalé.. qui tous mettaient en évidence les petits comme les grands événements

Nous vivions au milieu d'un monde en plein bouleversement et l'Amicale y était attentive en participant, en apportant son aide, son soutien à de multiples actions.Tout en suivant attentivement l'histoire de notre Amicale Laïque nous nous nous intéresserons aux autres associations locales qu'elles soient sportives, syndicales, politiques et aux actions qu'elles entreprenaient. Une telle chronique ne peut rester en dehors des grands événements qui bouleverseront la vie quotidienne. Ainsi continuerons-nous à porter un regard sur les événements qui se déroulaient autour de nous


Ouvrons le « Journal de Châteaubriant » en ce 25 décembre 1937

 

Un Conte de Noël inédit : « Si c'était vrai ! »

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Léon Lemarre a fait un rêve... (2) C'est bien le Père Noël avec sa barbe neigeuse et sa hotte, qu'il a devant lui. Et magie ! Le père Noël lui demande de faire un vœu.

Étonnement de Léon Lemarre... qui se prête aux désirs du Père Noël

- Eh bien, lui dit-il, je me suis endormi en songeant aux réalités hideuses de la guerre, à ses héros, à ses martyrs. Je demande qu'il n'y ait plus jamais de guerre, qu'il n'y ait plus jamais de massacre de petits enfants comme en Ethiopie, comme en Espagne, comme en Chine ; je demande que disparaissent les hommes, les chefs d’État qui veulent fonder leur règne sur les tueries.

Quel bonheur ! Ses vœux seront exaucés

- Il en sera ainsi, mon fils, lui dit le père Noël. La guerre disparaîtra du monde comme ont disparu les grands fléaux de l'humanité. Et en 1938, mourront les serviteurs de la guerre, les massacreurs d'enfants. Ils partiront dans cet ordre : Franco, accident ; Mussolini, crise épileptique ; Hitler, assassinat politique ; le Mikado, fièvre jaune ; j'ai dit !

Chacun sait ce qu'il est advenu les années suivantes... et       chacun sait que ces vœux n'ont pas été réalisés.

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(2) A la lecture de cet article, m'est revenu à l'esprit le grand discours du pasteur noir Luther King. Tout comme lui mais plus de soixante ans auparavant, Léon Lemarre avait fait un rêve... qui ne se réalisera pas

I have a dream (traduit en français par « Je fais un rêve») est le nom donné au discours prononcé le 28 août 1963 par le pasteur et militant américain Martin Luther King, à durant la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté. Devant plus de 250 000 manifestants, King en appelle solennellement à la fin du racisme aux États-Unis et revendique l'égalité des droits civiques et économiques entre Blancs et Afro-Américains

Le discours débute par une référence à la Proclamation d'émancipation qui libéra plusieurs millions d'esclaves en 1863. King déclare ensuite « qu'un siècle plus tard, le droit d'émancipation n'est toujours pas libre » Poursuivant son discours, il s'écarte peu à peu de ses notes et improvise une anaphore, martelant l'expression « I have a dream » après que Mahalia Jackson, en pleurs, lui ait crié : « Parle leur de ton rêve, Martin ! » Celui-ci décrit alors son rêve de liberté et d'égalité émergeant d'un monde marqué par l'esclavage et la haine. 

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En 1938

 

Réunion du premier Comité directeur de l' A A E A E P de Châteaubriant (Amicale laïque de Châteaubriant) le vendredi 7 janvier à 20 h à l'école des Terrasses, sous la présidence de M. Geffriaud, directeur d'école

« Il a été immédiatement procédé à la désignation du bureau, conformément aux statuts votés par l'A. G. du 18 décembre 1937

Président : M. Geffriaud, directeur d'école

Vice-Présidents : 

M. Bégaud, retraité des chemins de fer 

M. J Genêt, représentant de commerce.

Trésorier : M. Audrain, directeur d'école

Trésorier adjoint : M. André Piveteau, instituteur

Sécrétaire : M. Robert Vanloo sécrétaire général de la Mairie

Sécrétaires adjoints : Mlle Héry, institutrice ; M. Gilbert Burlot, rédacteur à la Sous-Préfecture

Nous rappelons que le Comité d'Honneur comprend Mmes Bréant, déléguée cantonale, et Savéant, inspectrice primaire, M M. Richard Pouzet, sous préfet, le docteur Bernou, conseiller général et conseiller municipal et Bréant, maire, ancien ministre

Le Comité s'est occupé en outre de différents détails d'administration générale et des importantes questions du cinéma scolaire et de l'action laïque. Un projet de garderies de vacances a été retenu. Enfin l'organisation de la kermesse des Écoles Laïques 1938 a déjà fait l'objet des préoccupations du Comité qui ne négligera rien pour que cette future fête dépasse en fastes et en attraits ses devancières dont l'immense succès est encore présent dans toutes les mémoires ; de nombreuses suggestions ont été présentées et les plus intéressantes ont été réservées pour un examen ultérieur approfondi. (Journal de Châteaubriant - 15 janvier 1938)

Autour de Nous... La Vie continue

 

      Ce samedi 15 janvier avait eu lieu une réunion de la section du Parti socialiste sous la présidence de M. Bigaud* conseiller municipal au cours de laquelle M. Magnien, délégué à la propagande du parti, a fait une causerie intéressante et très écoutée sur le régime actuel et en particulier sur le nouveau ministère dont il a discuté la composition en termes très sympathiques.

      Il a aussi exprimé sa joie de voir la sagesse du gouvernement qui a décidé de ne pas intervenir dans les événements espagnols, ceux ci relevant moins du domaine de la guerre civile que de celui d'un conflit entre la démocratie et le fascisme. Cette non-intervention a assuré aux peuples une paix que l'orateur souhaite durable(3)

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(3) C'était la position du Parti Socialiste entérinée par le Gouvernement Blum en 1936. Loin d'assurer aux peuples une paix durable, cette position devait s'avérer terrible pour le peuple espagnol 

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    Au Travail

    Le Comité Directeur a décidé de se réunir tous les premiers mardis de chaque mois. D’autre part, poursuivant la réalisation de son programme, il a procédé à la désignation de délégués chargés de mettre sur pied différentes organisations sportives et un groupe artistique. Dans sa séance du 28 janvier, le Comité Directeur s'est occupé de l'amélioration des séances cinématographiques destinées aux élèves des Écoles Publiques

 (Journal de Châteaubriant - 5 février 1938 page colonne 4)

      

     Le Comité de défense laïque.

     Avait-il encore raison d'exister ? N'en retrouvait-on pas le très grande majorité des membres dans la nouvelle Amicale Laïque ?

Cette situation explique la réunion où serait proposée la dissolution du Comité à la suite de la création de l'Amicale des anciens élèves et amis des écoles publiques. Avaient été invités les membres ayant pris leurs cartes en 1937 

     Cette réunion eut lieu. Elle réunit une trentaine d'adhérents qui à l'unanimité votèrent la dissolution du comité, celui ci faisant double emploi avec l'amicale laïque nouvellement créée. Mais le quorum n'était pas atteint. Aussi, la majorité des membres inscrits en 1937 n'étant pas réunie, une seconde assemblée dut être convoquée le 27 février. En conséquence le bureau priait les adhérents d'assister nombreux à cette nouvelle réunion. Il était convaincu que si la dissolution était votée, les anciens membres du comité de défense laïque donneraient tous leur adhésion à l'Amicale des anciens élèves et amis des écoles publiques de Châteaubriant


    Le Comité Directeur du mardi 1er mars 1938

  • Se préoccupe de l'organisation de la Kermesse des Ecoles Laïques 1938 et confirme son entière confiance à son président pour effectuer à ce sujet toutes les démarches nécessaires

  • Décide de lancer une tombola

  • A discuté de l'organisation des sections sportives et du groupe artistique

  • A procédé à l'élection d'un Vice-Président : M. Etienne Martin élu à l'unanimité (J de C - 5 mars)

     Autour de Nous

     La défense de la laïcité... de l'enseignement laïc..

     Les diverses associations castelbriantaises, les partis politiques et pas seulement lors des élections... organisaient des conférences ayant pour premier objectif la défense de leurs idées. C'est dans ce cadre qu'il faut placer la réunion organisée le samedi 5 février avec le concours de Rollo, secrétaire général de la Commission de défense laïque du Syndicat National des instituteurs de France et des Colonies. Cette réunion était présidée par M. Geffriaud, directeur d'école, président de l'A.L.C, assisté de M. Jean Genêt, vice-président et de M. Etienne Martin, membre du Comité Directeur.

« Samedi dernier, M. Rollo a fort éloquemment traité le sujet « Défendons la Laïcité » Le conférencier a dès l'abord nettement situé la question. Notre République, a-t-il déclaré, est démocratique, sociale et laïque. Sa clef de voûte est l'école laïque, c'est à dire une école neutre. Dans cette école laïque, l'enseignement repose sur la déclaration des droits de l'homme et du citoyen et sur le principe tripartite : Liberté, Égalité, Fraternité. A l'intérieur de leurs écoles les instituteurs défendent la liberté, assurent l'égalité et pratiquent la fraternité.

Après avoir fait justice des campagnes haineuses et injustes menées contre l'école laïque, l'orateur parle de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne et s'élève contre la politique « de la main tendue » pratiquée par les communistes français (4) Sous les applaudissements, il conclut en adjurant les laïques de faire leur devoir envers la démocratie en assurant la défense de la laïcité, base nécessaire de la République »(5)

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(4) Ambiguïté des propos tenus lors de cette conférence placée sous le patronage de L'A. L. C. La politique était bien présente même si un article des statuts de notre association précisait que toute action politique sera formellement interdite au sein de cette Amicale. Un commentaire relatif aux positions totalement opposées prises par les forces de gauche : la politique de non-intervention des socialistes et radicaux qui s'opposait à celle de la main tendue relevait-elle d'un bon choix. On connaît la réponse !

(5) Article paru dans le Journal de Châteaubriant le 12 février 1938. Le rédacteur en est Gabriel Chanteux qui fit paraître dans « le Populaire de Nantes » le 20 février 1938, un second article beaucoup plus développé

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    Le Comité directeur du 12 mars

  • Compte-rendu de leurs activités par les délégués spéciaux au Basket Ball et au groupe artistique. On envisage pour le 30 avril une journée gratuite réservée aux membres de l'Amicale sur présentation de la carte 1938

  • On fixe les règles d'adhésion. On rappelle aux jeunes gens et jeunes filles anciens élèves de l’École Laïque que l'article 18 des statuts prévoit que « Tous les jeunes gens âgés de plus de 14 ans et de moins de 18 ans pourront être admis gratuitement dans l'Association, à charge pour eux de se conformer aux statuts, notamment à l'exclusion de toute relation avec un patronage ou un cercle non rigoureusement laïc ». Il leur adresse un pressant appel pour qu’ils donnent leur adhésion le plus rapidement possible, afin de profiter des avantages offerts à ses membres et ce, sans aucun versement d'aucune cotisation. Ils pourront s'inscrire dans un des groupes existants ou en voie de prochaine réalisation (groupe de Basket-ball féminin – groupe de basket-ball masculin – groupe artistique et littéraire) où leurs suggestions seront toujours accueillies avec plaisirs

     En projet la pratique d'activités sportives au sein de l'A L C. Le Basket masculin était pratiqué au sein des Voltigeurs. Nul doute que l'on cherchât à les concurrencer. Au vu de l'article restrictif interdisant à nos jeunes gens toute relation avec un patronage ou un cercle non laïc, il était nécessaire d'offrir diverses activités  au sein même de notre association ou en corrélation avec l'A. C. C récemment créé. 

    Le Comité directeur du 5 avril

  • Les garderies scolaires commenceront le le premier jeudi après Pâques. Les enfants recevront un petit pain et un bâton de chocolat

  • Un effort en faveur des démunis. Soulageons la détresse. « Conformément à l'article 2 alinéa 4 de ses statuts, l'A L C adresse un vibrant appel à ses 425 adhérents et à toutes les âmes charitables en faveur de la,famille V... dont le chef, membre de l'Amicale, vient de disparaître. Il laisse une veuve et 9 enfants dont un nouveau-né. Des listes de souscription sont déposées au secrétariat de l'Hôtel de Ville, à la Sous-Préfecture et dans toutes les écoles publiques. On peut verser également son obole aux membres du Comité. Les dons en nature sont acceptés. Nous informons les donateurs que les sommes en espèces ne seront pas versées telles quelles à la famille mais serviront à subvenir à ses besoins matériels. Nous avons la conviction que tous auront à cœur de soulager, dans la mesure du possible, la détresse de cette famille cruellement éprouvée

  Autour de Nous

   Le Comité des Femmes contre la Guerre et le Fascisme

  La situation en Espagne ne s'améliorait pas. Les forces nationalistes gagnaient du terrain face aux forces gouvernementales républicaines. Devait-on rester insensibles face à ce drame ?

(On nous communique, avec prière d'insérer, l'ordre du jour suivant :"Réunies le mercredi 6 avril en assemblée générale, inquiètes devant la gravité de la situation extérieure, elles demandent au gouvernement de tout faire pour le respect du droit international"

Elles estiment que devant la volonté d’extermination du fascisme agresseur, il faut rétablir d'urgence le libre commerce avec l'Espagne républicaine pour lui permettre d'assurer sa défense ; elles tiennent à affirmer leur sentiment que c'est une condition indispensable à la sécurité de la France et au salut de la paix

Elles insistent auprès du gouvernement pour que soit prise en considération la situation tragique des enfants espagnols qu'il faut soustraire aux atrocités des bombardements aériens en leur autorisant l'entrée dans notre pays et en assurant leur entretien.

Elles sont décidées à apporter au gouvernement le plus large soutien matériel possible dans cette œuvre »(Journal de Châteaubriant - 23 avril 1938)

  

      Au temps du Front Populaire

      Le Front populaire est une coalition de partis de gauche qui gouverna la France de 1936 à 1938 Il réunissait les trois principaux partis de la gauche, la SFIO, le Parti radical-socialiste et leParti communiste (qui soutenait les deux premiers sans participer directement au gouvernement), mais également toute une nébuleuse d'autres mouvements.

Le gouvernement de Front populaire fut le premier de la IIIème République dirigé par les socialistes. Il initia plusieurs réformes sociales importantes et constitue encore actuellement une des références incontournables de la mémoire et de l'histoire de la Gauche française : les congés payés (15 jours), la réduction du temps de travail avec la semaine de quarante heures et l'établissement des conventions collectives.

 

      

         LA FÊTE du TRAVAIL une fête populaire organisée par l'Union Locale des Syndicats Confédérés. Ainsi dénommait-on la G. G. T constituée par les fédérations et les unions départementales auxquelles les syndicatsdevaient être adhérents pour être confédérés

 

L'information relative à la fête du 1er mai était parue la semaine précédente... Qu'on se le dise

« L'Union Locale a décidé de faire une sortie champêtre, comme l'année dernière, en Forêt de Teillay, mais cette fois l'accès dans la forêt est assuré"

Pas de 1er Mai sans meeting. A 14 H 30 départ de la forêt pour Bonne-Fontaine (Bonne Fontaine est alors une cité ouvrière au cœur des mines de fer de la Brutz et regroupe près d'une centaine de familles de mineurs) il est prévu rendez-vous au Café Bourgine avec des orateurs de la C G T.

Comment se déplacerait-on ? Les participants devront se munir de leur bicyclette ou autres moyens de transport car les organisateurs ne disposeront que de deux ou trois cars pour transporter les femmes, les enfants et les personnes n'ayant pas de bicyclette.

Pas de 1er Mai sans bal. La journée se terminera par un grand Bal à 21 heures à la Mairie avec l'orchestre Chazé frères »

Se déplacer posait problème pour certains. La semaine suivante, on informait des possibilités qu'offrait le Rail. Ceux qui ne pourront pas prendre le départ fixé à 8 h 30 à la Mairie de Châteaubriant et qui voudront rejoindre le groupe en forêt et assister au meeting, disposent d'un train qui part de Châteaubriant à 11 h 05 et arrive en gare de Rougé à 11 h 38. A Rougé, on traverse le passage à niveau et on suit la route qui mène à la forêt jusqu' au lieu du pique-nique (à 3 km environ). Trains pour le retour, départs à 16 h 11 et à 18 h 40 (6)

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(6) C'est la ligne de chemin de fer de Châteaubriant à Ploermel qui vivait ses dernières années pour le transport des voyageurs (trafic fermé en 1938)  En voiture ! En voiture de Châteaubriant... pour Ruffigné-Saint Aubin... Rougé... Teillay... Bain... Messac...

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« Comment s'était déroulé le 1er mai 38 en forêt où l'on avait évalué le nombre de personnes assemblées sous les vertes frondaisons à environ 850. 

"L'organisation en forêt avait été impeccable. On avait pensé à tout. C'est ainsi qu'il y avait un poste d'incendie muni de 10 extincteurs, de pelles et de pioches sous la surveillance de du sapeur pompier Auguste Foin de Châteaubriant. Un médecin était de service. Le buffet installé et tenu par M et Mme Laguillez* était remarquablement achalandé. L'excellente bière de Champigneules et le muscadet eurent de nombreux dégustateurs. Seules absences à regretter : Celles des petites clochettes blanches au parfum délicat qui, malheureusement se révélèrent plutôt rares

Le départ de la forêt pour Bonne Fontaine s'était effectué vers 14 h 30. On se retrouva tous devant le café Bourgine. Dans une prairie proche, à l'entrée fleurie par les camarades mineurs, eut lieu le meeting (...) annoncé. Y prirent la parole : Hervé du syndicat des mineurs, Thébaut* sécrétaire de l'union locale, Chaye* commissaire général de la fête, Pillard, délégué de la CGT et Péneau, sécrétaire de l'Union départementale. Tous furent chaleureusement applaudis et le meeting prit fin dans le plus grand enthousiasme aux accents de l'Internationale.

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(...) Disait-on métinge ? Le métingue ? Chanta-t-on "le grand métingue du métropolitain", chanson  qui avait 50 ans et était restée très populaire, en particulier dans le milieu militant politique de gauche et d'extrême gauche.



          Un souvenir... Êtes-vous passés par l'Ecole Normale d'instituteurs ? Vous auriez entonné le métinge...Cette version diffère de celle que nous avaient apprise les "Anciens" et que nous chantions tous en chœur. Quel était l'argument de cette chanson que nous ignorions ?

"Au début, payé à la semaine, un ouvrier, au lieu de porter l'argent à la maison, s'empresse le samedi d'aller se saouler au bistrot. Sa femme s'inquiète et va le chercher et le disputer pour arrêter le gaspillage. Mais l'ouvrier ivre, au lieu d'aller au travail, se rend à un meeting (un métinge, un métingue) politique à la salle du Métropolitain à Lille. Là, prennent la parole deux députés parisiens: Basly, mineur  et syndicaliste, et Camélinat, militant socialiste. À la suite d'une bagarre occasionnée par un provocateur, le héros de la chanson est embarqué par la police. Mais trouve malgré cet incident et son arrestation que le meeting était très réussi"

Ce que nous ignorions ? Que ce chant datait de 1887 ... Qu'il ne s'agissait pas de Bazile le meneur indomptable mais de Basly le mineur indomptable... ni de Camélina la reine du parti mais de Camélinat l'orgueil (le) du parti... 


Mais nous entonnions en chœur le dernier refrain 

C'était tout d'même un bien chouette métingue

Que l' métingu' du métropolitain ! (bis)

avant de terminer (on était tous debout) par la Morale

Peuple français, la Bastille est détruite,

Mais y a encor des cachots (des prisons) pour tes fils !

Souviens-toi des géants de quarante-huit

Qu'étaient plus grands (forts) que les ceuss' d'aujourd'hui.

Car c'est toujours l'pauvre ouvrier qui trinque,

Mêm' qu'on l'fourre au violon pour un rien...

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Qui avait souhaité gâché cette belle manifestation ? Non pas Mlle Récipon qui avait mis la forêt dont elle était propriétaire à notre entière disposition. Plutôt un journal quotidien de l'Ouest (Il s'agit du Courrier de Châteaubriant de A. Quinquette) qui avait écrit froidement que l'entrée de la forêt de Teillay avait été interdite et que la sortie projetée n'aurait donc pas lieu. Ca au moins, c'était de l'information  Tout était bon pour saboter une manifestation !

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Le Concert de l'Amicale Laïque

C'est le samedi soir 11 juin, en soirée à 20 h 45, que l'A. L. avait offert à ses adhérents un concert gratuit sous la présidence de Mme Savéant inspectrice de l'enseignement primaire. Autres personnalités présentes : M. Bréant, maire et Mme Bréant, déléguée cantonale.

Originalité de ce concert : sa première partie au cours de laquelle M. Geffriaud, président de l'Amicale, exposa en termes heureux l'œuvre déjà accomplie. rappelant en quoi elle avait consisté: Collaboration à la fête de Noël 1937 – Garderies du jeudi – Réfection de la salle de cinéma parlant, souscription pour une famille dans le malheur, etc... et ce qui reste à accomplir, le Comité Directeur envisageait la mise à l'étude de l'importante question des garderies scolaires des grandes vacances. Une précision importante : Sous les applaudissements de la salle, M . Geffriaud précisa que L'Amicale groupait actuellement 440 membres actifs et honoraires et que les adhésions continuaient à affluer.


Était venu le temps du concert. Était venu le temps pour les artistes de charmer une salle enthousiaste... D'excellents artistes nantais comme on en voit rarement à Chateaubriant. Que nous avaient-ils présenté ? Qu'avions-nous goûté ? Des duos des provinces françaises détaillés avec goût et entrain par les « Pad Willis », les étonnantes acrobaties cyclistes et l'inénarrable « Je vais au cinéma » du mime « Angelo » et enfin de spectacle de la charmante opérette « En attendant le coche » que M. et Mme Chastenet interprétèrent avec un talent et une fraîcheur qui leur valurent des bravos répétés .

Des artistes qu'avaient précédé trois autres artistes locaux amicalistes qui s'étaient taillés un vif succès dans une petite pièce en 1 acte « La génisse à Durapiat », un vaudeville aux joyeux quiproquos. Trois artistes qui furent les prédécesseurs de la troupe théâtrale de l'Amicale dont nous n'avons pas retenu les noms

« La génisse à Durapiat » première pièce jouée par l'Amicale

 Les trois coups avaient été frappés... Le rideau s'était ouvert... Nous étions transportés dans le salon de Durapiat, vieux paysan, 50 ans.

Durapiat assis, ce dernier tenant une lettre à la main que lui a envoyée M. Benoit, marchand de Bestiaux qui s'est occupé de lui trouver un acquéreur sérieux pour sa génisse

Durapiat se levant heureux. Un acquéreur va venir, c'est-y Dieu possible, je croyais pourtant bien ne jamais me débarrasser de cette bête là... Durapiat mon ami, il s'agit de faire attention à toi et tâcher de faire une bonne affaire en la vendant le plus cher possible...

Arrivée sur scène de Sifflet, son serviteur, tout surpris qu'on ait trouvé un acquéreur pour la génisse

- Une génisse qui n'est plus de la première jeunesse !

- Veux-tu bien vite te taire, si on t'entendait... As-tu suivi mes instructions ?

- Oui ! Ponctuellement. Monsieur peut-être tranquille... Les cornes ont été limées avec soin et maintenant elle paraît 10 ans de moins

- Bien... Je vais du reste me rendre compte (Il se dirige vers la porte puis se ravisant) J'oubliais... Si l'acquéreur arrive, fais le entrer au salon, ça lui inspirera plus confiance.

Durapiat arrivera-t-il à vendre sa génisse. Par quels artifices Sifflet a-til réussi à la rendre présentable ? Le prétendant – Legomeux 25 ans – se laissera-t-i gruger ? A chacun d'imaginer une suite à cette saynète Bouffe

En résumé, enthousiaste et légitime succès, préface de la kermesse des Écoles Publiques du 3 juillet, dont on peut dès maintenant affirmer qu'elle connaîtra dans l'admirable cadre des Terrasses, la plus brillante réussite

     Le 3 juillet, ce fut la Kermesse

      Réunion terminée ? Quelques animateurs de la kermesse 37 devant le café Chailleux place des Terrasses. De Gauche à droite : Etienne Martin - Victor Martin - E Louappe - G. Chanteux ou M. Plassais. Canotiers et casquettes sont de sortie. Ambiance joyeuse et décontractée. Fernand Jeannont pose en leur compagnie sur sa bicyclette fleurie. Un concours de bicyclettes fleuries était au programme de la kermesse dans ce temps là !

« Disons tout de suite que le succès de cette kermesse, qui a déroulé dimanche dernier ses fastes, a dépassé toutes les espérances même les plus optimistes

Le défilé traditionnel a fait sensation, par ses proportions d'abord, et ensuite par le charme et la variété de ses costumes aussi bien que par l'originalité de la plupart des groupes la composant […] Les enfants en particulier les fillettes ont été salués au passage par les bravos des spectateurs qui formaient la haie sur tout le parcours […] Il semble inutile d'insister sur la façon dont les désopilants comiques – Sauvaget et Pignon – remplirent leur rôle et déchaînèrent le fou-rire sur leur passage. 

A 14 heures, tout le monde se trouvait réuni dans le beau et vaste jardin des Terrasses et les stands étaient pris d'assaut par les chalands... Les chalands qui passent (7)

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(7) Allusion à une chanson de 1933 "Le chaland qui passe" chanson interprétée par Lys Gauty puis Tino Rossi qui obtient un grand succès. Les distributeurs du film "L'Atalante" de Jean Vigo en 1934décident de renommer le film "Le Chaland qui passe" afin de profiter du succès de la chanson (le film étant par la suite retitré L'Atalante)

Ecoutons Tino

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[…] Tandis que chacun apaisait sa faim ou luttait contre la soif à venir, la scène installée au beau milieu de l'esplanade, était constamment occupée par les jeunes élèves qui nous montrèrent leurs talents d'artistes en herbe, dans de charmantes scènes, chants mimés ou ballets. Ils eurent des applaudissements mérités et furent remplacés par les deux comiques nantais toujours en verve et capables de dérider les plus moroses […] Quand vint le soir, chacun reprit sa place dans le jardin au pied de la scène pour le gala de danses. L'orchestre symphonique qui accompagna les danseuses, mérite des éloges pour la parfaite exécution des morceaux figurant au programme. Quant aux danseuses, elles connurent un vrai triomphe et les si gracieuses artistes se firent applaudir sans réserve par les spectateurs charmés. Quant aux intermèdes des comiques nantais, ils semèrent la joie dans la foule amusée et jamais lassée des bons mots et des réparties fines des deux compères.

Puis ce fut, sous les rampes de feu, un bal animé qui anima la jeunesse avide de se remuer un peu à son tour. Un bal sur parquet qu’il avait fallu monter.

Pendant toute cette fête, le pick-up de la maison Bignon ne cessa de mettre de l'animation ; plusieurs chanteurs et chanteuses purent ainsi faire apprécier leur beau timbre de voix.

En résumé belle fête, pleine d'entrain et de laquelle les organisateurs peuvent être satisfaits pleinement » (G Chanteux)


Grand moment attendu de beaucoup : le tirage des deux tombolas qui eut lieu à 18 heures. Les résultats en furent publiés dans le journal en fin de semaine. Premier lot de la première : un poste de T.S.F avec pendule d'une valeur de 2 250 F. Quant à la deuxième tombola, tout le monde espérait repartir avec la vache premier lot ou à défaut le veau, plusieurs chèvres, plusieurs biquets sans oublier des oies, des canards, des poulets et autres lapins... qui attendaient dans leur enclos de la kermesse qu'on voulut bien venir les chercher


La vache attendait son heureux gagnant. Celui-ci était prié d'aller en prendre possession chez M. Genët, boulevard de la République où elle était à sa disposition... Elle attendit... Elle attendit... car son heureux gagnant n'était autre que M. Geffriaud, le président de l'Amicale qui … offrit son lot à l'Amicale. 

Sacrée vache ! Qu'on imagine si elle était arrivée dans la cour des Terrasses, seul espace vert dont pouvait disposer M. Geffriaud directeur de l'école !

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Heureux écoliers ! Heureux enfants !

Lorsque les vacances arrivent

L'Amicale laïque pense à vous et organise vos loisirs


Excursion scolaire à Pornic Tharon


« Lundi matin, les cars Debray emportaient vers la Côte de Jade, la bande joyeuse des élèves des écoles publiques de Châteaubriant reçus à des examens. Quelle bonne journée !

A l'aller, nous descendons à Nantes, à l'école moderne du boulevard des Poilus où les enfants ont plaisir à retrouver leur ancien directeur(8)

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(8) Il s'agit de Mr Danet qui pendant près de 10 ans avait été directeur de l'école primaire rue de la Victoire et du C. C des Terrasses. C'est M. Geffriaud qui lui avait succédé à compter de 1936

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   Nous traversons la ville avec naturellement un arrêt obligatoire au passage à niveau, celui de Roche Maurice, ce qui, cependant, nous permet de parler aux élèves des grands travaux qui vont transformer la cité nantaise.

Rapidement nous gagnons Pornic. A l'arrivée, la mer est basse, les « petits bateaux » sont à sec dans le port et ils ont des jambes pour ne pas tomber (...)Les enfants qui n'ont jamais vu la mer s'étonnent et les autres se réjouissent..

Allusion à chanson que nous avons tous chantée

"Maman les p'tits bateaux ont-ils des jambes..."

A la sortie du port, apparaît coiffé de toits pointus, vêtu de lierre, l'ancien château de Gilles de Retz et nous évoquons la légende de Barbe-Bleue.

Par la corniche, nous gagnons la plage de Noëveillard ; à l'horizon, vers l'ouest, nous devinons l'île de Noirmoutier.

La brise marine aiguise les appétits. Il est temps de gagner Tharon où nous attend le déjeuner. Pour les enfants : tour de plage ; pour les hommes : apéritif et tous font honneur au menu.

L'après-midi, sur le sable, garçons et filles s'ébattent devant la vague et nous gagnons Saint Michel par la côte. Les enfants jouent et rient et bientôt ils vont encore manger...

Puis c'est le retour, joyeux encore. Bien que tous soient fatigués, les enfants saluent au passage, de leurs chants et de leurs cris, les pylônes de Basse Lande. Mais à l’arrivée à Châteaubriant, ils n'ont l'air de penser qu'au repos bien gagné.

Cependant nous sommes sûrs que tous recommenceraient un tel voyage » (G Chanteux)


Quel bonheur d'aller à la Garderie !


« L'Association amicale des anciens élèves et amis des Écoles Publiques organise des garderies scolaires de vacances qui commenceront le lundi 18 juillet et se poursuivront jusqu'au 17 septembre. Les enfants qui fréquenteront ces garderies seront surveillés et auront à leur disposition des jeux. Une assurance couvre les accidents qui pourraient survenir sur le terrain des garderies.

      Le Comité d'organisation engage vivement les parents à profiter des garderies de vacances en y envoyant leurs enfants. Les garçons se rassembleront à l'école des Terrasses et à l'école de la Rue de Rennes. (à Béré) Les fillettes et les petits de l’École maternelle à l’École Aristide Briand. Les garderies fonctionneront tous les jours de la semaine à l'exception du samedi et du dimanche, de 13 h à 17 h 30. Les enfants doivent apporter leur goûter ; une boisson rafraîchissante leur sera distribuée (Journal de Châteaubriant – 16 juillet 1938)

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AUTOUR DE NOUS

       

      Nous n'étions pas les seuls à organiser des vacances pour les enfants. 

  •       Les enfants du Patro comme les enfants des Ecoles Publiques égayaient de leurs chants les rues de Châteaubriant quand les vacances étaient venues. Depuis 1934 les garderies organisées par notre A A E E P fonctionnaient chaque année. on a vu ce qu'en disait G. Chanteux, quel était l’effort que cela représentait pour les Amicalistes

       Du côté du patronage... 

       Des débuts qui remontaient à deux ans. On a cherché à concurrencer les garderies de l'Amicale Laïque

      La colonie de vacances du Cercle

       "Le bataillon joyeux de la colonie de vacances organisé par le Cercle catholique traverse la ville en chantant à chacune de ses sorties et de ses rentréees. Les jeunes gosiers clament à l'unisson des chansons de route qui leur font cadencer le pas et trouver le chemin moins long. C'est un bon exercice qui leur développe les poumons. Admirons leur entrain, leur tenue. Ils sont formés en une colonne imposante que renouvelle l'assiduité de 80 unités sur 122 inscrits. Un de leurs surveillants sert de guise, les autres sont en serre-file. La troupe marche gaiement

A l'étape, il y a division et dispersion. On se divise et on se subdivise pour les jeux, en camps averses qui vont se piquer d'émulation. Le scoutisme fournit les thèmes de ces divertissements où le corps travaille  et où l'esprit s'occupe, dans une agréable récréation

M.M les abbés Roul et Thomas et M. Georges Chauvière s'ingénient à varier les exercices du matin au soir. [...]

Le matin c'est la cour du Cercle qui s'emplit de cris bruyants car on y court, on y saute, on y joue à plein cœur. Deux petits quarts d'heure seulement d'attention et de silence sont requis par les éducateurs pour faire leur leçon religieuse. Elle est acceptée, comme un calme reposant salutaire. N'apprend-on pas aussi des chansons dans ces heures matinales ?

Pour l'après-midi, les bons petits gars (n'y aurait-il pas de petites filles ?) viennent avec des sacs et des musettes que les mamans ont garnis du goûter auquel on ne touchera que sur l'ordre des surveillants. C'est à belles dents qu'on y mordra car l'appétit s'est aiguisé à l'ombre des bois de Tugny où l'on va beaucoup cette année, avec la faveur appréciée de l'aimable propriétaire [...]

Au retour chaque soir, les muscles aguerris et du grand air plein les poumons, on rentre en chantant sans arrêt, comme d'heureux oiseaux qui vont retrouver leur nid.

Et l'on ne se quitte pas d'une façon banale. Dans la grande salle du Cercle, voici le carré formé. Les accords d'un dernier choeur résonnent sous le haut plafond de bois. Puis on se signe. C'est la prière en commun récitée dans le recueillement. Et enfin, voilà les derniers cris, dans le ton des "Hip ! Hip ! Hurrah !" Salut final de l'au revoir avant le rompez les rangs. 

Demain, on sera plus nombreux, car il y aura d'autres petits camarades qui sauront que l'on s'amuse bien à la colonie du cercle"

Courrier du 12 août 1938 page 2 colonne 5

  •       Les Syndicats "se prenaient en main" : Réunions, organisation de fêtes, de voyages... Ainsi les ouvriers et ouvrières métallurgistes de Nantes invitait-il tous les travailleurs à une grande fête populaire à l'occasion de l'inauguration de sa colonie de vacances dans la propriété de la Genestrie au Gâvre, une fête qui divertirait petits et grands (Journal de Châteaubriant - 16 juillet 1938)
  • Heureux les enfants qui pouvaient profiter des activités organisées à leur intention que ce soit par l'Amicale ou par le Patro ! A défaut de profiter de garderies, de vacances joyeuses, d'autres occupations pouvaient être envisagées. Ce n'est pas notre Amicale qui offrait de placer certains enfants mais la Mairie qui par son office de placement proposait de mettre à disposition de cultivateurs, des enfants (garçons et fillettes) de 11 à 14 ans, pour le gardiennage des bestiaux pendant les vacances. Des vacances qui ne seraient pas de tout repos

Auberges de jeunesse 

      Tout le monde a entendu parler des Auberges de Jeunesse, mais bien peu savent comment et pourquoi elles sont nées 

En 1930, Marc Sangnier avait créé la première auberge française dans sa propriété de Bierville et fonde la Ligue Française des Auberges de Jeunesse.    

En 1936, Léo Lagrange, sous-secrétaire d’état à la Jeunesse, entend développer le réseau des Auberges de Jeunesse en France, relais indispensable à la politique sociale de l’époque.

En 1938 commence une longue période de développement où apparaissent différents courants ajistes. Léo Lagrange est élu président du C.L.A.J. (Centre Laïque des Auberges de Jeunesse)C'est  en 1938 qu'est créée l'auberge de jeunesse de La Hunaudière

Du côté de la Hunaudière

      

     L'auberge de Jeunesse affiliée au Centre Laïque et ouverte depuis le 1er août, à la Hunaudière. Elle devait avoir à sa tête un Comité dit local dont le rôle était de gérer l'auberge. On procède à l'élection du bureau. dont la Présidente est Mme Savéant, inspectrice primaire, Vice Présidents : Les Docteurs Bernou et R Daguin (de Sion), Trésorier : Ledevin, sécrétaire : F. Deniaud.

Parmi les administrateurs, deux institutrices : Mmes Roussel et Héry. De nombreux membres de l'A L C avaient contribué à la fondation de l'Auberge et le Comité lui avait attribué une subvention de 500 f.

      On comprendra l'intérêt, que nous avions marqué envers cette Auberge de jeunesse à la lecture d'un article paru dans le Journal

      Le Comité départemental des A. J. vient enfin de louer à la Hunaudière une partie d'une vieille maison appelée « le château » par les habitants du pays. C'est là que les Ajistes qui sont tous des amis de la nature, trouveront dans un site merveilleux, le calme et le repos qui leur sont nécessaires après de longues randonnées sur les routes ensoleillées. C'est là que des fenêtres, le regard s'étend sur un lac garni de nénuphars où des arbres gigantesques projettent leur ombre épaisse : véritable paysage romantique devant lequel, malgré soi, on se prend à rêver, où l'esprit et le corps se détendent et s'évadent de la vie moderne agitée et trépidante.

     Cette jeunesse saine et gaie, qui chante et rit sans cesse, mettra une note joyeuse dans ce petit village où déjà une curiosité mêlée de sympathie s'est créée à leur adresse.. Et le soir, lors qu’autour du feu de camp, les chants s'élèveront dans l'air calme et sonore, un lien de cordialité rattachera les jeunes ajistes qui passent aux habitants de la Hunaudière qui demeurent fidèles à leur terre natale.

(Journal de Châteaubriant – 30 juillet 1938 page 3 colonne 2)

      

       Le 31 juillet eut lieu l'inauguration. Beaucoup d'animation et de gaieté dans le coquet hameau de la Hunaudière, se mirant dans le magnifique étang aux eaux calmes.

      On commence par la visite des locaux : cuisine, dortoirs, réfectoire, le tout ou règnent un ordre impeccable et une propreté méticuleuse... Après les souhaits de bienvenue adressés aux personnalités présentes par le Docteur Daguin maire de Sion, ce fut le tour du Docteur André Bernou de rendre un délicat hommage aux dévouements suscités par les Auberges de jeunesse. Un vin d'honneur fut ensuite servi. Il ne restait plus qu'à souhaiter à cette Auberge de la jeunesse de la Hunaudière tout le succès que mérite le dévouement de ses animateurs.

(Journal de Châteaubriant du 6 août 1938 page 3 colonne 1)

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Sortie Garderies Vacances de l'Amicale Laïque

Nous avons fait une belle promenade

      

   « Nos garderies qui ont connu cette année un début très honorable, se sont terminées la semaine dernière par deux sorties en car pour les élèves les plus assidus

   Lundi, les garçons et mardi les filles se dirigeaient vers la Hunaudière aux accents de joyeuses chansons. Plusieurs autos particulières emmenaient avec eux des membres du Comité de l'Amicale laïque. Vers 10 heures ils arrivaient, réjouis, dans ce magnifique coin où ils allaient courir et s'amuser à loisir. Le vaste mais tranquille étang de la Hunaudière les émerveilla mais ils préférèrent bientôt à cette solitude la joie de courir dans le petit bois de sapins bordant l'étang. C'est dans ce cadre charmant et pittoresque mis en vogue depuis la création de l'Auberge de la Jeunesse que dès onze heures et demie nos enfants commencèrent à manger de bon appétit le déjeuner que la maman avait préparé le matin. Le bon cidre doux de la Hunaudière fut, on s'en doute, très bien accueilli. Puis ce furent de nouvelles galopades sous les ombrages du petit bois, qui furent suivies d'une distribution de gâteaux et d'une promenade en forêt de Donmèche.

   De retour à la Hunaudière, chacun reçut un petit pain et une barre de chocolat. Déjà 6 heures !... Chacun retrouve sa place dans le car pour le retour qui fut aussi joyeux que l'aller et c'est à 7 heures un quart qu'eut lieu la dislocation derrière l'Hôtel de Ville.

   Le bureau de l'Amicale remercie tous les membres qui ont bien voulu accompagner ces promenades et qui ont bien voulu se charger de l'organisation générale de ces sorties. Et pour terminer , nous disons à toutes et à tous, pour des promenades encore plus belles et plus agréables : A l'année prochaine"  (Journal de Châteaubriant – 13 septembre 1938)


   Un communiqué  de l'Amicale apportait des précisions sur le déroulement des garderies et envisageait l'avenir. Elles seraient reconduites l'été 1939.


 Il était temps pour les maîtres, maîtresses et leurs élèves de penser à la rentrée. Les écoles publiques seraient ouvertes à partir du lundi 3 octobre à 8 Heures

Ecole des Terrasses garçons (primaire et Cours complémentaire rue de la Gare et rue de la Victoire)

Ecole Aristide Briand filles (primaire et Cours complémentaire) ouverte depuis Octobre 1934

Ecole de Béré garçons

Ecole de Béré Filles dont Classe enfantines

Ecole maternelle rue de la Victoire 

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FAISIONS - NOUS DU SPORT ?

      Où pouvions-nous pratiquer avant 1938 ? Citons les principales sociétés sportives qui pouvaient accueillir les sportifs et leur permettre de pratiquer en compétitions officielles le ballon rond (Basket, Football), le ballon ovale, l'athlétisme, la gymnastique sportive : Le S. A. C, les Voltigeurs, les Vieilles Tiges et depuis 1937 un nouveau club l'A. C. C

 

Avec l' Amicale Cheminote Castelbriantaise

Faisons du Basket... de l'athlétisme... du foot


La section féminine de l'Amicale Cheminote Castelbriantaise

Dans le blog de mibonnier

     Avant que notre Amicale ait fusionné au niveau sections sportives, le foot, le basket et l'athlétisme avaient été créés par l' A C C futur partenaire et les joueurs portaient des maillots à loco (cf photos) . Le basket était un sport qui n'avait pas la faveur que présentait le foot aussi était-il important d'en présenter l'intérêt, d'en faire la promotion

      Une autre section avait vu le jour la même année.... Elle était plus jeune de quelques mois. Il s'agit de la section athlétisme

« L'Amicale Cheminote a formé une section d'athlétisme, ce sport qui, jusqu'à présent, n'a eu à Châteaubriant qu'un succès restreint devrait être pratiqué par tous les jeunes.

Il n'y a pas meilleure école pour la volonté ; le coureur livré à lui-même ne peut compter que sur son énergie, sa tête et ses jambes. Si le sport d'équipe : foot-ball, basket est l'école de la solidarité, l'athlétisme est celle du «  vouloir »

Il n'est pas besoin d'être brillant spécialiste pour être un athlète, l'équilibre corporel exige la pratique de tous les sports athlétiques : vitesse, ½ fond, sauts, lancers etc... de l'effort athlétique et le bien corporel qu'il fait à tous ceux qui le pratiquent.

Nous essayerons de former des jeunes, sachant aussi bien courir un 100 ou 300 mètres, qu'effectuer un saut en longueur ou en hauteur. Notre but n'est pas de faire une sélection sur le petit nombre mais de faire connaître à tous la beauté de l'effort athlétique et le bien corporel qu'il fait à tous ceux qui le pratiquent. Nous envisageons donc la préparation du plus grand nombre aux épreuves du Brevet Sportif Populaire. En fin de saison, un challenge pourra sans doute être mis au point entre sociétés locales et voisines

Jeunes gens et jeunes filles de l'Amicale sont cordialement invités lors de la réunion préparatoire du 2 juin à 20 h 30, café Gérard (R. LAHUPPE Conseiller technique de l'Amicale)

      Le nouveau stade de la gare inauguré quelques jours auparavant était bien adapté à la pratique de l'athlétisme et piste, sautoirs, aires de lancer et salle d'agrès n'attendaient plus que les pratiquants.

      C'est la préparation du B S P qui sera le premier objectif de la section athlétisme. Un objectif en relation avec les recommandations ministérielles de Léo Lagrange (Ministère Blum) dont on retrouve le grandes idées dans l'article de R. Lahuppe « En créant le Brevet Sport Populaire, c’est à un effort national de rénovation physique que nous entendons convier tous ceux qui ont la charge de la jeunesse française et le souci de l’avenir de notre pays ». On se donne pour « but simple et humain […] de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé et de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur »

Le B S P fut créé sous le Front Populaire (1936-1940) par Léo Lagrange (secrétaire d’état aux loisirs et aux sports indépendant de l’éducation nationale) et Henri Seillier (Ministre de la santé publique de l’éducation physique, des loisirs et des sports) par décret du 10 mars 1937. Le rapport Lagrange-Sellier avait dresse un état des lieux où apparaissait l’urgente nécessité d’une reprise en main générale de l’état physique de la nation (le fléau principal est alors la tuberculose). « Lagrange veut mettre à la portée de tous, quelque soit l’âge, le sexe et la classe sociale, les pratiques sportives et de plein air, qui lui semblent comporter de multiples vertus et permettre de conquérir et d’entretenir santé et vigueur ».

Le Brevet sportif populaire est mis en application en mai 1937 - la 1ère cession du BSP a lieu le 22 mai 1937 et 100 000 brevets sont déjà attribués dès octobre de la même année. 

En 1938, LAGRANGE impose le BSP au certificat d'études. Cela conforte l'intégration de l'Education Physique à l'école.

« Des diplômes que l'on affichait... que l'on encadrait attestant d'une pratique sportive, d'épreuves athlétiques que l'on avait passées. Qui se souvient d'avoir passé son certificat d'études se souviendra des épreuves du Brevet sportif jusque dans les années 70. Le stade de Vitré ou le stade de la gare accueillaient les candidats et candidates. Premières réussites en cette année 38 au sein de la section de l'A C C. Les lauréats furent cités dans la presse 

« Les jeunes gens ci-après désignés ont subi avec succès les épreuves du B S P. Il comportait 3 échelons en fonction de l'âge des candidats. Ce jour là, Guével, Lejeune, Berthier, Jolaine (1er de 12 à 14 ans) ) Gohier, Graslan, Rouesné, Mousson, Rohard, Leblais, Boudet (2ème de 15 à 17 ans ) Colin, Perrigaud, Rolland (3ème de 18 à 34 ans ) avait couru un 100 m et un 1000 m, sauté en hauteur avec élan, lancé le poids, grimpé à la corde uniquement avec les bras. Autant d'athlètes qui pratiqueront aussi un autre sport et que l'on retrouvera dans les équipes de foot et de Basket de l'A C C 

 

Au temps des Locos

      C’était au temps où les maillots de l'A C C étaient ornés d’un logo représentant une locomotive. Avantage dont bénéficiaient les cheminots : le billet gratuit en train. On partait de la gare... On prenait le train...: Basketteuses, Athlètes, Footeux et… supporters. Une joyeuse ambiance.


 

Le stade de la Gare

      L’essor extraordinaire qu’avait connu l’Amicale Cheminote Castelbriantaise qui avait mis sur pied lors de la saison 37-38 deux équipes de football, deux équipes féminines et deux équipes masculines de basket, une section d’athlétisme, une section de gymnastique et une équipe de tennis nécessitait des installations adéquates et adaptées aux disciplines pratiquées. 

L’A C C construit son propre stade, près de la gare, en bordure de la voie ferrée Ce stade est fondé grâce à la bonne volonté des 350 cheminots en activité unis aux 300 retraités que comptait la ville. L’inauguration du «parc des sports » eut lieu le 8 mai 1938. Sur ce stade, l’A C C organisera juste avant la guerre de nombreux matchs et concours (athlétisme, basket, tennis, boules, palets). C’était une structure remarquable.Le nouveau stade de la gare était bien adapté à la pratique de l'athlétisme et piste, sautoirs, aires de lancer et salle d'agrès n'attendaient plus que les pratiquants.

Les débuts de la guerre brisent cette dynamique mais intensifient la fraternisation avec l'A A A E A E P ou  Amicale Laïque qui débouchent sur la réunion des sections sportives des deux associations et la création de l’A L C C en juin 41.

      Ce petit stade, dit « stade rue de la gare » fera le bonheur des sportifs de l’ALCC mais aussi bénéficiera à l’Ecole des terrasses en favorisant, de par sa proximité, la pratique sportive et « la gymnastique » des élèves et de leurs maîtres. Par manque d’entretien, il tombera en désuétude avant que la S NCF ne récupère l’emplacement qui était du domaine privé.

Marcel Jeanneau, Jacques Magne, Jean Claude Orrière responsables du sport aux Terrasses ont longtemps utilisé ses installations. Que de parties de foot ! N’avons-nous pas faites sur ce terrain avec notre maître, Fineck, vous diront bien des anciens élèves du Fin d’études des Terrasses. Quant à l’entraînement pour les cross USEP, la piste était toujours là même si son état laissait à désirer !

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      Dès 1937, les milieux Laïques avaient soutenu l’Amicale Cheminote car elle concurrençait le patronage catholique qui, jusqu’à présent était seul à offrir la pratique du football.  Jusqu’en 1928, date de la dissolution de sa section football, on avait pu pratiquer ce sport au S.A.C, une section très ancienne datant d'avant la guerre de 14

A compter de 1937, les instituteurs Marcel Viaud (3)Auguste Héry et André Martin furent d’ardents supporters des Cheminots. Dès 1940, ce club avait beaucoup souffertdes événements mais comprenait encore dans ses rangs des éléments de valeur, par exemple Joseph Autret (instituteur à Louisfert) Jean Bothorel (rédacteur à la Sous Préfecture) et des cheminots tels que Adrien Maudet, Jean Colas… etc.

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(3) Marcel Viaud,ancien instituteur public aux Terrasses, déplacé par les autorités de Vichy à la Ville au Chef, arrêté en septembre 1942 et fusillé au Bêle le 13 février 1943. Il a donné son nom à l’ancienne école primaire dite de « la Vannerie » et actuelle école maternelle Marcel Viaud. Par ailleurs la longue rue de la Victoire fut scindée en trois parties et donna naissance à deux nouvelles rues : rue Marcel Viaud et rue Max Veper, tous deux victimes des nazis

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      La plupart des joueurs de l’Amicale Cheminote étaient des membres actifs de l’Amicale Laïque. Il était évident que l’équipe montée par M. Geffriaud ne pouvait que fraterniser avec eux et certains observateurs parlaient déjà d’une fusion. L’idée était dans l’air et allait faire son chemin.

 

AU TRAVAIL à compter de 1938

  • Réunion de bureau de l'Amicale Laïque du lundi 10 octobre

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483242169

(Journal de Châteaubriant – 22 octobre 1938)

C'est un communiqué de M. Geffriaud, le président, qui nous en informe « Le Président a donné le compte-rendu des garderies scolaires laïques de vacances organisées pour la première fois à Châteaubriant. Le Bureau s'est ensuite préoccupé de la question du cinéma scolaire, de la prochaine fête gratuite réservée aux adhérents et prévue pour cet hiver, et enfin de l'Assemblée Générale au cours de laquelle aura lieu le renouvellement des deux tiers du Comité Directeur.

Réuni le lendemain mardi 12 octobre et mis au courant des travaux du bureau, le Comité Directeur se ralliait aux solutions proposées par le bureau. Il a d’autre part, à l'unanimité , décidé d'offrir la Présidence d'Honneur de l'Amicale à M. Raymond Arnaud, Sous-Préfet de Châteaubriant » 

  • Assemblée Générale du 3 décembre 1938

    Pas de Compte Rendu dans la presse relatif à l'A G. Au cours de celle-ci, on avait procédé au renouvellement des deux tiers du Comité Directeur.


Voilà les membres du nouveau Comité Directeur :

M M. Aubourg Albert, Beaussier André, Berthier Georges, Bombray Louis, Chaye Pierre, Combet Lucien, Davaudet Léon, Dumazeau Georges (père), Faure Lucien, Genêt Jean, Hérault Robert, Lahuppe Raymond, Larose François, Lebastard André (père), Martin Étienne, Martin Victor, Ménard Constant, Pascal Léandre, Piveteau Robert, Ricous Robert,Vanloo Robert


Restait à élire le nouveau bureau. C'est ce que fit le C D le mardi suivant.

Furent élus à l'unanimité :

Président : M. Geffriaud

Vice-Présidents : M M Martin Etienne, Genêt Jean

Sécrétaire : M. Vanloo

Sécrétaires adjoints : M M. Piveteau Robert, Nivert Raoul

Trésorier : M. Audrain

Trésorier-adjoint : M. Piveteau André

Annonce importante relative aux cartes de 1939 : Elles sont dès maintenant à la disposition des adhérents qui peuvent les retirer dans toutes les Écoles Publiques et auprès des membres du Bureau, moyennant la cotisation habituelle de 5 francs

  • l'arbre de Noël des Écoles Publiques

    ll connut grand succès, fin décembre 38. C'était et ce sera désormais le dernier grand rendez-vous marquant la fin de l'année.

    Comme l'année précédente, L'Amicale y participe activement et verse 1 800 f pour l'achat de jouets et friandises, somme qui ajoutée aux sommes réunies par listes de souscriptions couvrait les frais.

     En 1939

  • En Janvier 1939, l'Amicale s'affilie à la Fédération départementale des Oeuvres Laïques (F O L). M. Geffriaud est le délégué castelbriantais à Nantes

  • En Février, de nombreux amicalistes participent aux actions du Comité d'accueil des réfugiés républicains espagnols 

         Article spécifique dans le Blog de mibonnier 

 
  • Le Compte rendu d'activités du Président Geffriaud lors de l'A G de décembre 38 avait tracé les grandes lignes de l'action de l'année écoulée. Il restait à poursuivre en améliorant certaines choses en particulier dans le domaine des garderies scolaires. Réunion de CD et de bureau se succéderaient.
  • Premier concert : Celui des Normaliens de Savenay sous le patronage de l' A A E A E P de Châteaubriant organisé le 5 février, en matinée, à l'Hôtel de Ville, un concert auquel le Comité invitait de la façon la plus pressante tous les adhérents de l'Amicale à assister. La qualité du programme, la valeur des interprètes laissent présager un après midi des plus agréables

  • Second concert : la soirée récréative gratuite définitivement mise sur pied aurait lieu le 18 février. On annonçait qu'on s'était assuré le concours d'un excellent groupement artistique nantais. En outre,  Illusion et prestidigitation seraient au programme.au cours d'un numéro sensationnel du professeur Sacha. Gros succès : toutes les places avaient été prises d'assaut et les auteurs amicalistes chaudement applaudis lors des chants, saynètes et pièce comique (Raoul Nivert)

     Utiliser les archives existantes, se référer aux articles rédigés par des amicalistes (pourquoi ré-écrirai-je ce qui a déjà été écrit et si bien écrit)... Autant de trésors que je vais faire revivre ! Parmi ces sources, la suite d'articles parus dans le bulletin intérieur rédigés par Raoul Nivert, retraçant l'histoire de L'Amicale sous le titre « IL Y A 25 ANS » Le temps s'est écoulé et les articles de Raoul devraient, s'intituler « IL Y A 80 ANS »

 
  • Le 29 mars, réunion importante du Comité Directeur à laquelle assiste M. Le Sous-Préfet de Châteaubriant et M. le Docteur Bernou, conseiller Général. M. Bréant, député-maire et Madame, retenus à Paris, se sont excusés mais M. Bréant accepte la présidence d'honneur de l'A. L. C.

    « Avant l'ouverture des débats, M. le Sous-Préfet dit sa satisfaction d'être des nôtres à titre de Président d'Honneur. Il s'honore d'avoir fait toutes ses études primaires sur les bancs de « la Laïque » et assure tous les membres du Comité qu'ils trouveront toujours en lui un ardent défenseur de l'école et de ses œuvres (Extrait du P. V. de la réunion)

  • En Mai, l'A.L.C. offre aux élèves un voyage éducatif aux fours à chaux d'Erbray, par « train spécial », pour le prix de 1, 50 f par élève. Le « petit train » n'eut jamais autant de clients que ce jour là. Il avait emmené 245 garçons des Écoles publiques.

     

    Mais écoutons ce que nous en disent trois élèves de 11 ans - dont Jean Naudin futur instituteur aux Terrasses - qui participèrent au voyage et dont la rédaction est remarquable

    « Nous devons partir cette après-midi en promenade dans le petit train d'utilité locale. Il se met à pleuvoir, les fronts s'assombrissent, mais tout s'arrange et nous voilà tous assemblés, bien en rang, devant les 6 wagons dans lesquels nous montâmes joyeusement. Quelques minutes plus tard le train s'ébranla.

    Nous fîmes un excellent voyage entre deux haies d'aubépine fleurie. Il n'allait pas vite notre petit train, il faisait avec peine ses 30 km à l'heure ! Nous étions secoués dans notre wagon à plate forme.

    Enfin nous arrivâmes et nous descendîmes dans un petit chemin creux qui nous conduisait aux fours à chaux où le directeur de l'exploitation nous accueillit.

    Nous étions tellement nombreux qu'il fallut nous séparer en 2 groupes, l'un allant visiter les fours à chaux,et l'autre la carrière. Nous, nous allâmes d'abord visiter les fours à chaux.

    Nous montâmes lentement la pente raide, heurtant nos souliers contre les rails des wagonnets. Arrivés au sommet, nous nous mîmes en rond autour d'un four allumé. Parfois un léger coup de vent poussait l'air très chaud contre nous ; le directeur nous expliqua comment fonctionne un four. La température doit être de 1000 degrés environ pendant trois jours pour transformer la pierre en chaux vive. Des ouvriers chargèrent des wagonnets tirés par un gros câble sur un plan incliné. Pendant que l'un montait, l'autre descendait. Ils déchargèrent les pierres dans un gueulard. Du haut des fours, nous apercevions ne carrière abandonnée remplie d'eau qui semblait toute bleue. Après les fours nous visitâmes le concasseur, la bluterie et la base des fours où sort la chaux vive et chacun en emporta un morceau comme souvenir

    Puis nous allâmes à la carrière. Elle était profonde. Du bord, les ouvriers semblaient tout petits. Quand la visite de la carrière fut achevée, nous remontâmes pour assister à l'explosion des coups de mines. Treize coups séparés retentirent d'abord, destinés à fendre des blocs de pierre trop gros pour être cassés à la masse. Puis on fit sauter tout un pan de carrière. Toute une partie de la carrière s'effondra avec un bruit sourd et une épaisse poussière s'éleva. Ce qui tout à l'heure était une grande falaise n'est plus qu'un monceau de roches pulvérisées.

    Enfin nous regagnâmes notre petit train qui nous attendait bien sagement. Le retour se fit au milieu des cris aussi joyeusement qu'à l'aller. Quand nous descendîmes à Châteaubriant, nous étions heureux de cette belle journée et nos poches étaient pleines de souvenirs de toutes sortes »

          Restait à l’Amicale à se joindre à ses élèves pour remercier tous ceux qui avaient permis cette sortie éducative. « L'Amicale est heureuse du succès remporté par cette sortie ; succès dû surtout au dévouement et à la grande amabilité de M. Bébin, chef d'exploitation du petit train, qui aplanit toutes les difficulté de transport et tint à diriger lui-même la caravane, et surtout à M. Lebossé, directeur des fours à chaux, qui retarda l'extinction du four de deux jours afin que les écoliers puissent le voir en activité, qui fit partir exprès de nombreux coups de mine et qui surtout paya de sa personne tout l'après-midi en expliquant à 3 reprises le fonctionnement à son jeune mais turbulent auditoire. L'Amicale le remercie tout particulièrement, ainsi que M. Peltier, contremaître, qui pilota constamment les élèves dans la carrière.

    Nul doute que les écoliers ne gardent un profitable et plaisant souvenir de cette promenade et ainsi l'Amicale aura atteint le but qu'elle s'était proposé » (Journal de Châteaubriant – 27 mai 1939)

 

Le petit train parti de la gare passe rue de Sévigné... En direction d'Erbray
Chantait-on
"Le p'tit train s'en va dans la montagne
Le p'tit train s'en va de bon matin..."

  • Le 2 juillet, c'est la kermesse annuelle sous les ombrages du jardin public des Terrasses.

    Que nous en dit Gabriel Chanteux en 1939

    Le lendemain, l'immense défilé parti de la Mairie parcourut les principales artères de la ville entre deux haies serrées de spectateurs. Près d'un millier d'enfants costumés se partageaient les groupes entre lesquels s'intercalaient un immense sabot fleuri contenant de mignonnes fillettes ; un antique tonneau transportant le Jazz de l’École Normale ; des bicyclettes fleuries, un magnifique moulin... Les deux vaches « Grassouillette » et Ki-Mora » gros lots de la tombola animale, suivies de bêtes de moindre importance défilaient aussi... Pour clore le cortège, une accorte nourrice escortée d'un militaire roulaient péniblement un beau bébé de 100 kg flanqué d'un biberon assorti à sa taille. Ce groupe obtint un vif succès

     

    Que nous en dit Raoul Nivert, 25 ans plus tard

    « La kermesse 1939 connut comme ses devancières, un triomphal succès tant l'après-midi où tous les records furent battus, que le soir où l'illumination du parc due surtout à l'activité de M. Beaussier fut une pure merveille et où le spectacle fut de la plus haute qualité. Assuré par M. Debry et Mme Sarazy, maîtres de ballet du Théâtre Graslin de Nantes et par M. Nys premier comique de ce même théâtre, il comprit de nombreux numéros qui furent très applaudis : Danses classiques et acrobatiques, ballets de force et souplesse, chansons comiques et sketches mais... le numéro qui déchaîna l'enthousiasme le plus délirant fut purement castelbriantais.

    En quoi consistait ce numéro fort original ? Les affiches de la kermesse avaient annoncé en effet un ballet inédit exécuté par les « VENTRUE' S SISTERS » et tout le monde attendait un numéro de danse à l'échelle des autres

    Quelle ne fut pas la stupéfaction des spectateurs en voyant apparaître, munis du « tutu classique » et agréablement grimés, deux imposants castelbriantais qui se mirent à danser sur l'air de « Au joyeux Tyrol ».

    Et en cadence s'il vous plaît, malgré les soubresauts de leur bedaine indocile. Et avec la même application qu'ils avaient mise depuis un mois à répéter en grand secret , à l'école de la Vannerie, sous la direction de M. Bonamy instituteur à Saint Aubin (Raoul Nivert instituteur à la même école devait être aux premières loges) Le secret avait été bien gardé... le succès fut prodigieux, mais après leur numéro, malgré les bis, il fut impossible de faire revenir sur scène nos deux héros, tant le souffle leur manquait. Ces deux lurons se nommaient Jean Genêt et Georges Berthier »

    La fête s'était terminée par un grand Bal sur plancher avec l'excellent Jazz Band de l'Ecole Normale de Savenay et un pick-up de la maison Bignon.

  • « Tout avait commencé le samedi soir, par une brillante retraite aux flambeaux qui avait réuni la foule derrière l'Harmonie municipale et le pick-up de la maison Bignon.

Et puis ce fut septembre 39, la guerre

et la mise en sommeil forcé des activités traditionnelles de l'Amicale. La rentrée scolaire fut lamentable nous dit Raoul Nivert alors instituteur à l'école de la Vannerie

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A suivre dans ce blog

75 (III) - L'HISTOIRE de L'AMICALE LAÏQUE CASTELBRIANTAISE (1939 - 1945)

 

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M. BONNIER (Mars 2017 retouché Novembre 2019)

  Histoire

 de  l' AMICALE LAÏQUE CHATEAUBRIANT

(II)

 

(de 1919 à 1939) 

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                   Avertissement

Pendant près de 20 ans, de 1919 à 1938, l'Association des anciens élèves des Ecoles publiques sous sa forme statutaire est en sommeil... mais les activités relatives à la défense de l'école publique sont toujours à l'honneur, les principales restant la remise des prix aux élèves, l'organisation des Noëls républicains et de soirées concert et la mise en place de loisirs en faveur des élèves des écoles publiques. Autant de manifestations, d'actions d'avant-guerre et reprises dés le retour de la paix dans les années 20. Elles sont la conséquence d'un engagement social et laïque, la promotion et la défense de l'école laïque restant toujours au premier plan. C'est une période marquée par une opposition permanente entre les défenseurs de l'école laïque et les partisans des écoles libres regroupés derrière  les élus de droite, opposants aux lois laïques qui en demandent le réajustement voire la suppression. Quant aux futurs membres de notre association, on en trouve un très grand nombre déjà engagés dans la vie politique, sociale et syndicale au sein des diverses Amicales. On ne peut bien comprendre leur position, leur engagement si on ne relie par leur action et les décisions qui les engagent à l'environnement politique au niveau local, cantonal et national 

 

Aussi regarderons-nous "Autour de nous". D'où cette rubrique toujours présente au fil du blog relatant événements locaux et événements dans un rayon élargi. Manifestations, conférences politiques privées ou publiques de deux camps font partie du paysage et les divers articles relatant ce qui se passe proviendront en grande partie des deux journaux de Châteaubriant : "Le Courrier" d'André Quinquette et "Le Journal" de Léon Lemarre. Leurs rédacteurs et autres journalistes et chroniqueurs "savaient écrire". Ils maniaient notre langue parfois avec humour et n'avaient pas peur d'afficher leurs idées ni de polémiquer exigeant un droit de réponse de leurs adversaires si nécessaire. Certains articles ont nécessité une analyse de ma part des principales idées développées, D'autres peuvent être retrouvés par les liens qui donnent accès aux Archives départementales et vous permettront de lire l'article du Journal ou du Courrier in extenso. Il vous suffira d'ouvrir "Le Journal" ou "Le Courrier"

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AUTOUR de NOUS... Après 1919

 

LA POLITIQUE EXTÉRIEURE

Depuis 1919, la Chambre des Députés dispose d'une majorité de droite. Raymond Poincaré et Alexandre Millerand tout à tour présidents de la République et Présidents du Conseil étaient partisans d'une politique de fermeté vis à vis de l'Allemagne

A l'issue de la Grande Guerre l'Allemagne perd de vastes territoires et se trouve astreinte à es indemnités considérables, auxquelles la France tient d'autant plus qu'elle sort du conflit ruinée et endettée vis à vis des États-Unis. La République de Weimar considérera le traité de Versailles comme un diktat et le gouvernement social-démocrate fera obstacle aux règlements des indemnités de guerre. En 1921, la France riposte en occupant quelques villes de la Ruhr puis en 1923 (avec l'appui des Belges) la totalité de la Ruhr, des mesures auxquelles sont hostiles les Britanniques

 

Le BLOC NATIONAL au pouvoir (1919-1924)

Il est le fruit de la coalition des partis de la droite radicale qui par peur du socialisme ont fait bloc avec les partis du centre et de la droite réactionnaire, Cette coalition est victorieuse aux élections de novembre 1919 des radicaux et des socialistes. Renversant la majorité de gauche élue à la veille de la guerre, les droites ont, pour la première fois depuis l'instauration de la IIIèmeRépublique, la majorité des élus.

  • Le Bloc national mène une politique fondée sur le patriotisme. Le bolchevisme est combattu, et l’Allemagne fait l’objet de déclaratio d’intransigeance concernant la question des réparations de guerre. 

  • On assiste au retour d'une opposition cléricale aux lois en vigueur depuis 1880 et 1905 dont les principales exigences sont la défense et le retour à la "liberté d’enseignement", le retour des Congrégations, le rétablissement de relations avec le Vatican

Le Bloc National se fissure en 1924. Les désaccords entre la droite et les radicaux qui s'y sont ralliés se multipliant, ces derniers se retirent du gouvernement pour se rallier à la S F I O en vue des élections de 1924. La dislocation progressive du Bloc national entraîne ainsi le retour au pouvoir de la gauche française unie sous le nom de Cartel des Gauches.


       CLÉRICAUX et ANTI-CLÉRICAUX


       La loi de 1905, loi de séparation, s’est réellement appliquée de 1905 à 1919 malgré une opposition toujours présente. La lutte va reprendre dès 1919, année marquée par le retour des congrégations religieuses avec l'aval du gouvernement dit "d'union nationale".En signe de reconnaissance pour les religieux revenus combattre pour la France, on suspend l’interdiction faite aux membres des congrégations d’enseigner et le gouvernement du Cartel des Gauches renoncera à étendre la séparation dans les départements concordataires en n’appliquant pas les lois laïques à l’Alsace-Lorraine

 

Que demandaient les partisans de l'école catholique?


         Gustave Hervé dans « la Victoire » exprime   certaines de leurs idées

- Pourquoi les Républicains laïques n’arrêteraient ils pas de déchristianiser la France par le moyen de l'école laïque et anticléricale ?

- Pourquoi tout en faisant de l'école publique une école neutre au point de vue confessionnel et laïque sans prosélytisme anticatholique, ne laisseraient-ils pas une place à côté de l'école publique et à côté de l'assistance publique à l'école catholique et aux congrégations charitables ?

- Pourquoi dans ce pays où, avec juste raison, alors que les loges maçonniques sont libres de s'organiser comme elles l'entendent et de tenir leurs assises en secret, ne pas reconnaître aux mystiques catholiques le droit de se rassembler dans les couvents pour prier à leur guise suivant leurs rites


Un article du Courrier de Châteaubriant favorable à une proposition de loi en faveur de la répartition proportionnelle scolaire (R P)

« Pourquoi ne pas allouer des subventions à l'enseignement privé ?Le principe étant de ne faire aucune différence entre les enfants qui fréquentent les écoles publiques et ceux qui fréquentent les écoles privées. L'exposé de ces motifs s'inspirant du principe même de notre législation scolaire qui assure à tous les jeunes français le bénéfice de la gratuité et de la liberté. Il serait juste que les charges du budget qui pèsent sur tous les contribuables profitent à tous quelle que soit l'école choisie par le père de famille. 

Il n'y a d'ailleurs dans nos lois aucune texte qui interdise à l'état, aux départements et aux communes de subventionner les écoles privées. N'a t-on pas accordé des subventions à l'institut musulman ? Au surplus ces subventions, loin d'obérer le budget lui apporteraient au contraire un allègement certain, en contribuant au maintien des écoles libres qui suppléent, dans les grandes villes à l'insuffisance des établissements d'enseignement primaire publics dont la création  constituerait un lourd surcroît de dépenses soit pour l'Etat soit pour les communes (Courrier 5 janvier 1923)

L'ECOLE LAÏQUE et le BLOC NATIONAL

Face à la remise en cause des lois qu'avait mise en place la 3ème République au cours des 30 années qui avaient précédé la guerre de 14, les partisans de l'école laïque ne restaient pas inactifs  Ils étaient conscients des dangers que présenterait cette R P souhaitée par les partisans de l'école catholique

 

Le problème scolaire 

Le Courrier - Septembre 1923 - qui reproduit un article de Gustave Hervé paru dans "La Victoire" -

 

Pour le Courrier, il s'agit de lignes fort sensées, des lignes qui ont d'autant plus de poids que l'on sait quelles furent à ce sujet les opinions de celui qui se proclame toujours sincèrement libre penseur déclare le Cour

« Si Gambetta, Ferry, Waldeck Rousseau savaient ce que nous savons aujourd'hui, s'ils avaient l'expérience que nous avons des lois laïques dont ils ont été les promoteurs, ah ! non, ce n'est pas le maintien des lois laïques qu'ils réclameraient, c'est leur révision qu'ils inscriraient dans leur programme.

- Comment ? Toucher à la plus importante des lois laïques, à la loi scolaire ?

- Oui, même à la loi scolaire de 1881 qui a laïcisé tout l'enseignement public puisque c'est d'elle que la France se meurt, malgré les laurier de la victoire dont son front est couvert

Et notre libre penseur de s'élever contre ceux qui ont soutenu cette école laïque qui a été fondée pour déchristianiser la France ou plutôt pour l'arracher à l'emprise religieuse qui s'exerçait en France sur la majorité des enfants par l’Église catholique.

Quels sont-ils ?

Et de dénoncer tous ceux qui se sont trouvés d'accord pour faire voter la grande loi scolaire de 1881 croyant - les uns et les autres - servir ainsi l'intérêt national et affirmer leur républicanisme

Les Huguenots qui n'avaient par pardonné à l’Église la Saint Barthélémy,

Les Israélites dont les ancêtres ont souffert dans le passé de l'intolérance de nos ancêtres,

Les catholiques renégats qui à la suite de Voltaire et de Diderot ont considéré que toutes les religions avaient fait leur temps et étaient des obstacles au progrès humain

Sans doute est-il possible que les esprits modérés que comptait le parti républicain aient rêvé de faire de l'école publique une école « neutre » au point de vue philosophique et religieux ?... 

Sans doute n'allaient-ils pas jusqu'à vouloir une déchristianisation totale du pays ?

Mais dans la pratique c'est pourtant une « école sans Dieu » qu'ils fondèrent, une école athée et antireligieuse.

Et de regretter de se retrouver (40 ans plus tard) avec deux « France » en face l'une de l'autre. Et même « Prenons garde, si l'école laïque, socialisante, anarchisante continue ses ravages, qu'il n'y ait bientôt plus de France du tout !

Et de souhaiter la réconciliation totale de la République et de l’Église. Croyait-il par ces lignes polémiques favoriser ce rapprochement ?

 

                          ( Le Courrier – 1er Septembre 1923 page 1)

Une expérience à ne pas refaire

La Guerre religieuse

Reprise de nos activités laïques et républicaines

  • L'Arbre de Noël des enfants des écoles publiques

23 décembre 1921, salle comble... Succès habituel... Grâce au généreux dévouement de bon nombre de nos concitoyens et, en particulier de Mmes Bréant, Davy et Nouaille aidées du concours éclairé de Mmes les Institutrices, il y eut en ce jour beaucoup d'heureux. N'oublions pas les remerciements de M. Faron, inspecteur primaire aux donateurs et organisateurs... Enfin vint le moment tant attendu des petits, dans les yeux desquels brillaient des regards de convoitise à l'aspect de tous les jouets, de tous les gâteaux et bonbons qu'ils savaient leur être destinés, celui de la distribution... Vous dirais-je qu'elle fut judicieusement faite et qu'il n'y eut point de mécontents... Quant à la joie, elle était peinte sur tous ces mignons visages. On n'oublia pas cette année encore les enfants nécessiteux de nos écoles. Le lendemain, une ample distribution de vêtements eut lieu dans chaque école

 

1922... 1923... 1924... 25... 26... 27...

Cette fête en faveur des écoles publiques, inscrite au calendrier des manifestations castelbriantaises, se déroulera.désormais,chaque année. Un programme immuable présenté par les enfants se terminant par la distribution des cadeaux et de vêtements chauds aux enfants nécessiteux, le lendemain ou la veille de l'Arbre. Originalité de certaines fêtes : la participation des grandes filles du Cours Complémentaire... Outre les sarraus, chemises, galoches, lainages, sans doute récoltés lors de souscriptions, s'ajoutaient des chemises, les sarraus, qu'elles confectionnaient... Elles habillaient aussi des poupées. 

Les grands élèves des Terrasses de troisième et quatrième se souviennent-ils des camions et autres chariots en bois qu'ils ont confectionnés en travail manuel dans la baraque affectée au travail manuel dans les années 50 . Maître d’œuvre : Marcel Jeanneau. On joignait l'utile à l'agréable. Autant de jouets qui garniraient l'arbre de Noël de la Maternelle

Cette année là - on est en décembre 1923 - salle de l'hôtel de ville - les enfants furent comblés... Assurément les 300 oranges, les 275 jouets, les 110 sarraus y étaient pour beaucoup mais imaginez l'émerveillement des petits comme des grands. Pour la première fois, les arbres étaient gracieusement illuminés par les soins de M. Geslin électricien... Émerveillement... Cris de joie... Mais le dessert pourrait-on dire ce furent les films projetés... Lanterne magique... Des films d'une drôlerie enfantine

On ne s'arrêta pas là. L'année suivante « les absents eurent tort... Il s'agit de ceux qui ne surent pas profiter de la bonne occasion qui s'offrait à eux, à l'école maternelle de la rue de la Victoire » Comme si nous y étions !

M Faron le sympathique et dévoué inspecteur primaire devait exprimer publiquement à M. le Maire E. Bréant, à M M les Adjoints, à M M les Conseillers municipaux, à M. Perrinel , président de la Commission scolaire la gratitude du personnel enseignant et des élèves d'avoir bien voulu doter les écoles de la Ville de ce merveilleux instrument pédagogique qu'est le cinéma. M. Le Maire sut alors, en termes paternels, parler aux enfants et leur dire combien ils pouvaient être heureux de profiter de ce cinéma si gracieusement mis à leur disposition. Qu'attendaient les enfants impatiemment ? La projection évidemment ! Et voilà le programme des films éducatifs qui défilèrent... Après avoir vu les Gaumont- Actualités que de découvertes ! Que de voyages ! Un coin de Rouergue, Sur les lacs suédois, le Port de Boulogne, La vie au palais impérial d'Annam... On termina par un film comique, le Placier tenace, qui amusa grands et petits. C'était au temps du cinéma muet avec accompagnement musical. Cette a année là, ce fut Mme Poussin qui charma notre oreille des sons harmonieux qu'elle sut tirer de son piano... Que c'était beau ! durent dire à leur maman, une fois rentrés à la maison les petits André Marchand, Victor Lemaitre, et autre élèves de la rue de la Victoire... Regarde Maman ! Ce que le Père Noël m'a apporté !

  • La distribution des Prix en Juillet 1922
 

Du discours de M. Faron, retenons la liste des examens primaires auxquels se présentaient les élèves garçons (des Terrasses, de Béré) comme filles (de la Vannerie, de Béré) : certificat d'études, bourses d'enseignement primaire supérieur, brevet élémentaire, concours d'entrée à l'école normale. 

N'avaient pas été oubliés nos bambins de la Maternelle de la Vannerie. Petits garçons et petites filles s'asseyaient-ils sur les mêmes bancs où étaient-ils séparés ? Au vu du palmarès, l'école comptait deux classes, chacune comptant deux sections elles-mêmes comptant deux divisions. Henri Derouallierè et son prix d'honneur dut être heureux. Quant à Auguste Héry au Cours Complémentaire, un certificat élémentaire d'éducation physique récompensait tous ses efforts

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             EN 1924...CLÉRICAUX et ANTI-CLÉRICAUX

Que demandaient les partisans de l'école catholique?

Un édito révélateur, celui du "Courrier" du 9 février 1924. Deux clans opposés irréconciliables

La reprise par l’État français des relations avec le Vatican, les pourparlers qui en avaient suivi avaient abouti en partie. La mise en place des Associations diocésaines dont le Pape avait recommandé l'essai dans son encyclique favoriserait-elle la paix religieuse qui était dans tous les cœurs - exception faite, nous sommes bien obligés de le constater ajoute l'éditorialiste, pour ces anticléricaux et ces radicaux endurcis – une paix religieuse toujours troublée par la loi de séparation – une paix religieuse qui rétablie, ferait que les conditions de l’église catholique. en France fussent plus conformes à la justice sous la sanction de la loi. Mais l'opposition aux lois laïques restait violente et on en réclamait toujours l'abrogation

« Citoyens libres d'un état libre, nous voulons, pour nous, pour nos familles, pour notre pays, le libre et total épanouissement de la vie catholique. Et que nous manque-t-il à cet égard ? L'abrogation des lois contraires à cette liberté, aussi nécessaires à l’Église catholique qu'au pays lui-même […] Nous ne cesserons donc pas de réclamer au nom du droit et au nom du salut public, l'abrogation des lois laïques […] Nous réprouvons entièrement cette laïcité et nous déclarons ouvertement qu'elle doit être réprouvée. Sont manifestement contraires à Dieu et à la religion les lois laïcisant l'enseignement, interdisant aux Congrégations religieuses de se former et de fonctionner librement, interdisant à ces congrégations d'enseigner[...] Aussi ne cesserons-nous jamais de réclamer pour les catholiques de France, pour les Ordres religieux, pour leurs familles et leurs œuvres, des libertés complètes et dignes d'une nation civilisée »


(Le Courrier de Châteaubriant - 9 février 1924 page 1)

Lois Laïques et Paix Religieuse 

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  • La venue d'Aristide Briand à Châteaubriant et celle des « Camelots du Roy » au pays des Marquis. 
  • De l'importance des élections législatives de Mai 1924 qui virent la défaite du Bloc National et la victoire des Gauches... 

NAISSANCE ET VICTOIRE DU CARTEL DES GAUCHES

De part et d'autre, la bataille avait été rude. Le cartel de droite (ou Bloc National) formé en 1919 et continuant pendant toute la législature, appelait fatalement le cartel des Gauches. Les partis conservateurs ont donné l'exemple aux partis réformistes. Étonnez-vous qu'ils se plaignent que les Gauches aient imité leur tactique électorale et leur ordre de combat à la Chambre. Ce qui valait pour les conservateurs ne valait-il pas moins pour les républicains démocrates »

Les engagements des Cartellistes seront-ils tenus ? « On connaît notre programme laïque : on sait qu'il comporte la suppression de l'ambassade au Vatican et l'application de la loi sur les congrégations. Des mesures destinées à exécuter dans sa lettre comme dans son esprit, la loi de séparation, des mesures qui n'ont rien qui puisse menacer soit la liberté de conscience, soit le libre exercice du culte « (Lettre d'Edouard Herriot à Léon Blum, leader des gauches)

 

 

    Xavier Viallat à Châteaubriant en 1924 

    Six mois auparavant, fin 1924, la venue de Xavier Vallat et la conférence qu'il donna à Châteaubriant au cercle catholique,en décembre devant plus de 1200 fervents, ayant pour thème la défense religieuse et sociale, illustre bien le climat qui régnait à cette époque.


Le Courrier de Châteaubriant - 2 janvier 1925 page 1

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     Cette conférence organisée par le comité diocésain des chefs de famille catholique, conformément aux directives données par l’épiscopat français, avait pour but de protester contre les lois laïques et contre les tentatives de persécution religieuse auxquelles se livrait le ministère Herriot, d’autre part de mettre en garde les chefs de famille contre les menaces de jour en jour plus précises et plus audacieuses du parti révolutionnaire communiste

     Violente opposition du conférencier à la législation laïque "Cette législation qui a laïcisé l'école et tous les services publics, qui a chassé les congrégations de France et qui, nous donnant la séparation des Eglises et de l'Etat, a confisqué les biens de nos églises, les fondations religieuses de nos morts, supprimé les traitements de nos prêtres, une législation qui aurait pour but de rendre à l'Etat son indépendance vis à vis de l'Eglise"

     Opposition aux lois scolaires qui selon l'orateur vont à l'encontre de la liberté de conscience. Une liberté qui consiste pour le chef de famille, à faire instruire et élever ses enfants conformément à ses croyances. Or l'Etat ne le permet pas puisque les écoles de l'Etat sont des écoles sans croyances 

     La neutralité de l'école ?  Ancien élève de la Laïque, je puis donc en parler ajoute-t-il. Tous mes souvenirs s'accordent pour affirmer que nulle part, dans aucune école laïque, je n'ai vu respecter la neutralité. Cela n'est pas possible. Le maître penchera tantôt en faveur de la foi religieuse, tantôt contre elle. Et de déclarer qu'il est impossible à l'instituteur de ne pas prendre parti pour ou contre Dieu

     Quant à la liberté de culte catholique, bien que garantie par la loi de séparation, elle est en fait violée par cette même loi qui a privé le clergé et les paroisses de leur patrimoine, de leurs propriétés légitimes qui servent à l'entretien des églises, du culte, du clergé et des oeuvres

     Violente diatribe contre la Franc-maçonnerie qui serait la grande responsable. Pourquoi, demande-t-il, revient-on maintenant à l'exécution de ces lois laïques si contraires à la logique et à la justice ? Pourquoi, alors qu'on les avait laissées dormir pendant et depuis la guerre, réclame-t-on leur application notamment en ce qui concerne les lois contre les congrégations ? Est-ce-que leur non application avait été cause de quelque trouble en France ? Au contraire les Français vivaient unis et les vieilles luttes religieuses semblaient éteintes.

      Pourquoi ? Mais c'est que dans l'ombre, la secte veillait, la Franc-Maçonnerie n'avait pas désarmé. Et d'ajouter que dès 1918, avant même que la guerre ne fût terminée les Loges se préoccupaient de reprendre la lutte contre l'église catholique, son éternelle ennemie. Les ennemis ? Le Cartel de gauche victorieux lors des dernières législatives dont la tactique nouvelle a été délibérée et votée par les Loges et les Couvents maçonniques


    Mais qui était Xavier Vallat... Quel fut son parcours ? 

     (Xavier Vallat, un bon français avec "la haine au cœur" - Blog de Philippe Poisson)

     Infatigable militant catholique, champion  des milieux "anciens combattants" durant l'entre deux guerres, Il s'impose comme l'un des chefs de file de la Droite républicaine et réactionnaire à la chambre des députés. Il  est avec Edouard Drumont la figure emblématique de l'antisémitisme français. 

     Rallié avec enthousiasme au maréchal Pétain et au régime de Vichy, on le retrouve Commissaire général aux questions juives sous Vichy. Législateur méticuleux, il contribue à doter la France d'une législation antisémite qu'il veut la plus élaborée et la plus sévère d'Europe. Il assumera pleinement son action sous l'Occupation comme stratégie de défense lors de son procès en 1947. Il sauve sa tête de justesse. Rapidement libéré, puis amnistié, il terminera sa longue carrière politique comme éditorialiste vedette de la presse d'extrême droite.

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               1925... 1930

En faveur de la paix et d'un rapprochement franco-allemand

Après la victoire du Cartel de Gauche, le socialiste Aristide Briand devient ministre des affaires étrangères et le restera six ans. Il a foi en la réconciliation franco-allemande, en l'union européenne, en la concorde entre les peuples. 

Un premier Plan prévoit l'échelonnement de la dette (l'Allemagne étant incapable de payer) et l'évacuation de la Cologne et de la Ruhr. 

Seconde avancée lors de la conférence de Locarno. L'Allemagne reconnaît sa nouvelle frontière occidentale acceptant la restitution de l'Alsace Lorraine et la démilitarisation de la Rhénanie.Briand appuyé par le ministre des affaires étrangères britannique – A. Chamberlain.

Entrée de l'Allemagne à la Société des Nations en 1926. En 1928, Briand et son homologue américain - F Kellog – font signer par soixante quatre nations dont l'Allemagne et l' U R S S un pacte visant à « mettre la guerre hors la loi » On sait ce qu'il adviendra de ce pacte une dizaine d'années plus tard.

Pendant ce temps, les négociations sur les dettes allemandes se poursuivent. Un nouveau plan – le plan Young – en 1929 étale les paiements jusqu'en 1988. Qui peut croire que cette exigence sera respectée.

En juin 1930, nouvelle concession : Briand fait évacuer la Rhénanie cinq ans avant l'échéance prévue par le traité de Versailles

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NOS ACTIVITÉS


En 1926... Reprise des soirées concert

En décembre, un succès des plus mérités... Une salle des Fêtes trop petite pour contenir toute l'assistance... Un programme divers et complet.... Comme si nous y étions !

La Musique municipale très en progrès dont l'audition fut impeccable... Des chœurs chantés par les élèves des écoles de la rue de Rennes, d'une part et par les élèves des écoles de la rue de la Victoire et de la rue de la Gare d'autre part, qui furent très applaudis... Un original ballet chinois qui recueillit des applaudissements chaleureux... Un comique à la verve de bon aloi qui déchaîna à maintes reprises des rires et des applaudissements largement justifiés... Une violoniste, au talent de virtuose et à la  science musicale parfaite qui charma l'assistance... Des poses du plus heureux effet réalisées par les élèves de la rue de la Gare qui eurent un vif succès de curiosité... et une farce moliéresque (5) qui fut interprétée le mieux du monde par trois charmantes jeunes filles qui firent une ample moisson de bravos, après avoir mis la salle en joie 

Désormais pendant plus de 20 ans, on retrouvera au programme de ces Soirées Concert de petites pièces de théâtre interprétées par les grands élèves des deux C C.

« La Muette et le Sourd « est-elle une des premières pièces que l'on ait jouée ? On l'avait étudiée... On l'avait répétée... Il restait à la jouer... Ce que nos trois charmantes jeunes filles firent devant une assistance conquise

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(5) L'auteur n'est pas Molière mais Maurice Bouchor. L'idée de cette farce lui avait été suggérée par Rabelais qui nous présentait les personnages. On avait sans doute joué cette farce au 15ème ou au 16ème sur le parvis des églises... Au 20ème, nous voilà salle de l'Hôtel de Ville

« Un bon mari qui avait épousé une femme muette aurait voulu qu'elle parlât. Elle parla par l'art du médecin et du chirurgien qui lui coupèrent un encyliglotte qu'elle avait sous la langue... La parole recouverte, elle parla tant et tant, que son mari retourna au médecin pour remède pour la faire taire... Le médecin répondit qu'il avait bien des remèdes pour faire parler les femmes mais qu'il n'en avait pas pour les faire taire. Le seul remède qu'il connût serait la surdité du mari contre cet interminable parlement de femme... Et voilà le paillard devenu sourd par on ne sait quel charme qu'ils firent. Sa femme voyant qu'il était sourd devenu, voyant qu'elle parlait en vain, qu'elle n'était plus entendue de lui, devint enragée. On aurait pu en rester là. Non ! Car le médecin demandant son salaire répondit qu'il était vraiment sourd et qu'il n'entendait pas sa demande. Et le médecin de réagir en lui jetant sur le dos on ne sait quelle poudre, par les vertus de laquelle il devint fol. Adoncques, le fol mari et la femme enragée se rallièrent ensemble et tous deux battirent (tant) le médecin et le chirurgien qu'il et des parties de celles de ... Pantagruel (Livre III, chapitre 34)



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Autour de nous...

Une revue de presse à compter des années 1925... 

  • L'école Laïque en péril

Un grand meeting républicain à Nantes. Tous les démocrates  se dressent contre la campagne acharnée des réactionnaires qui veulent battre en brêche l'école laïque

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(Journal - 30 avril 1927 page 1)

  • L'école Laïque insultée
  • L'école Laïque insultée
  • Création de la Fédération des œuvres et des groupements laïques

On s'organise pour faire face aux adversaires dont toutes les initiatives, toutes les formes d'action visent l’abrogation de la loi de de concernant les congrégations et l'établissement de la répartition scolaire.

Principaux objectifs du Comité d'action : l'abrogation de l'odieuse loi de 1850 (loi Falloux) et l'application à l'école privée des mêmes obligations, du même contrôle et des mêmes sanctions qu'à l'école publique sans oublier la suppression de la fraude des moniteurs

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(Journal - 9 juillet 1927 - Chronique régionale page 1)

  • Nombreuses ouvertures d'écoles libres

Pourquoi ces "secondes écoles"comme les appelle l'Inspecteur primaire.? Quelles sont les raisons de leur création ? Quels reproches peut-on faire au point de vue religieux à l'école publique ?

"Ce que l'on reproche à l'école publique, c'est de ne pas enseigner le catéchisme, c'est de ne pas enseigner la religion... et je vous demande : qui dans la commune est qualifié pour enseigner la religion ? Est-ce l'instituteur ou n'est-ce pas le prêtre qui a fait des études spéciales et qui doit avoir la conviction de la foi ? Dans quel endroit l'enseignement religieux doit-il être donné. Est-ce dans la salle de classe où n'est-ce pas dans l'église où le décor, où l’atmosphère recueillie, disposent les âmes à recevoir l'enseignement des mystères ?

La loi a fixé, en plus du dimanche, un jour par semaine où les classes sont fermées afin que les enfants puissent recevoir l'enseignement religieux. De plus en dehors des heures de classe a-t-on jamais empêché les prêtres de faire venir les enfants ?

Quant aux véritables causes de la construction, de l'édification de tant d'écoles libres, poursuit-il, elles ne sont pas religieuses, elles sont tout autres [...] et de développer les véritables raisons qui poussent  à ces constructions

(Journal - 16 juillet 1927 page 2 colonnes 4 et 5

La distribution des prix à Moisdon la Rivière

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Et si l'on réécoutait Victor Hugo le 14 janvier 1850

L'ENSEIGNEMENT LIBRE

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  • Les persécutés... Qui sont-ils ?

Voyons qui sont ces adversaires de la politique d'union moins ouverts certainement mais non moins acharnés, ceux qui réclament l'abrogation des lois laïques

(Journal - 2 décembre 1927 – Les saboteurs de l'Union Nationale)

Eh ! Quoi ! Les catholiques de France seraient persécutés. Ils ne pourraient pratiquer en toute indépendance leur culte.[...] Mais regardez : les églises n'ont point été fermées par la loi de séparation. Elles sont grandes ouvertes et la foule des fidèles y afflue. Les prédicateurs même congréganistes, y ont une entière liberté de parole. Les catholiques ont leurs écoles primaires, leurs collèges, leurs écoles techniques et aussi leurs facultés. Ils ont leurs patronages scolaires. Ils organisent à leur gré des sociétés sportives ou musicales, des meetings, des cortèges où des milliers de fidèles, évêques en tête, manifestent librement en faveur de leurs croyances et de leurs opinions que défendent librement leurs journaux

Où est la persécution ? La masse catholique sait bien qu'il n'y en a nulle trace dans notre régime. La paix religieuse règne sur notre terre de liberté à l'abri des lois de la République. Malheureusement, à côté des catholiques dont nous respectons les croyances, il y a les cléricaux qui prétendent parler en leur nom et s'opposent toujours violemment aux lois de laïcité

Des lois laïques qui ne sont point un caprice arbitraire et haineux de gouvernements éphémères. Elles sont la conséquence inévitable d'une évolution multi-séculaire qui, après avoir séparé de la religion les sciences astronomiques, physiques, morales, après avoir mis fin aux guerres de religion entre les peuples, a réalisé à l'intérieur de nos frontières la séparation définitive du spirituel et du temporel et soustrait la loi civile à l'autorité des églises.

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483229246

(Journal – 26 novembre 1927  page 1

Les saboteurs de l'Union Nationale

  • Les écoles "secondarisées"...

     Comment on tourne la loi (Article du Journal - 25 mars 1933) 

Découvrons les résultats d'une enquête réalisée par la section du S N I de Loire Inférieure sur les écoles dites d'enseignement secondaire spécial 

« Il y avait au début de 1933 en L. I. quatre-vingt écoles « secondarisées » et 6812 élèves recevaient l'instruction dans ces écoles. On sait, que dans ces écoles, pourvu que le directeur  – qu'il enseigne ou n'enseigne pas – soit bachelier. Les maîtres peuvent être n'importe quoi : sacristains, bedeaux, chantres, cultivateurs, couturières... et le modeste certificat d'études ne leur est même pas nécessaire pour enseigner. Or le nombre de directeurs exerçant effectivement – sur une soixantaine d'écoles recensées – ne s'élève qu'à 9 (1 civil et 8 vicaires tous bacheliers). Les 51 autres directeurs ne le sont que de nom, ces messieurs se sont simplement donné la peine de leur nom, leur diplôme de bachelier surtout, pour que la loi sur l'enseignement soit tournée. Quelles sont leurs professions , curés en activité, autres ecclésiastiques, professeurs d'établissements religieux de Nantes ou de Saint Nazaire, anciens officiers, ingénieurs, propriétaires agriculteurs... Autant de directeurs qui ne dirigent absolument rien, ne vont pas obligatoirement visiter leurs écoles souvent fort éloignées de leur domicile. Des vicaires les remplacent dans la plupart des cas et l'article de préciser les 17 cas de directeurs qui n'habitent pas la commune où ils « dirigent » Ainsi découvre-t-on qu'un aumônier de la clinique de Mondésir à Nantes dirige l'école d'Issé à 45 kilomètres... Qu'à Soudan, c'est le Curé de Béré qui dirige l'école. Il ne peut exercer aussi se fait-il remplacer par le vicaire de Soudan et un ménage sans diplôme »

  • Insinuations calomnieuses

Opposition marquée entre « la Cure » et « l'Ecole » à Soudan en cette année 33.

Aux insinuations calomnieuses du Curé Duchet parues dans le bulletin paroissial « La Concorde » proclamant que le « certificat d'études était un instrument de persécution contre l'enseignement libre » un enseignant bien informé – est-ce Alfred Gernoux instituteur à Soudan – réplique dans le « Journal » en se demandant « quel peut être le but poursuivi par le rédacteur d'un bulletin paroissial, destiné à être lu par des pères et des mères de famille de campagne, qui en principe doivent avoir foi dans ce qu'on appelle une « autorité morale »

Un article illustrant le climat qui régnait dans certaines communes (Rougé, Saint Aubin, Moisdon, Soudan...) où les défenseurs de l'école libre comme de l'école publique se livraient un combat violent sur la place publique par écrits interposés – bulletin paroissial pour les uns – « Journal » pour les autres. Que reprochait notre rédacteur au Curé Duchet ? Quels propos calomnieux avait-il pu tenir ? Quelles insinuations – que l'auteur (le Curé Duchet) sait pertinemment fausses puisqu'il se défend de les formuler après les avoir copieusement écrites avait-il émises au grand jour ?

Quelques textes parus dans "La Concorde de Soudan", le bulletin paroissial éclaireront notre lanterne

  • La défense des écoliers des écoles publiques...

Il y a des limites à tout pour la municipalité Bréant...

Où la politique s'en mêle au sein du Conseil Municipal

Une séance des plus calmes devient subitement orageuse... A une mise en demeure des conseillers socialites, le Maire oppose la question de confiance

De l'intervention intempestive, de trois conseillers municipaux, de la section castelbriantaise du Parti socialiste désireux d'allouer des fournitures gratuites aux élèves des écoles publiques..

Une demande qui ne sera pas prise en considération. Un refus du Conseil Municipal... Les trois conseillers socialistes qui ne démissionnent pas, qui s'accrochent à leur mandat, vaincus et... résignés. Et une conclusion de Léon Lemarre, directeur du journal qui renvoie les socialistes dans leurs cordes pourrait-on dire "Messieurs les socialistes qui étiez aux élections municipales les alliés des droitiers; ces droitiers qui réclament la Répartition proportionnelle scolaire et qui sont les adversaires du Cartel des gauches, comprenez-vous que nous savourions, avec une espèce de gourmandise heureuse, cette première revanche"

 

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483228924

(Journal - 20 août 1927 page 2 colonnes 2 - 3 - 4)

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 NOS ACTIVITÉS

 La séance récréative du 4 décembre 1927


Cette fête n'avait pas seulement un but intéressé – celui de donner les ressources nécessaires au fonctionnement du cinéma scolaire – mais elle montrait la vitalité et la prospérité des écoles laïques de la Ville tout en donnant aux enfants, aux parents, aux maîtres et aux amis l'occasion de se trouver réunis dans une atmosphère de joie, de cordialité et de sympathie. Notre association Amicale est en sommeil mais il est remarquable de voir réunis dans les éloges et remerciements qu'adresse M. Faron aux divers acteurs qui contribuèrent à l'éclat de cette fête M M Blais, directeur du Cinéma ; Beaussier, chef de District à la S D E O et les électriciens qui assurèrent la décoration de la salle, les jeux de lumière et prêtèrent le matériel

         

Relevons dans le programme qu'avait offert les grands élèves : l'interprétation avec l'esprit et le mouvement convenables de la farce moyenâgeuse du Cuvier. Quant aux grands élèves de la Rue de la Gare ils jouèrent avec entrain et naturel une petite comédie : Pierrot farceur. N'oublions pas les petits de la même école qui avaient présenté  une amusante saynète, pleine de vie : les Marmitons, dont on retiendra l'originalité de la présentation. Que les instituteurs et institutrices qui assurèrent le succès de cette fête au prix d'efforts patients et dévoués aient été remerciés est logique mais cette année là ce furent les enfants des écoles, charmants de grâce et de fraîcheur, dont la belle diction et le jeune talent furent justement admirés qui eurent droit aux félicitations du rédacteur de l'article

 

 

Séances et fêtes traditionnelles

En décembre de chaque année, les séances récréatives étaient inscrites au calendrier des festivités. A ces deux séances venait s'ajouter l' Arbre de Noël des écoles publiques. Autant de fêtes traditionnelles très courues. Seul regret : l’exiguïté de la salle de la Mairie. On refusait du monde ce qui entraînait « le mécontentement de personnes n'ayant pas reçu de lettres d'invitation » et la réaction cette année là du Comité d’organisation qui tint à leur faire savoir qu'aucune lettre n'avait été adressée à personne, l’exiguïté de la salle ne permettant pas la garantie des places. Tout le monde sait, ajoutait le Comité, qu'il nous en faudrait une très grande pour contenir toutes les mamans heureuses de jouir du succès et de la joie de leurs chers petits 

En 1930, originalité du spectacle... Un auditoire surpris puis charmé quand se présenta – et c'était la première fois – le tout jeune orchestre scolaire recrutant ses membres déjà nombreux parmi les enfants de nos écoles, petits et grands, les anciens élèves et les Amis des écoles publique. Quelle bonne mine vraiment faisaient tous ces jeunes musiciens groupés par pupitres, autour de leurs maîtres dévoués et sous la baguette magistrale de M. Nédélec ! Cette surprise devait se changer bientôt en admiration – oui en admiration le rédacteur ne tarissant pas d'éloges – quand, sur doux accords des seconds violons et violoncelles, s'affirma le chant de berceuse délicatement interprété par toute une équipe de jeunes artistes élevés au rang de premier violon ! Que de justesse, d'ensemble dans le rythme et les nuances. Ce fut donc avec enthousiasme que le public bissa ce gracieux numéro, comprenant combien ces résultats surprenants avaient dû coûter de peine au courageux animateur et de travail sans défaillance aux nombreux et jeunes artistes

Mars 1931 - Pour ou contre un Comité de défense laïque ?

« Si étrange que cela puisse paraître de prime abord, le personnel enseignant de Châteaubriant ne voulait pas de ce Comité. M. Danet, directeur de l'école des Terrasses fut son porte parole. Des objections qui feraient capoter le projet des organisateurs. Le fond du débat n'était-il pas le suivant : L'école laïque est particulièrement florissante à Châteaubriant et par conséquent la défense laïque ne s'impose pas... D'autre part – et ceci fut seulement suggéré – les organisateurs locaux du Comité en question semblent avoir été inspirés surtout par la section de Châteaubriant du part socialiste... Or, chez nous les dirigeants socialistes uniquement soucieux de politique, se sont créé un devoir qui prime tous les autres : combattre la personne du Député Maire. Est-ce que le le Comité de défense laïque ne serait pas, dans le secret de leurs cœurs, une machine de guerre antibréantiste se demande Léon Lemarre

On en était là... Comment en sortir ? Et M. Danet de proposer généreusement la constitution d'un Comité non plus uniquement de Châteaubriant mais de l'Arrondissement tout entier. Ainsi fut-il décidé et on nomma une commission chargée de convoquer une assemblée générale laquelle élira un bureau.

Le directeur du Journal, défenseur de la Municipalité Bréant, n'y va pas par 4 chemins lorsqu'il conclut que la sollicitude des socialistes castelbriantais pour l'école laïque ne serait pas récompensée et que leur grosse malice cousue de fil rouge n'aura eu d'autre résultat que d'ouvrir les yeux à bon nombre de républicains 

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Quand la politique s'en mêle 

On ne peut comprendre les commentaires de Léon Lemarre sans remonter dans le temps et donner un aperçu des positions des socialistes, candidats lors des élections municipales, en 1925 comme en 1929, face à la liste Bréant sortante.

 L'Union des radicaux et des socialistes n'était pas à l'ordre du jour - il faudra attendre encore plusieurs années - avant qu'ils ne suivent un chemin commun. Certains articles ne manquaient pas d'humour lors des élections municipales. 

Que Léon Lemarre « approuve le passage de la profession de fois de la liste de M. Bréant dans laquelle celui ci déclare avoir donné assez de preuve de son activité, de son désir de bien faire, de son esprit de tolérance, de ses sentiments démocratiques, de son amour de la République » 

Qu'il demande à ses amis politiques de faire bloc sur la liste républicaine de M. Bréant est de bon aloi pourrait-on dire mais quelle volée de bois vert envers les candidats de la liste socialiste représentants de « Ceux qui ont pour chef de file les hommes qui en 1925, mis en présence d'une liste de Cartel des Gauches – liste qui était la conclusion logique et attendue d'une campagne de plusieurs mois - ont maintenue leurs candidatures sur une liste opposée, perdant ainsi dans cette aventure de 1925 toute autorité morale » On n'avait pas oublié ! 

Ne voilà-t-il pas qu'en 1929, pris de tardifs scrupules, trois d'entre eux avaient formé une liste de cartel ! Singulière attitude dont on ne sait si elle ressort davantage au cynisme ou à l'inconscience ! Mais il leur fallait trouver 5 co-listiers et parmi ceux-ci L. Lemarre ne cache pas sa surprise de trouver « un homme sympathique et que rien ne paraissait disposer à embarquer sur cette galère : M. Marcel Sinenberg . Souvenez-vous de... qui dans les « Fourberies de Scapin » de Molière répète à qui veut l'entendre « Mais qu'allait-il faire dans cette galère ! » Que pense-t-il de cette candidature ? « Ce dernier, nous dit-il, s'il a tout naturellement sa place sur les contrôles de la Société d'encouragement pour l'amélioration du cheval français de demi -sang, ne nous paraît marqué en aucune façon pour figurer sur les contrôles du parti S. F. I. O. Et de conclure Nous ne le prenons pas gagnant ni même placé !

Vous dirai-je qu'il avait vu juste. La liste Bréant emporta 22 des sièges sur 23. Les candidats figurant sur la liste du parti socialiste (S.F.I.O) aucun... Ni gagnants, ni même placés !

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Léon Lemarre et Marcel Sinenberg se retrouveront à compter de 1938 - 1939au sein de notre Amicale laïque dont ils furent membres actifs.Début 1944, tous deux en compagnie d'une vingtaine de membres de notre amicale, arrêtés par la Gestapo, seront déportés et mourront en camp de déportation

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Où l'on parle de char, d'attelage, de charrette !

Un langage imagé et coloré

Après le scrutin. Commentaires du Journal

Les grands vaincus de la journée, déclare L. Lemarre, ce sont les citoyens que Messieurs M - B - G (ces trois conseillers sortants S.F.I.O qui en 1925 avaient été candidats sur une liste autre que celle du Cartel) ont attelés à leur char écarlate. En mesurant la profondeur de leur échec, qu'ils mesurent s'ils le peuvent, le mal fait par eux, inconsciemment nous voulons le croire, aux partisans fidèles d'une République laïque, sociale et vraiment démocratique

L'image avait été reprise par M. Bréant lors de l'installation du nouveau C M « Il nous faudra suppléer à la carence de quelques collègues. Les intérêts qu'ils représentaient ici n'en seront pas moins défendus et de regretter « Sil est beau d'attacher sa charrette à une étoile, il est imprudent d'y attacher le char municipal » Les anciens conseillers n'étaient plus là mais tous les présents savaient de qui ils voulaient parler.

 

D'une pierre deux coups

Lors d'une réunion commune avec la section de Châteaubriant de la Ligue des Droits de l'Homme, le Comité de défense laïque se met en place . Mise au point de son organisation... Maintien en fonction du bureau provisoire... Adoption des statuts... qui imprimés seront envoyés à tous les instituteurs et institutrices de l'arrondissement (Journal du 13 février 1932)

Une conférence aura lieu en mars et devrait traiter d'un intéressant sujet : la République, c'est la laïcité. Elle eut lieu.

 Ce fut une conférence très intéressante et fort instructive. Après avoir expliqué la genèse des lois laïques toujours violemment combattues par toutes forces de réaction, l'orateur fit un magnifique éloge de la morale laïque. Prenant la défense des instituteurs si souvent calomniés, si injustement critiqués il parla du rôle admirable qu'ils jouaient désormais pour la paix après avoir fait largement leur devoir durant la guerre. Comment ? Les instituteurs font entrer l'idée de paix dans les cerveaux et dans les cœurs, c'est par eux que l'entente entre les peuples deviendra une réalité. L'orateur devait prôner - A cette heure où les Droites s’apprêtent à mener l'assaut final contre l’œuvre des grands apôtres de la tolérance qu'ont été Ferdinand Buisson, Paul Bert, Jules Ferry – l'union de tous les républicains, et cet appel de la Ligue de l'enseignement serait certainement entendu dans tout le pays

La mise en place de conférences ouvertes à tous était une pratique très suivie. C'était une époque où la radio était à ses débuts, où seuls les journaux étaient en mesure d'informer les citoyens... Aussi les conférences étaient-elles très suivies. Les contradicteurs présents avaient en général droit à la parole mais on en rencontrait peu... Une fois encore « le conférencier avait été chaleureusement applaudi et l'appel à la contradiction était resté sans écho ! »

 

LE CLIMAT ELECTORAL... 

Ambiance   surchauffée lors de réunions

Lorsque approchaient les élections .... s'ouvrait la campagne électorale où s'affrontaient les candidats, chacun ayant ses partisans, chacun ayant ses détracteurs. Autant de réunions dites contradictoires qu'on aurait peine à imaginer de nos jours. Une atmosphère surchauffée...

La réunion contradictoire de Derval 

On était à huit jours du scrutin. Mr Bréant député sortant battait campagne et M. Gautherot soi-disant républicain était présent entouré de ses partisans, les mêmes que ceux qui applaudissaient naguère les orateurs royalistes venus au secours de M. le comte Ginoux-Defermon que M. Bréant avait battu en 1928.

Il s'agissait comme on sait d'une réunion contradictoire à laquelle étaient invités les autres candidats. Une réunion en plein air devant environ un millier de personnes troublée par les cris et les invectives des partisans de M. Gautherot, champion des Droites. Ceux-ci étaient presque tous d'ailleurs étrangers au canton. On pratique décidément l'importation sur une grande échelle dans le clan maringouin (...)

M. Bréant avait rendu compte de son mandat... Il avait exposé ce qu'il avait fait au cours des quatre années qu'il venait de passer au parlement, son rôle au sein des différentes commissions auxquelles il avait consacré une activité indiscutable et tout particulièrement les services rendus aux agriculteurs... Autant de préoccupations qui ne sont pas - comme celles de M. Gautherot - uniquement tournées vers les problèmes de politique pure. Chacun sait - ajoute L. Lemarre - que M. Bréant n'est pas un politicien ni un démagogue. C'est un réaliste et c'est de façon pratique, de façon réellement effective qu'il a travaillé aux intérêts généraux du pays et aux intérêts particuliers de sa circonscription. Affirmer que son concurrent M. Gautherot a pratiqué à la chambre des députés l'abstention totale, l'abstention sur toute la ligne, l'abstention sur toutes les questions suscite de la part des partisans de M. Bréant une ovation enthousiaste, ovation que soulignent les quelques cris discordants des maringouins (...) et autres contradicteurs

 

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(...) Langage imagé de notre rédacteur … Une comparaison péjorative. Les maringouins , c'est le nom vulgaire donné aux moustiques aux Antilles. Au Québec, les moustiques ou les maringouins c'est la même chose

Les maringouinsc´est une bibitte

Faut se gratter quand ça nous pique

Je vous dis c´est bien souffrant

C´est cent fois pire que l´mal aux dents

J´ai les jambes pleines de piqûres

C´est comme un vrai morceau de forçure

J´ai la peau toute enlevée

C´est parce que j´me suis trop grattée — 

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Outre M. M. Gautherot et Bréant se présentaient trois autres candidats : un républicain M. Eluère, un candidat S.F.I.O et un candidat communiste. M. Eluère argua de sa jeunesse, des idées de la génération à laquelle il appartenait « la génération qui monte et qui est seule capable de sauver le pays englué dans les vieilles méthodes et les vieilles querelles » On lui demande pour qui il se désistera au deuxième tour. « Je n'ai pas à répondre à cette question » déclare-t-il. Alors une tempête de cris où domine « vendu ! » l'assaille. Et M. Gautherot d'en rajouter et de prononcer péremptoirement « M. Eluère, vous êtes le compère de M. Bréant, vous êtes jugé ! »

M. Alexandre Fourny, avocat, veut parler après M. Eluère au nom du candidat S. F. I. O absent... Mais il ne peut se faire entendre... De toutes part on réclame le candidat lui-même qui ne s'est pas déplacé et force est à M. Fourny de descendre de la tribune sans faire entendre la parole socialiste

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Alexandre Fourny, né le 17 mars 1898 à Issé (Loire-Inférieure) et mort le  22octobre1941à Nantes, en France, est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, un avocat ayant notamment défendu les « insurgés de Cayenne», un homme politique lié à la SFIOet un résistant françaisfusillé par l'Armée allemandelors  de la Seconde Guerre mondiale, en représaillesde l'exécution à Nantes par la Résistance du lieutenant-colonel Hotz, commandant des troupes allemandes d'occupation du département de la Loire-Inférieure.

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Restait M. Danet, directeur d'école à Châteaubriant, Il n'est pas plus heureux... Une formidable obstruction se déclenche à son apparition. Et pourquoi cet ostracisme ? Mr Danet est un partisan de M. Bréant et représente le le courant de celui-ci, partisan acharné de la paix, un courant majoritaire chez les instituteurs. Il interviendra lors des trois réunions à Derval, à Nozay, à Nort. A chaque fois, malgré les vociférations d'une partie de l'auditoire, il évoquera en termes saisissants , la guerre et ses horreurs... et aussi ses profits pour certains, les hommes qui ont fait à Briand une guerre au couteau qui l'ont bafoué, insulté, des hommes qui ont besoin de politiciens – tel M. Gautherot – à leur service pour abattre l’œuvre de paix, de réconciliation des peuples, l’œuvre admirable à laquelle Briand a consacré sa vie.

Retrouvons M. Danet à Derval. Formidable obstruction, on l'a vu, lors de son apparition mais il ne s'était pas découragé. M. Gautherot et ses partisans, sachant ce qu'il allait dire avaient quitté précipitamment les lieux. Leur départ avait ramené le calme dans l'auditoire autour de M. Danet qui peut enfin parler avec une sobre éloquence saisissante par sa sobriété même. Il évoque la guerre et les possibilités d'un nouveau conflit. Trop de gens - déclare-t-il- ont intérêt à ce que la guerre se déchaîne de nouveau sur le monde. Il y a le Comité des Forges, il y a les Shneider et il y a les Krupp. Il y a des sociétés qui de 1914 à 1918 ravitaillaient aussi bien les français que les allemands. Tous ces gens ont besoin de députés à leur solde pour faire au parlement une politique d'armement à outrance qui leur rapporte de fabuleux dividendes. Aussi veulent-ils faire élire des hommes tels que M. Gautherot qui est le représentant d'un parti constitué et financièrement alimenté par les marchands de canons et d'obus »

UNE GAUCHE MAJORITAIREMENT PACIFISTE (Jean Sévilla – le Pacifisme et l'entre-deux guerres)

« Le pacifique aime la paix mais se tient prêt à la guerre pour préserver sa liberté et sa dignité. Le pacifiste aime la paix par-dessus tout et se montre prêt à tout pour éviter la guerre. Notre société est-elle rongée par le pacifisme même si elle bénéficie de circonstances atténuantes... L'apathie française face à l'Allemagne serait-elle due en grande partie à la gauche ? Quels peuvent être pour Jean Sévillia, les facteurs qui y ont contribué ?

- Il est loin le temps « des hussards noirs de la République » ces instituteurs patriotes de la fin du 19ème et du début du 20ème regrette notre auteur, des hussards qu'il a pourtant longtemps dénigrés. Dans l'enseignement public, le syndicat national des instituteurs est tout puissant. Or cette formation est pacifiste

- Héritée de Jaurès, l'idée de réconciliation franco-allemande est reprise par Aristide Briand sur la base d'un programme de conciliation et d'arbitrage. Principaux responsables : Briand et Caillaux et leurs partisans qui à compter de 1920 ont refusé de voir que la République de Weimar poursuit une politique nationaliste, politique qui sera portée à son paroxysme par Hitler

- Au sein de la C G T, les pacifistes sont majoritaires. Il en est de même au sein du parti socialiste (SFIO) qui préconise l'engagement en faveur de la paix, fut-il unilatéral

- Toute la gauche humaniste et laïque continue de cultiver un profond pacifisme, aux relents anti-militaristes alors que la droite par tradition, est patriote et révère l'armée. Par tradition elle est aussi anti-allemande

 

Partisans et défenseurs de la paix

 La Ligue des droits de l'Homme et du Citoyen

 

Où l'on retrouve M M Danet et Bégaud futur vice-président de notre Amicale Laïque en 1938. Tous deux sont désignés pour représenter la Ligue au Congrès national de Vichy. Ils seront porteurs de vœux en faveur de la paix et attendent du gouvernement    Qu'il contribue au désarmement général en réduisant à la fois le temps de service, les effectifs, le matériel et les dépenses d'ordre militaire et qu'il prescrive à ses délégués auprès de la S D N de prendre toutes les initiatives qu'exigent l'organisation et la consolidation effectives de la paix

Les J. L. R défenseurs de la paix à tout prix. L'entrée en lice de Gabriel Chanteux

Dans une tribune libre « Les J. L. R et la Paix » Gabriel Chanteux s'oppose aux « Nationalistes », à tous ceux qui qui voient dans une solide organisation militaire la meilleure garantie de paix et mettent en pratique le sempiternel adage des anciens « Si vis pacem, parabellum » en exigeant de nouveaux crédits d'armements, Il n'oublie pas de dénoncer tous les profiteurs « Même si personne ne veut la guerre, il y a aussi ceux à qui elle rapporte : toute la haute mercante dont les invraisemblables bénéfices en 14-18 resteront comme un des plus prestigieux scandales de notre époque, les marchands de munitions pour lesquels chaque conflit ouvre une ère de prospérité, toute une catégorie puissante qui dispose à son gré d'une presse souvent vénale là qui il est facile de façonner l'opinion »

Mais l'Allemagne hitlérienne n'est-elle pas submergée par une vague de folie nationaliste ? Ne devons-nous pas rester forts face au vieil esprit prussien qui inspire à nouveau ses dirigeants ? diront nos détracteurs.

« Il est incontestable qu'aujourd'hui (nous sommes en juillet 1933) l'Allemagne soit militariste et constitue un danger pour la paix. Mais est-ce en surarmant ou simplement en refusant le désarmement que nous ferons face au danger

Et G. Chanteux de proposer un choix face aux arguties et vaines palabres de ses contradicteurs du Courrier

« Ou nous désarmons et ainsi l'Allemagne n'ayant aucune raison avouable pour armer est mise au pied du mur et doit contenir ses élans militaristes sous peine de voir se dresser contre elle le concert des autres pays, ou bien bous continuons notre politique actuelle et aucune force au monde n'empêchera alors nos anciens adversaires d'armer, et nous serons revenus à la tragique situation de 1914. Est-ce cela que veulent nos nationalistes ? »

Il n'y a qu'un moyen pour empêcher la guerre : le désarment général, simultané et contrôlé des peuples. Certes nos « patriotes » reprochent au « Briandisme », à la Société des Nations de ne pas avoir évité tous les conflits mais nous pouvons leur répondre que si 20 siècles d'histoire ne leur suffisent pas pour admettre la faillite de leurs conceptions, les pacifistes peuvent bien exiger plus de 20 ans, pour mener à bien la tâche qu'ils se sont fixée et qu'après tout, si des obstacles s'élèvent nombreux, le but poursuivi est assez noble pour que nous nous efforcions de tout notre cœur de les détruire »


        UNE DROITE MAJORITAIREMENT ANTI-ALLEMANDE


         Dès 1919 les groupes parlementaires qui représentent la droite à la Chambre au sein du Bloc National défendent une ligne de fermeté à propos des réparations de guerre « L'Allemagne paiera » Au Parlement ou dans la minorité gouvernementale au cours des années 1920-1930 après l'arrivée du Cartel des Gauches en 1925, cet esprit de résistance, selon Sévillia est représenté par toute une classe politique et des organisations de droite dont nous retrouverons des représentants engagés lors des élections au sein de l'arrondissement : L'Union Nationale des Combattants officiellement apolitique mais marquée à droite, la Fédération nationale catholique, les Jeunesses patriotes, les Camelots du Roi, les Croix-de-Feu, le Centre de propagande des républicains nationaux qui sont toutes des organisations de droite

 

ORGANISATIONS de la DROITE RÉACTIONNAIRE

 

  Les Camelots du Roi

         C'est dans ce climat de violente opposition qu'il nous faut placer la venue de de Briand puis celle de Viallat en 1924 à Châteaubriant, les actions de la Ligue de l'Enseignement, des Comités de défense laïque, de la Ligue des Droits de l'Homme, des Jeunesses Laïques et Républicaines, des Comités républicains... autant d'organisations apolitiques ou politiques qui auront entre autres comme objectifs la défense de la Paix et la défense de l’école Laïque

Face à ces ligues, partis, syndicats, l'opposition s'est organisée depuis plus de 20 ans en mettant à son tour en place diverses associations et ligues (Chefs de famille catholique -

Des deux côtés on ne reste pas inactifs et les réunions et conférences au fil des années attestent de l'engagement, la période des élections communales, cantonales et législatives ranimant la flamme des deux camps. Deux camps... Deux journaux attestent des oppositions et des engagements des diverses parties


          Les Jeunesses Patriotes ou Patriotiques

(Courrier de Châteaubriant – 5 Mai 1934)

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206948812&l=1600&h=860&m=&titre=206948812&dngid=9340a5df5639a4b0301e84ee3f193133204b70b1

Deux conférences tenues en mai 34 - après les événements du 6 février 1934 - l'une à Saint Aubin des Châteaux, l'autre à Derval nous donnent un aperçu des objectifs des Jeunesses Patriotes et de la politique qu'elles proposent et des actions à mener pour arriver à leurs fins

A Saint Aubin après avoir dressé le constat de la faillite complète du gouvernement, les abandons supplémentaires à l'extérieur, le premier orateur était arrivé à la conclusion « Quand un arbre ne porte pas de fruits, il faut l'abattre. C'est une question de vie pour la France »

Quant au second après avoir rattaché l'affaire Stavisky à la politique du Cartel des Gauches, après avoir dénoncé les événements des mois derniers, la manifestation du 6 février, le sang des Français répandu et... l'espoir de l'aurore d'une vie nouvelle pleine d'espérance, il avait exposé la politique des Jeunesses Patriotes car « Abattre ne suffit pas, il faut reconstruire et pour cela donner au chef de l'Etat une autorité plus grande, posséder des ministres responsables devant le Chef et non devant les chambres, une chambre s'occupant plus d'action économique et sociale que de politique, en un mot une chambre corporative »

A Derval, les conférenciers avaient fait ressortir de façon magistrale les méfaits de la politique cartelliste et de la franc-maçonnerie et réclamé l'union de tous les patriotes pour la sauvegarde de la France. Une union nécessaire et indispensable de tous les français patriotes résolus à défendre leur pays contre les buts révolutionnaires des éléments louches, des internationales socialistes et communistes et des suppôts de la franc-maçonnerie

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Les Jeunesses patriotes après interdiction et dissolution des Ligues sous le Front Populaire se retrouveront au sein du Parti  Social Français. Leurs espoirs se réaliseront avec l'arrivée du Régime de Vichy en 1940. dont on a retenu la formule « Travail Famille Patrie » Cette devise était déjà dans les statuts du Parti Social Français dont la devise était « l'Ordre par la Famille et le Travail pour la Patrie »

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              Une conférence contradictoire

 

  

A Châteaubriant où l'on apporte la contradiction aux Jeunesses Patriotiques... Où le Courrier parle d'obstruction de la part du Cartel des Gauches lors d'une réunion qui aurait été parfaitement réussie

"Malgré l'obstruction préparée de 400 fanatiques les J. P. font une réunion qui a parfaitement réussi "titre le Courrier du 18 février 1933. Autant de fanatiques du ban et de l'arrière-ban de la Ligue des Droits de l'Homme, du Comité de défense laïque, des Jeunesses laïques et républicaines et du Parti Socialiste qui avaient été appelés, convoqués à venir occuper la salle et contre-manifester et qui ne cessèrent de se manifester par des interruptions stupides ou grossières

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206947357&l=1600&h=860&m=&titre=206947357&dngid=70738f49007ffb0622b271d72a116f2a2b302cb6

Une fois le bureau installé (M. Delatour comme Président, M. Chirade comme assesseur) les deux jeunes orateurs patriotes qui ne se laissèrent pas démonter par les apostrophes et les criailleries, réussirent à faire entendre aux troupes rassemblées du Cartel des gauches de justes et cinglantes vérités. Un succès qui eut pour résultat d'irriter tout spécialement quelques instituteurs qui de rouges, devinrent écarlates (…)

Et tout de suite avait commencé le procès du parti radical et radical socialiste, un parti dont l'incapacité gouvernementale est toujours démontrée et qui n'a jamais su bien faire qu'une chose : mettre ses créatures aux meilleures places... Autant de politiciens qui installés dans « la république des camarades » n'ont qu'un seul désir : que cela dure

Les oreilles des deux chefs du Cartel avaient-elles sifflé en entendant les propos tenus sur eux : Herriot faiseur de discours et de promesses, incapable d'agir quand il est au Gouvernement ; Blum, profiteur du régime bourgeois qui ne désire rien moins que le pouvoir quand il en a le profit

Quant à leurs troupes, elles n'étaient pas oubliées : des assoiffés d'honneurs et de prébendes, des fonctionnaires en mal d'avancement, des instituteurs en particulier qui font de la politique pour être bien vus de M. le Député (Il s'agit de E. Bréant)

L'orateur avait ensuite, avec éloquence, dressé le programme constructif des J. P, adjurant les présents « Restons unis entre Français, ne sacrifions pas totalement notre sécurité par des réductions imprudentes de crédits militaires » des propos que son auditoire fanatisé ne veut pas comprendre et dont les protestations sans fin sont accompagnées de cris, de hurlements. On siffle, on tempête, on injurie... L'orateur est coupé à tout instant [...]

Enfin était venue l'heure des contradictions et le tour des interrupteurs en qui porteurs des espoirs des opposants aux J P.. :M. Guillot pour les J. L. R - M. Thiéphaine qui socialiste, parle en socialiste. Dernier coup de griffe du rédacteur « Chacun sait que, seuls, les socialistes voient clair dans tous les problèmes, dans toutes les situations( témoin, les prophéties de Blum qui écrivait il y a trois mois qu'Hitler était fini!)

Comment s'était achevée cette réunion ? Au grand dam du rédacteur, par le chant de l'internationale – c'est l'hymne adopté par les J. L. R ! nous dit-il

Comment retourner une situation à son profit ? En déclarant que toutes les troupes cartellistes avaient quitté la salle, fuyant la discussion, abandonnant la lutte, dans la crainte évidemment des répliques dernières de l'orateur des J.P. qui était demeuré sur la tribune, prêt à la riposte, infatigables et souriant.

 

Un tel compte rendu du « Courrier » ne pouvait appeler qu'une solide réplique. Elle ne tarda point. C'était le charme de l'époque … On pouvait apporter la contradiction lors d'une conférence à moins qu'elle ne fût privée, et que ce soit le Courrier comme le Journal, au niveau régional, on ne se privait pas par écrit de dire ce que l'on pensait. Quel était l'article qu'avait pu écrire le correspondant du Phare – sans aucun doute G. Chanteux - pour que M. Kieffer réagisse demandant rectification dans le « Journal »... Ce qui ne pouvait qu'entraîner un une nouvelle réaction de M. Thiephaine adjoint au maire de Rezé


       Leur bonne foi

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Du rouge à l'écarlate, une tournure colorée du rédacteur du Courrier que l'on retrouve dans plusieurs articles. M M Danet, Chanteux, Piveteau, Audrain et leurs collègues de Soudan, Sion, Saint Aubin, Noyal, Soulvache... Voilà les instituteurs rouges particulièrement visés que l'on retrouve au sein de de la Ligue de l'Enseignement, des J L R, du parti socialiste dont les membres sont les Rouges à cette époque. Le Rose viendra plus tard.

L'Internationale. Qu'on chantât cet Hymne révolutionnaire à la fin d'une réunion politique, qu'on le chantât lors de certains meetings, n'avait rien d'interdit ni d'étonnant. Mais que les élèves des Terrasses l'aient chantée au sein de leur école ! Qui pouvait le croire ? Qui avait inventé un tel bobard ? Qui l'avait colporté jusqu'au Conseil Municipal ? Un certain M. Renaud conseiller municipal

 

Ce sujet fut à l'ordre du jour du C M fin octobre 1935. M. Bréant qui s'était engagé à faire une enquête sur ces faits, prit la parole, rendit compte de l'enquête menée et donna connaissance  des témoignages recueillis, bien que cela soit inutile, ajoutait-il, M. Renaud ayant mené son enquête personnelle à la suite de laquelle il avait bien voulu faire des excuses en reconnaissant qu'il s'était trompé

M. Le Maire donne alors lecture des dépositions de M. Danet, directeur de l'Ecole, des élèves, de M. Ronsoux propriétaire de l'hôtel de la Gare et de M. Bombray, employé de gare, et desquelles il ressort que l'Internationale avait été chantée le soir des élections, à l'hôtel de la Gare, par un groupe de jeunes ouvriers de Saint Nazaire, de passage à Châteaubriant

Rue de la Gare un jour de marché à l'époque...
  Ce n'est pas dans les locaux de l'école des Terrasses dont on aperçoit une classe à droite qu'avait été chantée l'Internationale mais en face à l'Hôtel de la Gare


        Incident clos, le C M passa aux questions qui étaient à l'ordre du jour 

Le vœu exprimé par le C M de voir rétablir les enterrements le dimanche

la Soumission de trois dossiers de marchés en voie d'être passés avec divers entrepreneurs

Les conclusions des analyses relatives à l'eau consommée dans la ville... Potable ou non ?

La nomination de nouveaux administrateurs à la Caisse d'Epargne

L'approbation de l'initiative de M. Pons, acquéreur du champ de foire de Béré qui se propose d'y organiser chaque année une Foire de printemps qui ressemblerait comme une sœur à la Foire d'Automne et qui paraît assurée d'un très grand succès

 

 

          LES INSTITUTEURS ROUGES DU S N I

       (Courrier de Châteaubriant - 6 octobre 1933 page 1 colonnes 1 et 2)

            G. Gautherot - Sénateur de la Loire Inférieure 

« Le Syndicat « National » des Instituteurs n'est pas autre chose qu'une fraction de la C.G.T et du Parti Socialiste. Il est inspiré par des politiciens dont la doctrine révolutionnaire vise à détruire le gouvernement, la société actuelle, la nation française, et à leur imposer la dictature d'une classe appelée « prolétariat »

« Les fonctionnaires » ont-ils le droit de se syndiquer dans un semblable but ? Légalement, ils ne l'ont pas. Les hommes d’État les plus éminents de la 3ème République leur ont toujours refusé ce droit. Théoriquement, il est impossible de le leur reconnaître, sans tomber dans l'absurdité, paralyser le gouvernement et légitimer l'anarchie. Le fonctionnaire est en effet au service de l'intérêt public. L’État le paie (avec l'argent du contribuable) pour exécuter la loi. Il tient ses pouvoirs de la Constitution et non pas d'un parti quelconque. Il peut s'associer pour l'étude et la défense de ses intérêts professionnels mais non pas se liguer contre la nation dont il doit rester le fidèle administrateur.

Les instituteurs rouges pensent exactement le contraire : ils s'imaginent que l’État patron est leur ennemi, que l'intérêt qu'ils ont à défendre est leur « intérêt de classe » ou de Parti ; que l'école publique est leur propriété ; que l'âme des enfants leur appartient ; qu'ils sont libres d'en détruire les traditions nationales pour y substituer leur aveugle fanatisme. Ils vont, on s'en souvient, jusqu'à prôner l’objection de conscience, le sabotage de la défense nationale, la trahison devant l'ennemi

Que faut-il en conclure ? C'est très simple : tout en accordant enfin aux fonctionnaires par un statut légal les garanties indispensables auxquelles ils ont droit, il faut les arracher à la politique révolutionnaire, leur interdire de s'affilier à des syndicats illégaux et les mettre en demeure de servir l'Etat - ou un Parti

Faisons connaissance avec les instituteurs rouges du "Pays"ceux qui ont sans doute fait grève, grève pourtant interdite, ce que leurs opposants leur reprocheront avec violence. Sont-ils affiliés à un parti ? Pour la très grande majorité non ! Si on en retrouve au sein de la Ligue de l'Enseignement, au sein des J. L. R. de Chanteux à compter de 1928-29, s'ils s'engagent dans la lutte contre le fascisme (conférence de Luigi Campolonghi en mai 1934) leur action est d'abord locale,  chacun au sein de sa commune défendant son école publique et laïque contre ses adversaires locaux partisans d'une école libre

Jean Sévillia regrette le temps des Hussards noirs d'avant 14... Que ne regrette-t-il les vaillants combattants anti-cléricalistes d'après 1919. Sortent-ils de leur rôle, ce que la droite leur reprochera toujours ?  Où doivent-ils réagir aux attaques dont leur école et eux-mêmes sont l'objet, aux articles de leurs opposants regroupés autour des élus de la Droite cléricale 

 

Qui étaient-ils/ C'est l'enquête d' Alfred Gernoux parue en 1931,sous le titre « Les pionniers de l'Enseignement public de l'arrondissement de Châteaubriant », qui nous les fera connaître.


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Alfred Gernoux,est né à Noyal sur Brutz (Loire Inférieure) en 1892 où son père François Gernoux (un hussard noir de la République ) sera instituteur de 1887 à 1908.

 Digne fils de son père, Alfred mort à Nantes en 1973,est un instituteur érudit, passionné d’histoire locale à qui l’on doit une œuvre nourrie de documents. Au retour de la guerre 14-18, où il a été gravement blessé - il en gardera des séquelles - il est nommé à Soulvache. Il est aussi secrétaire de Mairie. On lui devra une remise en ordre avec décryptage et annotations, précieuses pour les généalogistes, dans la marge des archives d'état civil d'avant la Révolution. Il quittera Soulvache pour un nouveau poste à Soudan où il se fixera. Ardent défenseur de l'école publique, il s'opposera aux partisans de l'école libre à la tête desquels on trouve le Curé Duchet rédacteur du bulletin paroissial appelé « La Concorde »


      Quelques écrits consultables d'Alfred Gernoux et parus dans le "Journal de Châteaubriant"

On en trouvera un relevé avec les divers liens qui faciliteront l'ouverture du document dans un article du blog de mibonnier

https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=9109180975607901904#editor/target=post;postID=7352932227530752667

La Révolution au Pays de Châteaubriat

La Chouannerie en 1832

La Sylve castelbriantaise

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A Rougé... à Saint Aubin... A Soudan... A Moisdon

Heureux les « pays » où il n'y a pas d'école libre de filles ou de garçons – Ruffigné, Noyal, Soulvache... .ne connaîtront pas ces combats de longue haleine. Combats marqués par l'ouverture de nombreuses écoles libres qui entraînera la fermeture d'écoles publiques dans certaines communes, écoles dont la réouverture (Rougé, Moisdon...) n'aura lieu que près de 80 ans plus tard. 

On ne connaît pas de fleurets mouchetés... Chacun dispose de moyens d'expression qu'il utilise à bon escient soit en attaquant soit en répondant....

Chacun se fera son idée. Il lui suffira de lire le « Journal », le « Courrier » ou encore les « bulletins paroissiaux » versés aux archives. Dire qu'on s'écharpe... qu'on s'étripe... Lisez et faites-vous votre opinion.

 

Quelques extraits de bulletins paroissiaux édifiants


      Le cinquantenaire de l’École Laïque 

La CONCORDE de Soudan – 1er mars 1931)

La doctrine de l’Église sur la laïcité et la neutralité scolaire (La CONCORDE deSoudan – 1er mars 1931)

« Le but de l'école laïque n'est pas d'apprendre à lire, à écrire et à compter ; c'est de former des libres-penseurs. Le but de l'école laïque n'aura porté ses fruits que si l'enfant est débarrassé du dogme, s'il a renoncé à la foi de ses pères, à la foi catholique »

Hypocrisie Laïque 

(La CONCORDE de Soudan – 22 mars 1931)

Où l'on fait intervenir Gustave Hervé

« Savez-vous ce qu'ont répondu les députés cartellistes et avec eux quelques pitoyables modérés du centre ? Ils ont répondu : « Pas un sou, pas un centime pour les gosses qui vont à l'école chrétienne ! » Mais est-ce que nos politiciens francs-maçons ou terrorisés par la franc-maçonnerie – est-ce que ces imbéciles imaginent qu'ils échapperont à la nécessité de réviser leur loi scolaire, pierre angulaire de leur république maçonnique maintenant que la faillite de leur école laïque éclate à tous les yeux de ceux qui n'ont pas la berlue ? »

Parlons net 

(La CONCORDE de Soudan - 19 avril 1931)

« Reconnaissons que les enfants des écoles chrétiennes n'ont à compter sur aucune faveur d'ordre public. Lorsqu' arriveront les examens, on ne leur passera rien. Les sujets du concours ne leur seront pas communiqués la veille. Le diplôme qu'ils sauront conquérir sera un diplôme de mérite laborieusement obtenu et non pas une vile faveur mendiée par politique »

Au sujet de la Liberté d'enseignement

Quelques points d'histoire qu'il est bon de retenir

(La CONCORDE de Soudan 24 mai 1931)


(La CONCORDE de Soudan 6 juin1931)

« Combien de pauvres gens victimes de l'ignorance et des préjugés, victimes surtout de mensonges colportés par les agents de la secte irréligieuse se sont persuadés que nos luttes actuelles ne sont que des luttes politiques . Quelle erreur ! […] Aujourd'hui comme hier, l’Église, en dehors et au-dessus des partis politiques n'a en vue que le salut des âmes et la défense de la religion »

L'Eglise se tiendrait-elle en dehors et au dessus des partis ? C'est oublier ce que préconisaient plusieurs évêques, directives relatives à la participation des Ligues catholiques à la vie politique. 

"Rien ne saurait empêcher les membres de cette Action catholique qui restent des citoyens complets et parfaits d'adhérer individuellement à titre privé, sous leur responsabilité strictement personnelle, aux partis politiques qui peuvent avoir leurs préférences dont non seulement ils ne doivent pas se désintéresser, mais dont ils ont le grave devoir, eux, les chrétiens plus éclairés que d'autres de s'occuper. Voilà le principe.

En principe, il faut excepter naturellement certains partis politiques auxquels un catholique ne peut adhérer, l'Eglise les ayant condamnés. Ceci dit, il n'est permis à personne d'empêcher les catholiques d'adhérer à une de ces ligues nationales qui s'appellent Croix de Feu, Volontaires Nationaux, Jeunesses Patriotes, Solidarité Française, Francistes [...]

Jamais donc il n'a été question à la Ligue catholique de jeter l'interdit sur telle ou telle association du moment que ses statuts ne comportent rien qui soit contraire aux devoirs d'un bon chrétien, d'un bon Français"

"Courrier" du 3 janvier 1936 page 1 colonne 3

Les catholiques peuvent-ils participer aux ligues nationales?

 

Haros sur les instituteurs

Le congrès des instituteurs 

(La CONCORDE de Soudan – 20 août 1933)

Ah ! Ils vont fort les laïcs syndiqués : La pédagogie est bien le cadet de leurs soucis. Ils s'occupent de politique et sous couvert de défendre leurs droits professionnels, ils font de la démagogie et du désordre.

Et de reprendre l'article du journal « la Province » et de dénoncer les instituteurs laïcs

- Le gouvernement ? Il est à leurs pieds. Ce sont les chouchous du régime. A eux faveurs, facilités, avantages, traitements, décorations et privilèges

- Sont-ils contents ? Non ! On leur donnerait la terre entière qu'ils demanderaient la lune !

- Et la grève ? Ils menacent de se mettre en grève si on ne s'agenouillait pas devant leurs prétentions. Au moindre mécontentement, on chante l'Internationale et on se met en grève plantant là les écoliers. Eux qui sont payés pour former des jeunes, ils donnent l 'exemple de la révolte.

Comment ne pas terminer en suppliant les pères de famille de faire le bon choix et de comparer l'attitude des deux catégories d'instituteurs : les LAÏCS et les CHRÉTIENS (dits libres)

- Côté des LAÏCS : Vie matérielle heureuse et largement assurée, avancement réglé, retraite ménagée. Tout apaisement pour l'avenir. Locaux d'habitation parfois luxueux, logements confortables comprenant même jusqu'à Garages pour autos. Quelle faveur ! (Professionnellement parlant, l'instituteur n'a pas besoin d'avoir auto)

Côté des CHRÉTIENS (libres) : Salaires, hélas ! Insuffisants, Isolement trop fréquent, Vie de privations et anxiété de la vieillesse... Rien pour être encouragé et soutenu que la conscience d'un magnifique devoir à remplir, l'estime des familles et l'amitié de ceux qui les comprennent. Et pourtant ils ne se plaignent jamais et la « Grève » est un mot qu'ils ignorent.

 

Comparez et Jugez !

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En 1933 : Renaissance de l'Association des élèves de l'Ecole publique

Écoutons le témoignage d'un de ses premiers membres André Martin

« En 1933, M. Danet* directeur du Cours Complémentaire et moi*, sommes allés demander à M. Perrinel, adjoint au Maire de Châteaubriant, la libre disposition du jardin des Terrasses et le concours de quelques employés municipaux pour notre première kermesse, ce qui nous fut accordé avec plaisir

Les chevilles ouvrières furent surtout Danet*, Chanteux*et Louis Piveteau* précise André Martin*. Une réunion de tous les instituteurs à l'école des filles, rue de la Victoire fixa les programmes et les rôles de cette première kermesse de juillet 1934. Tous furent invités, au niveau de chaque école à faire appel aux parents d'élèves et à leurs amis. Ce sont surtout les Jeunesses laïques et Républicaines présidées par Chanteux qui apportèrent les gros contingents d'animateurs : Cheminots, postiers, employés, commerçants, ouvriers tous assemblés dans un même but : la réussite de cette première kermesse. »

Autour de Nous... 

Avec les J. L. R et les instituteurs qui sont à l'origine des actions en faveur des Elèves des Écoles Publiques à compter de 1933 (C R du congrès dans le journal de Châteaubriant de Juin 1933)

Le congrès départemental des J. L.R.s'était tenu à Châteaubriant le 6 juin 1933 et l'action qu'envisageait ce mouvement et sa position par rapport aux partis politiques dont il voulait être indépendant furent l'objet de débats autour de plusieurs motions dont les orientations différaient. Au sein même des J. L. R de Châteaubriant les avis étaient partagés entre G. Chanteux (section de Châteaubriant) et Guillot (section de Nantes dont A. Martin était partisan)

         Guillot soutient avec force sa thèse, invitant les jeunes à ne s'effrayer d'aucune idée nouvelle et les conviant à se débarrasser des vieilles méthodes en allant de l'avant  « Les forces de gauche n'ont pas donné au gouvernement ce qu'on pouvait en espérer. Ou la Société tombera dans le fascisme ou dans le collectivisme. Sur le plan de la paix, il faut également aller aussi loin et c'est pourquoi la section de Nantes a cru bon d'adhérer au Congrès d'Amsterdam (...) dirigé par les communistes et bien que les radicaux et les socialistes s'en soient retirés. ?

Chanteux qui se dresse contre la thèse de Guillot montre le travail néfaste accompli par les communistes tant au point de vue syndical qu'au point de vue politique. Il souligne la collusion de la droite et de l’extrême gauche et montre le rôle néfaste joué par les moscoutaires dans les élections où le maintien au second tour de leurs candidats fait trop souvent passer le candidat de droite

        Un désaccord total. Alignement ou non ?

        Ce fut, la motion présentée par André Morice président d'honneur de la Fédération des J.L.R de la Loire Inférieure reprenant les idées de Chanteux qui mise aux votes fut acceptée

« Notre rôle doit être avant tout de préparer, l'Union des forces sincèrement républicaines. Adhérer à Amsterdam serait changer complètement l'orientation des J.L.R issues des forces démocratiques Qu'en était-il des J.L.R dont toute référence à un parti devait être bannie. Elles doivent entendre tous les thèmes et ne doivent point se lier aveuglément à l'action d'un parti, à plus forte raison s'il n'est pas démocratique. Ce sont surtout des cercles d'études où librement, sans aucune contrainte, les jeunes épris d'idéal, peuvent se faire au contact des opinions et des faits, une idée bien personnelle. Elles entendent poursuivre ce rôle essentiel en maintenant leur action sur le plan de l'union de toutes les forces démocratiques ; union qu'elles s'emploieront toujours de leur mieux à réaliser dans tous les domaines pour que notre République soit toujours plus belle, plus juste, plus humaine dans la paix universelle

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(...) Deux articles de G Chanteux parus dans le journal de Châteaubriant  qu'il nous faut replacer dans leur contexte : Point de radio à part quelques rares postes de T S F. La sonorisation et le pick-up que l'on découvrait... C'est la presse qui est reine de l'information. Toutes les annonces de manifestations des diverses associations, leurs comptes-rendus, paraissent dans la presse locale.

Peut-on penser que G. Chanteux  président des J.L.R qui écrivait pour « le Journal, » « le Populaire » était alors bien placé pour défendre ses propres idées  qui ne recueillaient pas obligatoirement l'aval de tous les futurs amicalistes

La réaction du Courrier était attendue... Elle ne se fit pas attendre et entraîna de nouveaux articles dans le Journal

 

"Quand le Courrier s'en va-t-en guerre"

Lien caduc à renouveler

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=299960355&l=1600&h=860&m=&titre=299960355&dngid=9956fe72d21ae89c2b751c22f0fe70f30d182a6f.

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Un de nos témoins, André Martin, instituteur aux Terrasses à partir des années 30, avait alors, sur un agenda qu'il avait conservé, une liste d'une quarantaines de noms - promoteurs de l'Amicale - qu'ils n'avaient plus revus mais qu'il n'avait pas oubliés et « Son souvenir allait d'abord aux disparus, surtout à ceux qui figurent sur la plaque commémorative de l'école des Terrasses, amis ou anciens élèves » (Extrait de son courier de 1988)

Nous sommes en 1933... Désunion, opposition violente entre les forces que nous dirions de gauche aujourd'hui (radicaux, socialistes, communistes) dont les divergences sont profondes et expliquent les hésitations, la participation ou non aux divers gouvernements.

Mais la très grande majorité des J. L. R, qu'ils soient Amis des Écoles Publiques, Anciens élèves des mêmes écoles, Amicalistes … nous les retrouverons au sein d'une même association, l'Amicale Laïque à compter de 1938... Amicale au sein de laquelle toute action politique sera formellement interdite. Cette règle sera parfois bien difficile à suivre et des antagonismes apparaîtront.

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La distribution des prix aux Ecoles Publiques

A défaut d'être présent lors de la distribution des Prix aux Écoles publiques, on pouvait en lire le Compte rendu et chercher le nom de son enfant, heureux ou non bénéficiaire d'un prix au vu du palmarès des différents écoles : école par école primaire, classe par classe du Cours préparatoire au Cours Supérieur sans oublier les deux Cours Complémentaires fiers de présenter la réussite de leurs élèves au brevet élémentaire, aux concours des bourses, au concours des chemins de fer de l'état ou... Le nec le plus ultra à celui de l'entrée à l'école normale d'instituteurs ou d'institutrices. Au niveau primaire, étaient cités les reçus au Certificat d'études que l'on « passait » à 12 ans en ce temps là

Une distribution solennelle des prix et récompenses qui eut lieu fin juillet 33 - Les écoliers étaient en vacances depuis le 15 juillet  - dans le magnifique cadre des Terrasses verdoyantes et fleuries. Comme de coutume, de nombreux parents, des amis des écoles, de simples curieux assistaient à cette cérémonie toujours préparée avec beaucoup de goût et de soin par le personnel enseignant dont l'inlassable dévouement revêt des formes multiples

En présence de nombreuses autorités qui avaient pris place sur l'estrade (M. Podevin sous- préfet – M. Bréant député maire et Mme – M. Vincenot inspecteur de l'enseignement primaire, M. Veper président du tribunal – MM. Périnel et Glédel adjoints au maire – M. François Trébaul, commissaire de police... etc) la cérémonie pouvait commencer :

Une exécution impeccable de la Marseillaise par l’Harmonie municipale avait précédé le discours de M. le Sous-Préfet à l'adresse des enfants, un discours plein d'humour que le rédacteur s'excuse de ne pouvoir reproduire et qui fut accueilli par de chaleureux applaudissements. 

Nouvelle intervention de l'Harmonie dirigée de main de maître par son chef, M. Valentine qui enlève « la Marche des Cadets du Brabant... Puis ce fut autour des enfants des écoles de présenter divers numéros, un programme qui enchanta les spectateurs

Sans doute avait-on rappelé les enfants à l'école pour une ultime répétition la veille. Un beau spectacle. Le public témoigna de sa satisfaction par des bravos enthousiastes et nourris

 

Les parents étant attentifs en priorité aux évolutions de leurs enfants. Rien n'a changé !

Et de découvrir l'école maternelle dans «  Le petit navire et ses matelots », les filles de Béré dans  "Le ciel rit ", les garçons de Béré dans "les coloniaux-aviateurs", l'école de la Vannerie dans "les Ondines". On termina par les Terrasses et leur  "ballet chinois"

Terminons en disant comme G Chanteux, rédacteur de l'article, que la place nous manque pour accorder une mention spéciale à chacun. La place nous manque encore plus pour publier le palmarès (3 colonnes dans la journal de Châteaubriant du 3 août 1933) (...)

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(...) Cette année là, Henri Derouallière entrait à l'Ecole Normale (6ème sur 76) après avoir obtenu son Brevet élémentaire – Victor Lemaître, Marcel Bécam, Jean Sinenberg étaient reçus au concours des bourses 1ère ou 2ème série....

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En 1934

LA KERMESSE

Cela s'annonçait bien ! La fête serait belle

La classe de Mme Gourdelle (Rue de la Victoire)

« Cette kermesse, la première organisée par les écoles publiques de Châteaubriant et qui prend par suite la signification d'une grande manifestation laïque, s'annonce décidément sous les meilleurs auspices et nul doute que le beau temps aidant, ce ne soit sur un grand succès que se clôturera dimanche la fête... Suit une présentation détaillée du programme…Une conclusion qui s'impose... Un appel à venir s'amuser en faisant œuvre utile, que souhaiter de plus ? Amis des écoles laïques, je vous crie, au risque de paraître par ce style électoral dénoncer la trêve : « Dimanche prochain, tous aux Terrasses ! Pas d'abstentions ! 

(Journal - G. Chanteux - 7 juillet 1934 page 1)

« La fête commença par un brillant défilé qui déroula à travers les rues de la ville l’interminable théorie des enfants des différentes écoles. En tête marchait un magnifique garde-champêtre d'opérette avec les favoris et « la bouffarde », puis l'harmonie municipale, entraînant de ses pas redoublés le long cortège.

Ensuite les enfants costumés : accortes villageoises et fringants campagnards conduisant « La Noce à Toinon » ; sauvages indiens sioux aux tatouages impressionnants et qui avaient déterré la hache de guerre ; délicieuses pastourelles et dames du corps de ballet entourant une exquise « Fée aux cheveux d'or ». Et enfin saisissante manifestation de la vitalité des écoles publiques, le défilé de tous les enfants, où on admirait la diversité et le pittoresque des coiffures des « Merveilleuses » du Directoire, des pompons rouges de la flotte nationale. Est-il besoin d'ajouter que sur tout le parcours, un nombreux public applaudit sympathiquement les enfants

Dès 14 heures, dans l'admirable cadre des Terrasses, c'était la grande foule, prenant d'assaut tous les comptoirs. Qu'on en juge : au bout d'une heure, la « pêche à la ligne » se terminait faute de... poissons. A 17 heures, la « loterie volailles » manquait de volailles, le lapinodrome, , le jeu d'adresse, les anneaux faisaient des affaires d'or. Et Phoebus étant de la fête, devons-nous insister sur la valse émouvante des bocks et des coupes de mousseux. Et tout l'après-midi, ce fut le défilé compact devant toutes les attractions de « clients » enthousiastes essayant leur adresse.

Ajoutons qu'à côté de ces attractions classiques, les organisateurs n'avaient pas négligé le côté artistique et que le stand des livres, où les plus éclatants succès s'arrachaient à des prix défiant toute concurrence et celui de la musique, où un excellent orchestre interpréta avec un remarquable brio les récents triomphes de la chanson connurent le plus vif et le plus mérité succès.

Par ailleurs, nombre de dames allèrent admirer aux comptoirs de la Maternelle et à celui des grands élèves de la Victoire les coussins délicatement brodés et les pôteries peintes avec un goût exquis, et se firent un devoir d'y faire de nombreuses emplettes.

 

Un excellent micro de la maison Bignon permit tout l'après-midi de suivre dans tous ses détails le programme préalablement fixé qui fut d'ailleurs suivi d'une façon impeccable, de goûter l'admirable voix des artistes du Théâtre de la Jeunesse de Nantes et aussi celles de délicieuses fillettes de l'école de la Victoire dont parents et amis suivirent avec grande ferveur les débuts au micro [...\

Depuis la fête de Françoise de Foix en 1932, la ville de Châteaubriant n'avait pas connu d'aussi belle manifestation que celle de dimanche dernier. La vieux château a dû se souvenir avec émotion – le soir, une douce brise faisait palpiter les feuilles de lierre qui caressaient les pierres – des anciennes fêtes qui se déroulaient jadis dans ce parc

Puis vint la fête de nuit. Après l'éclatant succès de de la kermesse, le plus large optimisme était de règle pour le soir, et cependant, une fois de plus, tous les espoirs furent dépassés. Ce fut dans le magnifique jardin, sous la lumière des guirlandes électriques et des projecteurs, la grande foule se pressant pour applaudir tous les acteurs […]

Point de fête de nuit désormais sans un bal populaire « Enfin ce fut le bal impatiemment attendu par une nombreuse jeunesse (et à vrai dire, qui donc n'était pas jeune à cette mémorable soirée ?) Pendant plus de deux heures, l'excellent pick-up de la maison Bignon diffusa, pour le plus grand plaisir de tous les derniers succès de la danse, et le vieux parc où rodaient des ombres séculaires se rajeunit aux ébats de cette multitude joyeuse.

Dresser un bilan... Remercier tous les participants... Notre rédacteur n'y manqua point. « Un mot résume l'impression générale : un triomphe. Les organisateurs peuvent être légitimement fiers de ce beau résultat : c'était la première fois qu'ils montaient pareille fête et ils n'étaient pas sans inquiétude. Le soleil serai-il propice ? (On a vu que Phoebus était au rendez-vous) Le public répondrait-il à leur appel ?

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Le vocabulaire imagé de notre professeur de Français du C. C Terrasses. Phoebus pour les Grecs ou Appolon pour les Romains, c'est le Dieu du Jour, de la Lumière, du Soleil et de l'Intelligence. Chaque matin, il conduit le char dans le ciel jusqu'au crépuscule.

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Aujourd'hui les félicitations cordiales qui leur parviennent de tous côtés leur prouvent qu'ils avaient raison de faire confiance aux nombreux amis de l'école laïque. Ils sont heureux de remercier tous ceux qui se sont dépensés sans compter pour la réussite finale et qui aux comptoirs, aux entrées, aux différentes attractions, à la décoration générale du parc, ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Vendeuses et vendeurs, musiciens, électriciens, tous ont accompli vaillamment et gaiement leur tâche. Merci aux généreux donateurs qui ont assuré le succès de la tombola et merci à tous ceux qui qui, par leur présence, ont manifesté leur attachement à la cause des écoles publiques.

Et à tous, pour une fête encore plus belle, nous disons, sûrs qu'ils répondront présents « A l'année prochaine » 

Lisez leJournal de Châteaubriant - samedi 14 juillet 1934 page 1)

Efforts en faveur de la jeunesse.

 

Les garderies scolaires, le Cinéma scolaire... deux projets.

    Lors de son assemblée constitutive, en 1938, l'Amicale Laïque Castelbriantaise « l' aménagement de séances cinématographiques, de garderies et de promenades au profit des enfants de nos écoles, et toutes initiatives pouvant éventuellement apparaître comme utiles et en accord avec les fins que nous nous proposons »

Mais ces activités avaient pour certaines déjà été mises en place sous l'obédience des J L R en relation avec les Amis des écoles publiques (société non constituée et sans statuts en 34 jusqu'en 38)


OU L'ON PARLE DE GARDERIES SCOLAIRES en 1934 

Les Jeunesses Laïques Républicaines à l'origine des garderies scolaires

 

Assistons à leur réunion qui s'était tenue un mercredi de février à l'hôtel de Ville. Une quarantaine de membres étaient présents, sous la présidence de Chanteux. On avait d'abord procédé à l'élection du bureau et l'on avait reconduit les sortants : Président : G. Chanteux – Vice-Président : Alfred Sinenberg – Secrétaire: Louis Piveteau - Secrétaire-adjoint : A Chailleux – Trésorier : L. Raimbaud. La commission dont le rôle n'est pas précisé comprenait en dehors du bureau : R. Chailleux, Huteau, Vaillant, Jublanc, Gillot, Lejeune. Quelques noms devaient venir s'ajouter ultérieurement.

A l'ordre du jour : Un très intéressant projet de garderies scolaires du jeudi avait été mis en discussion. Il serait possible à la belle saison de réunir chaque jeudi après-midi, les enfants des écoles laïques sous la surveillance de quelques maîtres et membres des J. L. R. Un terrain devait être facile à trouver (on envisageait l'appui de la Ville et l'autorisation accordée d'utiliser le stade Victor Maudet) On escomptait certains concours financiers, l’œuvre envisagée ayant un caractère d'évidente utilité.

Utilité certaine... Voulait-on concurrencer le patronage catholique dont " les enfants du Patro" bénéficiaient d'activités pendant les grandes vacances ou sommes-nous les précurseurs ? Garderies d'un côté... Activités du Patro de l'autre... 


En quoi consistèrent ces premières garderies?

« Le vendredi 20 avril, les instituteurs laïques de Châteaubriant et de nombreux amis des écoles s'étaient réunis pour organiser définitivement les garderies. Le jeudi qui avait suivi, les enfants étaient conduits sous surveillance au terrain de sports où des jeux variés leur assurèrent une saine distraction. (28 avril 1934)

Fonctionneraient-elles désormais tous les jeudis comme le prévoyait le communiqué ou l'effort d'organisation et d'encadrement était-il trop grand pour qu'on puisse assumer une telle charge ?

La première sortie fut l'objet d'un long article rédigé par G. Chanteux, secrétaire des J. L. R, paru en mai 34 soulignant la réussite de l'initiative

« C'est par un temps splendide que s'est effectuée la première des sorties des garderies des écoles publiques de garçons, sous la surveillance de leurs maîtres, de membres des Jeunesses Laïques et Républicaines et d'amis. Le succès dépassa les espérances puisque pendant 3 heures, environ 300 enfants s'ébattirent sur le joli stade mis aimablement à leur disposition par la Ville

Courses-relais, matches de barrette arbitrés de sifflet de maître par les ruggers L. Combet et Bicot, parties de quilles, courses-poursuites, etc...Un match défi sensationnel mit aux prises sur 100 m un jeune champion scolaire et A. Sinenberg et ce ne fut qu'à l'arrivée que la science de la course du vétéran consentit à s'incliner devant l'ardeur de la jeunesse. Il nous fut également donné d'assister à la rentrée sur le « ground » d'ancêtres du rugby revenant à leurs premières amours.

Une ample distribution de petits pains et d'excellents chocolats clôtura cette joyeuse partie et à 5 heures, enfants, maîtres et amis, regagnèrent les écoles de Béré et des Terrasses, pleinement satisfaits d'une agréable après-midi de plaisir sain et de grand air.

Merci à ceux qui se sont dévoués pour cette œuvre si bienfaisante ; que ceux qui peuvent y collaborer financièrement ou par le don de jouets, se fassent connaître ; c'est un peu de bonheur qu'ils répandront »


Beaucoup de bénévolat mais certains frais étaient incompressibles. Au niveau recettes, on relève une attribution-subvention de 300 francs des J. L. R s'ajoutant à diverses souscriptions

« Voilà un mois qu'elles fonctionnent à la satisfaction générale. Le nombre des enfants présents, oscillant entre 200 à 280, l'accueil sympathique des parents, tout encourage les J. L. R à persévérer dans leurs efforts pour développer une œuvre éminemment utile. En quatre séances, 930 petits pains et chocolats ont été distribués ; de nombreux jouets, balles, ballons, quilles, jeux de croquet ont été achetés. Il m'est revenu que certaines bonnes âmes s'étaient laissé aller à quelques considérations chagrines dont il ne serait pas malaisé de découvrir la source : elles apprécieront l'esprit charitable dans lequel je porte à leur connaissance ces premiers résultats. (G Chanteux – 9 juin 1934)

ANIMATION : LE CINÉMA SCOLAIRE

A l'origine toujours les J. L R.

Elles décident pour bien montrer l'intérêt qu'elles portent aux écoles laïques d'organiser quelques séances gratuites de cinéma le jeudi pour garçons et filles. Le bureau va se mettre en relations avec une maison éditrice de films et espère offrir sous peu aux enfants la première séance

 

OUVERTURE d'UNE NOUVELLE ECOLE

La nouvelle école de filles d'Aristide Briand

Le projet de création de cette nouvelle école avait été mené à bien. La rentrée scolaire officielle du 30 septembre pour les élèves filles du primaire comme pour celles du Cours Complémentaire (avec internat) avait eu lieu dans les anciens locaux de la rue de la Victoire. La rentrée dans les nouveaux locaux était prévue pour la Toussaint 34. Le transfert aurait lieu un mois plus tard

Des élèves et des maîtres et maîtresses se rendaient-ils compte du bonheur qui les attendait ?

« La Municipalité et par suite, la majorité des castelbriantais peuvent être fiers de la saine, confortable et belle école qui va s'ouvrir aux jeunes filles et fillettes de la région dès octobre prochain

La situation de l'école, en face du château mais sur l'autre versant de la Chère est parfaite ; de là, on domine la ville donc beau site, endroit plaisant et très bon air.

Les classes sont spacieuses,et bien éclairées ; le dortoir et et l'infirmerie sont installées à la moderne. Il y a une salle de gymnastique ; la cour est ombragée. Les logements du personnel sont tapissés et chaque cuisine est pourvue d'un fourneau à gaz. Au point de vue de l'hygiène, rien n'a été négligé.

Quand on songe à tout le temps (de 6 à 16 ans) que la jeunesse passera dans cet établissement, on comprend que cela vaille la peine de faire des sacrifices.
Cette ouverture d'une école moderne au chef-lieu de l'arrondissement sera d'un précieux exemple 

(Journal de Châteaubriant – 1er septembre 1934 page 2 colonne 2)


C'est bien beau une nouvelle école et si on allait la voir ? On avait tout prévu...

La nouvelle école E. A. B. édifiée rue de Vitré sur l'emplacement de l'ancien collège Sainte-Marie a reçu dimanche d'innombrables visiteurs. Ceux-ci ont été accueillis de la façon la plus heureuse par Mme Trébaul la directrice et ses adjointes Mmes Martin et Piveteau et Mlle Héraud, par M M. Trébaul, Martin et Piveteau, guides infiniment complaisants

Nous avons déjà donné une description du magnifique bâtiment, nous n'y reviendrons donc pas. Soulignons seulement que la création de l'E A B est l'une des plus intéressantes, des plus brillantes et des plus utiles réalisations de notre municipalité (5 janvier 1935)

A la rentrée qui suivit les nouvelles occupantes arrivèrent. Elles venaient de l'école des filles de la rue de la Victoire (Vannerie). Les locaux et bâtiments délaissés seraient désormais  dévolus aux élèves du primaire de l'école des garçons des Terrasses dirigée par M. Danet puis M. Geffriaud. Des élèves qui feraient connaissance avec comme instituteurs entre autres Raoul Nivert, Marcel Viaud...


L'ARBRE de NOËL

Autre grand moment pour tous les écoliers « 

(Journal de Châteaubriant - 29 décembre 1934 page 2

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Originalité de cet arbre traditionnel... L'audition de disques de choix... Le pick-up était roi... On écouta l'Arlésienne et les diverses rondes et jeux chantés furent présentés par les enfants des diverses écoles... Des rondes exécutées avec brio... Un ballet exécuté avec beaucoup d'entrain et une sûreté dans les mouvements vraiment remarquables... Une saynète ravissante, d'une fraîcheur délicieuse et d'une exécution impeccable... Les acteurs ? Ravissants dans leurs frais costumes... Longuement applaudis... Une assistance sous le charme. Quant aux bébés de la maternelle, en chemises de nuit et bougeoirs en main, à défaut de voir le Père Noël, au moins le chantaient-ils ! Est-il nécessaire de vous dire que leur gentille mimique et leurs évolutions furent très admirées

Et tout le monde d'écouter... Le disque tournait sur le pick up... La Marine avait du succès... C'était parti pour « Les petits matelots » qui savaient tous « Qu'avant d'être capitaine, il faut être matelot »

Comme chaque année,des friandises furent distribuées et de plus les enfants pauvres de nos écoles publiques furent pourvus de vêtements. Il restait à remercier toutes les personnes qui durant des semaines n'avaient ménagé ni leur temps ni leur peine pour quêter et s'occuper en plus, activement de l'achat et de la confection des vêtements. Un dernier merci à toutes les personnes qui avaient apporté leur obole pour cette belle œuvre

O

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      1934-35 : Sous le préau de l’école des Terrasses les élèves du Cours Supérieur et « deux chevilles ouvrières » dont parle A. Martin

A gauche : M. Chanteux (sa canne et son chapeau). A droite : M. Danet, directeur de l’établissement (Cours Complémentaire et primaire)

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FIN 1937... DÉBUT 1938 

 

En janvier 1938, 

L’Amicale des Anciens élèves et Amis des Écoles Publiques

de Châteaubriant était créée


En 1937

Un mois de décembre 1937 bien rempli


      Divers articles dans le journal de Châteaubriant nous renseignent sur la mise en route de ce grand projet et les objectifs que visera l'Amicale une fois créée

      « Devant le succès grandissant remporté chaque année par la kermesse des écoles publiques de Châteaubriant, il a semblé à beaucoup d'amis de nos écoles que la création d'une Association Amicale s'imposait. Elle serait destinée à coordonner les efforts de ceux qui s'intéressent à la cause de la laïcité. Nombreuses sont les tâches qui feront l'objet de nos réoccupations

  • Organisation de la kermesse annuelle et gestion des fonds qu'elle permet de recueillir

  • Organisation des loisirs sportifs des élèves

  • Distribution de secours en nature aux plus nécessiteux (vêtements, chaussures, etc ..)

  • Subvention et aménagement de séances cinématographiques, de garderies et promenades au profit des enfants de nos écoles, et toutes initiatives pouvant éventuellement apparaître comme utiles et en accord avec les fins que nous nous proposons

    Nous tenons à préciser que toute action politique sera formellement interdite au sein de cette Amicale.

    Une cotisation annuelle de 5 fr est prévue mais ne sera réclamée qu'après la constitution définitive de la Société.A cet effet une Assemblée Générale de tous ceux qui auront signé le bulletin d'adhésion aura lieu le 18 décembre à 20 h 30 dans une salle de la Mairie.

    Jusqu'à ce jour nous avons reçu une centaine d'adhésions. Tous les amis de l'école laïque qui n'ont pas été touchés doivent réclamer un bulletin d'adhésion aux maîtres et maîtresses des Écoles publiques et à M M Beaussier, Bégaud, Jean Genêt (rue de Nantes) et Victor Martin, membres du Comité Provisoire d'organisation » Le Comité Provisoire (Journal de Châteaubriant - 4 décembre 1937)

Le café que tenait Jean Genêt avant guerre, au 19 place de la Motte avant qu'il ne ne crée son magasin de cycles Boulevard des Marronniers


Il fallait battre le fer comme il était chaud. Une semaine plus tard « Les adhésions affluent : leur nombre approche maintenant les 200, exactement 187. Mais beaucoup d'amis de l'école laïque n'ont pas encore été touchés ; qu'ils demandent des bulletins d'adhésion […] D'autres ont négligé de nous faire parvenir leur bulletin d'adhésion signé, qu'ils le fassent sans tarder afin que l'Amicale parte allègrement avec un nombre imposant d'adhérents.

 

       L'Assemblée Générale qui marquera la naissance de la nouvelle Société est fixée au samedi 18 décembre à 20 h 30. On discutera et on adoptera les statuts. Ce sera une réunion importante puisque l'avenir de l'Amicale en dépendra. Que tous fassent leur possible pour y assister. Le Comité Provisoire (Journal de Châteaubriant - 11décembre 1937)


On s'était tous donné rendez-vous salle des Fêtes de la Mairie le 18 décembre 1937. Ce jour là, des castelbriantais de tous milieux, unis par la même volonté de défendre et de promouvoir l’école publique, s’étaient réunis en A G constitutive et avaient décidé la création de l’Amicale des Anciens Élèves et Amis des Écoles Laïques de Châteaubriant.

 

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(Journal de Châteaubriant - 11 décembre 1937 page colonne 2)

« Samedi 18 décembre s'est tenue la réunion inaugurale de l'Amicale. Environ 200 personnes avaient répondu à l'appel du Comité Provisoire. Après la formation du bureau (président , M. Geffriaud ; assesseurs, M M Audrain et Bégaud) il fut immédiatement procédé à la discussion, article par article, des projets de statuts.

Ceux ci ayant été adoptés, la liste des membres appelés à former le Comité Directeur fut soumise au vote de l'assemblée. 20 membres ont été élus. Ce Comité désignera ultérieurement le Bureau chargé d'administrer la société,
En outre, sont de droit membres du Comité, au titre de représentants du personnel enseignant : Mmes Bruno, Houlard, Trébaut, directrices d'écoles publiques ; M M. Audrain, Geffriaud, directeurs d'écoles publiques et 5 maîtres et maîtresses (1 par école) choisis par leurs collègues.

Une excellente impression s'est dégagée de cette réunion et le grand nombre des adhérents permet de concevoir les plus grands espoirs quant à l'avenir de l'Association. Le Comité Directeur adresse un pressant appel à tous les sympathisants qui n'ont pas encore adressé leur adhésion et les invite à la remettre au plus tôt à l'un des membres de ce comité - Le Comité Directeur 

L'Arbre de Noël des Écoles Publiques

Cette année là... C'est dire le succès que connaissait cet Arbre de Noël, il y eut deux séances. Le lundi 20 décembre, en présence des autorités (Inspecteur et Inspectrice des écoles primaires et maternelles, Représentants de la Municipalité, de la Sous Préfecture). Au programme des numéros et saynètes fort bien exécutés qui assurèrent le succès de cette charmante « matinée »

      Le lendemain, le 21 décembre, devant une salle comble, une répétition (une deuxième séance) eut de nouveau lieu et elle fut suivie de la traditionnelle distribution de jouets et d'oranges qui enchanta tous les enfants

      Pour subvenir aux frais, des listes de souscription avaient été ouvertes. Elles avaient connu un franc succès. La liste des donateurs (on n'avait pas peur de s'afficher) avait paru chaque semaine dans le « Journal de Châteaubriant » ...  5 semaines … 5 listes et les félicitations et remerciements des organisateurs

« Remercions tous les maîtres et maîtresses qui se sont tant dévoués pour la parfaite réussite de cette belle fête et toutes les personnes qui ont bien voulu marquer quelque intérêt à cette charmante réunion en y assistant. Nos remerciements vont encore aux généreux donateurs et particulièrement à Mesdames Le Goff et Dassimond, à Mlles Héry et Deniaus qui ont bien voulu en accompagnant Mme Houlard, se charger de recueillir les oboles qui ont permis de semer tant de bonheur dans l'âme des enfants et de distribuer des vêtements aux plus nécessiteux"

 

Que lisait-on ?

De l'intérêt de l'existence de deux journaux castelbriantais


      On avait le choix entre deux hebdos castelbriantais « le Courrier de Châteaubriant » « Le Journal de Châteaubriant » et deux quotidiens nantais « le Populaire de Nantes » « Ouest-Eclair », lnantais

Peu d'Amicalistes parcouraient "le Courrier", C'est "le Journal" - Hebdomadaire Républicain - qui avait leurs faveurs. Convocations, invitations et Comptes Rendus détaillés de toutes leurs manifestations paraissaient régulièrement dans le "Journal" et (ou) "le Courrier". Citons les correspondants bénévoles chargés de rédiger les articles. Pour l'Amicale Laïque : M. Geffriaud... G Chanteux. Pour l'A C C : M. Delaunay. Ajoutons certains « chroniqueurs sportifs » M. Vanloo... R. Lahuppe... M. Pohalé.. qui tous mettaient en évidence les petits comme les grands événements

Nous vivions au milieu d'un monde en plein bouleversement et l'Amicale y était attentive en participant, en apportant son aide, son soutien à de multiples actions.Tout en suivant attentivement l'histoire de notre Amicale Laïque nous nous nous intéresserons aux autres associations locales qu'elles soient sportives, syndicales, politiques et aux actions qu'elles entreprenaient. Une telle chronique ne peut rester en dehors des grands événements qui bouleverseront la vie quotidienne. Ainsi continuerons-nous à porter un regard sur les événements qui se déroulaient autour de nous


Ouvrons le « Journal de Châteaubriant » en ce 25 décembre 1937

 

Un Conte de Noël inédit : « Si c'était vrai ! »

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Léon Lemarre a fait un rêve... (2) C'est bien le Père Noël avec sa barbe neigeuse et sa hotte, qu'il a devant lui. Et magie ! Le père Noël lui demande de faire un vœu.

Étonnement de Léon Lemarre... qui se prête aux désirs du Père Noël

- Eh bien, lui dit-il, je me suis endormi en songeant aux réalités hideuses de la guerre, à ses héros, à ses martyrs. Je demande qu'il n'y ait plus jamais de guerre, qu'il n'y ait plus jamais de massacre de petits enfants comme en Ethiopie, comme en Espagne, comme en Chine ; je demande que disparaissent les hommes, les chefs d’État qui veulent fonder leur règne sur les tueries.

Quel bonheur ! Ses vœux seront exaucés

- Il en sera ainsi, mon fils, lui dit le père Noël. La guerre disparaîtra du monde comme ont disparu les grands fléaux de l'humanité. Et en 1938, mourront les serviteurs de la guerre, les massacreurs d'enfants. Ils partiront dans cet ordre : Franco, accident ; Mussolini, crise épileptique ; Hitler, assassinat politique ; le Mikado, fièvre jaune ; j'ai dit !

Chacun sait ce qu'il est advenu les années suivantes... et       chacun sait que ces vœux n'ont pas été réalisés.

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(2) A la lecture de cet article, m'est revenu à l'esprit le grand discours du pasteur noir Luther King. Tout comme lui mais plus de soixante ans auparavant, Léon Lemarre avait fait un rêve... qui ne se réalisera pas

I have a dream (traduit en français par « Je fais un rêve») est le nom donné au discours prononcé le 28 août 1963 par le pasteur et militant américain Martin Luther King, à durant la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté. Devant plus de 250 000 manifestants, King en appelle solennellement à la fin du racisme aux États-Unis et revendique l'égalité des droits civiques et économiques entre Blancs et Afro-Américains

Le discours débute par une référence à la Proclamation d'émancipation qui libéra plusieurs millions d'esclaves en 1863. King déclare ensuite « qu'un siècle plus tard, le droit d'émancipation n'est toujours pas libre » Poursuivant son discours, il s'écarte peu à peu de ses notes et improvise une anaphore, martelant l'expression « I have a dream » après que Mahalia Jackson, en pleurs, lui ait crié : « Parle leur de ton rêve, Martin ! » Celui-ci décrit alors son rêve de liberté et d'égalité émergeant d'un monde marqué par l'esclavage et la haine. 

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En 1938

 

Réunion du premier Comité directeur de l' A A E A E P de Châteaubriant (Amicale laïque de Châteaubriant) le vendredi 7 janvier à 20 h à l'école des Terrasses, sous la présidence de M. Geffriaud, directeur d'école

« Il a été immédiatement procédé à la désignation du bureau, conformément aux statuts votés par l'A. G. du 18 décembre 1937

Président : M. Geffriaud, directeur d'école

Vice-Présidents : 

M. Bégaud, retraité des chemins de fer 

M. J Genêt, représentant de commerce.

Trésorier : M. Audrain, directeur d'école

Trésorier adjoint : M. André Piveteau, instituteur

Sécrétaire : M. Robert Vanloo sécrétaire général de la Mairie

Sécrétaires adjoints : Mlle Héry, institutrice ; M. Gilbert Burlot, rédacteur à la Sous-Préfecture

Nous rappelons que le Comité d'Honneur comprend Mmes Bréant, déléguée cantonale, et Savéant, inspectrice primaire, M M. Richard Pouzet, sous préfet, le docteur Bernou, conseiller général et conseiller municipal et Bréant, maire, ancien ministre

Le Comité s'est occupé en outre de différents détails d'administration générale et des importantes questions du cinéma scolaire et de l'action laïque. Un projet de garderies de vacances a été retenu. Enfin l'organisation de la kermesse des Écoles Laïques 1938 a déjà fait l'objet des préoccupations du Comité qui ne négligera rien pour que cette future fête dépasse en fastes et en attraits ses devancières dont l'immense succès est encore présent dans toutes les mémoires ; de nombreuses suggestions ont été présentées et les plus intéressantes ont été réservées pour un examen ultérieur approfondi. (Journal de Châteaubriant - 15 janvier 1938)

Autour de Nous... La Vie continue

 

      Ce samedi 15 janvier avait eu lieu une réunion de la section du Parti socialiste sous la présidence de M. Bigaud* conseiller municipal au cours de laquelle M. Magnien, délégué à la propagande du parti, a fait une causerie intéressante et très écoutée sur le régime actuel et en particulier sur le nouveau ministère dont il a discuté la composition en termes très sympathiques.

      Il a aussi exprimé sa joie de voir la sagesse du gouvernement qui a décidé de ne pas intervenir dans les événements espagnols, ceux ci relevant moins du domaine de la guerre civile que de celui d'un conflit entre la démocratie et le fascisme. Cette non-intervention a assuré aux peuples une paix que l'orateur souhaite durable(3)

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(3) C'était la position du Parti Socialiste entérinée par le Gouvernement Blum en 1936. Loin d'assurer aux peuples une paix durable, cette position devait s'avérer terrible pour le peuple espagnol 

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    Au Travail

    Le Comité Directeur a décidé de se réunir tous les premiers mardis de chaque mois. D’autre part, poursuivant la réalisation de son programme, il a procédé à la désignation de délégués chargés de mettre sur pied différentes organisations sportives et un groupe artistique. Dans sa séance du 28 janvier, le Comité Directeur s'est occupé de l'amélioration des séances cinématographiques destinées aux élèves des Écoles Publiques

 (Journal de Châteaubriant - 5 février 1938 page colonne 4)

      

     Le Comité de défense laïque.

     Avait-il encore raison d'exister ? N'en retrouvait-on pas le très grande majorité des membres dans la nouvelle Amicale Laïque ?

Cette situation explique la réunion où serait proposée la dissolution du Comité à la suite de la création de l'Amicale des anciens élèves et amis des écoles publiques. Avaient été invités les membres ayant pris leurs cartes en 1937 

     Cette réunion eut lieu. Elle réunit une trentaine d'adhérents qui à l'unanimité votèrent la dissolution du comité, celui ci faisant double emploi avec l'amicale laïque nouvellement créée. Mais le quorum n'était pas atteint. Aussi, la majorité des membres inscrits en 1937 n'étant pas réunie, une seconde assemblée dut être convoquée le 27 février. En conséquence le bureau priait les adhérents d'assister nombreux à cette nouvelle réunion. Il était convaincu que si la dissolution était votée, les anciens membres du comité de défense laïque donneraient tous leur adhésion à l'Amicale des anciens élèves et amis des écoles publiques de Châteaubriant


    Le Comité Directeur du mardi 1er mars 1938

  • Se préoccupe de l'organisation de la Kermesse des Ecoles Laïques 1938 et confirme son entière confiance à son président pour effectuer à ce sujet toutes les démarches nécessaires

  • Décide de lancer une tombola

  • A discuté de l'organisation des sections sportives et du groupe artistique

  • A procédé à l'élection d'un Vice-Président : M. Etienne Martin élu à l'unanimité (J de C - 5 mars)

     Autour de Nous

     La défense de la laïcité... de l'enseignement laïc..

     Les diverses associations castelbriantaises, les partis politiques et pas seulement lors des élections... organisaient des conférences ayant pour premier objectif la défense de leurs idées. C'est dans ce cadre qu'il faut placer la réunion organisée le samedi 5 février avec le concours de Rollo, secrétaire général de la Commission de défense laïque du Syndicat National des instituteurs de France et des Colonies. Cette réunion était présidée par M. Geffriaud, directeur d'école, président de l'A.L.C, assisté de M. Jean Genêt, vice-président et de M. Etienne Martin, membre du Comité Directeur.

« Samedi dernier, M. Rollo a fort éloquemment traité le sujet « Défendons la Laïcité » Le conférencier a dès l'abord nettement situé la question. Notre République, a-t-il déclaré, est démocratique, sociale et laïque. Sa clef de voûte est l'école laïque, c'est à dire une école neutre. Dans cette école laïque, l'enseignement repose sur la déclaration des droits de l'homme et du citoyen et sur le principe tripartite : Liberté, Égalité, Fraternité. A l'intérieur de leurs écoles les instituteurs défendent la liberté, assurent l'égalité et pratiquent la fraternité.

Après avoir fait justice des campagnes haineuses et injustes menées contre l'école laïque, l'orateur parle de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne et s'élève contre la politique « de la main tendue » pratiquée par les communistes français (4) Sous les applaudissements, il conclut en adjurant les laïques de faire leur devoir envers la démocratie en assurant la défense de la laïcité, base nécessaire de la République »(5)

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(4) Ambiguïté des propos tenus lors de cette conférence placée sous le patronage de L'A. L. C. La politique était bien présente même si un article des statuts de notre association précisait que toute action politique sera formellement interdite au sein de cette Amicale. Un commentaire relatif aux positions totalement opposées prises par les forces de gauche : la politique de non-intervention des socialistes et radicaux qui s'opposait à celle de la main tendue relevait-elle d'un bon choix. On connaît la réponse !

(5) Article paru dans le Journal de Châteaubriant le 12 février 1938. Le rédacteur en est Gabriel Chanteux qui fit paraître dans « le Populaire de Nantes » le 20 février 1938, un second article beaucoup plus développé

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    Le Comité directeur du 12 mars

  • Compte-rendu de leurs activités par les délégués spéciaux au Basket Ball et au groupe artistique. On envisage pour le 30 avril une journée gratuite réservée aux membres de l'Amicale sur présentation de la carte 1938

  • On fixe les règles d'adhésion. On rappelle aux jeunes gens et jeunes filles anciens élèves de l’École Laïque que l'article 18 des statuts prévoit que « Tous les jeunes gens âgés de plus de 14 ans et de moins de 18 ans pourront être admis gratuitement dans l'Association, à charge pour eux de se conformer aux statuts, notamment à l'exclusion de toute relation avec un patronage ou un cercle non rigoureusement laïc ». Il leur adresse un pressant appel pour qu’ils donnent leur adhésion le plus rapidement possible, afin de profiter des avantages offerts à ses membres et ce, sans aucun versement d'aucune cotisation. Ils pourront s'inscrire dans un des groupes existants ou en voie de prochaine réalisation (groupe de Basket-ball féminin – groupe de basket-ball masculin – groupe artistique et littéraire) où leurs suggestions seront toujours accueillies avec plaisirs

     En projet la pratique d'activités sportives au sein de l'A L C. Le Basket masculin était pratiqué au sein des Voltigeurs. Nul doute que l'on cherchât à les concurrencer. Au vu de l'article restrictif interdisant à nos jeunes gens toute relation avec un patronage ou un cercle non laïc, il était nécessaire d'offrir diverses activités  au sein même de notre association ou en corrélation avec l'A. C. C récemment créé. 

    Le Comité directeur du 5 avril

  • Les garderies scolaires commenceront le le premier jeudi après Pâques. Les enfants recevront un petit pain et un bâton de chocolat

  • Un effort en faveur des démunis. Soulageons la détresse. « Conformément à l'article 2 alinéa 4 de ses statuts, l'A L C adresse un vibrant appel à ses 425 adhérents et à toutes les âmes charitables en faveur de la,famille V... dont le chef, membre de l'Amicale, vient de disparaître. Il laisse une veuve et 9 enfants dont un nouveau-né. Des listes de souscription sont déposées au secrétariat de l'Hôtel de Ville, à la Sous-Préfecture et dans toutes les écoles publiques. On peut verser également son obole aux membres du Comité. Les dons en nature sont acceptés. Nous informons les donateurs que les sommes en espèces ne seront pas versées telles quelles à la famille mais serviront à subvenir à ses besoins matériels. Nous avons la conviction que tous auront à cœur de soulager, dans la mesure du possible, la détresse de cette famille cruellement éprouvée

  Autour de Nous

   Le Comité des Femmes contre la Guerre et le Fascisme

  La situation en Espagne ne s'améliorait pas. Les forces nationalistes gagnaient du terrain face aux forces gouvernementales républicaines. Devait-on rester insensibles face à ce drame ?

(On nous communique, avec prière d'insérer, l'ordre du jour suivant :"Réunies le mercredi 6 avril en assemblée générale, inquiètes devant la gravité de la situation extérieure, elles demandent au gouvernement de tout faire pour le respect du droit international"

Elles estiment que devant la volonté d’extermination du fascisme agresseur, il faut rétablir d'urgence le libre commerce avec l'Espagne républicaine pour lui permettre d'assurer sa défense ; elles tiennent à affirmer leur sentiment que c'est une condition indispensable à la sécurité de la France et au salut de la paix

Elles insistent auprès du gouvernement pour que soit prise en considération la situation tragique des enfants espagnols qu'il faut soustraire aux atrocités des bombardements aériens en leur autorisant l'entrée dans notre pays et en assurant leur entretien.

Elles sont décidées à apporter au gouvernement le plus large soutien matériel possible dans cette œuvre »(Journal de Châteaubriant - 23 avril 1938)

  

      Au temps du Front Populaire

      Le Front populaire est une coalition de partis de gauche qui gouverna la France de 1936 à 1938 Il réunissait les trois principaux partis de la gauche, la SFIO, le Parti radical-socialiste et leParti communiste (qui soutenait les deux premiers sans participer directement au gouvernement), mais également toute une nébuleuse d'autres mouvements.

Le gouvernement de Front populaire fut le premier de la IIIème République dirigé par les socialistes. Il initia plusieurs réformes sociales importantes et constitue encore actuellement une des références incontournables de la mémoire et de l'histoire de la Gauche française : les congés payés (15 jours), la réduction du temps de travail avec la semaine de quarante heures et l'établissement des conventions collectives.

 

      

         LA FÊTE du TRAVAIL une fête populaire organisée par l'Union Locale des Syndicats Confédérés. Ainsi dénommait-on la G. G. T constituée par les fédérations et les unions départementales auxquelles les syndicatsdevaient être adhérents pour être confédérés

 

L'information relative à la fête du 1er mai était parue la semaine précédente... Qu'on se le dise

« L'Union Locale a décidé de faire une sortie champêtre, comme l'année dernière, en Forêt de Teillay, mais cette fois l'accès dans la forêt est assuré"

Pas de 1er Mai sans meeting. A 14 H 30 départ de la forêt pour Bonne-Fontaine (Bonne Fontaine est alors une cité ouvrière au cœur des mines de fer de la Brutz et regroupe près d'une centaine de familles de mineurs) il est prévu rendez-vous au Café Bourgine avec des orateurs de la C G T.

Comment se déplacerait-on ? Les participants devront se munir de leur bicyclette ou autres moyens de transport car les organisateurs ne disposeront que de deux ou trois cars pour transporter les femmes, les enfants et les personnes n'ayant pas de bicyclette.

Pas de 1er Mai sans bal. La journée se terminera par un grand Bal à 21 heures à la Mairie avec l'orchestre Chazé frères »

Se déplacer posait problème pour certains. La semaine suivante, on informait des possibilités qu'offrait le Rail. Ceux qui ne pourront pas prendre le départ fixé à 8 h 30 à la Mairie de Châteaubriant et qui voudront rejoindre le groupe en forêt et assister au meeting, disposent d'un train qui part de Châteaubriant à 11 h 05 et arrive en gare de Rougé à 11 h 38. A Rougé, on traverse le passage à niveau et on suit la route qui mène à la forêt jusqu' au lieu du pique-nique (à 3 km environ). Trains pour le retour, départs à 16 h 11 et à 18 h 40 (6)

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(6) C'est la ligne de chemin de fer de Châteaubriant à Ploermel qui vivait ses dernières années pour le transport des voyageurs (trafic fermé en 1938)  En voiture ! En voiture de Châteaubriant... pour Ruffigné-Saint Aubin... Rougé... Teillay... Bain... Messac...

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« Comment s'était déroulé le 1er mai 38 en forêt où l'on avait évalué le nombre de personnes assemblées sous les vertes frondaisons à environ 850. 

"L'organisation en forêt avait été impeccable. On avait pensé à tout. C'est ainsi qu'il y avait un poste d'incendie muni de 10 extincteurs, de pelles et de pioches sous la surveillance de du sapeur pompier Auguste Foin de Châteaubriant. Un médecin était de service. Le buffet installé et tenu par M et Mme Laguillez* était remarquablement achalandé. L'excellente bière de Champigneules et le muscadet eurent de nombreux dégustateurs. Seules absences à regretter : Celles des petites clochettes blanches au parfum délicat qui, malheureusement se révélèrent plutôt rares

Le départ de la forêt pour Bonne Fontaine s'était effectué vers 14 h 30. On se retrouva tous devant le café Bourgine. Dans une prairie proche, à l'entrée fleurie par les camarades mineurs, eut lieu le meeting (...) annoncé. Y prirent la parole : Hervé du syndicat des mineurs, Thébaut* sécrétaire de l'union locale, Chaye* commissaire général de la fête, Pillard, délégué de la CGT et Péneau, sécrétaire de l'Union départementale. Tous furent chaleureusement applaudis et le meeting prit fin dans le plus grand enthousiasme aux accents de l'Internationale.

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(...) Disait-on métinge ? Le métingue ? Chanta-t-on "le grand métingue du métropolitain", chanson  qui avait 50 ans et était restée très populaire, en particulier dans le milieu militant politique de gauche et d'extrême gauche.



          Un souvenir... Êtes-vous passés par l'Ecole Normale d'instituteurs ? Vous auriez entonné le métinge...Cette version diffère de celle que nous avaient apprise les "Anciens" et que nous chantions tous en chœur. Quel était l'argument de cette chanson que nous ignorions ?

"Au début, payé à la semaine, un ouvrier, au lieu de porter l'argent à la maison, s'empresse le samedi d'aller se saouler au bistrot. Sa femme s'inquiète et va le chercher et le disputer pour arrêter le gaspillage. Mais l'ouvrier ivre, au lieu d'aller au travail, se rend à un meeting (un métinge, un métingue) politique à la salle du Métropolitain à Lille. Là, prennent la parole deux députés parisiens: Basly, mineur  et syndicaliste, et Camélinat, militant socialiste. À la suite d'une bagarre occasionnée par un provocateur, le héros de la chanson est embarqué par la police. Mais trouve malgré cet incident et son arrestation que le meeting était très réussi"

Ce que nous ignorions ? Que ce chant datait de 1887 ... Qu'il ne s'agissait pas de Bazile le meneur indomptable mais de Basly le mineur indomptable... ni de Camélina la reine du parti mais de Camélinat l'orgueil (le) du parti... 


Mais nous entonnions en chœur le dernier refrain 

C'était tout d'même un bien chouette métingue

Que l' métingu' du métropolitain ! (bis)

avant de terminer (on était tous debout) par la Morale

Peuple français, la Bastille est détruite,

Mais y a encor des cachots (des prisons) pour tes fils !

Souviens-toi des géants de quarante-huit

Qu'étaient plus grands (forts) que les ceuss' d'aujourd'hui.

Car c'est toujours l'pauvre ouvrier qui trinque,

Mêm' qu'on l'fourre au violon pour un rien...

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Qui avait souhaité gâché cette belle manifestation ? Non pas Mlle Récipon qui avait mis la forêt dont elle était propriétaire à notre entière disposition. Plutôt un journal quotidien de l'Ouest (Il s'agit du Courrier de Châteaubriant de A. Quinquette) qui avait écrit froidement que l'entrée de la forêt de Teillay avait été interdite et que la sortie projetée n'aurait donc pas lieu. Ca au moins, c'était de l'information  Tout était bon pour saboter une manifestation !

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Le Concert de l'Amicale Laïque

C'est le samedi soir 11 juin, en soirée à 20 h 45, que l'A. L. avait offert à ses adhérents un concert gratuit sous la présidence de Mme Savéant inspectrice de l'enseignement primaire. Autres personnalités présentes : M. Bréant, maire et Mme Bréant, déléguée cantonale.

Originalité de ce concert : sa première partie au cours de laquelle M. Geffriaud, président de l'Amicale, exposa en termes heureux l'œuvre déjà accomplie. rappelant en quoi elle avait consisté: Collaboration à la fête de Noël 1937 – Garderies du jeudi – Réfection de la salle de cinéma parlant, souscription pour une famille dans le malheur, etc... et ce qui reste à accomplir, le Comité Directeur envisageait la mise à l'étude de l'importante question des garderies scolaires des grandes vacances. Une précision importante : Sous les applaudissements de la salle, M . Geffriaud précisa que L'Amicale groupait actuellement 440 membres actifs et honoraires et que les adhésions continuaient à affluer.


Était venu le temps du concert. Était venu le temps pour les artistes de charmer une salle enthousiaste... D'excellents artistes nantais comme on en voit rarement à Chateaubriant. Que nous avaient-ils présenté ? Qu'avions-nous goûté ? Des duos des provinces françaises détaillés avec goût et entrain par les « Pad Willis », les étonnantes acrobaties cyclistes et l'inénarrable « Je vais au cinéma » du mime « Angelo » et enfin de spectacle de la charmante opérette « En attendant le coche » que M. et Mme Chastenet interprétèrent avec un talent et une fraîcheur qui leur valurent des bravos répétés .

Des artistes qu'avaient précédé trois autres artistes locaux amicalistes qui s'étaient taillés un vif succès dans une petite pièce en 1 acte « La génisse à Durapiat », un vaudeville aux joyeux quiproquos. Trois artistes qui furent les prédécesseurs de la troupe théâtrale de l'Amicale dont nous n'avons pas retenu les noms

« La génisse à Durapiat » première pièce jouée par l'Amicale

 Les trois coups avaient été frappés... Le rideau s'était ouvert... Nous étions transportés dans le salon de Durapiat, vieux paysan, 50 ans.

Durapiat assis, ce dernier tenant une lettre à la main que lui a envoyée M. Benoit, marchand de Bestiaux qui s'est occupé de lui trouver un acquéreur sérieux pour sa génisse

Durapiat se levant heureux. Un acquéreur va venir, c'est-y Dieu possible, je croyais pourtant bien ne jamais me débarrasser de cette bête là... Durapiat mon ami, il s'agit de faire attention à toi et tâcher de faire une bonne affaire en la vendant le plus cher possible...

Arrivée sur scène de Sifflet, son serviteur, tout surpris qu'on ait trouvé un acquéreur pour la génisse

- Une génisse qui n'est plus de la première jeunesse !

- Veux-tu bien vite te taire, si on t'entendait... As-tu suivi mes instructions ?

- Oui ! Ponctuellement. Monsieur peut-être tranquille... Les cornes ont été limées avec soin et maintenant elle paraît 10 ans de moins

- Bien... Je vais du reste me rendre compte (Il se dirige vers la porte puis se ravisant) J'oubliais... Si l'acquéreur arrive, fais le entrer au salon, ça lui inspirera plus confiance.

Durapiat arrivera-t-il à vendre sa génisse. Par quels artifices Sifflet a-til réussi à la rendre présentable ? Le prétendant – Legomeux 25 ans – se laissera-t-i gruger ? A chacun d'imaginer une suite à cette saynète Bouffe

En résumé, enthousiaste et légitime succès, préface de la kermesse des Écoles Publiques du 3 juillet, dont on peut dès maintenant affirmer qu'elle connaîtra dans l'admirable cadre des Terrasses, la plus brillante réussite

     Le 3 juillet, ce fut la Kermesse

      Réunion terminée ? Quelques animateurs de la kermesse 37 devant le café Chailleux place des Terrasses. De Gauche à droite : Etienne Martin - Victor Martin - E Louappe - G. Chanteux ou M. Plassais. Canotiers et casquettes sont de sortie. Ambiance joyeuse et décontractée. Fernand Jeannont pose en leur compagnie sur sa bicyclette fleurie. Un concours de bicyclettes fleuries était au programme de la kermesse dans ce temps là !

« Disons tout de suite que le succès de cette kermesse, qui a déroulé dimanche dernier ses fastes, a dépassé toutes les espérances même les plus optimistes

Le défilé traditionnel a fait sensation, par ses proportions d'abord, et ensuite par le charme et la variété de ses costumes aussi bien que par l'originalité de la plupart des groupes la composant […] Les enfants en particulier les fillettes ont été salués au passage par les bravos des spectateurs qui formaient la haie sur tout le parcours […] Il semble inutile d'insister sur la façon dont les désopilants comiques – Sauvaget et Pignon – remplirent leur rôle et déchaînèrent le fou-rire sur leur passage. 

A 14 heures, tout le monde se trouvait réuni dans le beau et vaste jardin des Terrasses et les stands étaient pris d'assaut par les chalands... Les chalands qui passent (7)

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(7) Allusion à une chanson de 1933 "Le chaland qui passe" chanson interprétée par Lys Gauty puis Tino Rossi qui obtient un grand succès. Les distributeurs du film "L'Atalante" de Jean Vigo en 1934décident de renommer le film "Le Chaland qui passe" afin de profiter du succès de la chanson (le film étant par la suite retitré L'Atalante)

Ecoutons Tino

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[…] Tandis que chacun apaisait sa faim ou luttait contre la soif à venir, la scène installée au beau milieu de l'esplanade, était constamment occupée par les jeunes élèves qui nous montrèrent leurs talents d'artistes en herbe, dans de charmantes scènes, chants mimés ou ballets. Ils eurent des applaudissements mérités et furent remplacés par les deux comiques nantais toujours en verve et capables de dérider les plus moroses […] Quand vint le soir, chacun reprit sa place dans le jardin au pied de la scène pour le gala de danses. L'orchestre symphonique qui accompagna les danseuses, mérite des éloges pour la parfaite exécution des morceaux figurant au programme. Quant aux danseuses, elles connurent un vrai triomphe et les si gracieuses artistes se firent applaudir sans réserve par les spectateurs charmés. Quant aux intermèdes des comiques nantais, ils semèrent la joie dans la foule amusée et jamais lassée des bons mots et des réparties fines des deux compères.

Puis ce fut, sous les rampes de feu, un bal animé qui anima la jeunesse avide de se remuer un peu à son tour. Un bal sur parquet qu’il avait fallu monter.

Pendant toute cette fête, le pick-up de la maison Bignon ne cessa de mettre de l'animation ; plusieurs chanteurs et chanteuses purent ainsi faire apprécier leur beau timbre de voix.

En résumé belle fête, pleine d'entrain et de laquelle les organisateurs peuvent être satisfaits pleinement » (G Chanteux)


Grand moment attendu de beaucoup : le tirage des deux tombolas qui eut lieu à 18 heures. Les résultats en furent publiés dans le journal en fin de semaine. Premier lot de la première : un poste de T.S.F avec pendule d'une valeur de 2 250 F. Quant à la deuxième tombola, tout le monde espérait repartir avec la vache premier lot ou à défaut le veau, plusieurs chèvres, plusieurs biquets sans oublier des oies, des canards, des poulets et autres lapins... qui attendaient dans leur enclos de la kermesse qu'on voulut bien venir les chercher


La vache attendait son heureux gagnant. Celui-ci était prié d'aller en prendre possession chez M. Genët, boulevard de la République où elle était à sa disposition... Elle attendit... Elle attendit... car son heureux gagnant n'était autre que M. Geffriaud, le président de l'Amicale qui … offrit son lot à l'Amicale. 

Sacrée vache ! Qu'on imagine si elle était arrivée dans la cour des Terrasses, seul espace vert dont pouvait disposer M. Geffriaud directeur de l'école !

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Heureux écoliers ! Heureux enfants !

Lorsque les vacances arrivent

L'Amicale laïque pense à vous et organise vos loisirs


Excursion scolaire à Pornic Tharon


« Lundi matin, les cars Debray emportaient vers la Côte de Jade, la bande joyeuse des élèves des écoles publiques de Châteaubriant reçus à des examens. Quelle bonne journée !

A l'aller, nous descendons à Nantes, à l'école moderne du boulevard des Poilus où les enfants ont plaisir à retrouver leur ancien directeur(8)

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(8) Il s'agit de Mr Danet qui pendant près de 10 ans avait été directeur de l'école primaire rue de la Victoire et du C. C des Terrasses. C'est M. Geffriaud qui lui avait succédé à compter de 1936

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   Nous traversons la ville avec naturellement un arrêt obligatoire au passage à niveau, celui de Roche Maurice, ce qui, cependant, nous permet de parler aux élèves des grands travaux qui vont transformer la cité nantaise.

Rapidement nous gagnons Pornic. A l'arrivée, la mer est basse, les « petits bateaux » sont à sec dans le port et ils ont des jambes pour ne pas tomber (...)Les enfants qui n'ont jamais vu la mer s'étonnent et les autres se réjouissent..

Allusion à chanson que nous avons tous chantée

"Maman les p'tits bateaux ont-ils des jambes..."

A la sortie du port, apparaît coiffé de toits pointus, vêtu de lierre, l'ancien château de Gilles de Retz et nous évoquons la légende de Barbe-Bleue.

Par la corniche, nous gagnons la plage de Noëveillard ; à l'horizon, vers l'ouest, nous devinons l'île de Noirmoutier.

La brise marine aiguise les appétits. Il est temps de gagner Tharon où nous attend le déjeuner. Pour les enfants : tour de plage ; pour les hommes : apéritif et tous font honneur au menu.

L'après-midi, sur le sable, garçons et filles s'ébattent devant la vague et nous gagnons Saint Michel par la côte. Les enfants jouent et rient et bientôt ils vont encore manger...

Puis c'est le retour, joyeux encore. Bien que tous soient fatigués, les enfants saluent au passage, de leurs chants et de leurs cris, les pylônes de Basse Lande. Mais à l’arrivée à Châteaubriant, ils n'ont l'air de penser qu'au repos bien gagné.

Cependant nous sommes sûrs que tous recommenceraient un tel voyage » (G Chanteux)


Quel bonheur d'aller à la Garderie !


« L'Association amicale des anciens élèves et amis des Écoles Publiques organise des garderies scolaires de vacances qui commenceront le lundi 18 juillet et se poursuivront jusqu'au 17 septembre. Les enfants qui fréquenteront ces garderies seront surveillés et auront à leur disposition des jeux. Une assurance couvre les accidents qui pourraient survenir sur le terrain des garderies.

      Le Comité d'organisation engage vivement les parents à profiter des garderies de vacances en y envoyant leurs enfants. Les garçons se rassembleront à l'école des Terrasses et à l'école de la Rue de Rennes. (à Béré) Les fillettes et les petits de l’École maternelle à l’École Aristide Briand. Les garderies fonctionneront tous les jours de la semaine à l'exception du samedi et du dimanche, de 13 h à 17 h 30. Les enfants doivent apporter leur goûter ; une boisson rafraîchissante leur sera distribuée (Journal de Châteaubriant – 16 juillet 1938)

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AUTOUR DE NOUS

       

      Nous n'étions pas les seuls à organiser des vacances pour les enfants. 

  •       Les enfants du Patro comme les enfants des Ecoles Publiques égayaient de leurs chants les rues de Châteaubriant quand les vacances étaient venues. Depuis 1934 les garderies organisées par notre A A E E P fonctionnaient chaque année. on a vu ce qu'en disait G. Chanteux, quel était l’effort que cela représentait pour les Amicalistes

       Du côté du patronage... 

       Des débuts qui remontaient à deux ans. On a cherché à concurrencer les garderies de l'Amicale Laïque

      La colonie de vacances du Cercle

       "Le bataillon joyeux de la colonie de vacances organisé par le Cercle catholique traverse la ville en chantant à chacune de ses sorties et de ses rentréees. Les jeunes gosiers clament à l'unisson des chansons de route qui leur font cadencer le pas et trouver le chemin moins long. C'est un bon exercice qui leur développe les poumons. Admirons leur entrain, leur tenue. Ils sont formés en une colonne imposante que renouvelle l'assiduité de 80 unités sur 122 inscrits. Un de leurs surveillants sert de guise, les autres sont en serre-file. La troupe marche gaiement

A l'étape, il y a division et dispersion. On se divise et on se subdivise pour les jeux, en camps averses qui vont se piquer d'émulation. Le scoutisme fournit les thèmes de ces divertissements où le corps travaille  et où l'esprit s'occupe, dans une agréable récréation

M.M les abbés Roul et Thomas et M. Georges Chauvière s'ingénient à varier les exercices du matin au soir. [...]

Le matin c'est la cour du Cercle qui s'emplit de cris bruyants car on y court, on y saute, on y joue à plein cœur. Deux petits quarts d'heure seulement d'attention et de silence sont requis par les éducateurs pour faire leur leçon religieuse. Elle est acceptée, comme un calme reposant salutaire. N'apprend-on pas aussi des chansons dans ces heures matinales ?

Pour l'après-midi, les bons petits gars (n'y aurait-il pas de petites filles ?) viennent avec des sacs et des musettes que les mamans ont garnis du goûter auquel on ne touchera que sur l'ordre des surveillants. C'est à belles dents qu'on y mordra car l'appétit s'est aiguisé à l'ombre des bois de Tugny où l'on va beaucoup cette année, avec la faveur appréciée de l'aimable propriétaire [...]

Au retour chaque soir, les muscles aguerris et du grand air plein les poumons, on rentre en chantant sans arrêt, comme d'heureux oiseaux qui vont retrouver leur nid.

Et l'on ne se quitte pas d'une façon banale. Dans la grande salle du Cercle, voici le carré formé. Les accords d'un dernier choeur résonnent sous le haut plafond de bois. Puis on se signe. C'est la prière en commun récitée dans le recueillement. Et enfin, voilà les derniers cris, dans le ton des "Hip ! Hip ! Hurrah !" Salut final de l'au revoir avant le rompez les rangs. 

Demain, on sera plus nombreux, car il y aura d'autres petits camarades qui sauront que l'on s'amuse bien à la colonie du cercle"

Courrier du 12 août 1938 page 2 colonne 5

  •       Les Syndicats "se prenaient en main" : Réunions, organisation de fêtes, de voyages... Ainsi les ouvriers et ouvrières métallurgistes de Nantes invitait-il tous les travailleurs à une grande fête populaire à l'occasion de l'inauguration de sa colonie de vacances dans la propriété de la Genestrie au Gâvre, une fête qui divertirait petits et grands (Journal de Châteaubriant - 16 juillet 1938)
  • Heureux les enfants qui pouvaient profiter des activités organisées à leur intention que ce soit par l'Amicale ou par le Patro ! A défaut de profiter de garderies, de vacances joyeuses, d'autres occupations pouvaient être envisagées. Ce n'est pas notre Amicale qui offrait de placer certains enfants mais la Mairie qui par son office de placement proposait de mettre à disposition de cultivateurs, des enfants (garçons et fillettes) de 11 à 14 ans, pour le gardiennage des bestiaux pendant les vacances. Des vacances qui ne seraient pas de tout repos

Auberges de jeunesse 

      Tout le monde a entendu parler des Auberges de Jeunesse, mais bien peu savent comment et pourquoi elles sont nées 

En 1930, Marc Sangnier avait créé la première auberge française dans sa propriété de Bierville et fonde la Ligue Française des Auberges de Jeunesse.    

En 1936, Léo Lagrange, sous-secrétaire d’état à la Jeunesse, entend développer le réseau des Auberges de Jeunesse en France, relais indispensable à la politique sociale de l’époque.

En 1938 commence une longue période de développement où apparaissent différents courants ajistes. Léo Lagrange est élu président du C.L.A.J. (Centre Laïque des Auberges de Jeunesse)C'est  en 1938 qu'est créée l'auberge de jeunesse de La Hunaudière

Du côté de la Hunaudière

      

     L'auberge de Jeunesse affiliée au Centre Laïque et ouverte depuis le 1er août, à la Hunaudière. Elle devait avoir à sa tête un Comité dit local dont le rôle était de gérer l'auberge. On procède à l'élection du bureau. dont la Présidente est Mme Savéant, inspectrice primaire, Vice Présidents : Les Docteurs Bernou et R Daguin (de Sion), Trésorier : Ledevin, sécrétaire : F. Deniaud.

Parmi les administrateurs, deux institutrices : Mmes Roussel et Héry. De nombreux membres de l'A L C avaient contribué à la fondation de l'Auberge et le Comité lui avait attribué une subvention de 500 f.

      On comprendra l'intérêt, que nous avions marqué envers cette Auberge de jeunesse à la lecture d'un article paru dans le Journal

      Le Comité départemental des A. J. vient enfin de louer à la Hunaudière une partie d'une vieille maison appelée « le château » par les habitants du pays. C'est là que les Ajistes qui sont tous des amis de la nature, trouveront dans un site merveilleux, le calme et le repos qui leur sont nécessaires après de longues randonnées sur les routes ensoleillées. C'est là que des fenêtres, le regard s'étend sur un lac garni de nénuphars où des arbres gigantesques projettent leur ombre épaisse : véritable paysage romantique devant lequel, malgré soi, on se prend à rêver, où l'esprit et le corps se détendent et s'évadent de la vie moderne agitée et trépidante.

     Cette jeunesse saine et gaie, qui chante et rit sans cesse, mettra une note joyeuse dans ce petit village où déjà une curiosité mêlée de sympathie s'est créée à leur adresse.. Et le soir, lors qu’autour du feu de camp, les chants s'élèveront dans l'air calme et sonore, un lien de cordialité rattachera les jeunes ajistes qui passent aux habitants de la Hunaudière qui demeurent fidèles à leur terre natale.

(Journal de Châteaubriant – 30 juillet 1938 page 3 colonne 2)

      

       Le 31 juillet eut lieu l'inauguration. Beaucoup d'animation et de gaieté dans le coquet hameau de la Hunaudière, se mirant dans le magnifique étang aux eaux calmes.

      On commence par la visite des locaux : cuisine, dortoirs, réfectoire, le tout ou règnent un ordre impeccable et une propreté méticuleuse... Après les souhaits de bienvenue adressés aux personnalités présentes par le Docteur Daguin maire de Sion, ce fut le tour du Docteur André Bernou de rendre un délicat hommage aux dévouements suscités par les Auberges de jeunesse. Un vin d'honneur fut ensuite servi. Il ne restait plus qu'à souhaiter à cette Auberge de la jeunesse de la Hunaudière tout le succès que mérite le dévouement de ses animateurs.

(Journal de Châteaubriant du 6 août 1938 page 3 colonne 1)

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483241939


Sortie Garderies Vacances de l'Amicale Laïque

Nous avons fait une belle promenade

      

   « Nos garderies qui ont connu cette année un début très honorable, se sont terminées la semaine dernière par deux sorties en car pour les élèves les plus assidus

   Lundi, les garçons et mardi les filles se dirigeaient vers la Hunaudière aux accents de joyeuses chansons. Plusieurs autos particulières emmenaient avec eux des membres du Comité de l'Amicale laïque. Vers 10 heures ils arrivaient, réjouis, dans ce magnifique coin où ils allaient courir et s'amuser à loisir. Le vaste mais tranquille étang de la Hunaudière les émerveilla mais ils préférèrent bientôt à cette solitude la joie de courir dans le petit bois de sapins bordant l'étang. C'est dans ce cadre charmant et pittoresque mis en vogue depuis la création de l'Auberge de la Jeunesse que dès onze heures et demie nos enfants commencèrent à manger de bon appétit le déjeuner que la maman avait préparé le matin. Le bon cidre doux de la Hunaudière fut, on s'en doute, très bien accueilli. Puis ce furent de nouvelles galopades sous les ombrages du petit bois, qui furent suivies d'une distribution de gâteaux et d'une promenade en forêt de Donmèche.

   De retour à la Hunaudière, chacun reçut un petit pain et une barre de chocolat. Déjà 6 heures !... Chacun retrouve sa place dans le car pour le retour qui fut aussi joyeux que l'aller et c'est à 7 heures un quart qu'eut lieu la dislocation derrière l'Hôtel de Ville.

   Le bureau de l'Amicale remercie tous les membres qui ont bien voulu accompagner ces promenades et qui ont bien voulu se charger de l'organisation générale de ces sorties. Et pour terminer , nous disons à toutes et à tous, pour des promenades encore plus belles et plus agréables : A l'année prochaine"  (Journal de Châteaubriant – 13 septembre 1938)


   Un communiqué  de l'Amicale apportait des précisions sur le déroulement des garderies et envisageait l'avenir. Elles seraient reconduites l'été 1939.


 Il était temps pour les maîtres, maîtresses et leurs élèves de penser à la rentrée. Les écoles publiques seraient ouvertes à partir du lundi 3 octobre à 8 Heures

Ecole des Terrasses garçons (primaire et Cours complémentaire rue de la Gare et rue de la Victoire)

Ecole Aristide Briand filles (primaire et Cours complémentaire) ouverte depuis Octobre 1934

Ecole de Béré garçons

Ecole de Béré Filles dont Classe enfantines

Ecole maternelle rue de la Victoire 

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FAISIONS - NOUS DU SPORT ?

      Où pouvions-nous pratiquer avant 1938 ? Citons les principales sociétés sportives qui pouvaient accueillir les sportifs et leur permettre de pratiquer en compétitions officielles le ballon rond (Basket, Football), le ballon ovale, l'athlétisme, la gymnastique sportive : Le S. A. C, les Voltigeurs, les Vieilles Tiges et depuis 1937 un nouveau club l'A. C. C

 

Avec l' Amicale Cheminote Castelbriantaise

Faisons du Basket... de l'athlétisme... du foot


La section féminine de l'Amicale Cheminote Castelbriantaise

Dans le blog de mibonnier

     Avant que notre Amicale ait fusionné au niveau sections sportives, le foot, le basket et l'athlétisme avaient été créés par l' A C C futur partenaire et les joueurs portaient des maillots à loco (cf photos) . Le basket était un sport qui n'avait pas la faveur que présentait le foot aussi était-il important d'en présenter l'intérêt, d'en faire la promotion

      Une autre section avait vu le jour la même année.... Elle était plus jeune de quelques mois. Il s'agit de la section athlétisme

« L'Amicale Cheminote a formé une section d'athlétisme, ce sport qui, jusqu'à présent, n'a eu à Châteaubriant qu'un succès restreint devrait être pratiqué par tous les jeunes.

Il n'y a pas meilleure école pour la volonté ; le coureur livré à lui-même ne peut compter que sur son énergie, sa tête et ses jambes. Si le sport d'équipe : foot-ball, basket est l'école de la solidarité, l'athlétisme est celle du «  vouloir »

Il n'est pas besoin d'être brillant spécialiste pour être un athlète, l'équilibre corporel exige la pratique de tous les sports athlétiques : vitesse, ½ fond, sauts, lancers etc... de l'effort athlétique et le bien corporel qu'il fait à tous ceux qui le pratiquent.

Nous essayerons de former des jeunes, sachant aussi bien courir un 100 ou 300 mètres, qu'effectuer un saut en longueur ou en hauteur. Notre but n'est pas de faire une sélection sur le petit nombre mais de faire connaître à tous la beauté de l'effort athlétique et le bien corporel qu'il fait à tous ceux qui le pratiquent. Nous envisageons donc la préparation du plus grand nombre aux épreuves du Brevet Sportif Populaire. En fin de saison, un challenge pourra sans doute être mis au point entre sociétés locales et voisines

Jeunes gens et jeunes filles de l'Amicale sont cordialement invités lors de la réunion préparatoire du 2 juin à 20 h 30, café Gérard (R. LAHUPPE Conseiller technique de l'Amicale)

      Le nouveau stade de la gare inauguré quelques jours auparavant était bien adapté à la pratique de l'athlétisme et piste, sautoirs, aires de lancer et salle d'agrès n'attendaient plus que les pratiquants.

      C'est la préparation du B S P qui sera le premier objectif de la section athlétisme. Un objectif en relation avec les recommandations ministérielles de Léo Lagrange (Ministère Blum) dont on retrouve le grandes idées dans l'article de R. Lahuppe « En créant le Brevet Sport Populaire, c’est à un effort national de rénovation physique que nous entendons convier tous ceux qui ont la charge de la jeunesse française et le souci de l’avenir de notre pays ». On se donne pour « but simple et humain […] de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé et de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur »

Le B S P fut créé sous le Front Populaire (1936-1940) par Léo Lagrange (secrétaire d’état aux loisirs et aux sports indépendant de l’éducation nationale) et Henri Seillier (Ministre de la santé publique de l’éducation physique, des loisirs et des sports) par décret du 10 mars 1937. Le rapport Lagrange-Sellier avait dresse un état des lieux où apparaissait l’urgente nécessité d’une reprise en main générale de l’état physique de la nation (le fléau principal est alors la tuberculose). « Lagrange veut mettre à la portée de tous, quelque soit l’âge, le sexe et la classe sociale, les pratiques sportives et de plein air, qui lui semblent comporter de multiples vertus et permettre de conquérir et d’entretenir santé et vigueur ».

Le Brevet sportif populaire est mis en application en mai 1937 - la 1ère cession du BSP a lieu le 22 mai 1937 et 100 000 brevets sont déjà attribués dès octobre de la même année. 

En 1938, LAGRANGE impose le BSP au certificat d'études. Cela conforte l'intégration de l'Education Physique à l'école.

« Des diplômes que l'on affichait... que l'on encadrait attestant d'une pratique sportive, d'épreuves athlétiques que l'on avait passées. Qui se souvient d'avoir passé son certificat d'études se souviendra des épreuves du Brevet sportif jusque dans les années 70. Le stade de Vitré ou le stade de la gare accueillaient les candidats et candidates. Premières réussites en cette année 38 au sein de la section de l'A C C. Les lauréats furent cités dans la presse 

« Les jeunes gens ci-après désignés ont subi avec succès les épreuves du B S P. Il comportait 3 échelons en fonction de l'âge des candidats. Ce jour là, Guével, Lejeune, Berthier, Jolaine (1er de 12 à 14 ans) ) Gohier, Graslan, Rouesné, Mousson, Rohard, Leblais, Boudet (2ème de 15 à 17 ans ) Colin, Perrigaud, Rolland (3ème de 18 à 34 ans ) avait couru un 100 m et un 1000 m, sauté en hauteur avec élan, lancé le poids, grimpé à la corde uniquement avec les bras. Autant d'athlètes qui pratiqueront aussi un autre sport et que l'on retrouvera dans les équipes de foot et de Basket de l'A C C 

 

Au temps des Locos

      C’était au temps où les maillots de l'A C C étaient ornés d’un logo représentant une locomotive. Avantage dont bénéficiaient les cheminots : le billet gratuit en train. On partait de la gare... On prenait le train...: Basketteuses, Athlètes, Footeux et… supporters. Une joyeuse ambiance.


 

Le stade de la Gare

      L’essor extraordinaire qu’avait connu l’Amicale Cheminote Castelbriantaise qui avait mis sur pied lors de la saison 37-38 deux équipes de football, deux équipes féminines et deux équipes masculines de basket, une section d’athlétisme, une section de gymnastique et une équipe de tennis nécessitait des installations adéquates et adaptées aux disciplines pratiquées. 

L’A C C construit son propre stade, près de la gare, en bordure de la voie ferrée Ce stade est fondé grâce à la bonne volonté des 350 cheminots en activité unis aux 300 retraités que comptait la ville. L’inauguration du «parc des sports » eut lieu le 8 mai 1938. Sur ce stade, l’A C C organisera juste avant la guerre de nombreux matchs et concours (athlétisme, basket, tennis, boules, palets). C’était une structure remarquable.Le nouveau stade de la gare était bien adapté à la pratique de l'athlétisme et piste, sautoirs, aires de lancer et salle d'agrès n'attendaient plus que les pratiquants.

Les débuts de la guerre brisent cette dynamique mais intensifient la fraternisation avec l'A A A E A E P ou  Amicale Laïque qui débouchent sur la réunion des sections sportives des deux associations et la création de l’A L C C en juin 41.

      Ce petit stade, dit « stade rue de la gare » fera le bonheur des sportifs de l’ALCC mais aussi bénéficiera à l’Ecole des terrasses en favorisant, de par sa proximité, la pratique sportive et « la gymnastique » des élèves et de leurs maîtres. Par manque d’entretien, il tombera en désuétude avant que la S NCF ne récupère l’emplacement qui était du domaine privé.

Marcel Jeanneau, Jacques Magne, Jean Claude Orrière responsables du sport aux Terrasses ont longtemps utilisé ses installations. Que de parties de foot ! N’avons-nous pas faites sur ce terrain avec notre maître, Fineck, vous diront bien des anciens élèves du Fin d’études des Terrasses. Quant à l’entraînement pour les cross USEP, la piste était toujours là même si son état laissait à désirer !

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      Dès 1937, les milieux Laïques avaient soutenu l’Amicale Cheminote car elle concurrençait le patronage catholique qui, jusqu’à présent était seul à offrir la pratique du football.  Jusqu’en 1928, date de la dissolution de sa section football, on avait pu pratiquer ce sport au S.A.C, une section très ancienne datant d'avant la guerre de 14

A compter de 1937, les instituteurs Marcel Viaud (3)Auguste Héry et André Martin furent d’ardents supporters des Cheminots. Dès 1940, ce club avait beaucoup souffertdes événements mais comprenait encore dans ses rangs des éléments de valeur, par exemple Joseph Autret (instituteur à Louisfert) Jean Bothorel (rédacteur à la Sous Préfecture) et des cheminots tels que Adrien Maudet, Jean Colas… etc.

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(3) Marcel Viaud,ancien instituteur public aux Terrasses, déplacé par les autorités de Vichy à la Ville au Chef, arrêté en septembre 1942 et fusillé au Bêle le 13 février 1943. Il a donné son nom à l’ancienne école primaire dite de « la Vannerie » et actuelle école maternelle Marcel Viaud. Par ailleurs la longue rue de la Victoire fut scindée en trois parties et donna naissance à deux nouvelles rues : rue Marcel Viaud et rue Max Veper, tous deux victimes des nazis

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      La plupart des joueurs de l’Amicale Cheminote étaient des membres actifs de l’Amicale Laïque. Il était évident que l’équipe montée par M. Geffriaud ne pouvait que fraterniser avec eux et certains observateurs parlaient déjà d’une fusion. L’idée était dans l’air et allait faire son chemin.

 

AU TRAVAIL à compter de 1938

  • Réunion de bureau de l'Amicale Laïque du lundi 10 octobre

https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483242169

(Journal de Châteaubriant – 22 octobre 1938)

C'est un communiqué de M. Geffriaud, le président, qui nous en informe « Le Président a donné le compte-rendu des garderies scolaires laïques de vacances organisées pour la première fois à Châteaubriant. Le Bureau s'est ensuite préoccupé de la question du cinéma scolaire, de la prochaine fête gratuite réservée aux adhérents et prévue pour cet hiver, et enfin de l'Assemblée Générale au cours de laquelle aura lieu le renouvellement des deux tiers du Comité Directeur.

Réuni le lendemain mardi 12 octobre et mis au courant des travaux du bureau, le Comité Directeur se ralliait aux solutions proposées par le bureau. Il a d’autre part, à l'unanimité , décidé d'offrir la Présidence d'Honneur de l'Amicale à M. Raymond Arnaud, Sous-Préfet de Châteaubriant » 

  • Assemblée Générale du 3 décembre 1938

    Pas de Compte Rendu dans la presse relatif à l'A G. Au cours de celle-ci, on avait procédé au renouvellement des deux tiers du Comité Directeur.


Voilà les membres du nouveau Comité Directeur :

M M. Aubourg Albert, Beaussier André, Berthier Georges, Bombray Louis, Chaye Pierre, Combet Lucien, Davaudet Léon, Dumazeau Georges (père), Faure Lucien, Genêt Jean, Hérault Robert, Lahuppe Raymond, Larose François, Lebastard André (père), Martin Étienne, Martin Victor, Ménard Constant, Pascal Léandre, Piveteau Robert, Ricous Robert,Vanloo Robert


Restait à élire le nouveau bureau. C'est ce que fit le C D le mardi suivant.

Furent élus à l'unanimité :

Président : M. Geffriaud

Vice-Présidents : M M Martin Etienne, Genêt Jean

Sécrétaire : M. Vanloo

Sécrétaires adjoints : M M. Piveteau Robert, Nivert Raoul

Trésorier : M. Audrain

Trésorier-adjoint : M. Piveteau André

Annonce importante relative aux cartes de 1939 : Elles sont dès maintenant à la disposition des adhérents qui peuvent les retirer dans toutes les Écoles Publiques et auprès des membres du Bureau, moyennant la cotisation habituelle de 5 francs

  • l'arbre de Noël des Écoles Publiques

    ll connut grand succès, fin décembre 38. C'était et ce sera désormais le dernier grand rendez-vous marquant la fin de l'année.

    Comme l'année précédente, L'Amicale y participe activement et verse 1 800 f pour l'achat de jouets et friandises, somme qui ajoutée aux sommes réunies par listes de souscriptions couvrait les frais.

     En 1939

  • En Janvier 1939, l'Amicale s'affilie à la Fédération départementale des Oeuvres Laïques (F O L). M. Geffriaud est le délégué castelbriantais à Nantes

  • En Février, de nombreux amicalistes participent aux actions du Comité d'accueil des réfugiés républicains espagnols 

         Article spécifique dans le Blog de mibonnier 

 
  • Le Compte rendu d'activités du Président Geffriaud lors de l'A G de décembre 38 avait tracé les grandes lignes de l'action de l'année écoulée. Il restait à poursuivre en améliorant certaines choses en particulier dans le domaine des garderies scolaires. Réunion de CD et de bureau se succéderaient.
  • Premier concert : Celui des Normaliens de Savenay sous le patronage de l' A A E A E P de Châteaubriant organisé le 5 février, en matinée, à l'Hôtel de Ville, un concert auquel le Comité invitait de la façon la plus pressante tous les adhérents de l'Amicale à assister. La qualité du programme, la valeur des interprètes laissent présager un après midi des plus agréables

  • Second concert : la soirée récréative gratuite définitivement mise sur pied aurait lieu le 18 février. On annonçait qu'on s'était assuré le concours d'un excellent groupement artistique nantais. En outre,  Illusion et prestidigitation seraient au programme.au cours d'un numéro sensationnel du professeur Sacha. Gros succès : toutes les places avaient été prises d'assaut et les auteurs amicalistes chaudement applaudis lors des chants, saynètes et pièce comique (Raoul Nivert)

     Utiliser les archives existantes, se référer aux articles rédigés par des amicalistes (pourquoi ré-écrirai-je ce qui a déjà été écrit et si bien écrit)... Autant de trésors que je vais faire revivre ! Parmi ces sources, la suite d'articles parus dans le bulletin intérieur rédigés par Raoul Nivert, retraçant l'histoire de L'Amicale sous le titre « IL Y A 25 ANS » Le temps s'est écoulé et les articles de Raoul devraient, s'intituler « IL Y A 80 ANS »

 
  • Le 29 mars, réunion importante du Comité Directeur à laquelle assiste M. Le Sous-Préfet de Châteaubriant et M. le Docteur Bernou, conseiller Général. M. Bréant, député-maire et Madame, retenus à Paris, se sont excusés mais M. Bréant accepte la présidence d'honneur de l'A. L. C.

    « Avant l'ouverture des débats, M. le Sous-Préfet dit sa satisfaction d'être des nôtres à titre de Président d'Honneur. Il s'honore d'avoir fait toutes ses études primaires sur les bancs de « la Laïque » et assure tous les membres du Comité qu'ils trouveront toujours en lui un ardent défenseur de l'école et de ses œuvres (Extrait du P. V. de la réunion)

  • En Mai, l'A.L.C. offre aux élèves un voyage éducatif aux fours à chaux d'Erbray, par « train spécial », pour le prix de 1, 50 f par élève. Le « petit train » n'eut jamais autant de clients que ce jour là. Il avait emmené 245 garçons des Écoles publiques.

     

    Mais écoutons ce que nous en disent trois élèves de 11 ans - dont Jean Naudin futur instituteur aux Terrasses - qui participèrent au voyage et dont la rédaction est remarquable

    « Nous devons partir cette après-midi en promenade dans le petit train d'utilité locale. Il se met à pleuvoir, les fronts s'assombrissent, mais tout s'arrange et nous voilà tous assemblés, bien en rang, devant les 6 wagons dans lesquels nous montâmes joyeusement. Quelques minutes plus tard le train s'ébranla.

    Nous fîmes un excellent voyage entre deux haies d'aubépine fleurie. Il n'allait pas vite notre petit train, il faisait avec peine ses 30 km à l'heure ! Nous étions secoués dans notre wagon à plate forme.

    Enfin nous arrivâmes et nous descendîmes dans un petit chemin creux qui nous conduisait aux fours à chaux où le directeur de l'exploitation nous accueillit.

    Nous étions tellement nombreux qu'il fallut nous séparer en 2 groupes, l'un allant visiter les fours à chaux,et l'autre la carrière. Nous, nous allâmes d'abord visiter les fours à chaux.

    Nous montâmes lentement la pente raide, heurtant nos souliers contre les rails des wagonnets. Arrivés au sommet, nous nous mîmes en rond autour d'un four allumé. Parfois un léger coup de vent poussait l'air très chaud contre nous ; le directeur nous expliqua comment fonctionne un four. La température doit être de 1000 degrés environ pendant trois jours pour transformer la pierre en chaux vive. Des ouvriers chargèrent des wagonnets tirés par un gros câble sur un plan incliné. Pendant que l'un montait, l'autre descendait. Ils déchargèrent les pierres dans un gueulard. Du haut des fours, nous apercevions ne carrière abandonnée remplie d'eau qui semblait toute bleue. Après les fours nous visitâmes le concasseur, la bluterie et la base des fours où sort la chaux vive et chacun en emporta un morceau comme souvenir

    Puis nous allâmes à la carrière. Elle était profonde. Du bord, les ouvriers semblaient tout petits. Quand la visite de la carrière fut achevée, nous remontâmes pour assister à l'explosion des coups de mines. Treize coups séparés retentirent d'abord, destinés à fendre des blocs de pierre trop gros pour être cassés à la masse. Puis on fit sauter tout un pan de carrière. Toute une partie de la carrière s'effondra avec un bruit sourd et une épaisse poussière s'éleva. Ce qui tout à l'heure était une grande falaise n'est plus qu'un monceau de roches pulvérisées.

    Enfin nous regagnâmes notre petit train qui nous attendait bien sagement. Le retour se fit au milieu des cris aussi joyeusement qu'à l'aller. Quand nous descendîmes à Châteaubriant, nous étions heureux de cette belle journée et nos poches étaient pleines de souvenirs de toutes sortes »

          Restait à l’Amicale à se joindre à ses élèves pour remercier tous ceux qui avaient permis cette sortie éducative. « L'Amicale est heureuse du succès remporté par cette sortie ; succès dû surtout au dévouement et à la grande amabilité de M. Bébin, chef d'exploitation du petit train, qui aplanit toutes les difficulté de transport et tint à diriger lui-même la caravane, et surtout à M. Lebossé, directeur des fours à chaux, qui retarda l'extinction du four de deux jours afin que les écoliers puissent le voir en activité, qui fit partir exprès de nombreux coups de mine et qui surtout paya de sa personne tout l'après-midi en expliquant à 3 reprises le fonctionnement à son jeune mais turbulent auditoire. L'Amicale le remercie tout particulièrement, ainsi que M. Peltier, contremaître, qui pilota constamment les élèves dans la carrière.

    Nul doute que les écoliers ne gardent un profitable et plaisant souvenir de cette promenade et ainsi l'Amicale aura atteint le but qu'elle s'était proposé » (Journal de Châteaubriant – 27 mai 1939)

 

Le petit train parti de la gare passe rue de Sévigné... En direction d'Erbray
Chantait-on
"Le p'tit train s'en va dans la montagne
Le p'tit train s'en va de bon matin..."

  • Le 2 juillet, c'est la kermesse annuelle sous les ombrages du jardin public des Terrasses.

    Que nous en dit Gabriel Chanteux en 1939

    Le lendemain, l'immense défilé parti de la Mairie parcourut les principales artères de la ville entre deux haies serrées de spectateurs. Près d'un millier d'enfants costumés se partageaient les groupes entre lesquels s'intercalaient un immense sabot fleuri contenant de mignonnes fillettes ; un antique tonneau transportant le Jazz de l’École Normale ; des bicyclettes fleuries, un magnifique moulin... Les deux vaches « Grassouillette » et Ki-Mora » gros lots de la tombola animale, suivies de bêtes de moindre importance défilaient aussi... Pour clore le cortège, une accorte nourrice escortée d'un militaire roulaient péniblement un beau bébé de 100 kg flanqué d'un biberon assorti à sa taille. Ce groupe obtint un vif succès

     

    Que nous en dit Raoul Nivert, 25 ans plus tard

    « La kermesse 1939 connut comme ses devancières, un triomphal succès tant l'après-midi où tous les records furent battus, que le soir où l'illumination du parc due surtout à l'activité de M. Beaussier fut une pure merveille et où le spectacle fut de la plus haute qualité. Assuré par M. Debry et Mme Sarazy, maîtres de ballet du Théâtre Graslin de Nantes et par M. Nys premier comique de ce même théâtre, il comprit de nombreux numéros qui furent très applaudis : Danses classiques et acrobatiques, ballets de force et souplesse, chansons comiques et sketches mais... le numéro qui déchaîna l'enthousiasme le plus délirant fut purement castelbriantais.

    En quoi consistait ce numéro fort original ? Les affiches de la kermesse avaient annoncé en effet un ballet inédit exécuté par les « VENTRUE' S SISTERS » et tout le monde attendait un numéro de danse à l'échelle des autres

    Quelle ne fut pas la stupéfaction des spectateurs en voyant apparaître, munis du « tutu classique » et agréablement grimés, deux imposants castelbriantais qui se mirent à danser sur l'air de « Au joyeux Tyrol ».

    Et en cadence s'il vous plaît, malgré les soubresauts de leur bedaine indocile. Et avec la même application qu'ils avaient mise depuis un mois à répéter en grand secret , à l'école de la Vannerie, sous la direction de M. Bonamy instituteur à Saint Aubin (Raoul Nivert instituteur à la même école devait être aux premières loges) Le secret avait été bien gardé... le succès fut prodigieux, mais après leur numéro, malgré les bis, il fut impossible de faire revenir sur scène nos deux héros, tant le souffle leur manquait. Ces deux lurons se nommaient Jean Genêt et Georges Berthier »

    La fête s'était terminée par un grand Bal sur plancher avec l'excellent Jazz Band de l'Ecole Normale de Savenay et un pick-up de la maison Bignon.

  • « Tout avait commencé le samedi soir, par une brillante retraite aux flambeaux qui avait réuni la foule derrière l'Harmonie municipale et le pick-up de la maison Bignon.

Et puis ce fut septembre 39, la guerre

et la mise en sommeil forcé des activités traditionnelles de l'Amicale. La rentrée scolaire fut lamentable nous dit Raoul Nivert alors instituteur à l'école de la Vannerie

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A suivre dans ce blog

75 (III) - L'HISTOIRE de L'AMICALE LAÏQUE CASTELBRIANTAISE (1939 - 1945)

 

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M. BONNIER (Mars 2017 retouché Novembre 2019)

 

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