Le dimanche 24 janvier, à 11 heures, des membres du Comité Directeur de l'Amicale se sont retrouvé devant la stèle des Terrasses. Comme chaque année, le président de notre association a déposé une gerbe en souvenir des arrestations du 21 janvier 1944.
Les 21, 22, 23... 26 janvier et le 21 février 1944... 22 membres de l'A L C sont arrêtés par la Gestapo et déportés vers les camps de concentration (2 seulement reviendront)
Source : Bulletin intérieur de L'A L C de janvier 1969 . Article de Raoul Nivert
Écoutons-le :
"1944 ! Sombre année pour l'A L C ! Tragique et exaltante année qui vit la déportation de 29 de ses membres et la libération de notre région, le 4 août, après le débarquement en Normandie. Parmi les milliers et les milliers de Français tombés victimes de leur attachement à la liberté, il n'était pas de société, pas de groupement qui ne comptât un certain nombre des siens. Mais notre A L C eut le triste privilège d'avoir été comparativement à son effectif, un des groupements les plus cruellement touchés. Le plus grand nombre des Castelbriantais arrêtés par la Gestapo, en faisaient partie et se classaient parmi les dirigeants les plus actifs.
Les arrestations commencèrent les 21 et 22 janvier 44 précédant et suivant une réunion du Comité Directeur qui se tint à l'école des Terrasses dans la soirée du 21 et à laquelle participèrent 14 membres. On peut deviner quelles angoisses étaient les leurs.
Puis le 23, le 26, le 26 février, nouvelles arrestations. Jours cruels s'il en fut. Et combien plus cruels si nous avions connu, à ce moment-là les effroyables hécatombes des camps de déportation de la barbarie nazie.
Donc à partir du 22 janvier, l'A L C est cruellement désorganisée et toutes ses activités s'arrêtent. La réunion du Comité Directeur qui suivra celle du 21 janvier 44 se situe le 16 mars 45. Plus d'un an de désordres, de pleurs, d'espérances déçues ! Chaque semaine nous amenait l'annonce de décès d'un camarade dans des conditions atroces.
Deux seulement de ces déportés allaient revenir et dans quel état ! Quel lourd tribut payé à la Résistance ! Quelle leçon pour les veules, les esclaves de cette époque (et de nos jours... !) Alors que tout semblait perdu, que l'idée de défaite pénétrait dans les esprits faibles, alors que beaucoup disaient déjà oui à l'esclavage, ils ont eu le mérite de relever la tête et de répondre non. Non aux nazis qui voulaient imposer leur tyrannie, non aux traîtres à qui forfaiture profitait !
Que leur souvenir, que l'exemple qu'ils ont donné reste impérissable ! Ils l'ont bien mérité. Je rappelle les noms de nos martyrs amicalistes ports en déportation et de ceux qui ont payé de leur vie, leur action militante et résistante dans la région castelbriantaise, tués au combat ou fusillés par les Allemands. Un bilan terrible.
Et j'en oublie peut-être, particulièrement ceux qui se classent dans les anciens élèves de l'école des Terrasses restés en contact avec l'A L C.
BEAUSSIER André 46 ans MALIN André 32 ans
BLAIS Marcel 50 ans MORANTIN Auguste 35 ans
DUMAZEAU Georges 51 ans MORVAN Pierre 28 ans
DEMILT André 22 ans PLASSAIS Robert 33 ans
FICHOUX Jean 60 ans SINENBERG Marcel 54 ans
GLAIN Robert 23 ans SINENBERG Marcelle 57 ans
GOTH Jean 24 ans SINENBERG René 44 ans
LAGUILLEZ François 48 ans SINENBERG Jean 24 ans
LEMARRE Léon 56 ans BIGNON Alfred 48 ans
LERAY Pierre 40 ans GUY Pierre 23 ans
DENIEUL Louis GATINEAU Robert LEON Henri
ERMOUIN Francis GUITTON andré VEPER Max
FOURRIER Maurice GUINEL François VIAUD Marcel...
Reste leur souvenir dans le cœur de leur famille, de leurs amis, des amicalistes qui les ont connus, côtoyé au cours des activités de note Amicale... Restent des plaques de rues... le nom d'une école. . Une plaque commémorative au coin de l'école des Terrasses. Cette dernière fut posée le 15 juin 1947 au cours d'une émouvante cérémonie "
Extrait de l'Amicale Laïque Châteaubriant a 70 ans - 1938-2008 de Michel Bonnier