L'Histoire de l'Amicale Laïque de Châteaubriant de 1939 à 1945

 

Blog de Michel Bonnier

 


 


HISTOIRE de  l' AMICALE LAÏQUE CHATEAUBRIANT
(III)
(1939 - 1945)
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    "Puis viennent les années de guerre ; en 1940 - 41, il est interdit d'enregistrer des adhésions ; le Comité Directeur ne se réunit plus ou très peu. Les préoccupations principales consistent surtout en aide aux adhérents mobilisés et aux innombrables prisonniers de passage ou qui séjournent à Châteaubriant. Se poseront les problèmes des distractions. Quelques concerts sont organisés mais c'est essentiellement dans le domaine sportif que l'on propose des activités... L'A L C a fusionné avec avec l'A C C (Amicale Cheminote Castelbriantaise) qui existait depuis 1937. ...
Puis vient l'année 1944, dramatique, douloureuse avec exécution ou déportation de 29 de ses membres actifs. La dernière réunion eut lieu le 21 janvier 1944 (jour d'arrestations massives à Châteaubriant.
Il faudra attendre le 16 mars 1945 pour que tout reparte...
(Extraits de l'allocution de Solange Leroy - Présidente de l'A L C - 1988 - Les 70 ans de l'Amicale Laïque)
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    Autour de Nous

     Et puis ce fut septembre 39, la mobilisation générale, la guerre et la mise en sommeil forcé des activités traditionnelles de l'Amicale. "La rentrée scolaire fut lamentable" nous dit Raoul Nivert alors instituteur à l'école de la Vannerie


Le premier jour de la mobilisation générale est le Samedi 2 septembre 1939 à zéro heure. Sont visés par le présent ordre tous les hommes non présents sous les drapeaux et appartenant aux armées de terre , de mer, de l'air
 L'afflux de réfugiés parisiens repliés sur notre région 
 
       Il s'agit de l'évacuation de populations qui eut lieu en septembre 39, exode moins connu que celui de Mai-Juin 1940 après l'invasion allemande
La déclaration de guerre (3 septembre 1939) va être suivie d’un déplacement de populations. Sont évacués les habitants des régions de l’est de la France : ceux dont, par mesure de sauvegarde, l’éloignement a été conseillé ou la dispersion permanente ordonnée, enfin les habitants des régions qui se trouveraient soumises au feu de l’ennemi dans des conditions justifiant des départs rapides et spontanés. Trois types d’évacués étaient envisagés Les Parisiens accueillis en septembre 39 faisaient partie de la troisième catégorie : celle des évacués d’office.
La première semaine de septembre 39 voit l’arrivée de personnes originaires du 18ème arrondissement de Paris. Il leur a fallu quitter leur domicile, leur quartier sur instructions et injonctions gouvernementales, aussitôt la déclaration de guerre effective. Bien avant 1938, le gouvernement s’était inquiété de l’évacuation des populations des régions frontalières et de celles de la région parisienne, en apparence les plus menacées, en cas de guerre franco-allemande. L'on décida donc d'affecter à chaque lieu menacé, région frontière ou grande ville, un département de repli. La population serait répartie par voie administrative, entre les diverses localités, où l'on devait préalablement avoir recensé les locaux disponibles. Pour la région parisienne, la vague principale partit au début du mois de septembre. Des trains groupant les gens par quartiers se dirigèrent vers la Bretagne. Dans plusieurs départements, à l'arrivée du train, des cars ou des trains d'intérêt local
La liste des convois arrivés à Châteaubriant avec le nombre de réfugiés qu’ils transportaient est impressionnante. En moyenne 4 convois par jour déverseront dans l’arrondissement les 3, 4, 5, 6, 7 septembre plus de 10 000 personnes. Le flot tarit les 8, 9, 10 septembre où l’on ne comptabilise plus qu’une petite centaine d’évacués.
Ces évacuations exigèrent un grand effort des autorités, de l'administration, des municipalités, des groupements divers et de nombreux bénévoles en faveur des Réfugiés, des évacués, et de leurs familles éprouvées par la guerre. Parmi les principales associations de toutes tendances, on trouva le Comité des Dames (Cercle catholique) le Comité de la Croix rouge spécialement créé pour l'occasion, le bureau de bienfaisance, le Comité d'entraide aux évacués et aux mobilisés, l’œuvre du Poilu de l’école Aristide Briand, l’œuvre de secours immédiat et de protection de l'enfance de création toute récente (juillet 1939) et de nombreux amicalistes intervenants.
Modalités d'accueil... Listes de souscriptions... Réception de dons en nature... Ouverture d'ouvroirs... Tout fut mis en œuvre.
 
Ils arrivent 
(extrait du Courrier de Châteaubriant – 8 septembre 1939)
La menace des bombardements aériens a fait prendre par le Gouvernement la sage mesure qu'est « le repliement » ou évacuation des populations civiles du Nord, de l'Est et de Paris. Précaution qu'on ne saurait trop louer, car hélas, la guerre actuelle se fera aussi bien dans les airs que sur terre.L'exemple de la Pologne où Varsovie et de nombreuses villes ont déjà été maintes fois survolées et bombardées par les appareils ennemis est là pour répondre à un optimisme trop aveugle.
La Loire Inférieure a donc commencé à recevoir les premiers contingents d'évacués. Et Châteaubriant, centre ferroviaire important, a déjà vu passer ou arriver de nombreux convois. Dimanche, dans l'après-midi, un grand nombre de nos concitoyens garnissait les quais de la gare On s'empresse, on aide les femmes, les vieillards, les enfants à descendre ; on sort les bagages... L'animation est grande. On attendait le premier train. Vers 15 h 30, le convoi est annoncé et fait son entrée en gare. Aux portières passent des visages anxieux. On s'empresse, on aide les femmes, les vieillards, les enfants à descendre ; on sort les bagages... Un instant de répit que l'on met à profit pour poser quelques questions et il faut traverser deux voies pour embarquer les arrivants dans un second train... Maintenant des équipes de volontaires longent le convoi et s'affairent pour ravitailler les estomacs vides. Le Comité d'Accueil a bien fait les choses. Il y a de tout : vin, pain, fromage, fruits et en abondance. Un haut parleur discipline les efforts et transmet les indications voulues. Un ordre : on ferme les portières et le train s'ébranle emportant des malheureux réconfortés , nous expriment en s'éloignant leur reconnaissance. Le premier train est passé. Il sera suivi, hélas ! De bien d'autres.
Nous l'avons dit : les Castelbriantais ont montré de quoi ils sont capables. Bien sûr, pour la première fois, il y eut un peu de désordre, un peu de flottement, des lacunes mais l'amabilité, l'empressement de chacun à rendre service facilita les choses.Il y a eu et il y aura encore toutes les nuits et tous les jours, un grand déploiement de bonnes volontés qui font honneur à notre cité »
 
Vint l'heure de la rentrée scolaire
La mobilisation de nos soldats dont de nombreux enseignants, la réquisition de l'école Aristide Briand par l'armée, la dispersion des classes un peu partout en cinq endroits différents entraînèrent une grande désorganisation. On para au plus pressé pour que la rentrée scolaire d'octobre eut lieu à la date prévue. Les enfants évacués rejoignirent sur les bancs de l'école leurs camarades castelbriantais. Des effectifs si chargés qu'on dut doubler certaines classes
L'école Aristide Briand devenue Hôpital auxiliaire
C'est en prévision des événements qui pouvaient survenir, en prévision de l'arrivée de blessés (la situation que l'on avait connue en 14 - 18 faisait craindre le pire) que cette école avait été réquisitionnée. Au bout de trois mois, les locaux scolaires étant insuffisants, la Municipalité avait cherché à récupérer ces locaux. Ce qui lui fut refusé. S'il est vrai que l’État, à qui incombait désormais l'entretien et les éventuels frais de remise en état, l'avait pris à sa charge, la Municipalisé trouvait regrettable que la demande de la ville de reprendre l'école – et dans ce cas de l'évacuer en 24 heures au moindre besoin – n'ait pas été acceptée par l'autorité militaire car, en attendant – disait-elle – l'arrivée heureusement assez lointaine de blessés, on s'est vu obligés de loger les enfants au château dans des locaux moins que confortables. Une situation que déplora l'Amicale et contre laquelle elle s'élevait (1)


En cette fin d'année 39, l'Amicale se réunit deux fois et c'est lors de sa réunion du 24 octobre que le Comité Directeur éleva une vigoureuse protestation auprès des pouvoirs publics contre le scandale de la réquisition de l'école Aristide Briand et demanda la réquisition des locaux du Cercle Catholique restés libres au lieu et place de cette école. Un vœu qui ne fut jamais exaucé malgré l'avis favorable apporté par le Sous Préfet, le Maire, le Conseiller général et l'Inspecteur d'académie
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(1) Réquisition de l’école Aristide Briand. Elle devait durer pendant toute la guerre 39 - 45 et institutrices, écolières et internes du Cours Complémentaire durent cohabiter successivement avec les troupes françaises, les troupes allemandes et les troupes américaines. Dans «Telles furent nos jeunes années" Pierre Martin vécut toute cette période de son enfance à l'école Aristide Briand .Son père instituteur aux Terrasses était un des membres fondateurs de l'Amicale et sa mère était la Directrice d'Aristide Briand. Il a rédigé un récit détaillé de tous les événements que connut l'école et des difficultés rencontrées lors de cette cohabitation forcée
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La dernière réunion de l'année de l'Amicale eut lieu le 6 décembre. Le Comité se préoccupa de l'aide à apporter aux réfugiés, du recouvrement des cotisations, désormais seules ressources de l'Amicale, de la liaison avec nos mobilisés. Ainsi se termina une année si bien commencée. Elle était le début d'une ère tragique qui allait atteindre si durement l'Amicale
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1940 
l’Amicale vit des périodes difficiles.

C’est la guerre et l’occupation allemande après la signature de l’armistice
 
 
Cette année là est restée dans les mémoires de tous ceux qui l’ont vécue. Elle fut une des plus tragiques de notre vingtième siècle. Elle supporta d’abord de longs mois, la « drôle de guerre » stupide et avilissante, puis ce fut l’attaque des nazis, l’exode des populations civiles, la désintégration de notre armée, l’occupation allemande dans tout le nord de la France, le transfert des innombrables prisonniers français dans le grand Reich.   Châteaubriant vécut tous ces événements au même titre que les autres localités de notre pays, plus peut-être car notre ville fut choisie pour recevoir tous les prisonniers militaires de la Région. Ils y séjournèrent plusieurs mois et ce fut un incessant défilé de parents venus de tous les coins de France pour apporter à leurs prisonniers le réconfort de leur présence, voire les moyens de s’évader…
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La drôle de guerre : C’est le 3 septembre 1939 que la France et le Reich allemand étaient entrés en guerre suite à l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes
Dès la fin septembre alors que la Pologne avait été écrasée, l’inactivité sur le front français - mais les soldats ne s’en plaignaient pas - avait commencé à semer le doute. Pendant près de huit mois, la masse de l’armée vivra, pendant cette « drôle de guerre » dans l’inactivité démoralisante du front. Une situation que certains ont du mal à comprendre encore aujourd’hui 
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Sous le régime de Vichy
 
     Le 16 Juin 1940, un nouveau gouvernement est formé à Bordeaux par le Maréchal Pétain. C’est la naissance du Régime de Vichy. Un régime autoritaire et totalitaire, une seule personne a les pleins pouvoirs : Pétain qui dirige le gouvernement.
    Au niveau politique intérieure, mise en place des principes de « la Révolution Nationale ». Nouveau régime de l’Etat Français avec vote d’une nouvelle constitution ayant pour devise la triade «Travail, Famille, Patrie » qui remplace l’ancienne devise de la République « Liberté, Egalité, Fraternité »


  Affiche de propagande de R. Vachet, produite par le Centre de propagande de la Révolution nationale d’Avignon, 1940-1942
   La maison qui s’écroule symbolise la France républicaine et démocratique. Le maréchal Pétain souhaite mener une « Révolution nationale » pour restaurer la France.
1. Les fondations de la France républicaine étaient fragiles, car elles reposaient sur le capitalisme, le communisme (couleur rouge), « la juiverie » (étoile de David), les francs-maçons, etc.
2. La France de la « Révolution nationale» repose sur les paysans, les artisans, l'école, la Légion (des Combattants) autant de valeurs incarnées par la devise « Travail, famille, patrie »

La politique extérieure sera marquée par « la Collaboration » après l’Armistice signé avec l’Allemagne, une collaboration administrative, politique, économique, militaire et idéologique. 
 
"J'entre dans la voie de la collaboration"
déclare le chef de l'Etat

Le premier grand choc qui va ébranler la confiance placée dans le chef de l'Etat et son gouvernement va être la rencontre organisée à Montoire le 24 octobre entre Hitler, Pétain, Laval. Comment est perçu cet événement par les autorités dans leurs rapports adressés à Vichy. Le sous-préfet de Châteaubriant est alarmiste "Dès l'annonce des accords... L'opinion s'est fortement émue  étant certaine, sans discussion possible, d'une paix de conditions extrêmement dures et même d'une collaboration armée contre l'Angleterre (9 novembre 1940)
Le Préfet dans son rapport du 12 novembre fait lui aussi état d'espoirs tempérés d’inquiétudes "L'entrevue de Montoire a fait naître chez beaucoup de Français un espoir nouveau. L'attente d'une paix sauvegardant  l'indépendance et l'unité nationale est dans tous les cœurs. Cependant une partie de la population attend avec une certaine appréhension la réalisation dans les faits de l'accord intervenu. Elle redoute certaines amputations territoriales qui choqueraient son sentiment national. Elle craint une mobilisation industrielle de la France. Enfin elle manifeste un certain scepticisme quant aux résultats d'une politique de collaboration" (VIVRE L'OCCUPATION - Jean Bourgeon)

 
 
       Que devient l’Amicale dans « ce grand désordre » …
 
Bien entendu, elle n’a plus d’activités qui lui soient propres : plus de fêtes, plus de propagande, plus d’initiatives possibles. Elle subit les événements nationaux qui se répercutent en son sein et son seul travail sera d’entraide.
Celle-ci va se manifester non pas isolément mais s’ajoutera et se confondra avec celle d’autres groupements castelbriantais. Les Amicalistes ne furent pas avares de leur peine. On les vit d’abord s’inquiéter du sort de leurs mobilisés puis accueillir les malheureux civils fuyant devant l’avance allemande, enfin secourir dans la mesure de leurs moyens les dizaines de milliers de prisonniers militaires massés dans les quatre camps castelbriantais : le Moulin Roul, Choisel, la Ville en Bois, la Courbetière. 
Quand l’effervescence de l’installation des camps de prisonniers eut diminué, la vie castelbriantaise reprit son cours… Une vie au ralenti, sans rapports faciles avec l’extérieur, car les moyens de communication étaient très rares et… peu sûrs. Il fallait donc vivre en vase clos.
Le problème des distractions se posa assez rapidement et particulièrement celui de l’activité sportive. Un comité castelbriantais, où l’Amicale fut représentée, organisa une coupe de football disputée par des associations de la ville 
 
Les camps de Châteaubriant

      Châteaubriant a compté en juin 1940 environ 45 000 prisonniers de guerre répartis dans 4 camps situés aux environs immédiats de la ville. Les camps A (le Moulin Roul), B (la Courbetière), S (terrain de la Ville en Bois) n’eurent qu’une existence précaire et leurs prisonniers furent dirigés au bout de quelques semaines sur Savenay puis sur l’Allemagne.
      A la mi-janvier, tout était fermé. Un cinquième camp fut ouvert à l’école Saint Joseph qui ne compta que 350 à 400 hommes. Il était réservé aux officiers de toutes armes faits prisonniers. C’est le seul qui bénéficia d’un « certain confort » (classes, cuisines, sanitaires de l’établissement)
      Quant à Choisel, évacué dans un premier temps le 14 janvier 1941 (départ des derniers prisonniers pour l’Allemagne) il servit ensuite de camp d’internement pour certaines catégories de Français.
 
 
 
 Août 1940 - A Châteaubriant. Le camp de la Ville en Bois, à l'arrière de la briqueterie Rouené et sur le terrain de foot Abbé Bougoin (au fond, la tribune du stade). 

Au fil des jours à la Courbetière 
      
      Regroupés à Nantes, à la caserne Mellinet, les prisonniers sont entassés dans des wagons et quittent Nantes, le 22 juin, en train pour Châteaubriant.
« Arrivés de nuit… Un temps de chien ! Il pleut. Nous prenons la direction du camp, sur la route de Saint Nazaire. A pied et par groupes de 100… Le camp ? Des prairies humides en bordure d’un étang. Aucun abri. Nous couchons par terre enveloppés dans nos capotes.
Les premiers jours, il pleut. Nous avons creusé les talus pour nous abriter sous des branches et des couvertures. Des repas très légers – sans pain – lard cru et salé – du thé puis de l’eau…. Les jours passent… On nous entoure de barbelés, les pieds toujours dans l’eau… De nouveaux prisonniers arrivent. Nourriture insuffisante. L’eau est rationnée… Nous lavons tant bien que mal nos affaires dans l’eau de l’étang. Nous avons des poux.
Cohabitation difficile, délicate. Une vraie tour de Babel, ce camp ! Des Polonais, des Anglais, des Malgaches, des Sénégalais, des Annamites. Les premiers départs à partir de début août puis par grosses vagues de 1500. Fin août, c’est mon tour. Nous sommes prêts à quitter ce camp minable, ce camp inhumain.
 
Image d'un camp de prisonniers non castelbriantais
Avait-on pu dresser à la Courbetière ces guitounes, installations de fortune mais bienvenues, pour des prisonniers en transit, avant leur départ pour Savenay et l’Allemagne à compter de septembre.
Nous avons été aidés… Les réquisitions et surtout les collectes faites par la Municipalité de Châteaubriant, le Comité d’entraide aux prisonniers de cette ville, les associations d’anciens combattants, la population nous ont permis d’améliorer l’ordinaire dès le 4ème ou 5èmejour de notre internement… Au début, avec un pain de 3 Kg pour 200 hommes et un petit morceau de lard, nous crevions de faim. L’Intendance française de Nantes ne s’est occupée de nous que vers le 5 août » (3)
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(2) Extraits du rapport sur le Fronstalag de Châteaubriant, fait à la libération, par le Président de l'Amicale des A.C.P.G des camps de Châteaubriant (« La Captivité » Yves Durand)
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Mais pourquoi ne s’évadent-ils pas ? Ces travaux hors du camp, cette surveillance relâchée dans un premier temps, en plein pays français et même de connaissance parfois, paraissent des occasions rêvées pour s’évader. La grande majorité de prisonniers ne saisira pas cette chance. Autant de regrets au vu de ce qu’ils subiront !
« Le sentiment qui domine, c’est que la guerre est bien finie… Donc la démobilisation est prochaine. Plus tôt reviendront l’ordre et la discipline, plus tôt pourront être remplies toutes les formalités de la démobilisation. Il suffit d’attendre en se pliant aux règles imposées par les Allemands. Rares sont ceux qui ne croient pas que c’est une affaire de jours au pire de semaines, avant qu’ils ne retrouvent leurs occupations civiles, leurs foyers… L’abattement de la débâcle, entretenu par les conditions physiques et morales très dures qui ont suivi la capture, le sentiment d’une fin qui rend impuissant à réagir et casse pour un temps tout ressort moral, la croyance dans une démobilisation prochaine puisque l’armistice est signé, tout cela explique qu’on ne prenne pas le risque d’une évasion » (La Captivité » Yves Durand)
Une minorité réagit toutefois. On n’attend pas les décisions du vainqueur qui traînent. Par ailleurs les transferts en Allemagne ont commencé. Il faut profiter des occasions qui se présentent. : De nombreux prisonniers souvent aidés par les civils se feront la belle
Popotes dans un camp de prisonniers
« Nous connaissons de nombreux amicalistes qui, non contents de se préoccuper du ravitaillement des prisonniers, leur apportaient aussi les moyens de s'évader, particulièrement des.. vêtements civils. C'était d'ailleurs assez facile au début de leur installation dans les camps cités. Ils n'étaient pas toujours bien recensés ; il n'était pas rare que les prisonniers partis en corvée de ravitaillement ou pour tout autre motif rentrent au camp avec quelques unités de moins. Mais durant cette période, l'opinion la plus généralement admise était que les prisonniers seraient renvoyés dans leurs foyers avant la fin de l'année 1940 et nous connaissons beaucoup d'entre eux qui n'ont pas voulu courir le risque de l'évasion pour avancer leur libération, de quelques semaines seulement... Hélas ! Les événements allaient infirmer cruellement cette opinion. Au fil des jours, il allait devenir de plus en plus difficile de s'évader... pour finalement se voir entasser dans les wagons à bestiaux et prendre le chemin d'outre-Rhin... ceci pour 5 ans (R. Nivert)
 
Certains articles parus dans la presse peuvent paraître étonnants. En décembre 41, sur les 45 000 prisonniers que notre ville a vus défiler et s'installer dans les environs, il n'en restait plus qu'environ un millier groupés au camp de Choisel, des réfugiés répartis en petits camps et dont le sort est incertain ? Mais à la lecture de l'article d'un prisonnier, les lecteurs du Courrier auraient pu dire comme Candide « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »
Ajoutons le commentaire du chef de camp français l'Adjudant Chef Williot déclarant que dans leur solitude, les prisonniers n'avaient pas été oubliés et même, n'avaient-ils pas été gâtés grâce à la générosité des Castelbriantais avec l'autorisation si bienveillante de l'administration.
Toute une série d'articles, dont la majorité est signée du directeur du journal André Quinquette, visent à améliorer le sort des prisonniers de Guerre dans un premier temps. Par la suite - fidèle à la politique du Maréchal Pétain – il publiera d'innombrables articles, jusqu'à la fin de la parution de son journal, favorables à la politique de collaboration concernant la relève et le travail des Français en Allemagne, le S T O (Service du Travail Obligatoire... Après son propre témoignage Il fera paraître ceux de prisonniers, toujours enfermés, Autres témoignages : ceux d'écrivains et autres artistes ayant visité l'Allemagne, ceux de travailleurs volontaires en Allemagne. Une propagande insidieuse visant à favoriser à montrer l'occupant sous des dehors favorables. Premier article de ce type ? Peut-être celui de décembre 1940
 
      Au camp de Choisel, en décembre 40, on fêta Noël
(Courrier 3 janvier 41 page 2)
      Un camp où tout semble être pour le mieux dans le meilleur des mondes selon le chroniqueur du « Courrier », un prisonnier du camp. Ne fait-on pas tout pour que le millier de prisonniers groupés au camp de Choisel connaisse de « bons moments ? Ne se préparait-il pas quelque chose pour Noël ?Au camp de Choisel, en décembre 40, on fêta Noël
 
« C'est ce qu'ils avaient entendu chuchoter. Ils avaient bien saisi quelques bribes de conservation qu'ils avaient essayé de mettre à bout ; mais dans leur solitude, ils n'avaient pas supposé que tant de joies leur seraient données en ce 25 décembre 1940. Aussi, dès le matin de ce jour, le Camp avait-il pris un air de fête […] Quelle bonne journée ! Le tout en présence de Monsieur le Lieutenant Shneider celui dont la bonté compréhensive a adouci déjà tant de situations cruelles et auquel aucun prisonnier n'a eu recours en vain"
 
 
En 1940 -  Prisonniers de guerre à Choisel devant les baraquements

      Bel exemple de propagande en faveur des autorités occupantes. Quel brave lieutenant ce lieutenant allemand ! A la même époque fleurissaient sur les murs de Châteaubriant et d'ailleurs les affiches dans lesquelles un soldat allemand tenant des petits français dans ses bras appelait tous les Français à lui faire confiance.
 
      Comment l'adjudant-chef Williot, chef du camp français, n'aurait-il pas, à son tour et le même jour, fait remarquer « combien les prisonniers, dans leur solitude, n'avaient pas été oubliés et même gâtés grâce à la générosité des familles de la région et plus particulièrement des Castelbriantais avec l'autorisation si bienveillante de l'Administration (allemande) des camps"
 
 
 
 
      L'Amicale fit - comme bien d'autres associations - tout son devoir durant l'année 1940. Si son activité administrative fut mise en sommeil (il n'y eut aucune assemblée générale, ni de réunion du Comité Directeur) ses membres se retrouvaient constamment là où il était possible de faire œuvre utile. Ils étaient entraînés par un bureau dynamique dont les membres restèrent actifs, un bureau présidé par. M. Geffriaud – Directeur des Terrasses et Président de l'Amicale – qui n'hésita à s'adjoindre toutes les bonnes volontés qui s'offraient à lui.
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 Les camps de Choisel et de la Forge
  (article 77 dans Blog mibonnier)
 
Le sport renaît...
On organise des compétitions sportives
Quand l'effervescence de l'installation des camps de prisonniers fut diminuée, la vie castelbriantaise reprit son cours. Une vie au ralenti, sans rapports faciles avec l'extérieur, car les moyens de communication étaient très rares et peu sûrs. Il fallait donc vivre en vase clos.
Le problème des distractions se posa rapidement et particulièrement l'activité sportive qui devait prendre une place importante dans la vie associative castelbriantaise
Un Comité castelbriantais où l'Amicale était représentée organisa une Coupe de football, disputée par des Associations de la Ville. C'est ainsi que pour faire nombre mais aussi parce qu'il disposait de quelques éléments de valeur, M. Geffriaud engagea une équipe de football dans cette coupe. La première équipe de foot de L’Amicale était née. Elle comprenait des internes du Cours complémentaire, élèves de 16 à 17 ans, d'anciens élèves : Jean Sinenberg, Victor Lemaître et, quand il manquait des joueurs, des prisonniers que l'on « piquait » dans les camps.
Ainsi l'année 1940, vit naître une nouvelle section sportive au sein de l'Amicale, une section qui, pensait-on s'éteindrait, avec la reprise du cours normal des activités humaines... Et pourtant, elle allait durer, lutter et prospérer... et elle existe encore
 
La Coupe de Châteaubriant : On comprend l'intérêt d'une pareille organisation. Elle permettra aux jeunes et vieux de faire du sport de compétition sans avoir besoin de se déplacer. Les premiers matches auront lieu incessamment (22 novembre 1940)
Le calendrier était établi et publié. Matches aller et retour de décembre à Mars. Autant de matches qui en principe auront lieu sur le stade municipal. En cas d'indisponibilité de ce terrain, ils seront disputés soit sur celui des Apprentis Huard, soit sur celui de l'Amicale Cheminote
C'était parti !
Premier match de notre équipe contre l'A E Huard (ou G S A Huard) qui se solde par une défaite (1 - 2) mais « les étudiants sont à féliciter car ils causèrent une agréable surprise à leurs partisans. Ils feront certainement des victimes quand leur ligne d'avants sera au point. Comme prévu les Apprentis gagnèrent cette rencontre mais comme on le voit, de justesse. Aux Terrasses Leroy, Graslan et Lemaitre furent excellents « (20 décembre 1940)
Et c'est cette année là qu'eut lieu le premier derby contre les Voltigeurs. Qui s'y frotte s'y pique ! Cette première rencontre se solda par un 10 à 0 en leur faveur... Et ce n'était que leur équipe 3 ! Dire que lors du match retour, nous avions pris quelques précautions est superflu ! Certes on s'inclina mais honorablement (0 - 2), le commentaire dans la presse en fait foi « Les Voltigeurs ont difficilement battu le Cours Complémentaire. Les deux équipes étaient légèrement renforcées (3)
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(3) Les renforts des Voltigeurs ? Seul M.Pohalé aurait pu nous les dire... Quant à ceux des Terrasses, c'est l'occasion de souligner la bonne entente régnant déjà entre l'A. C. C (les Cheminots) et le Cours Complémentaire (Amicale). Ainsi cette dernière équipe bénéficiait-elle de l'appoint de Bothorel, Autret, et autres. De sérieux renforts. Certains jouaient dans les deux clubs ! A compter de 1941, ce fut plus simple après fusion, tous jouèrent à l'A.L.C.C
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"On avait de part et d'autres fait de louables efforts pour présenter de belles formations. Le match dans ces conditions ne pouvait être que palpitant. Et il le fut longtemps, le résultat en resta indécis […]"
L'équipe des Voltigeurs a mérité de l'emporter car c'est elle qui fournit le meilleur jeu d'ensemble mais le Cours Complémentaire présenta un « onze » rapide, accrocheur et qui eût mérité de sauver l'honneur. Le sort en décida autrement. Au C. C. signalons la belle partie de Lemaitre, Morinière, Sinenberg et Guigan. La défense composée de Graslan, Bothorel, Delanoue, fut souvent prise en défauts. Chez les Voltigeurs, excellente partie d'ensemble. On se démarque enfin et on attaque la balle ; voilà qui fait plaisir mais trop de passes sont encore perdues. Vérité et Carré furent de loin les meilleurs avants ; les demis furent excellents et la défense impeccable » 


En 1941 une société sportive : l’A.L.C.C naît de la fusion de L’Amicale Laïque et de l’Amicale Cheminote
L’événement sportif de l'année 41 pour les Amicalistes et les Cheminots fut la naissance officielle de l' A.L.C.C et ses débuts, sous ce nouveau sigle, dans le football, le basket et l'athlétisme.

Partie d’un bon pied, l’Amicale, plus précisément la double Amicale Laïque et Cheminote était prête à affronter la saison sportive à venir
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Désormais les championnats, résultats et compte rendus des manifestations sportives auxquelles participent les filiales sportives de l'Amicale en foot, basket, athlétisme seront retranscrites dans le blog "Le livre d'or de l' A L Chateaubriant"
https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=9109180975607901904#editor/target=post;postID=1863405826078033832;onPublishedMenu=allposts;onClosedMenu=allposts;postNum=4;src=link 
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1940... 1941 
Autour de nous
Sous l'occupation

10 Novembre 1940 avec d'Anciens Combattants
Parmi les gestes et manifestations attestant d'une « Résistance » morale face à l'occupation allemande, l'étonnement dut être grand pour les castelbriantais de voir flotter un drapeau tricolore sur le monument aux morts. Certains anciens accomplissent des gestes fous comme ces anciens combattants : Joseph Hervé, Etienne Martin, Louis Ganache, Marcel Letertre-père et M. Lassoudière qui placent ce drapeau. Ils ont osé... Un geste symbolique qui ne fut pas apprécié des Nazis

Que s'était passé ? Comment s'était déroulée cette manifestation ? C'est un article du « Journal de Châteaubriant» paru après la Libération - le 9 novembre 1947 - qui nous informe très précisément. Le « Témoin » qui raconte et signe son article étant l'un des 5
 
Un 11 novembre sous l'occupation
Cinq fiers lurons castelbriantais qui n'avaient pas encore voulu admettre que la présence de l'occupant les priverait des joies de fêter leur traditionnelle fête de la Victoire, s'en allaient déambulant dans les rues de notre cité
Ils arrivèrent au Monument aux Morts, y firent face, se recueillirent, saluèrent, firent demi-tour et voilà la pieuse cérémonie terminée.
Pour le retour, les uns voulaient que l'on chantât la Marseillaise, les autres plus modérés conseillaient la prudence. Finalement ils allèrent conter leur histoire dans un petit café de notre ville où ils trouvèrent là un de leur bon camarade bien connu des Castelbriantais et que la mort depuis, nous a ravi, lequel mettant sa profession à leur service, ne put faire mieux que les photographier. (Le photographe, c'est Marcel Blais dont le studio était rue du Château et qui était propriétaire du cinéma « Olympia »)
C'était le 11 novembre 1940 et pendant quatre années encore l'occupant resta là, interdisant à nos vieux Poilus de 14-18 de fêter comme ils l'auraient voulu leur Victoire si chèrement acquise mais pourtant si réelle celle-là. Depuis les cinq se sont dispersés. L'un d'eux appelé par sa fonction publique et qui s'occupa durant la guerre, avec beaucoup de dévouement de nos prisonniers, a dû quitter notre cité ; sur deux autres déportés par l'occupant, un seul jusqu'ici est revenu. Et depuis les autres restés ici, très souvent,t avec la famille et les amis des disparus, étreints par l'angoisse attendent , parfois avec espoir, parfois mêlé de doute, mais sans découragement que la Providence leur ramène celui que l'occupant leur a si cruellement ravitailler "Un des cinq"
La photo des 5 prise au studio de Marcel Blais ?. Est-ce celle prise le jour même où est ce une seconde prise en studio avec drapeau tricolore en arrière plan ?
 
1941
La vie de l'amicale
      
Les réunions officielles sont interdites. Aucun compte rendu dans le registre de délibérations du Comité Directeur. Des « réunions privées » se tiennent toutefois à l'école des Terrasses. Chacun garde le contact avec le Président Geffriaud, pièce maîtresse de l'Amicale se réunit
Toutes les réunions et manifestations organisées avant-guerre ne peuvent plus l'être : Kermesses, soirées récréatives ou théâtrales, arbre de Noël... etc. Restent les manifestations sportives, les matches du dimanche de basket, de foot, les rencontres d'athlétisme. Le nouveau club participera aux divers championnats
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Autour de Nous
      Un article prémonitoire paru en première page (Sources : Ouest-Eclair) repris dans le Courrier le 12 septembre 1941
"L'avis des autorités allemandes annonçant qu'à la suite d'un second attentat dont a été victime, à Paris, un militaire allemand, trois otages étaient fusillés, a vivement ému la population française. La mesure était implacable ; les conditions dans lesquelles elle a été appliquée la rendaient légitime et elle n'a pas été prise à l'improviste.
Après le premier assassinat d'un militaire allemand, l'autorité d’occupation il faut le reconnaître, se montra clémente. Elle aurait pu recourir à une sanction irrémédiable ; elle se borna à retenir des otages parmi lesquels seraient choisies les victimes au cas où le fait se renouvellerait.
L'avertissement qui fut diffusé par la presse, par la radio, par voies d'affiche, n'a malheureusement pas servi.
Des otages, c'est à dire des Français innocents, parmi lesquels figurent des personnes appartenant à toutes les classes sociales ont servi de rançon ; DURA LEX, SED LEX
La mesure est in flexible mais c'est un droit admis et appliqué par toutes les nations. La leçon servira-t-elle ? Donnera-t-elle à réfléchir à trop de français qui continuent de se fier aux voix insidieuses de l'étranger ? Les véritables responsables des attentats que trois Français viennent de payer de leur vie, ce sont les provocateurs de Moscou et de Londres qui, chaque jour, à la radio, poussent leurs auditeurs aux pires excès. Ils prêchent le désordre, la rébellion, le crime et ils osent prétendre défendre les intérêts de la France
Il ne leur suffit pas que nous soyons vaincus ; ils veulent encore semer la division, la haine entre Français, précipiter notre pays dans le chaos.
Restons sourds à ces appels ; les agents de Staline et de Churchill ne sont pas qualifiés pour parler au nom de la France. Écoutons celui qui a pris en mains nos destinées, le Chef qui incarne l'image de la Patrie et qui nous recommande l'ordre, l'union, le calme indispensable à notre relèvement »


Exécution de 27 otages
Le mercredi 22 octobre 1941, à Châteaubriant, les Allemands fusillent 27 détenus en riposte à l'assassinat du commandant allemand de Nantes, le Feld kommandant Fritz Holtz. Celui-ci a été abattu deux jours plus tôt, le 20 octobre, en plein centre de Nantes, par un militant communiste, Gilbert Brustlein, qui a aussi participé les jours précédents au déraillement d'un train de permissionnaires allemands. Le 21 octobre, à Bordeaux, c'était au tour d'un conseiller militaire allemand, Hans Reimers, d'être abattu par un autre résistant communiste, Pierre Rebière.
À l'hôtel Majestic de Paris, le général Otto von Stülpnagel, chef de l'administration militaire d'occupation, décide aussitôt de faire exécuter 50 otages pour l'attentat de Nantes et autant pour celui de Bordeaux en application de l'ordonnance du 28 septembre, dite « code des otages » Le général, qui a déjà fait exécuter 15 otages le mois    précédent, choisit 27 noms sur une liste de 61 détenus du  camp d'internement de Choisel-Châteaubriant. La liste lui a  été fournie par les services du secrétaire d'État à l'Intérieur Pierre Pucheu, collaborateur du maréchal  Pétain à Vichy. Pierre Pucheu lui-même aurait fait un pré-tri en sélectionnant les internés communistes jugés  par lui «particulièrement dangereux"
 
Drame dans la carrière
Le 22 octobre, en début d'après-midi, les gardes allemands assistés d'un lieutenant français procèdent à l'appel des otages dans les baraques du camp de Choisel - Châteaubriant. Les futures victimes ont 30 minutes pour écrire une dernière lettre à leurs proches. Après quoi, chantant la Marseillaise avec leurs camarades de détention, ils montent dans les camions qui vont les transporter à la carrière de la Sablière, à deux kilomètres du camp. Ils refusent de se faire bander les yeux. Face aux 90 SS du peloton d'exécution, 9 poteaux. Trois salves. Les victimes meurent en chantant jusqu'au bout la Marseillaise.  Pour faire le compte, Otto von Stülpnagel ordonne de fusiller également le même jour 16 otages nantais sur le champ de tir du Bêle, près de Nantes, et 5 otages au Mont Valérien, près de Paris.
En répression de l'attentat de Bordeaux, le commandant militaire allemand ordonne par ailleurs d'exécuter 51 détenus bordelais. Ces derniers sont fusillés les 23 et 24 octobre au camp de Souges, près de la métropole aquitaine (Extrait Article André Larané dans « Hérodote.net »
 
      Les titres de la presse
      Deux jours après les exécutions. fidèle aux consignes de la Kommandantur, le "Courrier", seul quotidien qui paraisse encore à Châteaubriant, ne transmet aucun commentaire sur l 'exécution. Par contre les divers articles qu'il fait paraître ensuite - de sa propre initiative ou par obligation des autorités vichyssoises et allemandes - appellent à lutter contre ces lâches attentats perpétrés contre les forces allemandes 

      Dans la presse castelbriantaise 
        (Courrier de Châteaubriant du 24 octobre)

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206957686&l=1600&h=860&m=&titre=206957686&dngid=15b99f940de84115d19c1caf9a9ac110822f1620 
 
  • DEUX CRIMES LÂCHES ET ODIEUX commis contre l'armée d'occupation. Les représailles font des veuves et des orphelins
  • AVIS du 21 octobre de Von STUELPNAGEL
  • LISTE des otages fusillés à Nantes le 22 octobre
  • AVIS de l'Amiral DARLAN
  • AVIS de M. DUPARD (4) Préfet de la Loire Inférieure
  • AVIS du Maire de Nantes à ses concitoyens
  • APPEL radiodiffusé du Maréchal Pétain
    "Français
    Contre des officiers de l'armée d'occupation, des coups de feu ont été tirés : deux morts. Cinquante français ont, ce matin, payé de leur vie ce crime sans nom. Cinquante autres seront fusillés demain si les coupables ne sont pas découverts.Un ruisseau de sang coule à nouveau sur la France. La rançon est affreuse, elle n'atteint pas directement les vrais coupables.
    Français, votre devoir est clair, il faut faire cesser la tuerie. Par l'armistice nous avons déposé les armes. Nous n'avons pas le droit de les reprendre pour frapper les Allemands dans le dos
    L'étranger qui ordonne ces crimes sait bien qu'il meurtrit la France en pleine chair. Peu lui importe nos veuves, nos orphelins, nos prisonniers !
    Dressez-vous contre ces complots, aidez la justice, un coupable retrouvé et cent Français sont épargnés.
    Je vous jette ce cri d'une voix brisée : « Ne laissez plus faire de mal à la France »
    Vichy le 22 octobre 1941

Les camions qui chantaient
Ce qu'en dit un témoin, "Pierre Martin", dans "Telles furent nos jeunes années" 
Descendu de l'école Aristide Briand que dirigeait sa mère (son père est prisonnier de guerre) jusqu'à l'étang de la Torche où il s'était adossé à la margelle du pont, il entendit soudain un chant, d'abord dans le lointain, puis qui se rapprochait
"C'était un chant interdit par les Allemands. 
C'était la Marseillaise !
Bientôt apparurent des camions bâchés, de couleur kaki, venant de la direction de la Mairie, ils ralentirent et marquèrent presque un arrêt comme si le conducteur du premier hésitait à prendre à droite par la rue du château pour remonter vers la Place des Terrasses, puis ils accélérèrent en continuant tout droit.
Maintenant la Marseillaisse se faisait entendre très fort et je me demandais s'il n'y avait pas un haut parleur  dans les camions mais pourtant c'était un chant interdit et les camions étaient allemands, bien que de marque Ciroën, je l'aurais juré ! Pas de doute : les camions chantaient !
Ils continuèrent leur course, à vitesse modérée, en tout cas par rapport aux vitesses auxquelles on se déplace maintenant. Ils longèrent l'étang au pied du château. Le chant s'amplifiait, puis les camions s'engouffrant sous le tunnel, sous la voie ferrée, il diminua puis ce n'était plus qu'un chant qui s'éloignait omme en sourdine, après le tunnel.
Ce n'est qu'après sa disparition que je me dis que ce chant était forcément chanté par quelqu'un, que les chanteurs sevaient être nombreux un chœur en quelque sorte comme celui que nous avions formé à, l'école, pour chanter "Maréchal nous voilà" que je n'avais chanté qu'une fois car après maman m'avait dit de seulement faire mine de chanter si on m'y obligeait et d'ailleurs je n'avais pas besoin de faire mine car les instituteurs de l'école des Terrasses ne l'avaient pas fait chanter à nouveau, ou alors je ne m'en souviens vraiment plus. A l'école des filles, sous ma maman, on ne l'a jamais chanté"
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Du côté de l'administration française.
Faisons connaissance avec le Préfet Dupard 

Nommé préfet de la Loire Inférieure, il avait pris ses fonctions à Nantes le 1er octobre1940. Pétainiste convaincu, il est bien décidé à faire appliquer dans son département les directives du gouvernement et à y inculquer les valeurs de la Révolution nationale prônée par le Maréchal
Il entreprend dès son arrivée d'épurer l'administration départementale en application des lois du 17 juillet et 13 août exigeant la non-appartenance de tout fonctionnaire à des sociétés secrètes (franc-maçonnerie). Zélé, il élargit le champ de l'épuration à ceux qui ont montré quelque sympathie pour la gauche. On les remplace par des personnes jugées plus sûres.
Visé également : "le personnel enseignant qui a fait de ma part l'objet d'une étude attentive." Deux instituteurs sont révoqués et sept autres relevés de leurs fonctions "qui s'étaient signalés... par leur activité politique extrémiste. Ces mesures ne sont que le début d'une vaste opération d'assainissement moral du personnel enseignant, absolument indispensable pour faciliter  l'oeuvre de redressement entreprise par le gouvernement (Préfet 15/12/40). C'est sans doute dans le cadre de ces poursuites que Marcel Viaud, instituteur à l'école de la Vannerie, fut « déplacé » (à la rentrée 41- 42) pour ses opinions « pro-communistes » à l'école de La Ville au Chef en Nozay avec son épouse.

Le Préfet Dupard en tournée à Châteaubriant la quinzaine précédant l'exécution des 27 otages
Ce jour là, le lundi 13 octobre 41, le Préfet de Loire Inférieure, avec toute l'autorité d'un chef investi des pouvoirs et de la confiance du Maréchal Pétain, avait procédé à l'installation du nouveau Conseil municipal (Municipalité Noël). en lui donnant comme mission, celle de réaliser l'union de tous derrière le Maréchal et son gouvernement.
Comment avait-été préparée cette installation en application de la loi du 16 novembre 1940 ? Ce texte avait pour objet de substituer aux maires hostiles au nouveau régime, dans les communes de plus de 2000 habitants, des magistrats municipaux acquis à la politique du gouvernement et qui seraient non élus mais nommés 
Que nous en dit le sous préfet Lecornu ? " Dans la nomination des maires, j'avais un rôle utile à jouer. A Châteaubriant, le Kreiskommandant, ne pouvant plus supporter l'attitude de refus de M. Bréant, avait officiellement demandé qu'il fut relevé de ses fonctions. Je fis des pieds et des mains pour l'amener à donner sa démission, car sa destitution du fait de l'occupant aurait rebuté tout candidat possible en dehors de ceux que n'aurait pas manqué de présenter le groupe "Collaboration". J'écartais ensuite du mieux que je pus M. Quinquette, directeur de l'hebdomadaire Le courrier de Châteaubriant, ardent défenseur de "la Révolution nationale" du maréchal Pétain, mais qui faisait depuis sa rentrée de captivité profession d'antigaullisme.
Je proposai donc comme maire Maître Noël, mutilé de guerre 14 - 18 qui s'était rallié au gouvernement de Vichy sans pour autant approuver la politique de collaboration. Comme beaucoup de Français, il admirait le général de Gaulle dont il considérait la présence à Londres comme indispensable, mais il approuvait le Maréchal resté pour servir de tampon entre Hitler et les Français. Il fut désigné" 
A l'occasion de cette installation le Préfet Dupard avait prononcé une allocution disant notamment "J'ai choisi pour former le nouveau Conseil des hommes appartenant à tous les milieux sociaux, désintéressés et connaissant à fond les problèmes techniques, économiques et sociaux, les besoins des familles nombreuses et ceux de l'agriculture. Pour mener à bien la tâche parfois difficile qui leur est demandée, les Conseillers municipaux devront se pénétrer de l'idée du devoir et s'inspirer de l'exemple que leur donne le Maréchal. Leur mission comporte un aspect administratif et politique, et à cet égard, il leur est demandé de réaliser l'union derrière le Maréchal et son gouvernement"
Discours du Préfet et du nouveau Maire où l'on trouvait comme l'annonce de temps nouveaux. On espérait qu'un autre esprit se mettrait à souffler en notre Hôtel de ville où la collaboration de toute une équipe constituée dans un esprit d'union et de fidélité au Maréchal allait se mettre à l’œuvre autour de son nouveau maire dont le guide choisi était le Maréchal.
Le loyalisme concordant du Préfet et du nouveau Maire sera confirmé par une adresse en octobre au Chef de l’État, une adresse qu'avait signée tous les conseillers municipaux. N'était-ce pas là le meilleur gage d'avenir ? Quelle était cette adresse votée à l'unanimité au Maréchal ?
« Le Conseil Municipal de Châteaubriant nommé le 6 octobre 1941, exprime son absolue confiance dans l’œuvre de redressement par lui généreusement entreprise et efficacement soutenue. En lui transmettant ses sentiments de respectueuse gratitude, il affirme sa volonté de donner son entier concours à la politique de rénovation nationale et et d'union entre tous les Français suivie par le Chef de l'Etat »
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Les adresses au Maréchal... Le Mythe Pétain

Extraits de "VIVRE L'OCCUPATION" de Jean Bourgeon "La personnalité du Maréchal Pétain est unanimement respectée et son geste de désintéressement lui a valu la gratitude universelle. Ses messages ont produit une impression profonde dans les consciences et le peuple approuve pleinement les grands principes qu'il a pris  comme fondement de la reconstruction nationale (Préfet - 12 novembre 1940)

"L'état d'esprit est meilleur qu'il m'était apparu  à première vue... L'immense majorité de la population vénère le Maréchal Pétain, approuve ses décisions et lui est infiniment reconnaissant de ses efforts... La population rurale  semble toute acquise  au Maréchal et à sa politique (Préfet -15 décembre 1940)

Il fonde ses propos sur l'accueil empressé qu'il a reçu  à chacune de ses visites dans les cantons et sur "l'approbation unanime que reçoivent mes paroles lorsque j'estime nécessaire l'union de tous les français derrière le Maréchal"
Sa visite à Châteaubriant ne pourra que conforter ses impressions mais celles-ci n'étant qu'une preuve fragile, il croit bon  de rajouter à sa démonstration "Les nombreuses adresses au Chef de l'Etat votées par les municipalités du département"

Pendant toute la durée de l'occupation 125 municipalités (57% des communes du département) ont voté une adresse de soutien au chef de l'Etat. La Municipalité de Châteaubriant en fait partie en octobre 41. Un vote qui s'explique par la proximité idéologique de leurs auteurs avec le nouveau régime. Leur caractère spontané est indubitable. Tout aussi spontanés, d'autres soutiens émanent de maires qui, moins séduits par la Révolution nationale, accordent leur confiance au vénéré vainqueur de Verdun

Avant la nomination de cette nouvelle Municipalité, aucune adresse n'avait été adressée du temps de la Municipalité Ernest Bréant. Ce dernier  avait donné sa démission en janvier 41, une démission qui ne sera pas acceptée. Cette municipalité sera rayée des cadres le 22 septembre 41 et trois semaines plus tard VICHY imposera une caricature de Municipalité (Sources - Il y a 50 ans UNE MAIRIE dans la tourmente - La Mée socialiste - 15 novembre 89) 
 
La visite du Préfet en Octobre 41 s'était poursuivie par le Dépôt de gerbes au monument aux mort suivi d'une minute de silence ; la visite à l'hôpital ; l'installation provisoire du Tribunal dans les locaux de la Caisse d'épargne ; le passage par la Kommandatur ; la visite des usines Huard, Le Pecq et Durand Richer pour juger de l'activité industrielle de notre Châteaubriant...
Il lui restait en fin de journée à visiter le Camp de Concentration de Choisel et à recevoir en audience M. Chassagne, chargé de mission de MM. Pucheu, Ministre de l'intérieur, et Lehideux, Ministre de l’Économie Nationale qui est actuellement dans notre région. Autant de noms que nous retrouverons quelque huit jours plus tard lors de l'exécution des 27 otages
Écoliers ! Écoutez le Maréchal
Mais on n'avait eu garde d'oublier les enfants et les écoliers lors de cette visite en mettant à profit l'allocution que le Maréchal diffusait ce jour là, aux enfants des écoles depuis une classe de l'école de Périgny dans l'Allier... Eux aussi seraient de la fête ! Ils participeraient à l'Union derrière le Maréchal tant souhaitée. Comment ? M le Préfet s'était rendu à l'école des Terrasses, afin de se trouver à l'écoute du message au milieu de nos écoliers. Toutes les autorités l'avaient suivi : M. le Sous-Préfet, M. le Maire, MM les Adjoints et M. Leduc, Inspecteur primaire, accompagné de M. Geffriaud directeur de l'école et des instituteurs. Présence obligatoire... Qu'en retiendront nos écoliers ? Le message du Maréchal avait- il marqué leur esprit ? Retiendraient-ils comme conclusion, le simple commentaire du Préfet à la fin du discours du Maréchal ? « … Le Maréchal a parlé... Ténacité... Loyauté... Retenez ses paroles, vous qui devez refaire la France. Le Maréchal a parlé. Tous, ici, nous comme vous, nous obéirons... » (Courrier du 17 octobre 1941)
 
Lisons « Le Courrier »



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Reprise d'activités au sein de l'A L C

      Octobre 41 : l'interdiction des réunions est levée.
      Le Bureau de l'A L C se réunit le 16 octobre 1941. Cette première réunion regroupait les membres suivants : M M Geffriaud – Martin Etienne – Van Loo – Aubourg – Combet Lucien – Nivert (M. Larose excusé)
A l'ordre du jour :
  • Les cartes d'adhérents et les différents tarifs (membres actifs, honoraires, bienfaiteurs)
  • La ventilation des sommes recueillies : la moitié des cotisations  encaissées serait attribuée aux équipes sportives filiales de l'Amicale (3 équipes de football, 2 équipes de basket, un groupe d'athlétisme)
  • Les activités futures de l'Amicale sont envisagées. En particulier est abordée l'aide nouvelle à apporter aux adhérents prisonniers  
      14 Novembre 1941 : Réunion du Comité Directeur pour la première fois depuis 15 mois mais il reste interdit de réunir une Assemblée Générale. Le Comité décide de désigner au fur et à mesure de ses besoins les membres indispensables. C'est au cours de cette réunion que le Président Geffriaud propose au Comité l'organisation de soirées théâtrales afin de se procurer les fonds nécessaires à l'aide aux prisonniers. Et la première de ces matinées aura lieu en mars 1942
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     Le Noël du Maréchal
      Point d'Arbre de Noël des Écoles Publiques. Il ne fut pas question de reconduire cette manifestation en faveur de nos écoles. L'Arbre de Noël du Maréchal le remplaça, un cadeau pour la propagande du Régime de Vichy
Sous l’Occupation, les fêtes du calendrier offrent un support idéal au régime de Vichy pour diffuser sa Révolution nationale. Noël répond parfaitement aux exigences de la propagande en symbolisant « la famille unie et soudée derrière le Maréchal Pétain, la famille généreuse et solidaire auprès de ses compatriotes les plus démunis »
La gestion du Noël 1941 est rondement menée par le régime de Vichy. Si les enfants sont particulièrement ciblés, d’autres fêtes du calendrier (fête des mères …) mettent de la même manière en valeur la Famille, le Travail et la Patrie. 
 
      Le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat français, avait exprimé le désir de voir célébrer dans un sentiment de dignité et de communauté nationales les fêtes de Noël. Le Préfet de Loire Inférieure avait transmis près de toutes les communes un appel à célébrer cette fête dans un esprit de dignité et de communauté nationale
      Trois longs articles du « Courrier » magnifieront le Noël du Maréchal qui se déroula fin décembre 41 à Châteaubriant et auxquels participèrent les enfants de toutes les écoles de Châteaubriant et leurs instituteurs
« Une fête rappelons-le organisée avec le concours financier de la ville, le Secours National, la Famille du Prisonnier, la Croix-Rouge et le Comité de Propagande du Maréchal et placée sous la présidence des Autorités locales : M. le Sous-Préfet, M. le Maire et M. le Curé"
      Magie des ondes : Le Maréchal devait s'adresser à ses petits amis et des appareils de T.S.F retransmettraient sa voix dans la salle et l'on terminerait par « le Chant du Maréchal » et la distribution à chaque enfant de jouets et de friandises.
      C'est ainsi que ce jour là, seize cents enfants de toutes les écoles de la ville se sont sagement installés dans la salle du Cercle Catholique sous la conduite de leurs maîtres et maîtresses... On put lire le compte rendu détaillé de cette belle fête de Noël 1941 dans le « Courrier » - le premier Noël du Maréchal dont tous les jeunes de France conserveraient le souvenir
 

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L’A.L.C.C
naît de la fusion de L’Amicale Laïque 
et de l’Amicale Cheminote
 
L’événement sportif de l'année 41 pour les Amicalistes et les Cheminots fut la naissance officielle de l' A.L.C.C. et ses débuts, sous ce nouveau sigle, dans le football, le basket et l'athlétisme.
Dès 1940, l'idée d'une fusion entre les sportifs de l'Amicale Laïque et de l'Amicale Cheminote avaitrassemblé de nombreux partisans. Cette idée se concrétisa, en juin 1941, la saison d'hiver passée, après les pourparlers d'usage. On répondit ainsi aux règles imposées par le Commissariat général (5)
Le sport et Vichy
Pour mettre en place sa politique sportive, Vichy créa le Commissariat Général à l’Éducation Générale et Sportive (C G E G S) dès juillet 1940. Deux hommes s’y succèdent à sa tête : le tennisman Jean Borotra puis à partir du 18 avril 1942, le rugbyman Joseph Pascot. Organe pyramidal, le CGEGS comme le souligne Jean-Louis Gay-Lescot est « une structure rigide dont la seule finalité demeure la dépendance et l’obéissance au pouvoir politique » De fait, sa mission principale consiste à « rendre au sport sa vraie place dans les activités de la Nation, en s’inspirant des idées essentielles de la politique du Gouvernement »
 
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Le Commissariat Général à l'Education Générale et aux sports sera chargé de sa mise en œuvre. Comme elle le stipule, la Charte inaugure « un régime de liberté contrôlée », prévoit des sanctions et assure au sein des associations sportives « l’autorité, l’ordre et le travail ». Les conséquences sont lourdes pour le mouvement sportif puisque dorénavant, pour exister et exercer toute association sportive doit obtenir obligatoirement l'agrément délivré par la Direction des Sports du CGEGS, ce qui remet totalement en cause la loi de 1901 sur la liberté d’association. Chaque association sportive doit également être affiliée à une fédération reconnue par le CGEGS. Les fédérations affinitaires gauchisantes comme la FSGT, l’USEP et l’UFOLEP en font les frais et sont interdites. Ce contrôle politique des fédérations est exécuté par le Comité National des Sport - son président est directement nommé en fonction de sa fidélité idéologique à Vichy - dont le rôle est de transmettre les directives du CGEGS au niveau fédéral et d’en faire la propagande. Par cette série de mesures coercitives, Vichy, d’une part, étatise le mouvement sportif et d’autre part, impose aux fédérations une ligne de conduite à tenir : ordre et obéissance au Maréchal
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      Créée en 1941, l’ALCC pour se mettre en règle doit se conformer aux nouveaux textes en vigueur et aux directives du Commissariat Général : Nécessité de déclarer de nouveau la société et de déposer de nouveaux statuts, en 1943, selon le modèle imposé par le Commissariat Général aux sports. Mais quel était l'intérêt  d'une telle fusion ?
 
      L’union fait la force
     (Jean Bothorel - Courrier de Châteaubriant - 5 septembre 1941) 
"Au mois de Juin (1941) dernier, les deux groupements sportifs de l’Amicale laïque et de l’Amicale Cheminote castelbriantaise décidaient de fusionner.
 
D’un côté l’importance de la gare de Châteaubriant a considérablement diminué depuis 1938 et le départ de nombreux employés des chemins de fer rendait pratiquement impossible la constitution d’une équipe purement cheminote.
A l’Amicale Laïque, d’autre part, les jeunes de l’Ecole des Terrasses, s’ils sont pleins de bonne volonté et si les plus âgés, ceux de 16 et 17 ans du Cours Complémentaire possèdent déjà des qualités certaines de footballeurs et d’athlètes, ne peuvent cependant pas prétendre davantage constituer une « équipe » et, au cours de la saison 1940-1941, ce sont les anciens élèves de l’Ecole qui, sous le nom de « Club des Terrasses » et sous les couleurs de l’Amicale Laïque disputèrent parfois avec succès, leurs chances dans la coupe de Châteaubriant.
Vivant chacune leur vie, l’une et l’autre société risquaient de piétiner. Réunies en un seul groupe sportif, elles donnent le jour à un enfant viable. En football, les joueurs qui ont opéré dans l’une ou l’autre société la saison dernière, ont tous signé cette année. Nous avons reçu d’autre part des adhésions intéressantes de joueurs confirmés. Nous pouvons dès à présent constituer deux équipes et la réserve n’est pas loin de valoir l’équipe première. Avec les élèves du Cours Complémentaire, nous formerons une équipe minimes. Avec tous ces éléments, l’A.L.C.C est en droit d’espérer un bon classement dans la coupe de l’Avenir où elle est engagée.
En athlétisme la saison qui s’achève ne nous a donné que des satisfactions… Les juniors et les seniors se sont bien défendus sur plusieurs pistes et même, à plusieurs reprises, ils ont su remporter des victoires.
Nous pensons enfin au basket : deux équipes masculines au moins, seront mises sur pied et toutes deux disputeront les championnats. Il y aura une ou deux équipes purement scolaires, composées des enfants des écoles. Si l’élément féminin s’avère assez nombreux, une équipe de jeunes filles sera également constituée et, si cela est possible, nous en constituerons deux…
Partie d’un bon pied, l’Amicale, plus précisément la double Amicale Laïque et Cheminote est prête à affronter la saison prochaine 
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L’année 42
Lourde atmosphère
 
Les Juifs au ban de la Nation
 
Une lecture attentive des journaux de l'époque met en lumière les menaces qui pesaient sur certains de nos concitoyens. Certaines lois concernant certaines catégories - étrangers – nomades – étaient déjà appliquées et avaient entraîné leur internement dans des camps... S'arrêterait-on là , Non ! Seraient mis au ban de la nation progressivement les Francs-maçons, les Juifs. Et à Chateaubriant, toutes les mesures préconisées seraient appliquées. Et le Courrier, Le Phare, Ouest Eclair de publier les diverses mesures envisagées. Ainsi la population serait-elle au courant des dangers qui guettaient « les autres », des annonces suivies de dénonciations, des arrestations qui suivraient

Extraits de journaux
Sixième ordonnance en date du 7 février 1942 relative aux mesures contre les Juifs dans laquelle étaient annoncées les interdictions et mesures répressives suivantes
  • Limitation des heures de sortie
  • Interdiction du changement de résidence actuelle
  • Dispositions pénales envisagées : « Celui qui conviendra aux dispositions de la présente ordonnance sera puni d'emprisonnement et d'amende ou d'une de ces peines. En outre le coupable pourra être interné dans un camp juif » (Courrier du 20 février 1942)
Quatre mois plus tard, le Courrier » publiait la huitième ordonnance du 29 mai 1942 qui élargissait les mesures contre les juifs restreignant un peu plus leurs droits
 
Signe distinctif des Juifs
  • Il est interdit aux juifs dès l'âge de 6 ans révolus de paraître en public sans porter l'étoile juive
  • l'étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume d'une main et les contours noirs . Elle est en tissu jaune et porte en caractères noirs, l'inscription « Juif ». Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine solidement cousue sur le vêtement
  • Dispositions pénales. 
  • Les infractions à la présente ordonnance seront punies d'emprisonnement et d'amendes ou d'une de ces peines. Des mesures de police telles que l'internement dans un camp de juif pourront s'ajouter ou être substituées à ces peines
A partir du 7 juin 1942, adultes et enfants de plus de 6 ans, y compris sur les bancs de l’école, devaient porter l’étoile jaune, cousue ostensiblement sur la poitrine.(Ce sera le cas du jeune KOHN). Ceux qui le peuvent font valoir que, si les chefs de famille sont juifs, les mères sont « aryennes » et que, n’ayant que deux grands-parents juifs, ils ne tombent pas sous le coup de la loi. Les familles Sinenberg et Kohn se rendent ainsi à la kommandantur qui demande au commissaire de police de surseoir à la remise de l’insigne. Cette demande sera-t-elle suivie d'effet ?

Les Juifs à Châteaubriant (11)
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(11) Extrait de « Châteaubriant - Histoire et Résistance »
Pendant la guerre, seules quelques familles de « Juifs » habitent Châteaubriant, résidents locaux ou réfugiés. Une liste de recensement faite en 1940 relève 31 noms dans la région, sans indiquer le lieu de résidence. 
A Châteaubriant les plus connues sont les familles SINENBERG, RIMMER, PACH, AVERBUCH, ISRAEL et KOHN mais quelques autres familles ont vécu cachées dans les communes environnantes (12)
En juillet 1942, une grande rafle de Juifs a lieu en Loire-Inférieure : 98 arrestations dont 4 dans la région de Châteaubriant : Jean PACH médecin, (qui sera déporté à Auschwitz), Fischel RIMMER, Bickel RYFKA, et Jacob RAVITSKY.
Nouvelle rafle le 9 octobre 1942. Les listes signalent cinq arrestations à Châteaubriant : M. et Mme KOHN, Mme Biena RIMMER et ses deux enfants Robert 6 ans et Bella 16 mois. 
Dernière rafle en janvier 1944 au cours de laquelle sont arrêtés et internés des membres des familles SINENBERG, ISRAËl, DEMILT.
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(12) C'est le cas de la famille KOKUSH dont le mère et les deux filles Sophie et Charlotte vécurent cachées à Ruffigné. On retrouvera les souvenirs de Sophie Kokush dans l'article « Evacués et Réfugiés à Ruffigné 1939 – 1945 » Blog mibonnier
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Les diverses ordonnances élargiront le champ des interdictions. Les Juifs n'ont plus le droit de travailler sauf dans les emplois subalternes et manuels sans contact avec le public, ni d'aller dans les cafés ou les fêtes, ni de conduire un véhicule. Leurs comptes bancaires sont bloqués, les "biens israélites" sont recensés pour être vendus à des "aryens". Des mesures qui seront plus ou moins appliquées à Châteaubriant, la grande majorité des ressortissants restant cachés avant des arrestations qui les condamneront


      En 1942, 
      notre pays et notre région sont occupés par les nazis.
     Beaucoup de castelbriantais sont prisonniers en Allemagne (Le Comité d'entraide en relèvera près de 350), l'activité économique est ralentie et s'exerce en grande partie au profit des occupants, les communications sont lentes et difficiles entravées par le manque d'essence et de charbon, le ravitaillement est de plus en plus difficile, les denrées de première nécessité sont rationnées et les produits d'importation sont absents.
Encore notre région est elle privilégiée par rapport aux grandes villes. A Châteaubriant, un « débrouillard » trouve à se ravitailler assez facilement en beurre, viande, charcuterie en s'adressant directement à la source. Aussi les citadins viennent-ils et de fort loin parfois, dès qu'ils en ont la possibilité nous pousser une visite afin de repartir avec de précieuses provisions. Bien sûr aussi, le marché noir fleurit car tout ce commerce se fait sous le manteau au nez et à la barbe de l'occupant et de l'administration de Vichy. Articles de presse, directives de l'administration française et de l'occupant, sanctions n'endigueront pas ce marché dit « noir » source d'un trafic dont bénéficient certains.
Tous ces problèmes sont angoissants – la vie est difficile – les lendemains angoissants – et les habitants n'ont guère de distractions ce qui explique le suivi de toutes celles organisées par les associations, comités, amicales.
 
En 1942, l'interdiction des réunions est levée. Certaines activités de l'Amicale sont envisagées. Comment subvenir aux besoins, comment apporter une aide nouvelle aux sociétaires et pères d'élèves prisonniers ? (R. Nivert)

       Février 42 avec de jeunes Résistants castelbriantais
       Coup de tonnerre ! Vol d'armes stockées au château ! La nouvelle avait rapidement fait le tour de la ville sous le couvert, assurément, mais celà avait été su. Nos jeunes résistants furent dénoncés et arrêtés. Que s'était-il passé ?
 
« Des jeunes castelbriantais GUERTEAU, TAILLANDIER, PELON, BONVALET pénètrent en fraude dans le château pour faucher des armes, stockées là - elles étaient entreposées dans le donjon - depuis que les Allemands les avaient réquisitionnées chez les habitants.
Ce que nous en dit un des participants -Yves Pelon - « Les deux petits Robert Guertault 14 ans et Robert Taillandier se glissent entre les murs de l'étroit soupirail... Jacques Bonvalet et moi sommes dans le coup et c'est chez moi, parmi les vêtements du magasin, que sont cachées les armes. Hélas nous serons arrêtés rapidement »
Le juge Fichoux devait être chargé de défendre les inculpés. Il ne put rien pour eux... Yves Pelon et Jacques Bonvalet furent les premiers déportés politiques à être internés.
A cette époque, certains français prônent une collaboration active et des articles parus dans le "Courier" invitent à rejoindre les groupes locaux castelbriantais : Collaboration et Ligue Volontaires Français
 
 
Propagande
 
Certains choisissent leur camp, celui de la Collaboration. On recrute ouvertement et beaucoup le regretteront à la fin du conflit. 
Mais qui avait prôné cette collaboration lors de l'entrevue de Montoire ? Le Maréchal Pétain
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L'entrevue de Montoire est la rencontre qui eut lieu le 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler dans la gare de Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher, France). Elle avait été longuement préparée par la rencontre du ministre des Affaires étrangères français Pierre Laval avec l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz, puis avec Hitler et Ribbentrop, deux jours auparavant au même endroit : elle devait poser les bases d'un dialogue entre la puissance occupante et le gouvernement de Vichy.

Écoutons le Maréchal

"C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration...

https://youtu.be/PNMswtqJ0gg

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  • Le Groupe Collaboration dont une antenne existera à Châteaubriant avait été créé au niveau national
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206958221&l=1600&h=860&m=&titre=206958221&dngid=4cc4747fccaa8c3ff549443a8dba5f9f818386b7
  • pour rassembler les Français de bonne volonté qui souhaitent sincèrement établir une France Nouvelle dans une Europe Nouvelle
  • pour réaliser ce dessein tel qu'il a été exposé dans les divers discours du Maréchal
  • pour soutenir la politique extérieure de la France telle qu'elle a été définie et préconisée dans le message du Chef de l'Etat du jeudi 10 octobre 40 et au besoin pour la défendre
  • pour établir dans les rapports franco-allemands cet esprit de collaboration tel qu'il a été défini et préconisé par l'entrevue de Montoire et pour faire mieux connaître aux Français l'Allemagne réelle


      Le Maréchal a choisi et la France tout entière doit le suivre. Vive la collaboration pour que vive la France « Il ne suffit pas qu'on me fasse confiance, il faut qu'on m'aide » a dit le Maréchal
Sous le haut patronage de S. E. M. l'ambassadeur Fernand de Brinon, délégué général du Gouvernement Français... Suivaient les membres du Comité d'Honneur, du Comité directeur, autant de hautes personnalités engagées dans la collaboration franco-allemande (13) 
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(13) Comité d'Honneur: S E Mgr le Cardinal Baudrillard ; M. Pierre Benoit ; M. Abel Bonnard tous les trois de l'Académie Française ; M. Georges Claude de l'Institut ; Mme Claire Croizat, professeur au conservatoire ; M. Drieu de la Rochelle, homme de lettres […]
Comité directeur : Président : M. Alphonse de Chateaubriant ; Vice-Président et Directeur général : M. René Pichard du Page ; Sécrétaire général : M. Ernest Fornairon [...]
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      L'article du Courrier (10 avril 1942) se terminait par tune invitation  à collaborer : Inscrivez-vous à Châteaubriant chez M. F......  C......., place de l'Hôtel de Ville à Châteaubriant

      Et l'on créa donc un groupe « Collaboration » à Châteaubriant. 
Les inscriptions étaient reçues, place de l'hôtel de Ville, résidence du Président de la section locale. La première réunion de fondation avait eu lieu afin de lui donner une existence officielle. Les adhérents avaient désormais la possibilité de s'adresser sur place et en toute confiance à un organisme qui a cru depuis toujours nécessaire, tout ce qu'il faut pour aller de l'avant.
On sait que le groupe « Collaboration » ambitionne de rassembler tous les Français partisans d'une entente entre la France vaincue mais peut-être redevenue lucide et l'Allemagne victorieuse mais »dominant sa victoire ». Y ont naturellement leur place ceux de nos compatriotes qui, après avoir nourri des illusions dangereuses, ont tiré au moins la leçon de la terrible défaite et mesuré l'étendue de leurs erreurs. Et tous se mettront ainsi sous l'égide du Maréchal Pétain qui a pris en main les destinées de la France et compris la voie où elle devait désormais s'engager pour sauver ce qui reste d'elle, retrouver son énergie perdue et faire encore une figure digne de son prestigieux passé dans l'Europe en train de s'édifier sur de nouvelles et de plus jutes bases
 
Envoyez demandes d'adhésions au Président de Collaboration (dont l'adresse suit) 
Certains castelbriantais adhérèrent-ils ? Une deuxième invitation à rejoindre le mouvement était publiée 4 semaines plus tard "Adhérez, Faites adhérer à "COLLABORATION"
 Encart dans Courrier du 29 mai 42

     On pourrait penser que " Collaboration " - " la L. V. F " ne concernaient que Paris et quelques grandes villes dont Nantes. La toile était beaucoup plus large et à Châteaubriant on trouvait des partisans qui recrutaient et la mise en place d' une antenne du groupe Collaboration nantais favorisera le recrutement

Qui trouvait-on ? "Les premiers adhérents sont pour la plupart des personnes appartenant à la moyenne bourgeoisie n'ayant jamais participé aux luttes politiques d'avant guerre, rares sont les employés et les ouvriers. On y rencontre la plupart des dirigeants des nouveaux partis."
Ce mouvement partisan de la collaboration avec l'Allemagne nazie vise à rassembler à l'occasion de conférences , concerts et autres rencontres plus informelles des partisans et des curieux appartenant à toutes les classes de la société . Si à Châteaubriant ces réunions furent rares ce ne fut pas le cas à Nantes, réunions dont la presse castelbriantaise donnera les compte-rendus. 
A l'occasion de ces manifestations, e préfet parle de grands succès mais c'est pour aussitôt en minimiser la portée "Cette affluence aux conférences (1500 personnes en avril - 1500 en mai - 1900 en juin) s'explique par la curiosité... Depuis quatre mois que le groupe Collaboration a été créé à Nantes le nombre d'adhérents dépasse de très peu 500 (Préfet - 30 juin 41) Bon serviteur de l'Etat français et ardent défenseur de la politique de "redressement national du Maréchal, le  Préfet qui se méfierait des milieux collaborationnistes parisiens critiquant l'attitude trop timorée à leurs yeux du gouvernement vis à vis de l'Allemagne (in VIVRE L'OCCUPATION de J Bourgeon"

La création de l'antenne de Châteaubriant
On s'affiche avec mise en place d'un local d'accueil carrefour Pasteur
La boutique de la COLLABORATION installée durant la guerre sera pillée et dévastée à la libération
 
"Le quartier général des Allemands est à « la banque Couchot », tandis qu’en face, dans ce qui fut autrefois le quartier de La Boule d’Or, puis le magasin « La Botte d’Or » puis « Le Casque d’or », se trouve ce que l’on appelle « Radio-Crampon » 
"C’était la radio qui diffusait la propagande allemande à l’aide de haut-parleurs installés dans les rues de la ville. Le préposé était un Allemand nommé Crampon » se souvient Mme Huard" (in La Mée)

    Au sein de la L. V. F (Légion des Volontaires Français) à Châteaubriant

     Certains groupes prônant la lutte contre le communisme et le bolchevisme affichent leur profession de foi. Un communiqué du 1er mai 42 de la permanence tenue par M. B. 4, rue Gambetta à Châteaubriant.
La venue de Jacques Doriot, à Nantes avait-elle décidé M. B. favorable à la L.V. F à ouvrir une permanence et à recruter parmi les Castelbriantais ? 
Les soldats de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme participent à l'affranchissement du monde du joug judéo-bolchevique »
 
 
Sous l'égide du P. P. F. et de la L. V. F.
« M. Jacques Doriot a parlé à Nantes de la lutte contre les Soviets »
A l'heure où se joue avec le sort de l'Europe, celui de la France, Jacques Doriot est venu clamer les vérités essentielles qu'aucun esprit lucide ne devrait ignorer chez nous : la Russie communiste n'a cessé d'être fidèle à son programme : étendre à l'Europe entière, à n'importe quel prix, son régime d'esclavage et de misère. Une victoire soviétique serait un arrêt de mort pour la France aussitôt envahie par les hordes staliniennes. Aucun Français vraiment patriote ne devrait méconnaître à l'heure actuelle l'énorme service que rend l'Allemagne au monde civilisé en contenant à l'est ces hordes déchaînées en attendant de les écraser définitivement.
Hitler vaincra Staline et l'Europe sera sauvée
Les légionnaires français qui pour reprendre les termes du maréchal, détiennent une part de l'honneur de notre pays, contribuent par leur sacrifice à la réconciliation franco-allemande. Cette réconciliation que le 13 décembre avait entravée se fera. Le nouveau gouvernement en est une garantie. Il faut lui faire confiance. Il saura briser le communisme et le gaullisme qui veulent rendre impossible toute collaboration et toute entrevue »
 
Y avait-il nécessité d'une relance près d'éventuels sympathisants ?Mieux connaître l'esprit de la Légion, mieux connaître sa mystique puissante ne pourrait que favoriser les engagements. Nouvel article début juin

 
« Depuis le 7 juillet 1941, date de la fondation de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme et surtout depuis que cette unité a été engagée dans les grands combats autour de Moscou, aux côtés de l'armée allemande, un grand nombre de français non susceptibles de combattre pour des raisons diverses, voient dans le geste des Légionnaires un acte de valeur élevée, un acte symbolique dans le sens de la réconciliation franco-allemande et de la collaboration européenne.
Ces Français sont des sympathisants dont l'appui moral n'est pas à négliger. Ils sont aussi les seuls sur lesquels on puisse compter pour appuyer en France la propagande en faveur de la Légion
Or, la Légion, c'est tout simplement sur l'immense front de l'Est, un drapeau tricolore. Quelques unités parmi des millions de combattants. Mais un symbole magnifique : la France représentée dans un combat gigantesque livré à ses propres ennemis.
Faut-il s'étonner qu'une étrange mystique se soit emparée de ces hommes et que cette mystique du drapeau français flottant dans les steppes russes gagne peu à peu ceux qui sont demeurés ici.
Faut-il s'étonner du succès considérable du mouvement de sympathie en faveur de la Légion des Volontaires Français et de la vague de confiance qui s'élève dans tout le pays
Non, car petit à petit, les Français prennent conscience de leurs devoirs, de leurs intérêts et comprenant alors que les Légionnaires sont, au feu, les pionniers de nos aspirations, ils se groupent avec enthousiasme sous le signe de la Légion
Les Anciens Combattants et les Anciens Légionnaires et la masse sans cesse grandissante des sympathisants doivent former un tout avec les unités militaires de la L.V.F. Actuellement sur le front
Un tout qu'anime un même souffle : l'esprit patriotique, socialiste et européen de la sublime légion.
Permanence de Châteaubriant : 4 rue Gambetta

Les Volontaires voulaient lutter contre le Bolchevisme. Savaient-ils dans quoi ils s'engageaient ? Avaient-ils idée des risques encourus ? Au cinéma de M. Blais, les Actualités cinématographiques sous contrôle allemand apportaient toutes les informations voulues. Les confortaient-elles dans leur décision ? 
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Les Archives de l' I N A nous en donnent un vibrant aperçu. Les "chefs" fascistes DELONCLE, DEAT, DORIOT... que l'on trouvait déjà au sein des Ligues factieuses d'avant-guerre galvanisent leurs troupes lors de réunions au Vélodrome d'hiver qui devait entrer dans l'histoire lors de la rafle du Vel d'Hiv de juillet 42

légion-des-volontaires-francais-contre-le-bolchevisme-video.html (25 juillet 1941)
 
le-premier-contingent-de-la-lvf-video.html (Octobre 41)
 
depart-de-volontaires-pour-le-front-de-l-est-video.html (Juillet 1943)
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La mise au ban d'organisations et de partis 
Quelques articles du Courrier illustrant la situation 

  • La Franc-maçonnerie (Courrier du 4 septembre 1942)
Le 19 août 1940, le Journal Officiel publie le décret de dissolution du Grand Orient de France et de la Grande Loge de France, les autres obédiences seront, elles, dissoutes le 27 février 1941.
En application de la Loi du 13 août 1940, les mandats politiques, les postes de l’administration publique et beaucoup de corps de métiers seront alors interdits aux francs-maçons. Ils sont pourchassés et livrés à la vindicte populaire avec des listes de noms publiés dans les journaux collaborationnistes (cf Courrier) Ils sont très souvent chassés de leur emploi s’ils sont fonctionnaires ou chargés d’une mission publique. 
On les traque, on les dénonce. Ainsi en est-il de Robert Lefebvre contrôleur à l'office interprofessionnel des céréales de Châteaubriant comme fonctionnaire et agent membre de sociétés secrètes ayant appartenu à diverses loges maçonniques dont on cite les noms (Grande Loge de France – Grand Orient de France) Pour pouvoir continuer à exercer il aurait souscrit une fausse déclaration
  • Mise en garde contre « le front national » (Courrier » du 29 mai 42)
A BAS LES MASQUES - Communiqué de la Préfecture régionale
« Depuis quelques mois un groupement occulte s'intitulant sans vergogne « Front National » incite ouvertement la population en faisant appel à son patriotisme à des actes de sabotage contre les troupes d'occupation. L'administration a le devoir d'informer les habitants de la région que ce prétendu Front National n'est qu'une émanation du parti communiste illégal, camouflée pour les besoins de sa propagande criminelle.
Elle met en garde, une fois de plus, la population contre de pareils appels qui ne visent en réalité, qu'à des buts révolutionnaires et à attirer sur la collectivité un surcroît de misères et de malheurs

    Propagande …
  • Un beau concert en faveur des troupes allemandes (Courrier du 23 octobre 1942)
    Une troupe artistique de passage a offert dimanche soir un spectacle de qualité aux troupes d'occupation actuellement dans notre ville. Un orchestre symphonique de grande qualité exécutait avec maestria des œuvres attachantes du auteur-compositeur Johann Strauss, des ballets variés et agréables à suivre, un couple de chanteurs aux voix harmonieuses ont procuré aux nombreux assistants une soirée d'agrément et de charme. Nous n'en voulons pour meilleure preuve que le silence abolu observé pendant le programme et la vigueur des applaudissements soulevés à la fin de chaque partie.
Il nous reste à remercier de sa bienveillance la Orstkommandatur qui avait invité quelques-uns de nos concitoyens à cette belle soirée
  • Le procès des 42 dans la presse (Courrier du 5 février 43)
      37 Terroristes condamnés à mort à Nantes
    Rendant son verdict dans le procès des terroristes, le Tribunal militaire allemand, siégeant à Nantes, a prononcé la peine de mort pour 37 accusés, 3 ont été condamnés à des peines de réclusion ou de prison, 3 ont été acquittés.
Des débats et des aveux mêmes des prévenus, il ressortit clairement qu'il s'agissait là d'une association de bandits, tous depuis longtemps enrôlés dans le parti communiste. La plupart des attentats commis par eux ont été dirigés contre des Français ou des biens privés français. Il faut y ajouter la menace des sanctions collectives supportées par toute la population, sanctions qui eussent pu être aggravées si les auteurs de ces attentats n'avaient pas été arrêtés ; deux meurtres, six tentatives de meurtres ont eu des Français pour victimes. Raymond Hervé avoua vingt attentats, dont un meurtre et plusieurs tentatives de meurtres, ent re autres sa participation avec Le Bris et Le Pailh au meurtre du Juge d'Instruction Bras tué par Le Pailh ; Lagatheu qui abattit le sculpteur Pichaud, assisté en ce meurtre par Guynoiseau ; Cléro et Perrochaud qui tirèrent sur les inspecteurs Vaillant et Parent etc...
Devant de tels faits, il n'est pas un Français, aimant et respectant son pays, qui n'ait souhaité le juste châtiment d'une pègre où ne se retrouve aucune des vertus de chez nous
 
(Ouest-Éclair du 31 janvier – Edition Nantes)
 
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k635928t/f3.item.r=TERRORISTES%20CONDAMNES.zoom
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La vie quotidienne
Reprise des activités de l'Amicale
 
Des « Concerts » sont organisés en vue de se procurer les fonds nécessaires à l'envoi de colis à « nos prisonniers de guerre » Ces séances récréatives sont appelées « concerts » improprement d'ailleurs car ce sont des séances de variétés qui comportent outre les chants, des évolutions rythmiques ou acrobatiques, des numéros comiques, des sketches, des petites pièces de théâtres et autres vaudevilles. Les « acteurs » sont locaux : enfants des écoles, grands élèves des deux Cours Complémentaires, instituteurs et membres de l'Amicale.

La première se déroula le 1er Mars 42
Au programme : Mouvements rythmiques des élèves de la Maternelle - Chants et danses bretonnes par l'école Aristide Briand - Séance théâtrale au cours de laquelle les grands du Cours complémentaire des Terrasses jouèrent une pièce du Moyen Age « La farce du pâté et de la tarte ». Étaient au programme aussi ce jour là chansons, mélodies monologues et un vaudeville en un acte « La semaine anglaise de Codey » qui devaient être interprétés par plusieurs membres de l'Amicale
Le Compte rendu paru la semaine suivante ) présentait les divers « acteurs » que l'on retrouverait avec plaisir lors des séances suivantes
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Courrier du 6 Mars 42
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Avaient joué de façon magistrale la farce : L. Bochat, B. Sassier, A. Ravily et A. Melois qui étaient certes de bons acteurs mais aussi de bons footballeurs de l' équipe cadets des Terrasses
La « Semaine anglaise » avait été interprétée avec beaucoup d'entrain par M M Jean Genêt, M. Jeanneau, G. Lejeune, A. Héry, F. Biveau et J. Bothorel
En seconde partie Mme Maudet, Mlle Duboc, M M Ritouet, Bothorel et Jeanneau obtinrent beaucoup de succès dans la partie de concert très réussie et applaudie.
 
Succès complet. On dut augmenter le nombre de séances et cette année là furent organisées plusieurs séries de concerts afin de satisfaire le nombreux public. On joua en matinée et soirée, salle de la Mairie, le 1er mars et l'on se produisit de nouveau les 13 et 20 décembre. Des séances suivies et qui laissèrent un bénéfice de près de 29 000 francs dans la caisse de l'Amicale
 
Les Garderies scolaires des écoles publiques
Après trois ans d'interruption, elles allaient reprendre dès le début des vacances scolaires
« Des garderies de vacances seront organisées par l'Amicale Laïque du 15 juillet au 15 septembre. Elles auront lieu tous les jours non fériés de 9 h à 11 h 30 et de 14 h à 18 h sauf le samedi après-midi. Les enfants seront placés sous la surveillance de personnes de confiance et se livreront à des jeux et sports variés ou bien iront en promenade aux alentours de la ville.
 
Rassemblement pour les garçons à l'école des Terrasses et pour les filles à l'école de la rue de la Victoire (communiqué du 10 juillet 42)
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Autour de Nous...
Activités sportives
Le sport bat son plein. On a peine à imaginer la vogue que connut l'athlétisme, le nombre de clubs ayant créé une section et les nombreuses réunions mises sur pied. Un calendrier bien rempli
 
28 juin 1942 : Fête des vieilles tiges réservée aux vétérans
Cinq ou six société seraient aux prises par équipes.Tout un programme judicieusement étudié qui devait plaire à tous, petits et grands
Une particularité des Vieilles Tiges était de programmer – hors Challenge – une gamme d'épreuves au côté comique, dont il est inutile de souligner l'intérêt nous annonce le chroniqueur (course à la valise, course des débrouillards, rallye-steeple, relais 4 X 60...)
L'A. L. C. C enleva le challenge de l' Olympia offert généreusement par "M. Blais - Cinéma" devant les Voltigeurs. Réservées au plus de 30 ans, les résultats permettent d'apprécier l'éclectisme des dirigeants des clubs. C'est au poids que nos athlètes s'étaient taillés la part du lion
 
28 juin 1942 « Le kilomètre de Paris Soir »
Une épreuve tout à fait particulière puisqu’elle était courue sur route. Ouverte aux non licenciés nés en 1917 et après. Départs au Pont de la Grenouillère et arrivée rue Aristide Briand. Engagements auprès de M. M. Jeanneau.
« Cette épreuve s'est courue devant une nombreuse assistance. Il y avait 14 engagés
1. Cottrel (A.L.C) . 2' 50'' 3/5 - 2. Degiorgis (A.L.CC) 2'56'' – 3. Dumazeau G (A.L.C.) 2' 57'' 2/5 - 4. Jarno (A.L.C.) 2' 57'' 4/5 - 5. Peslerbes (Mecano-sports) à 50 cm... »
 
Le 5 juillet était programmée la Grande Réunion d'Athlétisme des Voltigeurs Castelbriantais
Première réunion de la saison, elle devrait attirer tous les sportifs de la région. Elle mettra en ligne les meilleurs athlètes du département
Épreuves : Juniors-Seniors ; Cadets
Equipes engagées : S.N.U.C ; Vélo-Sport Nantais ; U.S. Armoricaine ; Mécano-Sports ; Voltigeurs qui présenteraient tous leurs athlètes disponibles ; Amicale Laïque qui a, elle aussi, une belle équipe qui doit obtenir un bon classement.
Le Compte rendu des épreuves atteste de la valeur des athlètes et de la forte concurrence entre les deux sociétés locales. Si les Voltigeurs s'étaient imposés en Juniors Seniors, l'A.L.C. avait dominé les autres équipes en cadets
Ouvrez le Courrier du 10 juillet 1942
 
 
Le 18 juillet c'était autour de l'Amicale d'organiser une réunion, au Stade de l'Usine Huard. 
Participait l'équipe de Segré qui avait déplacé plus de 30 athlètes et une section féminine qui venait de remporter 9 titres aux championnats d'Anjou - qui l'emporta facilement au vu de ses fortes individualités devant l'Amicale qui s'est bien défendue, les Voltigeurs vraiment trop incomplets pour inquiéter les premiers et Mécano dont les jeunes représentants font preuve de qualité, mais manquent encore de puissance et de métier. Épreuves classiques, classement par équipes et deux relais étaient au programme (400 x 300 x 200 x 100) et 4 x 100.. Tous deux enlevés par l'Amicale devant les Voltigeurs et Segré
Particularité de cette réunion : Pour la première fois des athlètes féminines s'étaient produites à Châteaubriant avec au programme 60 m ; 300 m ; hauteur et longueur. Segré avait fait montre d'une telle supériorité que la lutte perdit de son intérêt (Article de P. Q.)
 
 
Jusqu'en août, la saison athlétique battit son plein. Des réunions hebdomadaires à Châteaubriant, Nozay, Conquereuil, Héric, Blain, Nort réunissant pour certaines plus d'une centaine de participants attestent de l'engouement que suscitait l'athlétisme... tout en attendant la saison de BALLON ROND qui reprendrait ses droits
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     Autour de Nous
      Organisation d'activités spécifiques à l'Amicale mais aussi participation à celles dont l'objectif était le même dans certains domaines
       L'Amicale fit – comme bien d'autres associations – tout son devoir durant l'année 1942. Ses membres se retrouvaient constamment là où il était possible de faire œuvre utile. 
En faveur des prisonniers de guerre beaucoup d'amicalistes unirent leurs efforts au sein du Comité d'entraide des prisonniers en faveur duquel les Associations de la ville ( Voltigeurs, Croix Rouge, Secours National, S.A.C,Vieilles Tiges...) organisaient des manifestations visant à se procurer des fonds nécessaires à l'envoi de colis. Un remarquable effort collectif, toutes tendances réunies lors de certaines soirées, concerts organisées dans ce but (R. Nivert)
 
      Effort remarquable des associations civiles et sportives organisant matches, concerts, kermesses et fêtes diverses en faveur des prisonniers de guerre et du Comité d’entraide aux prisonniers
En cette fin juin 42, ceux nombreux qui se dérangeaient avaient la double satisfaction de se distraire et de marquer d'une manière tangible l'intérêt qu'ils portaient à nos chers prisonniers
  • Soirée Cinéma-Concert fin juin 42 
  • Une première soirée avait eu lieu le 26 mars, au profit de nos prisonniers de guerre et le succès qu'elle avait rencontré appelait le renouvellement d'un spectacle similaire. C'est ce qui a été fait la semaine dernière où trois soirées et une matinée ont été données et une large part des recettes a été versée au Comité d'entr'aide local
  • En première partie, on a revu avec plaisir le film choisi « Ces dames aux chapeaux verts » un film connu de beaucoup puisqu'il avait déjà été projeté en film muet à Châteaubriant. Excellente interprétation de Marguerite Moreno, Alice Tissot et Pierre Larquey. Autant d'artistes de renommée nationale.
  • C'est au cours de la seconde partie réservée au jazz formé par ROBY et SES BOYS qu'intervinrent les artistes locaux dont on retrouvera les noms avec plaisir, autant d'animateurs bénévoles au sein d'Associations civiles ou sportives et qui se retrouvaient pour une œuvre commune.
  • Tous unis ce jour là : Roby (M. Plassais) et ses boys (M.M Glédel, Dauffy, G. et A. Combet, Savinel, Renato, Rosemon, Bonvalet, Louis) qui exécutèrent successivement morceaux entraînants et chansons modernes, chœurs, sketches, duos... avec une virtuosité qui dénote beaucoup de dispositions naturelles et un sévère travail de mise au point.
  • Tout ne fut pas également réussi mais cela est bien excusable, étant donné l'ampleur du programme. Plongeons-nous dans l'ambiance de l'époque... Écoutons le fameux « Robby Jazz », Retrouvons M Plassais dont les interprétations sont si comiques dans Ma pomme, la chanson du maçon ; Marcel Glédel dont on connaît toute la virtuosité en solo au saxophone... (3 juillet 42)
 
     Si avant guerre, nous mettions à profit le mois de décembre pour organiser l'Arbre de Noël des Écoles publiques cette manifestation "privée" n'était plus possible
       L'année précédente fin 41, nos écoliers comme tous ceux de Châteaubriant avaient participé au Noël du Maréchal... autour de la personne du Maréchal, Chef de l’État. 
     Fin 42, nouvel appel à l'union de tous, en raison des événements,  Cette fête de Noël qui aurait dû être marquée par diverses manifestations permettant à tous les enfants de célébrer cette fête ne connut pas le succès de l'année précédente. Et pourtant on souhaitait
  • Qu'un arbre de Noël soit organisé dans chaque commune
  • Que dans toutes les écoles publiques et privées les enfants soient invités à confectionner de menus objets qui seraient vendus pour la confection de ces arbres
  • Que le supplément des sommes ainsi recueillies soit remis au Maréchal, pour les enfants de prisonniers dont les mamans sont décédées ou malades depuis la captivité du père
    Aussi « l'Arbre de Noël du Maréchal » fut-il reconduit sous un autre nom :Le « Noël pour tous de Châteaubriant (8 janvier 1943)
      Se souviendraient-ils de la sollicitude du Maréchal ?
      Notre Chef de l’État s'offrait en effet aux regards en une effigie placée entre des houx illuminés aux trois couleurs. Et le journaliste d'exprimer un vœu « Ah ! Si notre Maréchal pouvait être ainsi à l'honneur pareillement dans tous les cœurs français »
      Sous l'égide du Secours National, étaient rassemblés les enfants malheureux, ceux qui appartiennent aux familles des prisonniers et des évacués.... Un Noël resplendissant de bonté et d'espérance malgré les difficultés de l'heure où les friandises sont devenues rares et les jouets tout autant faute de matières premières pour leur fabrication... Des enfants déshérités nombreux, très nombreux, de toutes les écoles, tous accompagnés par leurs maîtresses, leurs maîtres, leurs parents... Un spectacle amusant, un programme varié à la portée de leur compréhension : chants mimés, danses folkloriques, et « la Farce du Cuvier »
 
 
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     1943

     Autour de Nous
     L'envoi de colis... C'est avec la relève le grand sujet de ces années 42... 43... Et toutes les associations de participer à cet effort. Les Prisonniers de Guerre font l'objet de très nombreuses réunions visant à recueillir des fonds pour l'envoi de colis. Mais ils ne seront plus les seuls à bénéficier de mesures d’entr’aide. A compter de juin avec l'arrivée d'évacués de la région nazairienne, on redoublera d'efforts pour subvenir à une partie des besoins de ces nouveaux arrivants. Tous ces efforts sont centralisés par le Comité d'entraide qui se charge de l'envoi des colis. L'Amicale participe grâce aux concerts qu'elle organise
 
      Envoi de colis aux prisonniers (8 janvier 1943)
      L'Amicale des Anciens élèves et Amis des Ecoles Publiques de Châteaubriant enverra en janvier un colis à chacun de ses membres prisonniers. Le bénéfice de cette distribution sera étendu aux pères des élèves des écoles publiques. Se faire inscrire (pour ces derniers) avant le 15 janvier chez M. Geffriaud, Président de l'Amicale.
L'envoi des colis sera effectué par l'intermédiaire du Comité d'Assistance aux Prisonniers de guerre


Confection et envoi de colis  (Source photographique ... )
      D'où provenaient les fonds nécessaires à ces envois ? Des trois séances de variétés organisées fin décembre 42
      La première séance de variétés avait connu un tel succès que finalement « les organisateurs avaient prévu une deuxième en matinée le 20 décembre... On ne s'arrêta pas là... Toutes les places pour cette matinée étant louées, on décida de faire une troisième et dernière séance le même jour à 20 h précises (en soirée) au profit de leurs œuvres post-scolaires et de leurs prisonniers"
      Allons donc au spectacle. Quelques impressions d'un jeune spectateur auxquelles on ajoutera le compte rendu du « Courrier » 
      Le témoignage d'un jeune spectateur - Pierre Martin
 - Le grand fils du propriétaire de l'Hôtel des Voyageurs (sans doute Marcel Glédel) a interprété la chanson de Trenet sur le débit de l'eau et le débit de lait ! C'était un copain de mon cousin Raymond et de son frère André (les deux frères Chailleux). 
- La farce du cuvier ? J'y suis encore ! Je vois très distinctement la scène et les acteurs et je ris de la chute dans le cuvier ! 

 
« En lever de rideau, l'orchestre qui, sous la direction de M. Marcel Glédel, prêtait son précieux concours, créa l'ambiance par une marche espagnole, Le Matador parfaitement exécutée. Puis les fillettes de l'école Aristide Briand se produisirent dans un chant mimé : La légende de Saint Nicolas. Des élèves de l'école des Terrasses, dans une ronde avec chœur, firent entendre de vieilles chansons françaises. L'archet de Mlle Giraud et celui de M. G. Combet charmèrent les auditeurs et furent salués par des applaudissements justement mérités. La Farce du Cuvier et les deux Timides fort bien interprétés amenèrent de nombreux moments de gaieté. 
      Comme si on y était... Quelle farce ! Mettons-nous à la place de Jacquinot. Un homme doit obéir à sa femme et à sa belle-mère, qui veulent lui imposer tous les travaux du logis. Que fera Jacquinot après qu'elles lui aient donné un « rôlet », une liste des travaux qu'il aura à effectuer.
  • LA MÈRE - Ensuite, Jacquinot, il vous faut pétrir, cuire le pain, lessiver,...
  • LA FEMME - Tamiser, laver, décrasser...
  • LA MÈRE - Aller, venir, trotter, courir, et vous démener comme un diable.
  • LA FEMME - Faire le pain, chauffer le four...
  • LA MÈRE - Mener la mouture au moulin...
  • LA FEMME - Mettre le pot au feu et tenir la cuisine nette.
  • JACQUINOT - Si je dois mettre tout cela, il faut le dire mot à mot.
  • LA MÈRE - Bon ! Écrivez donc, Jacquinot : pétrir...
  • LA FEMME - Cuire le pain...
  • JACQUINOT - Lessiver...
  • LA FEMME - Tamiser...
  • LA MÈRE - Laver...
  • JACQUINOT - Laver quoi ?
  • LA MÈRE - Les pots et les plats...
Comment tout cela se terminera-t-il ?
Jacquinot aidera sa femme pour un travail ménager au bord du cuvier, un grand baquet qui contient le linge sale. Sa femme basculera alors dans le cuvier. Tempêtant et suppliant son époux, elle est sur le point de mourir noyée. Jacquinot lui répond simplement que la sortir de l'eau ne fait pas partie de sa liste.... Il ne se décidera à aider sa femme à sortir du cuvier qu'après la promesse qu'il sera dorénavant le maître du logis.
 
     Les applaudissements unanimes qui suivirent les chants de M. Ritouet prouvèrent combien le public apprécie l'organe et la technique d'un amateur que pourraient lui envier bien des professionnels. Mme Maudet, M M. J. Tourillon et Lebon surent également intéresser leur public qui leur fit un vif succès. Des compliments sont dus aussi aux jeunes filles du Cours Complémentaire pour une parfaite exécution de chants et de danses d'Auvergne. Quant à la vente des pochettes surprises, elle permit à chacun d'emporter un souvenir tangible d'une excellente après-midi »
Une large part des bénéfices devait être employée à l'envoi de colis aux prisonniers de guerre du « groupement » 
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Le travail en Allemagne
Les affiches de propagande en faveur de la libération des prisonniers, de la relève, du travail en Allemagne et même du S T O fleurissaient sur les murs. Richesse des archives.
Le besoin de main d’œuvre de l’économie de guerre du Reich devient tel - les hommes étant massivement mobilisés sur le front russe - que les responsables de la main d’œuvre vont chercher à exploiter au maximum les ressources en travailleurs des pays occupés. Pour répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre de l’industrie de guerre allemande et aux demandes successives de Sauckel, diverses mesures furent prises par le gouvernement de Vichy.


 
A compter de 1941, l’appel au volontariat n’eut pas grand succès. « L’Allemagne contribue à la diminution du chômage en France en donnant aux travailleurs qui y demeurent la possibilité de travailler en Allemagne… Il convient de collaborer avec les services allemands » proclame le ministère. Malgré la propagande mettant en avant les bonnes conditions de vie et de travail et les promesses de bons salaires offerts aux spécialistes français, le recrutement restreint ne fait pas l’affaire des autorités allemandes.
 
La relève
 
Il est réclamé à la France, en mai 1942, 250 000 travailleurs industriels dont 150 000 spécialistes. Laval, devenu chef du gouvernement, négocie et obtient, dans le cadre de « la relève », qu’en échange des 150 000 spécialistes, 50 000 prisonniers de guerre soient libérés.« Un nouvel espoir se lève pour nos prisonniers, c’est la relève qui commence » déclare Laval. Ce recrutement était fondé sur la base du volontariat. La possibilité d’une libération des prisonniers engage le gouvernement Pétain dans une voie où rien ne pourra arrêter les demandes allemandes relatives au potentiel de travailleurs dont le Reich a besoin.
« La France toute entière vivait à l’heure P.G. et l’espoir (qui sera déçu de les voir libérés) justifie pour le pouvoir des sacrifices de souveraineté et de dignité. Gestes politiques, paroles, gestes du Maréchal sont approuvés par des millions de Français et de Françaises, épouses, mères et pères des absents qui jugent Montoire et « la relève » à l’aune de leur chagrin et de leurs espérances »
Cet échange ne connut pas le succès attendu. Les résultats, malgré une intense propagande, s’avérèrent vite décevants. On se dirigeait vers l’obligation d’aller travailler en Allemagne. Le gouvernement de Vichy poursuit sa politique de collaboration et promulgue, dès septembre 1942, une loi instituant le principe du travail obligatoire pour les Français et les Françaises d’âge adulte, afin de permettre une éventuelle affectation autoritaire de la main d’œuvre. Une mesure qui allait entrer en vigueur à compter du début 1943. Ce sera le S.T.O.
 
Les prisonniers transformés

En janvier 1943, nouvelle demande de Sauckel qui exige du gouvernement de Vichy 250 000 travailleurs. Laval crut avoir trouvé la solution en demandant en contrepartie la « transformation » de 250 000 prisonniers de guerre, déjà rendus sur place, en travailleurs dits libres. Ces « prisonniers transformés en travailleurs libres » puis dits « travailleurs libres » bénéficiaient d’avantages propres à leur statut en Allemagne. Ils demeuraient sur les mêmes lieux de travail mais cessaient de porter l’uniforme et touchaient un salaire équivalent à celui des travailleurs allemands accomplissant les mêmes tâches Un danger pour eux : ils ne bénéficiaient plus de la convention de Genève. Sortis du camp pour la majorité d’entre eux, ils bénéficiaient d’une adresse individuelle et avaient la possibilité de circuler à peu près librement. La transformation était en principe volontaire même si les pressions allemandes eurent lieu et obtinrent des résultats positifs dans certains stalags. Près d’un prisonnier sur quatre devint « un transformé en travailleur libre ». Le rapport est beaucoup plus faible au niveau de la commune. Seulement trois ruffignolais changèrent de régime ! Cette situation est peu connue car les familles évitèrent, dans la mesure du possible, l’annonce de cette évolution de la situation de leur prisonnier. Au sein du Comité local, elle ne pouvait être inconnue puisque désormais l’envoi des colis se fit différemment et que le port fut remboursé par le gouvernement français. Un changement peu apprécié qui créa quelques tensions. Surtout que cette nouvelle situation accordait aux transformés et en partie à leur famille des avantages supplémentaires tout en continuant à bénéficier des  « avantages » accordés aux prisonniers ?
  • La prime de séparation : Les autorités allemandes estimant équitable dans l’intérêt de toute la main d’œuvre française occupée en Allemagne de faire accorder également aux prisonniers « transformés » la prime de séparation, ce fut fait.
  • L’approvisionnement en vêtements civils : Tout envoi était strictement interdit aux P.G mais ces travailleurs particuliers purent bénéficier de collections de vêtements et de sous-vêtements. Toutefois « ces opérations demandant un certain délai, il est conseillé aux familles d’envoyer à leur prisonnier « transformé » les vêtements qu’elles pourraient se procurer même s’ils sont usagés » (Croix-Rouge - 1er septembre 1943)
  • La délégation familiale : les familles des « transformés » continueront à recevoir cette allocation qui leur était allouée aux termes de la loi du 20 juillet 1942
Ces avantages dont bénéficiaient les prisonniers qui avaient choisi délibérément de travailler pour les Allemands, en Allemagne, suscitaient des mécontentements au sein des Comité locaux Allez faire comprendre à ceux qui ne pouvaient en bénéficier que, seules, les familles des travailleurs libres pouvaient obtenir à la mairie de leur résidence une carte de textile dite d’habillement !
 
Voilà qui explique les très nombreux articles que pouvaient lire les lecteurs castelbriantais du « Courrier » articles et titres du journal favorables à la Relève et au retour des prisonniers. Châteaubriant avait retrouvé un rythme de travail. La Gare et son dépôt, la Fonderie, l' Usine Huard et diverses entreprises locales tournaient de nouveau. Y eut-il des ouvriers de la région qui répondirent à l'appel pressant du Gouvernement de Vichy ?
  • 1er Mai 42 : Travailleurs. Mes camarades
  • 2 juillet 42 : Le Président Laval fait appel aux ouvriers de France
  • 3 juillet 42 : Enfin la Grande Relève. Pas de déserteurs sur le front du travail
  • 24 juillet 42 : La relève est prête (éditorial de A. Quinquette)
  • 6 août 42 : Les captifs attendent des hommes libres et volontaires. Travailleurs, n'hésitez-pas !
  • 1 octobre 42 : La relève doit continuer dans l'intérêt de tous travailleurs et prisonniers. Pourquoi il faut aller en Allemagne
Ajoutons en première page une photo représentant l'arrivée du 2ème train de la Relève en gare de Compiègne en présence de De Brinon représentant le Maréchal
 
  • 16 octobre 42 : Il faut hâter la relève
  • 23 octobre 42 : La vérité sur le travail en Allemagne
Et le Maréchal de mettre tout son poids dans la balance... Et le Président Laval d'adresser un message au peuple français. Mais combien de prisonniers rentreraient-ils ?
  • 3 décembre 42 : 25 000 prisonniers vont rentrer au titre de la Relève
Une lettre d'écolière (Courrier du 13 février 1943) 
Le "Courrier" collabo ne pouvait que mettre en exergue un tel courrier ! Comment mettre en valeur la Relève ? On fera appel aux enfants qui par l'intermédiaire de leurs instituteurs répondraient à l'appel deM. Abel Bonnard, ministre secrétaire d’État à l'éducation nationale.  Celui-ci vient d'inviter,  les enfants de France à participer au concours de la plus belle lettre, organisé comme l'année dernière par l'association nationale des Amis des travailleurs français en Allemagne, pour récompenser les enfants ayant écrit les plus belle lettres de Noël à l'un de leur parent travaillant en Allemagne. 
Cette fois on n'écrit pas au Maréchal... On écrit à un membre de sa famille. Cette petite E. B ne dit-elle pas à son frère J. B, ouvrier travaillant en Allemagne qu'obéissant au Maréchal et à M. Laval , je ferai mon devoir de Française, j'accepterai cette épreuve en pensant que tu contribues ainsi que tes camarades, à la « grande Relève » et que ton sacrifice hâtera le retour des prisonniers. Quant aux conditions de travail de nos travailleurs, chacun sait qu'elles sont très favorables. J'ai appris que tu t'acclimates là-bas et que tu t'habitues de plus en plus en plus à ta nouvelle vie ainsi qu'à ton travail au vu des courriers que tu as envoyés. Que de conditions favorables ! Tu nous dis aussi que les logements sont confortables et chauffés. Tout cela nous rassure sur ton sort
Il ne lui reste plus qu'à souhaiter que l'année 43 sera l'année heureuse pour « notre douce France », que ce sera une année marquée par la,paix et la réconciliation définitive avec l'Allemagne.
  • 15 janvier 43 : La Relève doit se faire à plein
Commencèrent à paraître des listes de prisonniers qui rentraient mais au compte-goutte
23 avril : le travail français en Allemagne. Propagande en faveur du statut de travailleur libre
C'était le nouvel espoir du régime de Vichy et d'en présenter tous les avantages que pouvaient en retirer les prisonniers
  • 4 juin : Statuts des P G transformés en travailleurs libres
Mesures d'équité en faveur des travailleurs libres
Cet échange (3 travailleurs pour un prisonnier) ne connut pas le succès attendu. Les résultats, malgré une intense propagande, s’avérèrent vite décevants. Les travailleurs libres ou transformés furent nombreux par contre.

Le S T O
On se dirigeait vers l’obligation d’aller travailler en Allemagne. Quelles classes seraient concernées ? Le gouvernement de Vichy poursuit sa politique de collaboration et promulgue, dès septembre 1942, une loi instituant le principe du travail obligatoire pour les Français et les Françaises d’âge adulte, afin de permettre une éventuelle affectation autoritaire de la main d’œuvre. Une mesure qui allait entrer en vigueur à compter du début 1943. Ce sera le S.T.O. auquel devraient se soumettre les jeunes gens ayant eu 20 ans en 40, 41, 42.
 
Le 16 février 43, un décret instituait le S T O d'une durée de deux années. Sont épargnés pour un temps les jeunes agriculteurs et les étudiants qui bénéficient d'un sursis pour terminer l'année universitaire. Afin de parer aux défections prévisibles, Laval met en place tout un système de fichage avec la participation des mairies et des divers services administratifs.
Comment cette loi est-elle perçue ? Avancée supplémentaire dans une collaboration d'Etat rejetée par l'opinion, elle est d'entrée condamnée "Il est incontestable qu'elle a soulevé dans l'opinion publique un mécontentement assez profond. La plupart des gens estiment qu'il est regrettable que ce soit une loi française qui permette d'envoyer des ouvriers en Allemagne (Préfet -1er mai 1943) Un constat qui n'empêche pas l'administration  française d'appliquer la loi. La rapidité et la fermeté avec lesquelles  les directives du S T O sont mises en place provoque un raidissement de la population et l'apparition d'une Résistance passive et de réfractaires qui refusent l'enrôlement obligatoire et devront vivre cachés " ce que constate le Préfet "La partie Nord du département limitrophe des départements bretons donne un pourcentage  de réfractaires de 80 %. La plupart du temps les jeunes gens ont quitté leur domicile et il est difficile de les retrouver. Comment subsistent-ils "A cette époque des travaux agricoles, ils trouvent facilement à s'employer soit dans des fermes isolées, soit dans des exploitations forestières assez nombreuses. Il ne faut pas se dissimuler que les populations les accueillent avec plaisir d'abord parce qu'une main d'oeuvre supplémentaire est toujours la bienvenue à la campagne. Ensuite parce que chacun est heureux d'empêcher ces jeunes gens d'aller en Allemagne. Quel sera leur devenir? Ils seront à l'origine des premiers rassemblements de maquis ce que ne relève pas encore le Préfet dont l'enquête des Renseignements généraux n'a pas décelé d'organisation  permettant aux réfractaires d'échapper collectivement à la loi. Satisfaction de sa part  au vu des enquêtes menées dans le nord du département "Les résultats me permettent d’assurer qu'il n'existe aucun point de rassemblement de réfractaires" (Préfet 1er juillet 1943)
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Les activités culturelles de l'Amicale
En cette année 43, l'activité amicaliste continua à se déployer dans ses domaines favoris
  • La poursuite des « Concerts » générateurs de recettes au cours desquels intervenaient les grands élèves des deux Cours Complémentaires et des membres de l'Amicale. L'arrivée de nouveaux acteurs (cf programme des 21 et 8 mars) fut la bienvenue : M. Fontaine, J. Chrétien, M. Brébion, Th Hougron débutaient sur les planches rejoignant une troupe déjà aguerrie
    Du côté des Terrasses, sous la houlette de G. Chanteux leur professeur de français, on avait travaillé une scène du « Médecin malgré lui »... Du Molière.... Du classique. Qu'on imagine le plaisir qu'avaient nos grands de troisième à jouer avec Martine et Lucinde !3
 
L. Bochat, R. Sassier, A. Melois, F. Raimbaud, M. Audrain autant de têtes bien faites ! Brillants élèves dont le palmarès du Cours Complémentaire des Terrasses fait état en juillet 43. La carrière d'instituteur s'ouvrait devant eux. Sur 6 élèves présentés par le C. C., 5 élèves admissibles avaient été reçus sur 20 recrutés au niveau départemental. Si M.M Biveau (Maths) Chanteux (Français et Anglais) étaient satisfaits de leurs élèves que dire de M M. Jeanneau et Nivert qui étaient responsables de l'équipe Cadets de l'A.S. Terrasses, championne d'académie, dans laquelle jouaient tous ces acteurs.
A noter que ces nouveaux élèves instituteurs ne rejoindraient pas l’École Normale de Savenay. Le Régime de Vichy avait supprimé les dites Écoles Normales. Ils poursuivraient leurs études au Lycée Clemenceau de Nantes où ils rejoindraient quelques plus anciens qui ne devaient pas connaître Savenay :R. Ménard
  • Un 1er mai suivant le désir du Maréchal (7 Mai 43)
    L'allocution du Maréchal Pétain du 1er mai 43 destinée « Aux Travailleurs » rappelait quelles étaient les grandes idées contenues dans la charte du travail, « cet outil que je vous ai donné pour la bonne lutte qu'il faut mener sans haine » Et de demander qu'on ait confiance dans lui « Un temps viendra plus proche que vous ne l'espérez où le travail que je vous ai tracé s'accomplira plus facilement dans un monde délivré de la guerre » Et d'exprimer un souhait […] Que le 1er Mai n'exprime plus la plainte du prolétariat mais le triomphe du travail dans la l'ordre, la joie, la liberté »
Une fête dont la date avait été maintenue mais dont le Maréchal avait entrepris d'en modifier le caractère. "Une fête qui ne devait plus être l'occasion de manifestations tapageuses pour revendiquer quoi que ce soit. Il faut qu'elle soit pour notre pays une fête d'union et de paix sociale célébrée dans une fraternité pure. Ce ne serait pas le travail que l'on magnifierait cette année là . Le Maréchal s'est penché sur la jeunesse qui souffre de tant de manières de l'absence à la maison du « cher Papa ». Il nous a donc fixé comme directive pour ce 1er Mai 1943, de nous empresser auprès des enfants de nos prisonniers et leur donner à comprendre par des attentions et des douceurs que la communauté française, cette grande famille encore unie, demeure attentive à toutes les douleurs, à toutes les souffrances »
Tous seraient ainsi assurés de la sollicitude paternelle du Maréchal. Quel fut le déroulement de cette fête des enfants qui avait remplacé la fête du travail ? Elle consista en un goûter savoureux et substantiel offert aux fils et filles de nos chers prisonniers. 
Quels en furent les organisateurs ? Qui apporta son soutien et sa participation ? "Le Maire M. Noël s'était consacré avec dévouement à l'organisation désirée par le Chef de l’État et recommandée par M. le Préfet. IL devait trouver assistance auprès du Sous-préfet Manescu, du Secours National, du Comité d'Entraide aux prisonniers de guerre, de celui de la Croix Rouge et des Voltigeurs Castelbriantais. Absence de l'Amicale dans le chapeau organisateur. Mais sans doute les enfants de nos prisonniers avaient-ils profité de cette invitation ?"
Comment se termina cette grande fête enfantine? « Conquis de toutes les façons et par l'estomac et par le cœur, les enfants ne se firent pas prier pour crier tous ensemble : Vive M. le Maire ! Vive M. le Sous-Préfet ! Vive le Maréchal ! Vive la France !"
 
 
  • La Fête des Mères (4 juin 43 - page 2)
En 1920, avait déjà été élaborée une fête des mères de familles nombreusespuis le gouvernement avait officialisée une journée des mères en 1929, dans le cadre de la politique nataliste encouragée par la République.
Ce n'est donc pas une création du maréchal Pétain mais c'est sous son impulsion qu'elle devient  une « célébration quasi-liturgique, la mère étant mise sur un piédestal » par le régime de Vichy.Tous les Français sont incités à célébrer la maternité. En 1942, le maréchal Pétain s'adresse à la radio aux femmes en ces termes : « Vous seules, savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne »


 
Fin mai 43, c'était autour des Mamans d'être à l'honneur
"Ce 30 mai, nos mères ont reçu les premiers témoignages de notre vénération, dans la maison du Bon Dieu. Elles ne pouvaient en recevoir de plus délicats […] Messe solennelle à Saint Nicolas au cours de laquelle toutes les douces st saintes mères reçurent leur part d'hommages. Un merci vibrant leur fut adressé au nom de chacun de nous, au nom de la France, au nom de la chrétienté auquel nous avons souscrit de toute notre âme. En présence des autorités dont M. le Sous-préfet, Manescau, M. le Maire Noël , se pressaient les mamans décorées de la promotion 43 de la Médaille de la Famille Française. Voilà pour l'office religieux"
La fête s'était poursuivie l'après-midi dans la salle du Cercle Catholique, la seule qui se prêtât à de tels rassemblement, aux premiers rangs de laquelle on retrouvait les autorités civiles et religieuses […] Discours de M. le Sous préfet suivi de la remise des médailles par M. Delatour, président de l'association familiale de Châteaubriant aux 32 mères représentant un total de 231 enfants, toutes décorées par le gouvernement du Maréchal […]
Était venu le temps de la séance récréative donnée avec le concours de toutes les écoles et de musiciens appréciés. Les touts petits de l'école Maternelle (de la Victoire) dans un chant, des fillettes de l'école de Béré dans une poésie récitée avec conviction, l’École Aristide Briand dans une scène chantée « Les joujoux en colère », puis l’École des Terrasses dans un chœur de Dubus « Souvenir et tendresse » et dans une scène comique « Gros malin au restaurant » avaient apporté leur concours de même que ceux de Saint Joseph, de Nazareth. Ce fut autour des élèves de l'école de garçons de Béré de venir chanter « France, ma patrie »... Une séance qui avait duré trois heures... un peu trop longue peut-être pour vos bambins mais quelle bonne après-midi chères mamans !
Mais la fête n'était pas finie. Elle se termina par un goûter offert par la Municipalité et le Secours National aux mamans décorées et à leurs enfants. Nouveau discours de M. Noël qui adressa un grand merci à toutes les autorités présentes et proclama les mérites des organisateurs en tête desquels il y avait Mme Chevalier et M. Delatour dont c'était la deuxième fête qu'ils organisaient et qui faisaient de mieux en mieux
      
Où l'on retrouve les enfants des écoles... Notre premier magistrat adressa un grand merci à Mlle Moreau, inspectrice primaire qui eut ainsi sa part d'éloges pour l'initiative qu'elle avait eue en invitant nos écoliers à traduire par écrit leurs pensées et leurs sentiments sur leur maman. Un concours original et délicat avait été institué : les lauréats devaient recevoir un livret de Caisse d’Épargne de 25 f offert par la ville. Des lauréats dont on publia les noms dans l'ordre du classement pour qu'ils soient mis à l'honneur. 
 
Restait au Maire à réunir dans un même éloge les enfants et leurs mamans «  Les mamans que ces garçonnets et ces fillettes se sont efforcés de magnifier en leur dissertation enfantine et qui reçoivent en ces émouvantes cérémonies de la Fête des Mères, le juste tribut d'admiration et d'éloges que leur vaut une tâche, souvent méconnue, mais qui est toute d'abnégation, de dévouement et même de sacrifices » (Courrier du 4 juin 1943)
 
 
  • Les garderies de Vacances de l'Amicale
      Après interruption due aux événements extérieurs, elles avaient repris l'été 42. L'Amicale les reconduisit pendant l'été 43
Elles réunissent les garçons et les filles sous la surveillance des Normaliens et Normaliennes qui peuvent ainsi se procurer quelques ressources supplémentaires. Gisèle Faure, Simone Terrien, Roger Cloteau, Alphonse Eluère sont nos premiers intervenants cette année là
       Elles ont lieu aux Terrasses et à Béré. Aristide Briand occupée par les Allemands nous est interdite. Des terrains de sortie nous ont été attribués (Tout étant soumis à autorisation par l'occupant). Nos enfants pourront « prendre l'air ». Les effectifs sont remarquables. 98 garçons et 118 filles inscrits . Bien sûr tout est loin d'être parfait !On se plaint du manque de matériel, de ballons en particulier. Le fameux « coco » n'est pas une boisson de première qualité... 
 
      Avez-vous quelquefois goûté au coco ?
      C'est une boisson rafraîchissante qui résulte de la macération de bâtons de réglisse  En cette période de récession, à l'eau on ajoutait un édulcorant de réglisse. A défaut de goût prononcé au moins avait-on la couleur ! Longtemps le coco eut la faveur des enfants. Certains se souviennent encore « Il était dans de toutes petites boites rondes en métal avant d'être délayé dans l'eau: moi et mes copains, souvent on ouvrait la boite, on se la passait et on léchait ou suçait directement le contenu"
     Et la pamprelle en avez-vous bu ?
     C'est une autre boisson hygiénique de l'époque qu'ont connue les pensionnaires des Terrasses et de l'E.A.B - un sirop où dominait l'eau que colorait en rose une poudre (extrait de fruits rouges) - On dégustait cette boisson sucrée, colorée mais sans aucune trace de fruit naturel à défaut de l'eau du robinet
      Mais qu'on imagine le plaisir de tous ces enfants lors de ces garderies! On pense faire mieux l'année prochaine à l'Amicale
Les parents des enfants avaient le choix... La concurrence était là... 
      Tout comme l'Amicale Laïque, le Patro offrait ses services mais uniquement pour les garçonsQu'on se le dise au Patro « C'est presqu'inutile de l'annoncer. Il est tellement connu et sympathique ! Tout le monde sait déjà à Châteaubriant que le « Patro » de vacances commencera le lundi 12 juillet. Comme les années précédentes, il aura lieu au Cercle Catholique, tous les jours de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 18 h (officielles) le samedi excepté. Nous serons heureux d'y accueillir tous les garçons. Grâce au dévouement de leurs dirigeants, ils passeront des vacances agréables et joyeuses. Toujours le sourire !... Telle est la devise des gars du Patro de Châteaubriant. Châteaubriant va de nouveau s'égayer du chant de ses enfants. Ceux-ci goûteront pendant deux mois les charmes d e la vie au grand air dans la gaieté et l'entrain. Car dans la grande famille du Patro, on ne s'ennuie jamais"

      Mais la guerre est menaçante... Si Châteaubriant est resté jusqu'alors à l'écart des bombardements dont ont été frappés Saint Nazaire, Nantes, on procède à des mesures d'anticipation et on travaille à organiser la défense passive dans notre ville
- Des Caves-abris étaient en voie d'achèvement, des écriteaux les désignant avec leur contenance avaient été placés sur la façade des immeubles, des chefs d'immeubles avaient reçu leurs consignes, la principale étant d'ouvrir leurs portes à chaque alerte de jour et de nuit...
- Les tranchées de bombardement seraient entretenues. Celles du derrière de la Mairie seront éclairées de nuit pour éviter les accidents. Celles de l'école de la rue de la Vannerie seront reportées un peu loin de l'immeuble.
« Si jamais nous étions bombardés, ce qu'à Dieu ne plaise, on ne pourrait rien reprocher à la Commission municipale de défense passive qui à accordé à la question l'intérêt qu'elle mérite. Quand tout sera en place et que chacun connaîtra bien son rôle, il n'y aura plus qu'à souhaiter une chose... c'est que toute cette préparation précautionneuse ne serve à rien » (Courrier du 2 juillet 1943)
- Quant à celles de l'école des Terrasses les élèves, octogénaires aujourd'hui, s'en souviennent. C'est dans le parc d'Arbo qui jouxtait l'école dans lequel on avait élevé deux rangées de « baraques-classes » pour remédier à l'augmentation de effectifs scolaires (accueil de nombreux réfugiés) qu'on avait creusé des tranchées pouvant servi d'abri lors de bombardements. La gare toute proche étant un objectif possible. 
 
 
Sous le régime de Vichy et l’occupation allemande, les contraintes administratives seront prégnantes.
  • Interdiction absolue de toute discussion ou manifestation présentant un caractère politique
  • Application des directives du Commissariat aux sports et respect des règles édictées par l’occupant allemand : Cartes sportives pour les dirigeants (voir page…) Liste des noms, profession, adresse du Président, du Vice Président, du secrétaire, du trésorier et des membres du Comité de direction de l’A.L.C.C. (composé de 15 membres de nationalité française) (...)  Un fichage en règle qui n’était pas sans danger !
  • Innombrables demandes près des autorités occupantes : autorisations de se déplacer (ausweis), autorisations d’utiliser les terrains de sports, d’organiser une manifestation sportive…_______________________
La guerre toujours présente 
    
L'arrivée de Nazairiens
 
Conséquence des bombardements de Saint Nazaire : l'arrivée de réfugiés en particulier de l'école d'apprentissage des Chantiers de Penhoet (dénomination de l'époque « Loire Saint Denis »
 
Les chantiers disposent alors de leur propre école d’apprentissage. Elle est située sur le site des chantiers mêmes. On y forme des jeunes, à partir de 14 ans, aux métiers de la navale. L’entrée se fait sur concours. Les admis suivent des cours communs et l’une des trois spécialités proposées : construction mécanique, tôlerie-chaudronnerie ou bois. Au bout de trois ans les apprentis en sortent traceur, ajusteur, fraiseur, menuisier…
Novembre 1942 : Elle subit un terrible bombardement. En novembre 1942, l’évacuation des enfants des écoles primaires a déjà commencé. L’école d’apprentissage, elle, continue de fonctionner avec 220 apprentis. C’est le 9 novembre 1942 que s'abattent les premières bombes américaines à Saint-Nazaire. L’attaque est déclenchée  en plein jour avec des bombardiers lourds B17 et B24 dont la mission était de bombarder la base sous-marine et les installations portuaires nazairiennes. Ce raid aérien, mené par les Américains sur Saint-Nazaire, décime les apprentis des chantiers de Penhoët. 163 personnes dont 134 apprentis décèdent lors de ce tragique événement.
On décide d'évacuer les apprentis. Un des ateliers de Penhoet est fermé et transféré en avril 43 à Châteaubriant, choix motivé par le relatif abri en campagne et les possibilités offertes par l'entreprise Huard qui met à sa disposition un atelier et une salle de cours. Accueil de 29 apprentis répartis sur trois années de formation . Ces apprentis sont logés aux Epinettes, quartier de Saint Michel des Monts. Ce centre d'apprentissage « délocalisé » fermera le 6 juin 44, les apprentis se dispersant. Une présence d'une durée de 15 mois.
L'apprentissage comme pour les apprentis Huard va de pair avec une pratique sportive intense... Gymnastique assurée par M. Cornu, athlétisme, baignade aux beaux jours à la carrière des Princes,et football. Une équipe appelée « Mécano-Sports nazairiens » rencontre celle des communes voisines et la réserve des Voltigeurs et l' A L C
 
La Journée des sinistrés du 19 septembre 43.
L'Ecole des Apprentis de Saint Nazaire repliée à Châteaubriant avait fait appel à toutes les bonnes volontés du pays pour cette organisation. Spontanément se joignirent à eux : l'Amicale Laïque, les Vieilles Tiges, les Voltigeurs Castelbriantais, les Commerçants repliés et réfugiés et ceux de la ville. De tels concours ne pouvaient que préparer une bonne réussite. Dans nos malheurs présents, il n'est que l'union des coeurs dans une fraternelle solidarité, pour vraiment nous consoler et nous maintenir dans l'epérance
 Le sport , le théâtre, les chants sont au programme. Des visiteurs nombreux et une bonne recette en dépit d'aléas contraires
Le matin : Courses pédestres pour les jeunes (moins de 16 ans – plus de 16 et moins de 20 ans)sur un parcours en ville de Saint Michel à l'Hôtel de Ville
Après-midi : Grande Kermesse dans le parc Lemarié à Saint Michel avec le concours des sociétés les plus réputées de Châteaubriant et des Apprentis de Saint Nazaire et de la Maison Huard
Des aléas devaient ternir cette grande fête : le mauvais temps vint malheureusement contrarier la manifestation et le souvenir oppressant des tragiques événements de Nantes jeta sur la fête une ombre de tristesse. Pour ces deux raisons le succès n'atteignit pas tout l'éclat que l'on pouvait escompter 

Courrier page 2 article signé B G (...) dont ce sont les premiers articles 
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206959929&l=1600&h=860&m=&titre=206959929&dngid=b0a800a7668bc2197308d82791db41d2562d2018
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(16) Des nouvelles de la Rédaction du "Courrier"
"L'équipe rédactionnelle du "Courrier" vient d'être complétée par l'arrivée de Mme B. Guiberteau qui nous vient de Niort où elle dirigeait depuis de nombreuses années les trois hebdos " L'Eclair de l'Ouest - Le Petit Gastinais - Le courier de Bressuire". Le courrier était depuis peu amputé de M. Pierre Quinquette fils qui nous a quitté pour satisfaire aux obligations du S T O. Quant au Directeur, M. André Quinquette, il pourra se consacrer aux fonctions dont il a été investi par ses confrères à "La Corporation de la Presse"
  Concentration dans les mêmes mains des moyens d'information castelbriantais... Ainsi peut-on parler  de l'objectif atteint par Pierre Quinquette fils d'installer un cinéma en la salle des fêtes de la mairie (Ce sera le "Familial Cinéma" et l'ouverture d'une deuxième salle de cinéma dans la ville). Délibération municipale favorable fin septembre 43. Autorisation accordée après étude des avantages que la ville pourrait retirer de cette location. Mise au voix au bulletin secret. Adoption du bail pour une durée de 12 ans par 8 voix contre 7. Gérance indirecte du Familial Cinéma puisque Pierre Quinquette est requis S T O. Ce sera, dès la fin janvier 44, le seul cinéma à fonctionner lorsque M. Blais directeur du Cinéma Olympia sera arrêté puis déporté. Un bail de courte durée, qui n'ira pas à son terme, suite aux événements qui suivront la libération de la ville en août 44 et la mise en place d'une nouvelle municipalité
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Les tragiques évènements de Nantes
Les bombardements de Nantes du jeudi 16 septembre 43 étaient dans les mémoires. Comment étaient-ils compris de la population ? Assurément on ne comprenait pas ces bombardements qui causaient tant de morts civils. La presse collabo renforçait la hantise et la peur des Anglo-Américains. et s'appuyant sur des évènements extérieurs survenus en Italie. Un cas italien qui appella réflexions... Un Pays qui, pour échapper à la guerre, pour en voir la fin, s'est conduit comme Gribouille. Voulant retrouver la paix dans la liberté, il a appelé les Anglo-Américains, leur a tout livré, tout promis sans limitation aucune et de ses abandons et de sa folie, il ne recueille que la honte avec des perspectives de ruine et de mort
Messieurs les Anglo-Américains, conclut dans son éditorial "Patrice", nous ne voulons pas de votre "libération", car elle est la pire des servitudes (Courrier du 17 septembre 43


L'Aviation Anglo-américaine a fait, en quatre jours, sur notre sol, de terribles ravages
Les Libérateurs sont passés...
 
Dans Nantes ravagée, on compte plus de 700 morts, 1773 blessés et 10 000 sinistrés
Des bombardements qui entraînèrent l'évacuation des enfants de la ville d'âge scolaire c'est à dire de 6 à 14 ans. Des enfants qui, munis d'un bagage suffisant, vont être répartis dans toutes les communes du département
Affiches relatives à la défense passive placardées par les pouvoirs publics... Accueil d'un contingent d'enfants... Sessions d'examens d'octobre ajournées... Rentrée des classes repoussée au 18 octobre...
Nouveau choc pour tous : Les nouveaux bombardements du 23 septembre
 
   Un souvenir d'enfance : le passage de bombardiers 
    "C'était à Ruffigné, en 43, nous les avons regardé passer très haut dans le ciel argenté... En groupes d'une quinzaine... Aucune opposition de la chasse allemande. Nous ne craignions rien... Où allaient-ils ?  Vers Saint Nazaire ? Comme tous les badauds qui - ce que regrette la presse avec raison - entendent le ronronnement des oiseaux de mort et se portent aussitôt dans le milieu de la rue, nous pointions nos regards curieux vers le ciel. Qu'ils étaient hauts !
    Foin des conseils du journal qui, s'adressant à ceux qui se croient à l'abri dans une cité ou dans un bourg, recommandait la prudence et l'écoute des pouvoirs publics qui disent "Abritez-vous" Comment ? En obéissant et en suivant les consignes de la défense passive


   La guerre... Les bombardements étaient loin de nous... La guerre ? On y jouait ! Nous avions notre base sous-marine, nous aussi, comme les Nazairiens. Dans le champ de Pépé, un sillon creusé dans le sol recouvert en un endroit précis d'un couvercle de lessiveuse... Une protection supplémentaire : des mottes de gazon sur le sommet... Le bombardement pouvait commencer... Quelques pierres, les pommes qui ne manquaient pas, des mottes de terre bien lourdes pleuvaient sur notre base... mais comme celle de Saint Nazaire, la nôtre résistait sous l'avalanche de projectiles ! "
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L'esprit de résistance au sein de l'Amicale
Autant d'activités qui apportent une utile occupation aux adhérents de l'Amicale mais ne font pas oublier la guerre qui tient notre pays sous le joug nazi ni les menaces qui pèsent sur certains de nos joueurs et dirigeants conséquence de leur engagement.
Au sein de notre société – nous dit Raoul Nivert – l'esprit de la Résistance est déjà décelable et soude de nombreux membres. On se réunit certes pour organiser des séances de variétés, des matches, on apporte notre aide lors de manifestations d'entraide... Mais on a ainsi l'occasion de discuter à l'insu de tous, de s'entendre, de s'organiser et cette poussée vers l'esprit de Résistance est de plus en plus grande et s'est affirmée au cours de l'année 1943
Inconscients des dangers qui guettent certains d'entre nous... Non ! Mais on ne pouvait imaginer les événements terribles de janvier 44
 
Premières arrestations... Démantèlement de réseaux
Quelles étaient les actions de « La Résistance » ? Une histoire difficile à établir en totalité. A Châteaubriant, comme partout, la résistance prend plusieurs aspects.
Regroupement au sein de réseaux dont l'histoire a été mise en évidence, après la Libération par les acteurs (arrêtés, déportés) ou par des témoins qui n'avaient pas été « ramassés » Autant d'anonymes à l'époque qui ont accompli des actes de bravoure quotidienne.
Mais qui appartenait au réseau Oscar Buckmaster ? Au réseau F T P ? Au réseau Notre Dame de Castille de Ruffigné? Aux groupes de Résistance de Martigné, de Fercé, de Sion, de Lusanger ? A cette époque le secret était le premier moyen de passer inaperçu.
Car les actions menées, se "font sous le manteau" : les renseignements transmis aux alliés de caractère militaire sur l'implantation des forces allemandes, la constitution des premiers groupes de résistants, les parachutages d'armes sont « top secret ». C'est lorsque des arrestations visant des opposants au régime nazi et au régime collaborant avec les Allemands seront effectuées qu’apparaîtront, et encore en filigrane, ces actions résistantes
Cet engagement de personnes ne pouvant voir la France asservie... de personnes qui dans leurs tâches quotidiennes rendront de multiples services en faveur de celles qui étaient menacées... de personnes dont l'action restera longtemps inconnue jusqu'à leur arrestation, est un des aspects de la Résistance dans notre région et dans notre ville
  • Parachutages réussis qui se succèdent : Fercé... Noyal... Ruffigné
  • Cascade d'arrestations : Celles de fin novembre - début décembre 1943 : Les Allemands raflent le père et le fils Lévèque à Soulvache, Célestin Deroche à Sion, les Letertre à Châteaubriant, Pierre Morvan à Rougé, Joseph Esnault, Raphaël Gicquel à Fercé...
Si la presse locale n'en donne aucun aperçu (elle n'en sait sans doute rien) les nouvelles s'étaient rapidement propagées.
  • Surprise pour la très grande majorité des habitants qui découvrent l'existence et l'action de la Résistance
  • Inquiétude de ceux qui se sentent menacés et dont le tour viendrait peut-être...
Mais la vie quotidienne continuait au sein de notre ville... Les compétitions sportives se poursuivent, les concerts et autres manifestations des associations ont lieu... La lutte souterraine contre l'occupant aussi... Les délations de certains aussi... ce qui entraînera de nouvelles arrestations en janvier, février, mars 44 et le démantèlement des réseaux.
 
1944 : Une année terrible

 
 
Les 21, 22, 23… 26 janvier et le 21 février 1944… 22 membres de l’ALC  sont arrêtés par la Gestapo et déportés vers les camps de concentration (2 seulement reviendront)
 
Écoutons Raoul Nivert
« 1944 ! Sombre année pour l’A L C ! Tragique et exaltante année qui vit la déportation de 29 de ses membres et la libération de notre région, le 4 août, après le débarquement en Normandie.
Parmi les milliers et les milliers de Français tombés victime de leur attachement à la liberté, il n’était pas de société, pas de groupement qui ne comptât un certain nombre des siens. Mais notre ALC eut le triste privilège d’avoir été comparativement à son effectif, un des groupements les plus cruellement touchés. Le plus grand nombre des Castelbriantais arrêtés par la Gestapo, en faisaient partie et se classaient parmi les dirigeants les plus actifs.
Les arrestations commencèrent les 21 et 22 janvier 44 précédant et suivant une réunion du Comité Directeur qui se tint à l’école des Terrasses dans la soirée du 21 et à laquelle participèrent 14 membres. On peut deviner quelles angoisses étaient les leurs.
 
Puis le 23, le 26, le 21 février, nouvelles arrestations. Jours cruels s’il en fut. Et combien plus cruels si nous avions connu, à ce moment là, les effroyables hécatombes des camps de déportation de la barbarie nazie.
Donc à partir du 22 janvier, l’A L C est cruellement désorganisée et toutes ses activités s’arrêtent. La réunion du Comité Directeur qui suivra celle du 21 janvier 44 se situe le 16 mars 45. Plus d’un an de désordres, de pleurs, d’espérances déçues ! Chaque semaine nous amenait l’annonce du décès d’un camarade dans des conditions atroces.
Deux seulement de ces déportés allaient revenir et dans quel état ! Quel lourd tribut payé à la Résistance ! Quelle leçon pour les veules, les esclaves de cette époque (et de nos jours… !) Alors que tout semblait perdu, alors que l’idée de défaite pénétrait dans les esprits faibles, alors que beaucoup disaient déjà oui à l’esclavage, ils ont eu le mérite de relever la tête et de répondre non. Non aux nazis qui voulaient imposer leur tyrannie, non aux traîtres à qui leur forfaiture profitait !
       Que leur souvenir, que l’exemple qu’ils ont donné reste impérissable ! Ils l’ont bien mérité. Je rappelle les noms de nos martyrs amicalistes morts en déportation et de ceux qui ont payé de leur vie, leur action militante et résistante dans la région castelbriantaise, tués au combat ou fusillés par les Allemands. Un bilan terrible.
Et j’en oublie peut-être, particulièrement parmi ceux qui se classent dans les anciens élèves de l’école des Terrasses restés en contact avec l’A L C
 
        Reste leur souvenir dans le cœur de leur famille, de leurs amis, des amicalistes qui les ont connus, côtoyés au cours des activités de notre Amicale… Restent des plaques de rues… le nom d’une école… une plaque commémorative au coin de l’école des Terrasses. Cette dernière fut posée le 15 juin 1947 au cours d’une émouvante cérémonie » (17)
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(17) Extrait de « L'Amicale Laïque Châteaubriant a 70 ans » 1938 - 2008 de M. Bonnier
Source : Bulletin intérieur de l'A. L. C de janvier 1969. Article R. Nivert
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VICHY ET LES JUIFS
Pour les 350 000 juifs français (appelés à l’époque « Israélites »), ces années sous le Régime de Vichy furent noires. Vichy prête la main aux allemands, pour ce qui restera la tache majeure du Régime de la défaite : sa participation à la lutte contre les résistants et sa complicité active dans « la solution finale ». Les français mettront un certain temps à réagir.
Mais la persécution prend un tournant dramatique à partir de 1942 en application de la « Solution finale ». La France participe aux rafles avec l’aide d’une milice créée pour lutter au coté des allemands contre les trouble-fête (résistants et juifs) : par exemple, le 16 et le 17 juillet 1942 a lieu la première grande rafle au Vélodrome d’Hiver. Cette fois, 13 000 personnes sont arrêtées par la Police française. Cela aboutira à un massacre immense : sur une population de 350 000 individus, 75 000 juifs ont été déportés et seulement 2 500 d’entre eux ont pu survivre
« Plusieurs membres de la famille Sinenberg font partie des victimes, en tant que juifs, des rafles de fin janvier 44. Fichés en Mairie, suite au recensement imposé par l’Etat français, ils ne purent échapper à l’holocauste. Ce n’est pas le cas de notre joueur de football - Bernard Israël dit Edmond - apparenté Sinenberg - qui vécut sous un nom d’emprunt, pratiqua son sport sous fausse licence et put regagner la région parisienne, la paix revenue » Autre joueur de football qui sera déporté pour son appartenance à la race juive et ne reviendra pas : André Demilt


     Vraie fausse licence du joueur Bernard Israël dit Bernard Edmond (apparenté famille Sinenberg) venu de la région parisienne se réfugier et se cacher à Châteaubriant. Licence enregistrée le 27 octobre 1943. A la Libération, il avait regagné Boulogne sur Seine. Nous l'avions retrouvé lors de la Kermesse des Sections sportives organisée en 1974 et qui avait vu un rassemblement des joueurs de la Section foot des plus jeunes aux plus vieux. Un retour quelque trente années plus tard au "pays d'adoption" où la famille Israël arrivée en 40 avait vécu avant d'être arrêtée puis déportée en 44. Seul Edmond avait échappé à ces arrestations 

Qu’ajouter à cette longue énumération des victimes nazies déclarait R. Nivert ?
Une simple lettre écrite par un joueur et dirigeant de notre équipe de football, sans aucune préparation, jaillie du cœur, une lettre écrite en prison par Jean Sinenberg, le lendemain de son arrestation avec ses parents, et qui devait mourir dans le camp de concentration d’Ellrich, le 9 février 1945
 
Caserne Richmond le
Jeudi 27 janvier 1944
 
Je pense qu’au reçu de cette lettre vous serez au courant du malheur qui nous est arrivé. Nous sommes depuis hier soir à Nantes tous ensemble en attendant d’être embarqués d’un instant à l’autre…
… Nous allons tous partir au Drancy probablement, un camp près de Paris. C’est un coup dur pour mon père avec son abcès et ma mère avec son angine de supporter un tel voyage. Pour moi, j’ai un moral excellent mais nous n’avons encore rien vu, des heures cruelles nous attendent…
      Vous vous ferez l’interprète près de tous les dirigeants de l’Amicale en leur sisant que si j’en reviens un jour, mon seul espoir est de retrouver la société qui m’était si chère et pour qui j’ai tant lutté malgré les critiques et tous les obstacles, ma chère Amicale.
Ma pensée est pour tous mes bons amis et copains, en particulier M. Geffriaud, Nivert, Raymond Chailleux, Jean Chrétien, Jacques Vrignaud, Paul Guigand et Chanteux (peut-être en ai-je oublié, qu’ils m’en excusent)
     Vous direz à Raoul que sa sacoche avec 580 F est restée chez nous dans le coffre et qu’il prenne chez nous, si possible, tous les équipements et les chaussures (1 à Fraslin, 1 à Bernard, 1 à P. Guignard et la mienne)…
     Je compte sur vous pour exécuter les ordres de cette lettre qui sera la dernière avant longtemps maintenant. Espérons seulement que nous nous retrouverons bientôt dans des jours meilleurs, tous réunis au rami au petit café de Vallet.
Cordiale et dernière poignée de mains
Jean Sinenberg
 
Adieu Châteaubriant
Adieu à tous les amis
Le supplice va commencer
 
En date du 21 novembre 1943. L'utilisation de cette carte - licence sera de courte durée. Deux mois... Arrêté en janvier 44 et déporté, Jean Sinenberg ne reviendra pas
 
 
Deux victimes des Nazis
 
 
M. Marcel Blais (déporté) propriétaire du cinéma Olympia et photographe (à droite) en compagnie de son ami Max Veper (fusillé) devant le magasin - studio - rue du Château.
 
Que sait-on aujourd'hui de la manière dont se sont effectuées les arrestations ?
Plusieurs castelbriantais étaient connus pour leur opposition à toute forme de collaboration. La participation à des activités associatives ou culturelles connues de tous n'étaient pas sans danger. Certains messages, certaines allusions pouvaient être provocatrices. Ainsi auraient été arrêtés à l'issue d'une représentation, d'une « revue », le juge FICHOUX, Léon LEMARRE, Robert PLASSAIS. D'autres menaient des actions cachées, inconnues de la population, de leurs camarades de travail, de leurs équipiers pour les sportifs et qui seront victimes de dénonciations.
Diversité des réseaux dans lesquels certains s'étaient engagés sur le plan local ou régional (Buckmaster, C N D Castille, Francs Tireurs et Partisans... ) Faisaient ainsi partie du réseau Buckmaster, un réseau démantelé à partir de la fin 43, plusieurs amicalistes. Première arrestation, celle de Pierre Morvan le 30 novembre suivies par celles celles des 20, 21, 23 janvier 44.qui frappèrent entre autres plusieurs membres du dit réseau. : André Beaussier, François Laguillez, André Malin, Auguste Morantin, Pierre Morvan. Trois rafles qui s'enchaînèrent dans un très court laps de temps et qui virent aussi les arrestations de Jean Fichoux, Marcel Blais, Georges Dumazeau père, André Demilt, Robert Glain, Jean Goth, Léon Lemarre, Pierre Leray, Robert Plassais... Autant de victimes des nazis qu'ils soient commerçants, employés d'administrations (P T T - Mairie – Sous Préfecture – Magistrature) ouvriers d'usine, ... qui complétèrent les arrestations d'autres castelbriantais
 
 
Qu'étaient-ils devenus ? On savait que la grande majorité avaient connu après leur arrestation la prison au Pré Pigeon d'Angers... Transfert ensuite vers le camp de Royal Lieu près de Compiègne ou vers celui de Drancy... On avait appris qu'ils avaient été « emmenés » puis internés en Allemagne. Pensait-on qu'ils pourraient être être assimilés aux prisonniers de guerre, enfermés dans des camps, travaillant en Kommandos ou en usine ? Sans doute... Mais ces « déportés » qui ne relevaient pas de la Convention de Genève ne concernant que les P G. seraient considérés comme « Terroristes ». On ne savait rien de l'objectif final des nazis visant à leur extermination. Les familles, les amis devaient rester dans l'inconnu pendant toute l'année 44, jusqu'à la découverte des camps de concentration et d'extermination. On pourra alors différencier les diverses parcours qu'ils ont connus : Morts en déportation pour « Terrorisme » (Actes de résistance) ou fusillés – Morts dans les camps d'extermination en raison de leur nationalité ou de « leur race »
 
L'Amicale en 1944... 45

Sa situation était désespérée : complètement désorganisée par l'exécution ou la déportation de 29 de ses membres actifs dont la plupart étaient d'éminent dirigeants et le départ de nombreux autres pour diverses raisons dont la principale était leur participation aux derniers combats de la libération. On ne donnait pas cher de son avenir
Les premiers mois de l'année 1945 ne firent que renforcer cette impression. A mesure que les troupes alliées repoussaient les nazis, les horreurs des camps de concentration étaient connues et chaque semaine nous apportait l'annonce officielle de la mort d'un de nos déportés. Et dans quelles conditions ! Atroces ! Inhumaines ! Aucun de nous n'aurait pu imaginer les tortures subies par nos camarades. Chaque précision sur leur sort n'apportait à leur famille que désespoir et révolte …
Et ainsi toute l'année 1945 !
Des 22 déportés, membres de l'A. L. C, deux seulement revinrent et dans un état lamentable : Jacqueline Leygues et Etienne Martin qui fut marqué physiquement et moralement pour le reste de sa vie. Vingt étaient disparus à jamais et leur mémoire fut célébrée par des services funèbres qui se succédèrent au cours des années 45... 46. Annonce en était faite dans le journal de Châteaubriant qui était reparu après la libération
C'est la presse qui à cette époque jouait un rôle d'information important en rappelant le souvenir des déportés lors des inaugurations de plaques et de monuments commémoratifs qui furent autant de moments où ils furent mis à l'honneur
Ces courriers privés, ces témoignages sont restés longtemps inconnus... On comprendra le succès rencontré par les premiers ouvrages relatant les événements qui s'étaient déroulés pendant la guerre dans notre cité et dans la région castelbriantaise
  • « Châteaubriant et ses Martyrs"  d'Alfred Gernoux paru en 1946
  • « Dora-la-mort » De la Résistance à la déportation par BUCHENWALD et DORA d'Andrès Pontoizeau.
      Lors de la kermesse des Ecoles publiques de Juillet 47, un stand de livres proposait à la vente trois livres : « Le Feu » de Henri Barbusse ; « Les grandes vacances » d'Ambrières et « Dora-la-mort » Un témoignage qui pouvait rappeler à certaines familles castelbriantaises le calvaire qu'avait subi un des leurs, un calvaire comparable à celui de l'auteur.
« Andrès Pontoizeau a écrit après son retour des « camps de la mort » un livre remarquable, Dora-la-mort, sorti en 1947, dans lequel il raconte ce qu'il a vu et ressenti dans les camps qu'il a connus. Pourtant il se dégage de son livre une grande espérance car, même à son apogée, le nazisme n'a pas réussi à détruire la dignité humaine chez les détenus des camps de concentration. 
Il était chef militaire départemental du Cher de Libération-Nord. Le calvaire d'Andrès Pontoizeau commence à Bourges dans les locaux de la Gestapo, continue par Orléans et Compiègne et finit à Dora après un arrêt à Buchenwald. Combien de Castelbriantais avaient connu le même itinéraire? Andrès revint des camps de la mort. Il fut délivré par les Américains et revint à Bourges le 12 mai 1945. Ancien instituteur à Châteaubriant, il était devenu Inspecteur primaire. De retour des camps, Il poursuivit sa carrière dans l'enseignement"

    Honorons leur mémoire... 
     Victimes du régime nazi
  
  Parmi tous ces disparus dont l'existence fut effroyable, rares étaient les témoignages relatifs à leurs conditions de vie dans les camps... Un témoignage d'un jeune co-détenu en compagnie d'André BEAUSSIER. Ce jeune déporté ayant survécu aux tortures du sinistre camp de Monthausen adressa à Mme Beaussier une lettre qui relate, sans vaine recherche d'effet, l'effroyable existence de ces malheureux dont André Beaussier qui n'en revint pas, hélas !
« Au rassemblement, 780 camarades doivent passer par une seule porte en une minute environ. Avec des tuyaux de caoutchouc pleins de sable ou des manches de pelles, les kapos tapent,t sur tout le monde qui se bouscule. Oh ! Les derniers... !
Parler d'aller à l'infirmerie équivaut à une condamnation à mort. Nous avons vu un remède employé par les S.S : un wagonnet plein d'eau. Un jeune juif de 18 ans a la diarrhée ; on le plonge dans cette eau. Il se débat, on l'assomme à l'aide d'une pelle ; au bout de 10 minutes c'est fini.
Au 1er janvier, désinfection du camp. 15 000 prisonniers sont parqués dans 4 « blocks ». Impossible de remuer. Le lendemain, 1 250 « maigres » sont mis à part... Piqûres, noyades, strangulation, coups sur la tête... On les entasse ensuite dans un coin du camp. En trois journées, 1 910 victimes... »
Beaussier avait été affecté à la firme électrique et travaillait dans une usine souterraine. Quand il fut épuisé, qu'il ne put plus marcher, comme il fallait tenir à tout prix (les Russes approchaient, on sentait venir la fin), ses camarades lui laissèrent le travail le plus facile, l'inspection des moteurs. Il pouvait rester assis une heure de temps à autre...
Et puis un jour, à force de souffrance, il alla à la visite. Il repartit le lendemain pour le camp... Depuis ses camarades n'eurent plus de nouvelles (R. Nivert « Il y a 25 ans – Janvier 1970)
    
    Marcel VIAUD instituteur à l'école des Terrasses rue de la Victoire était communiste comme Joseph Autret, lui aussi instituteur mais qui échappera aux arrestations. Tous deux sont militants syndicalistes, fervents amicalistes et pratiquent les sports à l' A C C puis à l' A L C C. Marcel Viaud fut « déplacé » (à la rentrée 41- 42) pour ses opinions « pro-communistes » à l'école de La Ville au Chef en Nozay avec son épouse. Membre du Front National et profitant de sa nouvelle résidence éloignée de toute agglomération, il se montre hospitalier pour tous les traqués, en héberge et en cache plusieurs. Arrêté en juillet 42 par des policiers français de la S P AC (Section de Police Anti Communiste), emprisonné à la prison La Fayette de Nantes, il est condamné à mort le 31 janvier 1943 lors du « procès dit des 42 »
 
Il sera fusillé le 13 janvier 1943 au champ de tir du Bêle à Nantes en compagnie de 24 patriotes. On honorera sa mémoire : plaque commémorative apposée à l'école de la Ville au Chef, rue portant son nom à Châteaubriant dans laquelle on trouve toujours de nos jours l'école Marcel Viaud à l'emplacement de l'ancienne école dite de la rue de la Victoire ou encore de la Vannerie où il avait été instituteur

      Le juge Jean FICHOUX 
On honora sa mémoire lors d'une cérémonie qui se déroula le mardi 15 octobre 1946 au palais de justice de Châteaubriant. Les divers intervenants (Président du Tribunal, Procureur Général, Premier Président de la Cour d'Appel de Rennes) rendirent hommage au Juge Jean Fichoux « qui avait honoré le monde judiciaire en donnant ici, au péril de sa vie, l'exemple du patriotisme et de la Résistance à l'occupant » Une cérémonie marquée par l'inauguration d'une plaque commémorative apposée dans la salle d'audience en présence de tous les magistrats de la Cour et du Tribunal de Châteaubriant, des autorités civiles et religieuses (Sous-Préfet, Conseillers généraux, Conseil Municipal, sociétés militaires avec leurs drapeaux...) des déportés rapatriés et des veuves et familles des déportés morts en Allemagne
Éloges en faveur de cet excellent magistrat patriote. Rappel, de sa carrière (il était arrivé en 1931 et avait siégé près de 15 ans à Châteaubriant) et de son comportement de Résistant. « Au fur et à mesure que l'occupation se faisait plus lourde, les sentiments patriotiques ne faisaient que se fortifier dans cette ville de Châteaubriant qui a été particulièrement éprouvée particulièrement éprouvée par la sauvagerie, il ne cacha pas ses sentiments de résistance […] Malheureusement ces sentiments n'échappèrent pas à la sinistre « Superhempolizer » et le 22 janvier 1944, au matin, il devait être arrêté par les Allemands. Transféré à Angers, puis à Compiègne où on put lui faire parvenir quelques colis mais après Compiègne, cet homme de 60 ans, presque infirme et cardiaque, gravit le calvaire que nous savons maintenant avoir été la déportation et la détention dans ces monstrueux camps de concentration qui ont été si justement appelés "Camps de la mort". Il devait malgré son âge être astreint au travail forcé au camp de Hartheim-Mauthausen et le 18 août 44, alors qu'épuisé, il tombait au retour du travail, des brutes nazies l'achevaient sur place.
Quels avaient été les motifs ayant entraîné son arrestation ? C'est un extrait du dossier personnel du disparu - juge d'instruction - qui en fait état : « L'occupant lui reprochait de n'avoir pas signalé les faits de résistance dont il avait connaissance, aux services compétents, obligation à laquelle il aurait dû donner suite en sa qualité de magistrat... »
 
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=299968470&l=1280&h=984&m=&titre=299968470&dngid=025d91d02d86ee16ff4c4747de33bd674c6cc826_____________________________
 
En Juin 1947  

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  A SUIVRE
75 (IV) - (1945 - 1960) HISTOIRE de L'AMICALE LAÏQUE CASTELBRIANTAISE
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Les diverses sources consultées
  • Archives A L C - A L C C et Articles du Bulletins intérieur
  • Ouest Eclair - Le "Journal" et le "Courrier" de Châteaubriant (A D L A) - La Mée socialiste
  • Divers Ecritst les auteurs et sources sont précisés
  • Photos de collections particulières d'Amicalistes mises à disposition lors de l'exposition de 'L'Amicale a 50 ans" en 1988
  • Extraits d'articles du blog de M Bonnier
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HISTOIRE de  l' AMICALE LAÏQUE CHATEAUBRIANT
(III)
(1939 - 1945)
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    "Puis viennent les années de guerre ; en 1940 - 41, il est interdit d'enregistrer des adhésions ; le Comité Directeur ne se réunit plus ou très peu. Les préoccupations principales consistent surtout en aide aux adhérents mobilisés et aux innombrables prisonniers de passage ou qui séjournent à Châteaubriant. Se poseront les problèmes des distractions. Quelques concerts sont organisés mais c'est essentiellement dans le domaine sportif que l'on propose des activités... L'A L C a fusionné avec avec l'A C C (Amicale Cheminote Castelbriantaise) qui existait depuis 1937. ...
Puis vient l'année 1944, dramatique, douloureuse avec exécution ou déportation de 29 de ses membres actifs. La dernière réunion eut lieu le 21 janvier 1944 (jour d'arrestations massives à Châteaubriant.
Il faudra attendre le 16 mars 1945 pour que tout reparte...
(Extraits de l'allocution de Solange Leroy - Présidente de l'A L C - 1988 - Les 70 ans de l'Amicale Laïque)
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    Autour de Nous

     Et puis ce fut septembre 39, la mobilisation générale, la guerre et la mise en sommeil forcé des activités traditionnelles de l'Amicale. "La rentrée scolaire fut lamentable" nous dit Raoul Nivert alors instituteur à l'école de la Vannerie


Le premier jour de la mobilisation générale est le Samedi 2 septembre 1939 à zéro heure. Sont visés par le présent ordre tous les hommes non présents sous les drapeaux et appartenant aux armées de terre , de mer, de l'air
 L'afflux de réfugiés parisiens repliés sur notre région 
 
       Il s'agit de l'évacuation de populations qui eut lieu en septembre 39, exode moins connu que celui de Mai-Juin 1940 après l'invasion allemande
La déclaration de guerre (3 septembre 1939) va être suivie d’un déplacement de populations. Sont évacués les habitants des régions de l’est de la France : ceux dont, par mesure de sauvegarde, l’éloignement a été conseillé ou la dispersion permanente ordonnée, enfin les habitants des régions qui se trouveraient soumises au feu de l’ennemi dans des conditions justifiant des départs rapides et spontanés. Trois types d’évacués étaient envisagés Les Parisiens accueillis en septembre 39 faisaient partie de la troisième catégorie : celle des évacués d’office.
La première semaine de septembre 39 voit l’arrivée de personnes originaires du 18ème arrondissement de Paris. Il leur a fallu quitter leur domicile, leur quartier sur instructions et injonctions gouvernementales, aussitôt la déclaration de guerre effective. Bien avant 1938, le gouvernement s’était inquiété de l’évacuation des populations des régions frontalières et de celles de la région parisienne, en apparence les plus menacées, en cas de guerre franco-allemande. L'on décida donc d'affecter à chaque lieu menacé, région frontière ou grande ville, un département de repli. La population serait répartie par voie administrative, entre les diverses localités, où l'on devait préalablement avoir recensé les locaux disponibles. Pour la région parisienne, la vague principale partit au début du mois de septembre. Des trains groupant les gens par quartiers se dirigèrent vers la Bretagne. Dans plusieurs départements, à l'arrivée du train, des cars ou des trains d'intérêt local
La liste des convois arrivés à Châteaubriant avec le nombre de réfugiés qu’ils transportaient est impressionnante. En moyenne 4 convois par jour déverseront dans l’arrondissement les 3, 4, 5, 6, 7 septembre plus de 10 000 personnes. Le flot tarit les 8, 9, 10 septembre où l’on ne comptabilise plus qu’une petite centaine d’évacués.
Ces évacuations exigèrent un grand effort des autorités, de l'administration, des municipalités, des groupements divers et de nombreux bénévoles en faveur des Réfugiés, des évacués, et de leurs familles éprouvées par la guerre. Parmi les principales associations de toutes tendances, on trouva le Comité des Dames (Cercle catholique) le Comité de la Croix rouge spécialement créé pour l'occasion, le bureau de bienfaisance, le Comité d'entraide aux évacués et aux mobilisés, l’œuvre du Poilu de l’école Aristide Briand, l’œuvre de secours immédiat et de protection de l'enfance de création toute récente (juillet 1939) et de nombreux amicalistes intervenants.
Modalités d'accueil... Listes de souscriptions... Réception de dons en nature... Ouverture d'ouvroirs... Tout fut mis en œuvre.
 
Ils arrivent 
(extrait du Courrier de Châteaubriant – 8 septembre 1939)
La menace des bombardements aériens a fait prendre par le Gouvernement la sage mesure qu'est « le repliement » ou évacuation des populations civiles du Nord, de l'Est et de Paris. Précaution qu'on ne saurait trop louer, car hélas, la guerre actuelle se fera aussi bien dans les airs que sur terre.L'exemple de la Pologne où Varsovie et de nombreuses villes ont déjà été maintes fois survolées et bombardées par les appareils ennemis est là pour répondre à un optimisme trop aveugle.
La Loire Inférieure a donc commencé à recevoir les premiers contingents d'évacués. Et Châteaubriant, centre ferroviaire important, a déjà vu passer ou arriver de nombreux convois. Dimanche, dans l'après-midi, un grand nombre de nos concitoyens garnissait les quais de la gare On s'empresse, on aide les femmes, les vieillards, les enfants à descendre ; on sort les bagages... L'animation est grande. On attendait le premier train. Vers 15 h 30, le convoi est annoncé et fait son entrée en gare. Aux portières passent des visages anxieux. On s'empresse, on aide les femmes, les vieillards, les enfants à descendre ; on sort les bagages... Un instant de répit que l'on met à profit pour poser quelques questions et il faut traverser deux voies pour embarquer les arrivants dans un second train... Maintenant des équipes de volontaires longent le convoi et s'affairent pour ravitailler les estomacs vides. Le Comité d'Accueil a bien fait les choses. Il y a de tout : vin, pain, fromage, fruits et en abondance. Un haut parleur discipline les efforts et transmet les indications voulues. Un ordre : on ferme les portières et le train s'ébranle emportant des malheureux réconfortés , nous expriment en s'éloignant leur reconnaissance. Le premier train est passé. Il sera suivi, hélas ! De bien d'autres.
Nous l'avons dit : les Castelbriantais ont montré de quoi ils sont capables. Bien sûr, pour la première fois, il y eut un peu de désordre, un peu de flottement, des lacunes mais l'amabilité, l'empressement de chacun à rendre service facilita les choses.Il y a eu et il y aura encore toutes les nuits et tous les jours, un grand déploiement de bonnes volontés qui font honneur à notre cité »
 
Vint l'heure de la rentrée scolaire
La mobilisation de nos soldats dont de nombreux enseignants, la réquisition de l'école Aristide Briand par l'armée, la dispersion des classes un peu partout en cinq endroits différents entraînèrent une grande désorganisation. On para au plus pressé pour que la rentrée scolaire d'octobre eut lieu à la date prévue. Les enfants évacués rejoignirent sur les bancs de l'école leurs camarades castelbriantais. Des effectifs si chargés qu'on dut doubler certaines classes
L'école Aristide Briand devenue Hôpital auxiliaire
C'est en prévision des événements qui pouvaient survenir, en prévision de l'arrivée de blessés (la situation que l'on avait connue en 14 - 18 faisait craindre le pire) que cette école avait été réquisitionnée. Au bout de trois mois, les locaux scolaires étant insuffisants, la Municipalité avait cherché à récupérer ces locaux. Ce qui lui fut refusé. S'il est vrai que l’État, à qui incombait désormais l'entretien et les éventuels frais de remise en état, l'avait pris à sa charge, la Municipalisé trouvait regrettable que la demande de la ville de reprendre l'école – et dans ce cas de l'évacuer en 24 heures au moindre besoin – n'ait pas été acceptée par l'autorité militaire car, en attendant – disait-elle – l'arrivée heureusement assez lointaine de blessés, on s'est vu obligés de loger les enfants au château dans des locaux moins que confortables. Une situation que déplora l'Amicale et contre laquelle elle s'élevait (1)


En cette fin d'année 39, l'Amicale se réunit deux fois et c'est lors de sa réunion du 24 octobre que le Comité Directeur éleva une vigoureuse protestation auprès des pouvoirs publics contre le scandale de la réquisition de l'école Aristide Briand et demanda la réquisition des locaux du Cercle Catholique restés libres au lieu et place de cette école. Un vœu qui ne fut jamais exaucé malgré l'avis favorable apporté par le Sous Préfet, le Maire, le Conseiller général et l'Inspecteur d'académie
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(1) Réquisition de l’école Aristide Briand. Elle devait durer pendant toute la guerre 39 - 45 et institutrices, écolières et internes du Cours Complémentaire durent cohabiter successivement avec les troupes françaises, les troupes allemandes et les troupes américaines. Dans «Telles furent nos jeunes années" Pierre Martin vécut toute cette période de son enfance à l'école Aristide Briand .Son père instituteur aux Terrasses était un des membres fondateurs de l'Amicale et sa mère était la Directrice d'Aristide Briand. Il a rédigé un récit détaillé de tous les événements que connut l'école et des difficultés rencontrées lors de cette cohabitation forcée
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La dernière réunion de l'année de l'Amicale eut lieu le 6 décembre. Le Comité se préoccupa de l'aide à apporter aux réfugiés, du recouvrement des cotisations, désormais seules ressources de l'Amicale, de la liaison avec nos mobilisés. Ainsi se termina une année si bien commencée. Elle était le début d'une ère tragique qui allait atteindre si durement l'Amicale
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1940 
l’Amicale vit des périodes difficiles.

C’est la guerre et l’occupation allemande après la signature de l’armistice
 
 
Cette année là est restée dans les mémoires de tous ceux qui l’ont vécue. Elle fut une des plus tragiques de notre vingtième siècle. Elle supporta d’abord de longs mois, la « drôle de guerre » stupide et avilissante, puis ce fut l’attaque des nazis, l’exode des populations civiles, la désintégration de notre armée, l’occupation allemande dans tout le nord de la France, le transfert des innombrables prisonniers français dans le grand Reich.   Châteaubriant vécut tous ces événements au même titre que les autres localités de notre pays, plus peut-être car notre ville fut choisie pour recevoir tous les prisonniers militaires de la Région. Ils y séjournèrent plusieurs mois et ce fut un incessant défilé de parents venus de tous les coins de France pour apporter à leurs prisonniers le réconfort de leur présence, voire les moyens de s’évader…
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La drôle de guerre : C’est le 3 septembre 1939 que la France et le Reich allemand étaient entrés en guerre suite à l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes
Dès la fin septembre alors que la Pologne avait été écrasée, l’inactivité sur le front français - mais les soldats ne s’en plaignaient pas - avait commencé à semer le doute. Pendant près de huit mois, la masse de l’armée vivra, pendant cette « drôle de guerre » dans l’inactivité démoralisante du front. Une situation que certains ont du mal à comprendre encore aujourd’hui 
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Sous le régime de Vichy
 
     Le 16 Juin 1940, un nouveau gouvernement est formé à Bordeaux par le Maréchal Pétain. C’est la naissance du Régime de Vichy. Un régime autoritaire et totalitaire, une seule personne a les pleins pouvoirs : Pétain qui dirige le gouvernement.
    Au niveau politique intérieure, mise en place des principes de « la Révolution Nationale ». Nouveau régime de l’Etat Français avec vote d’une nouvelle constitution ayant pour devise la triade «Travail, Famille, Patrie » qui remplace l’ancienne devise de la République « Liberté, Egalité, Fraternité »


  Affiche de propagande de R. Vachet, produite par le Centre de propagande de la Révolution nationale d’Avignon, 1940-1942
   La maison qui s’écroule symbolise la France républicaine et démocratique. Le maréchal Pétain souhaite mener une « Révolution nationale » pour restaurer la France.
1. Les fondations de la France républicaine étaient fragiles, car elles reposaient sur le capitalisme, le communisme (couleur rouge), « la juiverie » (étoile de David), les francs-maçons, etc.
2. La France de la « Révolution nationale» repose sur les paysans, les artisans, l'école, la Légion (des Combattants) autant de valeurs incarnées par la devise « Travail, famille, patrie »

La politique extérieure sera marquée par « la Collaboration » après l’Armistice signé avec l’Allemagne, une collaboration administrative, politique, économique, militaire et idéologique. 
 
"J'entre dans la voie de la collaboration"
déclare le chef de l'Etat

Le premier grand choc qui va ébranler la confiance placée dans le chef de l'Etat et son gouvernement va être la rencontre organisée à Montoire le 24 octobre entre Hitler, Pétain, Laval. Comment est perçu cet événement par les autorités dans leurs rapports adressés à Vichy. Le sous-préfet de Châteaubriant est alarmiste "Dès l'annonce des accords... L'opinion s'est fortement émue  étant certaine, sans discussion possible, d'une paix de conditions extrêmement dures et même d'une collaboration armée contre l'Angleterre (9 novembre 1940)
Le Préfet dans son rapport du 12 novembre fait lui aussi état d'espoirs tempérés d’inquiétudes "L'entrevue de Montoire a fait naître chez beaucoup de Français un espoir nouveau. L'attente d'une paix sauvegardant  l'indépendance et l'unité nationale est dans tous les cœurs. Cependant une partie de la population attend avec une certaine appréhension la réalisation dans les faits de l'accord intervenu. Elle redoute certaines amputations territoriales qui choqueraient son sentiment national. Elle craint une mobilisation industrielle de la France. Enfin elle manifeste un certain scepticisme quant aux résultats d'une politique de collaboration" (VIVRE L'OCCUPATION - Jean Bourgeon)

 
 
       Que devient l’Amicale dans « ce grand désordre » …
 
Bien entendu, elle n’a plus d’activités qui lui soient propres : plus de fêtes, plus de propagande, plus d’initiatives possibles. Elle subit les événements nationaux qui se répercutent en son sein et son seul travail sera d’entraide.
Celle-ci va se manifester non pas isolément mais s’ajoutera et se confondra avec celle d’autres groupements castelbriantais. Les Amicalistes ne furent pas avares de leur peine. On les vit d’abord s’inquiéter du sort de leurs mobilisés puis accueillir les malheureux civils fuyant devant l’avance allemande, enfin secourir dans la mesure de leurs moyens les dizaines de milliers de prisonniers militaires massés dans les quatre camps castelbriantais : le Moulin Roul, Choisel, la Ville en Bois, la Courbetière. 
Quand l’effervescence de l’installation des camps de prisonniers eut diminué, la vie castelbriantaise reprit son cours… Une vie au ralenti, sans rapports faciles avec l’extérieur, car les moyens de communication étaient très rares et… peu sûrs. Il fallait donc vivre en vase clos.
Le problème des distractions se posa assez rapidement et particulièrement celui de l’activité sportive. Un comité castelbriantais, où l’Amicale fut représentée, organisa une coupe de football disputée par des associations de la ville 
 
Les camps de Châteaubriant

      Châteaubriant a compté en juin 1940 environ 45 000 prisonniers de guerre répartis dans 4 camps situés aux environs immédiats de la ville. Les camps A (le Moulin Roul), B (la Courbetière), S (terrain de la Ville en Bois) n’eurent qu’une existence précaire et leurs prisonniers furent dirigés au bout de quelques semaines sur Savenay puis sur l’Allemagne.
      A la mi-janvier, tout était fermé. Un cinquième camp fut ouvert à l’école Saint Joseph qui ne compta que 350 à 400 hommes. Il était réservé aux officiers de toutes armes faits prisonniers. C’est le seul qui bénéficia d’un « certain confort » (classes, cuisines, sanitaires de l’établissement)
      Quant à Choisel, évacué dans un premier temps le 14 janvier 1941 (départ des derniers prisonniers pour l’Allemagne) il servit ensuite de camp d’internement pour certaines catégories de Français.
 
 
 
 Août 1940 - A Châteaubriant. Le camp de la Ville en Bois, à l'arrière de la briqueterie Rouené et sur le terrain de foot Abbé Bougoin (au fond, la tribune du stade). 

Au fil des jours à la Courbetière 
      
      Regroupés à Nantes, à la caserne Mellinet, les prisonniers sont entassés dans des wagons et quittent Nantes, le 22 juin, en train pour Châteaubriant.
« Arrivés de nuit… Un temps de chien ! Il pleut. Nous prenons la direction du camp, sur la route de Saint Nazaire. A pied et par groupes de 100… Le camp ? Des prairies humides en bordure d’un étang. Aucun abri. Nous couchons par terre enveloppés dans nos capotes.
Les premiers jours, il pleut. Nous avons creusé les talus pour nous abriter sous des branches et des couvertures. Des repas très légers – sans pain – lard cru et salé – du thé puis de l’eau…. Les jours passent… On nous entoure de barbelés, les pieds toujours dans l’eau… De nouveaux prisonniers arrivent. Nourriture insuffisante. L’eau est rationnée… Nous lavons tant bien que mal nos affaires dans l’eau de l’étang. Nous avons des poux.
Cohabitation difficile, délicate. Une vraie tour de Babel, ce camp ! Des Polonais, des Anglais, des Malgaches, des Sénégalais, des Annamites. Les premiers départs à partir de début août puis par grosses vagues de 1500. Fin août, c’est mon tour. Nous sommes prêts à quitter ce camp minable, ce camp inhumain.
 
Image d'un camp de prisonniers non castelbriantais
Avait-on pu dresser à la Courbetière ces guitounes, installations de fortune mais bienvenues, pour des prisonniers en transit, avant leur départ pour Savenay et l’Allemagne à compter de septembre.
Nous avons été aidés… Les réquisitions et surtout les collectes faites par la Municipalité de Châteaubriant, le Comité d’entraide aux prisonniers de cette ville, les associations d’anciens combattants, la population nous ont permis d’améliorer l’ordinaire dès le 4ème ou 5èmejour de notre internement… Au début, avec un pain de 3 Kg pour 200 hommes et un petit morceau de lard, nous crevions de faim. L’Intendance française de Nantes ne s’est occupée de nous que vers le 5 août » (3)
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(2) Extraits du rapport sur le Fronstalag de Châteaubriant, fait à la libération, par le Président de l'Amicale des A.C.P.G des camps de Châteaubriant (« La Captivité » Yves Durand)
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Mais pourquoi ne s’évadent-ils pas ? Ces travaux hors du camp, cette surveillance relâchée dans un premier temps, en plein pays français et même de connaissance parfois, paraissent des occasions rêvées pour s’évader. La grande majorité de prisonniers ne saisira pas cette chance. Autant de regrets au vu de ce qu’ils subiront !
« Le sentiment qui domine, c’est que la guerre est bien finie… Donc la démobilisation est prochaine. Plus tôt reviendront l’ordre et la discipline, plus tôt pourront être remplies toutes les formalités de la démobilisation. Il suffit d’attendre en se pliant aux règles imposées par les Allemands. Rares sont ceux qui ne croient pas que c’est une affaire de jours au pire de semaines, avant qu’ils ne retrouvent leurs occupations civiles, leurs foyers… L’abattement de la débâcle, entretenu par les conditions physiques et morales très dures qui ont suivi la capture, le sentiment d’une fin qui rend impuissant à réagir et casse pour un temps tout ressort moral, la croyance dans une démobilisation prochaine puisque l’armistice est signé, tout cela explique qu’on ne prenne pas le risque d’une évasion » (La Captivité » Yves Durand)
Une minorité réagit toutefois. On n’attend pas les décisions du vainqueur qui traînent. Par ailleurs les transferts en Allemagne ont commencé. Il faut profiter des occasions qui se présentent. : De nombreux prisonniers souvent aidés par les civils se feront la belle
Popotes dans un camp de prisonniers
« Nous connaissons de nombreux amicalistes qui, non contents de se préoccuper du ravitaillement des prisonniers, leur apportaient aussi les moyens de s'évader, particulièrement des.. vêtements civils. C'était d'ailleurs assez facile au début de leur installation dans les camps cités. Ils n'étaient pas toujours bien recensés ; il n'était pas rare que les prisonniers partis en corvée de ravitaillement ou pour tout autre motif rentrent au camp avec quelques unités de moins. Mais durant cette période, l'opinion la plus généralement admise était que les prisonniers seraient renvoyés dans leurs foyers avant la fin de l'année 1940 et nous connaissons beaucoup d'entre eux qui n'ont pas voulu courir le risque de l'évasion pour avancer leur libération, de quelques semaines seulement... Hélas ! Les événements allaient infirmer cruellement cette opinion. Au fil des jours, il allait devenir de plus en plus difficile de s'évader... pour finalement se voir entasser dans les wagons à bestiaux et prendre le chemin d'outre-Rhin... ceci pour 5 ans (R. Nivert)
 
Certains articles parus dans la presse peuvent paraître étonnants. En décembre 41, sur les 45 000 prisonniers que notre ville a vus défiler et s'installer dans les environs, il n'en restait plus qu'environ un millier groupés au camp de Choisel, des réfugiés répartis en petits camps et dont le sort est incertain ? Mais à la lecture de l'article d'un prisonnier, les lecteurs du Courrier auraient pu dire comme Candide « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »
Ajoutons le commentaire du chef de camp français l'Adjudant Chef Williot déclarant que dans leur solitude, les prisonniers n'avaient pas été oubliés et même, n'avaient-ils pas été gâtés grâce à la générosité des Castelbriantais avec l'autorisation si bienveillante de l'administration.
Toute une série d'articles, dont la majorité est signée du directeur du journal André Quinquette, visent à améliorer le sort des prisonniers de Guerre dans un premier temps. Par la suite - fidèle à la politique du Maréchal Pétain – il publiera d'innombrables articles, jusqu'à la fin de la parution de son journal, favorables à la politique de collaboration concernant la relève et le travail des Français en Allemagne, le S T O (Service du Travail Obligatoire... Après son propre témoignage Il fera paraître ceux de prisonniers, toujours enfermés, Autres témoignages : ceux d'écrivains et autres artistes ayant visité l'Allemagne, ceux de travailleurs volontaires en Allemagne. Une propagande insidieuse visant à favoriser à montrer l'occupant sous des dehors favorables. Premier article de ce type ? Peut-être celui de décembre 1940
 
      Au camp de Choisel, en décembre 40, on fêta Noël
(Courrier 3 janvier 41 page 2)
      Un camp où tout semble être pour le mieux dans le meilleur des mondes selon le chroniqueur du « Courrier », un prisonnier du camp. Ne fait-on pas tout pour que le millier de prisonniers groupés au camp de Choisel connaisse de « bons moments ? Ne se préparait-il pas quelque chose pour Noël ?Au camp de Choisel, en décembre 40, on fêta Noël
 
« C'est ce qu'ils avaient entendu chuchoter. Ils avaient bien saisi quelques bribes de conservation qu'ils avaient essayé de mettre à bout ; mais dans leur solitude, ils n'avaient pas supposé que tant de joies leur seraient données en ce 25 décembre 1940. Aussi, dès le matin de ce jour, le Camp avait-il pris un air de fête […] Quelle bonne journée ! Le tout en présence de Monsieur le Lieutenant Shneider celui dont la bonté compréhensive a adouci déjà tant de situations cruelles et auquel aucun prisonnier n'a eu recours en vain"
 
 
En 1940 -  Prisonniers de guerre à Choisel devant les baraquements

      Bel exemple de propagande en faveur des autorités occupantes. Quel brave lieutenant ce lieutenant allemand ! A la même époque fleurissaient sur les murs de Châteaubriant et d'ailleurs les affiches dans lesquelles un soldat allemand tenant des petits français dans ses bras appelait tous les Français à lui faire confiance.
 
      Comment l'adjudant-chef Williot, chef du camp français, n'aurait-il pas, à son tour et le même jour, fait remarquer « combien les prisonniers, dans leur solitude, n'avaient pas été oubliés et même gâtés grâce à la générosité des familles de la région et plus particulièrement des Castelbriantais avec l'autorisation si bienveillante de l'Administration (allemande) des camps"
 
 
 
 
      L'Amicale fit - comme bien d'autres associations - tout son devoir durant l'année 1940. Si son activité administrative fut mise en sommeil (il n'y eut aucune assemblée générale, ni de réunion du Comité Directeur) ses membres se retrouvaient constamment là où il était possible de faire œuvre utile. Ils étaient entraînés par un bureau dynamique dont les membres restèrent actifs, un bureau présidé par. M. Geffriaud – Directeur des Terrasses et Président de l'Amicale – qui n'hésita à s'adjoindre toutes les bonnes volontés qui s'offraient à lui.
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 Les camps de Choisel et de la Forge
  (article 77 dans Blog mibonnier)
 
Le sport renaît...
On organise des compétitions sportives
Quand l'effervescence de l'installation des camps de prisonniers fut diminuée, la vie castelbriantaise reprit son cours. Une vie au ralenti, sans rapports faciles avec l'extérieur, car les moyens de communication étaient très rares et peu sûrs. Il fallait donc vivre en vase clos.
Le problème des distractions se posa rapidement et particulièrement l'activité sportive qui devait prendre une place importante dans la vie associative castelbriantaise
Un Comité castelbriantais où l'Amicale était représentée organisa une Coupe de football, disputée par des Associations de la Ville. C'est ainsi que pour faire nombre mais aussi parce qu'il disposait de quelques éléments de valeur, M. Geffriaud engagea une équipe de football dans cette coupe. La première équipe de foot de L’Amicale était née. Elle comprenait des internes du Cours complémentaire, élèves de 16 à 17 ans, d'anciens élèves : Jean Sinenberg, Victor Lemaître et, quand il manquait des joueurs, des prisonniers que l'on « piquait » dans les camps.
Ainsi l'année 1940, vit naître une nouvelle section sportive au sein de l'Amicale, une section qui, pensait-on s'éteindrait, avec la reprise du cours normal des activités humaines... Et pourtant, elle allait durer, lutter et prospérer... et elle existe encore
 
La Coupe de Châteaubriant : On comprend l'intérêt d'une pareille organisation. Elle permettra aux jeunes et vieux de faire du sport de compétition sans avoir besoin de se déplacer. Les premiers matches auront lieu incessamment (22 novembre 1940)
Le calendrier était établi et publié. Matches aller et retour de décembre à Mars. Autant de matches qui en principe auront lieu sur le stade municipal. En cas d'indisponibilité de ce terrain, ils seront disputés soit sur celui des Apprentis Huard, soit sur celui de l'Amicale Cheminote
C'était parti !
Premier match de notre équipe contre l'A E Huard (ou G S A Huard) qui se solde par une défaite (1 - 2) mais « les étudiants sont à féliciter car ils causèrent une agréable surprise à leurs partisans. Ils feront certainement des victimes quand leur ligne d'avants sera au point. Comme prévu les Apprentis gagnèrent cette rencontre mais comme on le voit, de justesse. Aux Terrasses Leroy, Graslan et Lemaitre furent excellents « (20 décembre 1940)
Et c'est cette année là qu'eut lieu le premier derby contre les Voltigeurs. Qui s'y frotte s'y pique ! Cette première rencontre se solda par un 10 à 0 en leur faveur... Et ce n'était que leur équipe 3 ! Dire que lors du match retour, nous avions pris quelques précautions est superflu ! Certes on s'inclina mais honorablement (0 - 2), le commentaire dans la presse en fait foi « Les Voltigeurs ont difficilement battu le Cours Complémentaire. Les deux équipes étaient légèrement renforcées (3)
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(3) Les renforts des Voltigeurs ? Seul M.Pohalé aurait pu nous les dire... Quant à ceux des Terrasses, c'est l'occasion de souligner la bonne entente régnant déjà entre l'A. C. C (les Cheminots) et le Cours Complémentaire (Amicale). Ainsi cette dernière équipe bénéficiait-elle de l'appoint de Bothorel, Autret, et autres. De sérieux renforts. Certains jouaient dans les deux clubs ! A compter de 1941, ce fut plus simple après fusion, tous jouèrent à l'A.L.C.C
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"On avait de part et d'autres fait de louables efforts pour présenter de belles formations. Le match dans ces conditions ne pouvait être que palpitant. Et il le fut longtemps, le résultat en resta indécis […]"
L'équipe des Voltigeurs a mérité de l'emporter car c'est elle qui fournit le meilleur jeu d'ensemble mais le Cours Complémentaire présenta un « onze » rapide, accrocheur et qui eût mérité de sauver l'honneur. Le sort en décida autrement. Au C. C. signalons la belle partie de Lemaitre, Morinière, Sinenberg et Guigan. La défense composée de Graslan, Bothorel, Delanoue, fut souvent prise en défauts. Chez les Voltigeurs, excellente partie d'ensemble. On se démarque enfin et on attaque la balle ; voilà qui fait plaisir mais trop de passes sont encore perdues. Vérité et Carré furent de loin les meilleurs avants ; les demis furent excellents et la défense impeccable » 


En 1941 une société sportive : l’A.L.C.C naît de la fusion de L’Amicale Laïque et de l’Amicale Cheminote
L’événement sportif de l'année 41 pour les Amicalistes et les Cheminots fut la naissance officielle de l' A.L.C.C et ses débuts, sous ce nouveau sigle, dans le football, le basket et l'athlétisme.

Partie d’un bon pied, l’Amicale, plus précisément la double Amicale Laïque et Cheminote était prête à affronter la saison sportive à venir
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Désormais les championnats, résultats et compte rendus des manifestations sportives auxquelles participent les filiales sportives de l'Amicale en foot, basket, athlétisme seront retranscrites dans le blog "Le livre d'or de l' A L Chateaubriant"
https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=9109180975607901904#editor/target=post;postID=1863405826078033832;onPublishedMenu=allposts;onClosedMenu=allposts;postNum=4;src=link 
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1940... 1941 
Autour de nous
Sous l'occupation

10 Novembre 1940 avec d'Anciens Combattants
Parmi les gestes et manifestations attestant d'une « Résistance » morale face à l'occupation allemande, l'étonnement dut être grand pour les castelbriantais de voir flotter un drapeau tricolore sur le monument aux morts. Certains anciens accomplissent des gestes fous comme ces anciens combattants : Joseph Hervé, Etienne Martin, Louis Ganache, Marcel Letertre-père et M. Lassoudière qui placent ce drapeau. Ils ont osé... Un geste symbolique qui ne fut pas apprécié des Nazis

Que s'était passé ? Comment s'était déroulée cette manifestation ? C'est un article du « Journal de Châteaubriant» paru après la Libération - le 9 novembre 1947 - qui nous informe très précisément. Le « Témoin » qui raconte et signe son article étant l'un des 5
 
Un 11 novembre sous l'occupation
Cinq fiers lurons castelbriantais qui n'avaient pas encore voulu admettre que la présence de l'occupant les priverait des joies de fêter leur traditionnelle fête de la Victoire, s'en allaient déambulant dans les rues de notre cité
Ils arrivèrent au Monument aux Morts, y firent face, se recueillirent, saluèrent, firent demi-tour et voilà la pieuse cérémonie terminée.
Pour le retour, les uns voulaient que l'on chantât la Marseillaise, les autres plus modérés conseillaient la prudence. Finalement ils allèrent conter leur histoire dans un petit café de notre ville où ils trouvèrent là un de leur bon camarade bien connu des Castelbriantais et que la mort depuis, nous a ravi, lequel mettant sa profession à leur service, ne put faire mieux que les photographier. (Le photographe, c'est Marcel Blais dont le studio était rue du Château et qui était propriétaire du cinéma « Olympia »)
C'était le 11 novembre 1940 et pendant quatre années encore l'occupant resta là, interdisant à nos vieux Poilus de 14-18 de fêter comme ils l'auraient voulu leur Victoire si chèrement acquise mais pourtant si réelle celle-là. Depuis les cinq se sont dispersés. L'un d'eux appelé par sa fonction publique et qui s'occupa durant la guerre, avec beaucoup de dévouement de nos prisonniers, a dû quitter notre cité ; sur deux autres déportés par l'occupant, un seul jusqu'ici est revenu. Et depuis les autres restés ici, très souvent,t avec la famille et les amis des disparus, étreints par l'angoisse attendent , parfois avec espoir, parfois mêlé de doute, mais sans découragement que la Providence leur ramène celui que l'occupant leur a si cruellement ravitailler "Un des cinq"
La photo des 5 prise au studio de Marcel Blais ?. Est-ce celle prise le jour même où est ce une seconde prise en studio avec drapeau tricolore en arrière plan ?
 
1941
La vie de l'amicale
      
Les réunions officielles sont interdites. Aucun compte rendu dans le registre de délibérations du Comité Directeur. Des « réunions privées » se tiennent toutefois à l'école des Terrasses. Chacun garde le contact avec le Président Geffriaud, pièce maîtresse de l'Amicale se réunit
Toutes les réunions et manifestations organisées avant-guerre ne peuvent plus l'être : Kermesses, soirées récréatives ou théâtrales, arbre de Noël... etc. Restent les manifestations sportives, les matches du dimanche de basket, de foot, les rencontres d'athlétisme. Le nouveau club participera aux divers championnats
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Autour de Nous
      Un article prémonitoire paru en première page (Sources : Ouest-Eclair) repris dans le Courrier le 12 septembre 1941
"L'avis des autorités allemandes annonçant qu'à la suite d'un second attentat dont a été victime, à Paris, un militaire allemand, trois otages étaient fusillés, a vivement ému la population française. La mesure était implacable ; les conditions dans lesquelles elle a été appliquée la rendaient légitime et elle n'a pas été prise à l'improviste.
Après le premier assassinat d'un militaire allemand, l'autorité d’occupation il faut le reconnaître, se montra clémente. Elle aurait pu recourir à une sanction irrémédiable ; elle se borna à retenir des otages parmi lesquels seraient choisies les victimes au cas où le fait se renouvellerait.
L'avertissement qui fut diffusé par la presse, par la radio, par voies d'affiche, n'a malheureusement pas servi.
Des otages, c'est à dire des Français innocents, parmi lesquels figurent des personnes appartenant à toutes les classes sociales ont servi de rançon ; DURA LEX, SED LEX
La mesure est in flexible mais c'est un droit admis et appliqué par toutes les nations. La leçon servira-t-elle ? Donnera-t-elle à réfléchir à trop de français qui continuent de se fier aux voix insidieuses de l'étranger ? Les véritables responsables des attentats que trois Français viennent de payer de leur vie, ce sont les provocateurs de Moscou et de Londres qui, chaque jour, à la radio, poussent leurs auditeurs aux pires excès. Ils prêchent le désordre, la rébellion, le crime et ils osent prétendre défendre les intérêts de la France
Il ne leur suffit pas que nous soyons vaincus ; ils veulent encore semer la division, la haine entre Français, précipiter notre pays dans le chaos.
Restons sourds à ces appels ; les agents de Staline et de Churchill ne sont pas qualifiés pour parler au nom de la France. Écoutons celui qui a pris en mains nos destinées, le Chef qui incarne l'image de la Patrie et qui nous recommande l'ordre, l'union, le calme indispensable à notre relèvement »


Exécution de 27 otages
Le mercredi 22 octobre 1941, à Châteaubriant, les Allemands fusillent 27 détenus en riposte à l'assassinat du commandant allemand de Nantes, le Feld kommandant Fritz Holtz. Celui-ci a été abattu deux jours plus tôt, le 20 octobre, en plein centre de Nantes, par un militant communiste, Gilbert Brustlein, qui a aussi participé les jours précédents au déraillement d'un train de permissionnaires allemands. Le 21 octobre, à Bordeaux, c'était au tour d'un conseiller militaire allemand, Hans Reimers, d'être abattu par un autre résistant communiste, Pierre Rebière.
À l'hôtel Majestic de Paris, le général Otto von Stülpnagel, chef de l'administration militaire d'occupation, décide aussitôt de faire exécuter 50 otages pour l'attentat de Nantes et autant pour celui de Bordeaux en application de l'ordonnance du 28 septembre, dite « code des otages » Le général, qui a déjà fait exécuter 15 otages le mois    précédent, choisit 27 noms sur une liste de 61 détenus du  camp d'internement de Choisel-Châteaubriant. La liste lui a  été fournie par les services du secrétaire d'État à l'Intérieur Pierre Pucheu, collaborateur du maréchal  Pétain à Vichy. Pierre Pucheu lui-même aurait fait un pré-tri en sélectionnant les internés communistes jugés  par lui «particulièrement dangereux"
 
Drame dans la carrière
Le 22 octobre, en début d'après-midi, les gardes allemands assistés d'un lieutenant français procèdent à l'appel des otages dans les baraques du camp de Choisel - Châteaubriant. Les futures victimes ont 30 minutes pour écrire une dernière lettre à leurs proches. Après quoi, chantant la Marseillaise avec leurs camarades de détention, ils montent dans les camions qui vont les transporter à la carrière de la Sablière, à deux kilomètres du camp. Ils refusent de se faire bander les yeux. Face aux 90 SS du peloton d'exécution, 9 poteaux. Trois salves. Les victimes meurent en chantant jusqu'au bout la Marseillaise.  Pour faire le compte, Otto von Stülpnagel ordonne de fusiller également le même jour 16 otages nantais sur le champ de tir du Bêle, près de Nantes, et 5 otages au Mont Valérien, près de Paris.
En répression de l'attentat de Bordeaux, le commandant militaire allemand ordonne par ailleurs d'exécuter 51 détenus bordelais. Ces derniers sont fusillés les 23 et 24 octobre au camp de Souges, près de la métropole aquitaine (Extrait Article André Larané dans « Hérodote.net »
 
      Les titres de la presse
      Deux jours après les exécutions. fidèle aux consignes de la Kommandantur, le "Courrier", seul quotidien qui paraisse encore à Châteaubriant, ne transmet aucun commentaire sur l 'exécution. Par contre les divers articles qu'il fait paraître ensuite - de sa propre initiative ou par obligation des autorités vichyssoises et allemandes - appellent à lutter contre ces lâches attentats perpétrés contre les forces allemandes 

      Dans la presse castelbriantaise 
        (Courrier de Châteaubriant du 24 octobre)

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206957686&l=1600&h=860&m=&titre=206957686&dngid=15b99f940de84115d19c1caf9a9ac110822f1620 
 
  • DEUX CRIMES LÂCHES ET ODIEUX commis contre l'armée d'occupation. Les représailles font des veuves et des orphelins
  • AVIS du 21 octobre de Von STUELPNAGEL
  • LISTE des otages fusillés à Nantes le 22 octobre
  • AVIS de l'Amiral DARLAN
  • AVIS de M. DUPARD (4) Préfet de la Loire Inférieure
  • AVIS du Maire de Nantes à ses concitoyens
  • APPEL radiodiffusé du Maréchal Pétain
    "Français
    Contre des officiers de l'armée d'occupation, des coups de feu ont été tirés : deux morts. Cinquante français ont, ce matin, payé de leur vie ce crime sans nom. Cinquante autres seront fusillés demain si les coupables ne sont pas découverts.Un ruisseau de sang coule à nouveau sur la France. La rançon est affreuse, elle n'atteint pas directement les vrais coupables.
    Français, votre devoir est clair, il faut faire cesser la tuerie. Par l'armistice nous avons déposé les armes. Nous n'avons pas le droit de les reprendre pour frapper les Allemands dans le dos
    L'étranger qui ordonne ces crimes sait bien qu'il meurtrit la France en pleine chair. Peu lui importe nos veuves, nos orphelins, nos prisonniers !
    Dressez-vous contre ces complots, aidez la justice, un coupable retrouvé et cent Français sont épargnés.
    Je vous jette ce cri d'une voix brisée : « Ne laissez plus faire de mal à la France »
    Vichy le 22 octobre 1941

Les camions qui chantaient
Ce qu'en dit un témoin, "Pierre Martin", dans "Telles furent nos jeunes années" 
Descendu de l'école Aristide Briand que dirigeait sa mère (son père est prisonnier de guerre) jusqu'à l'étang de la Torche où il s'était adossé à la margelle du pont, il entendit soudain un chant, d'abord dans le lointain, puis qui se rapprochait
"C'était un chant interdit par les Allemands. 
C'était la Marseillaise !
Bientôt apparurent des camions bâchés, de couleur kaki, venant de la direction de la Mairie, ils ralentirent et marquèrent presque un arrêt comme si le conducteur du premier hésitait à prendre à droite par la rue du château pour remonter vers la Place des Terrasses, puis ils accélérèrent en continuant tout droit.
Maintenant la Marseillaisse se faisait entendre très fort et je me demandais s'il n'y avait pas un haut parleur  dans les camions mais pourtant c'était un chant interdit et les camions étaient allemands, bien que de marque Ciroën, je l'aurais juré ! Pas de doute : les camions chantaient !
Ils continuèrent leur course, à vitesse modérée, en tout cas par rapport aux vitesses auxquelles on se déplace maintenant. Ils longèrent l'étang au pied du château. Le chant s'amplifiait, puis les camions s'engouffrant sous le tunnel, sous la voie ferrée, il diminua puis ce n'était plus qu'un chant qui s'éloignait omme en sourdine, après le tunnel.
Ce n'est qu'après sa disparition que je me dis que ce chant était forcément chanté par quelqu'un, que les chanteurs sevaient être nombreux un chœur en quelque sorte comme celui que nous avions formé à, l'école, pour chanter "Maréchal nous voilà" que je n'avais chanté qu'une fois car après maman m'avait dit de seulement faire mine de chanter si on m'y obligeait et d'ailleurs je n'avais pas besoin de faire mine car les instituteurs de l'école des Terrasses ne l'avaient pas fait chanter à nouveau, ou alors je ne m'en souviens vraiment plus. A l'école des filles, sous ma maman, on ne l'a jamais chanté"
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Du côté de l'administration française.
Faisons connaissance avec le Préfet Dupard 

Nommé préfet de la Loire Inférieure, il avait pris ses fonctions à Nantes le 1er octobre1940. Pétainiste convaincu, il est bien décidé à faire appliquer dans son département les directives du gouvernement et à y inculquer les valeurs de la Révolution nationale prônée par le Maréchal
Il entreprend dès son arrivée d'épurer l'administration départementale en application des lois du 17 juillet et 13 août exigeant la non-appartenance de tout fonctionnaire à des sociétés secrètes (franc-maçonnerie). Zélé, il élargit le champ de l'épuration à ceux qui ont montré quelque sympathie pour la gauche. On les remplace par des personnes jugées plus sûres.
Visé également : "le personnel enseignant qui a fait de ma part l'objet d'une étude attentive." Deux instituteurs sont révoqués et sept autres relevés de leurs fonctions "qui s'étaient signalés... par leur activité politique extrémiste. Ces mesures ne sont que le début d'une vaste opération d'assainissement moral du personnel enseignant, absolument indispensable pour faciliter  l'oeuvre de redressement entreprise par le gouvernement (Préfet 15/12/40). C'est sans doute dans le cadre de ces poursuites que Marcel Viaud, instituteur à l'école de la Vannerie, fut « déplacé » (à la rentrée 41- 42) pour ses opinions « pro-communistes » à l'école de La Ville au Chef en Nozay avec son épouse.

Le Préfet Dupard en tournée à Châteaubriant la quinzaine précédant l'exécution des 27 otages
Ce jour là, le lundi 13 octobre 41, le Préfet de Loire Inférieure, avec toute l'autorité d'un chef investi des pouvoirs et de la confiance du Maréchal Pétain, avait procédé à l'installation du nouveau Conseil municipal (Municipalité Noël). en lui donnant comme mission, celle de réaliser l'union de tous derrière le Maréchal et son gouvernement.
Comment avait-été préparée cette installation en application de la loi du 16 novembre 1940 ? Ce texte avait pour objet de substituer aux maires hostiles au nouveau régime, dans les communes de plus de 2000 habitants, des magistrats municipaux acquis à la politique du gouvernement et qui seraient non élus mais nommés 
Que nous en dit le sous préfet Lecornu ? " Dans la nomination des maires, j'avais un rôle utile à jouer. A Châteaubriant, le Kreiskommandant, ne pouvant plus supporter l'attitude de refus de M. Bréant, avait officiellement demandé qu'il fut relevé de ses fonctions. Je fis des pieds et des mains pour l'amener à donner sa démission, car sa destitution du fait de l'occupant aurait rebuté tout candidat possible en dehors de ceux que n'aurait pas manqué de présenter le groupe "Collaboration". J'écartais ensuite du mieux que je pus M. Quinquette, directeur de l'hebdomadaire Le courrier de Châteaubriant, ardent défenseur de "la Révolution nationale" du maréchal Pétain, mais qui faisait depuis sa rentrée de captivité profession d'antigaullisme.
Je proposai donc comme maire Maître Noël, mutilé de guerre 14 - 18 qui s'était rallié au gouvernement de Vichy sans pour autant approuver la politique de collaboration. Comme beaucoup de Français, il admirait le général de Gaulle dont il considérait la présence à Londres comme indispensable, mais il approuvait le Maréchal resté pour servir de tampon entre Hitler et les Français. Il fut désigné" 
A l'occasion de cette installation le Préfet Dupard avait prononcé une allocution disant notamment "J'ai choisi pour former le nouveau Conseil des hommes appartenant à tous les milieux sociaux, désintéressés et connaissant à fond les problèmes techniques, économiques et sociaux, les besoins des familles nombreuses et ceux de l'agriculture. Pour mener à bien la tâche parfois difficile qui leur est demandée, les Conseillers municipaux devront se pénétrer de l'idée du devoir et s'inspirer de l'exemple que leur donne le Maréchal. Leur mission comporte un aspect administratif et politique, et à cet égard, il leur est demandé de réaliser l'union derrière le Maréchal et son gouvernement"
Discours du Préfet et du nouveau Maire où l'on trouvait comme l'annonce de temps nouveaux. On espérait qu'un autre esprit se mettrait à souffler en notre Hôtel de ville où la collaboration de toute une équipe constituée dans un esprit d'union et de fidélité au Maréchal allait se mettre à l’œuvre autour de son nouveau maire dont le guide choisi était le Maréchal.
Le loyalisme concordant du Préfet et du nouveau Maire sera confirmé par une adresse en octobre au Chef de l’État, une adresse qu'avait signée tous les conseillers municipaux. N'était-ce pas là le meilleur gage d'avenir ? Quelle était cette adresse votée à l'unanimité au Maréchal ?
« Le Conseil Municipal de Châteaubriant nommé le 6 octobre 1941, exprime son absolue confiance dans l’œuvre de redressement par lui généreusement entreprise et efficacement soutenue. En lui transmettant ses sentiments de respectueuse gratitude, il affirme sa volonté de donner son entier concours à la politique de rénovation nationale et et d'union entre tous les Français suivie par le Chef de l'Etat »
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Les adresses au Maréchal... Le Mythe Pétain

Extraits de "VIVRE L'OCCUPATION" de Jean Bourgeon "La personnalité du Maréchal Pétain est unanimement respectée et son geste de désintéressement lui a valu la gratitude universelle. Ses messages ont produit une impression profonde dans les consciences et le peuple approuve pleinement les grands principes qu'il a pris  comme fondement de la reconstruction nationale (Préfet - 12 novembre 1940)

"L'état d'esprit est meilleur qu'il m'était apparu  à première vue... L'immense majorité de la population vénère le Maréchal Pétain, approuve ses décisions et lui est infiniment reconnaissant de ses efforts... La population rurale  semble toute acquise  au Maréchal et à sa politique (Préfet -15 décembre 1940)

Il fonde ses propos sur l'accueil empressé qu'il a reçu  à chacune de ses visites dans les cantons et sur "l'approbation unanime que reçoivent mes paroles lorsque j'estime nécessaire l'union de tous les français derrière le Maréchal"
Sa visite à Châteaubriant ne pourra que conforter ses impressions mais celles-ci n'étant qu'une preuve fragile, il croit bon  de rajouter à sa démonstration "Les nombreuses adresses au Chef de l'Etat votées par les municipalités du département"

Pendant toute la durée de l'occupation 125 municipalités (57% des communes du département) ont voté une adresse de soutien au chef de l'Etat. La Municipalité de Châteaubriant en fait partie en octobre 41. Un vote qui s'explique par la proximité idéologique de leurs auteurs avec le nouveau régime. Leur caractère spontané est indubitable. Tout aussi spontanés, d'autres soutiens émanent de maires qui, moins séduits par la Révolution nationale, accordent leur confiance au vénéré vainqueur de Verdun

Avant la nomination de cette nouvelle Municipalité, aucune adresse n'avait été adressée du temps de la Municipalité Ernest Bréant. Ce dernier  avait donné sa démission en janvier 41, une démission qui ne sera pas acceptée. Cette municipalité sera rayée des cadres le 22 septembre 41 et trois semaines plus tard VICHY imposera une caricature de Municipalité (Sources - Il y a 50 ans UNE MAIRIE dans la tourmente - La Mée socialiste - 15 novembre 89) 
 
La visite du Préfet en Octobre 41 s'était poursuivie par le Dépôt de gerbes au monument aux mort suivi d'une minute de silence ; la visite à l'hôpital ; l'installation provisoire du Tribunal dans les locaux de la Caisse d'épargne ; le passage par la Kommandatur ; la visite des usines Huard, Le Pecq et Durand Richer pour juger de l'activité industrielle de notre Châteaubriant...
Il lui restait en fin de journée à visiter le Camp de Concentration de Choisel et à recevoir en audience M. Chassagne, chargé de mission de MM. Pucheu, Ministre de l'intérieur, et Lehideux, Ministre de l’Économie Nationale qui est actuellement dans notre région. Autant de noms que nous retrouverons quelque huit jours plus tard lors de l'exécution des 27 otages
Écoliers ! Écoutez le Maréchal
Mais on n'avait eu garde d'oublier les enfants et les écoliers lors de cette visite en mettant à profit l'allocution que le Maréchal diffusait ce jour là, aux enfants des écoles depuis une classe de l'école de Périgny dans l'Allier... Eux aussi seraient de la fête ! Ils participeraient à l'Union derrière le Maréchal tant souhaitée. Comment ? M le Préfet s'était rendu à l'école des Terrasses, afin de se trouver à l'écoute du message au milieu de nos écoliers. Toutes les autorités l'avaient suivi : M. le Sous-Préfet, M. le Maire, MM les Adjoints et M. Leduc, Inspecteur primaire, accompagné de M. Geffriaud directeur de l'école et des instituteurs. Présence obligatoire... Qu'en retiendront nos écoliers ? Le message du Maréchal avait- il marqué leur esprit ? Retiendraient-ils comme conclusion, le simple commentaire du Préfet à la fin du discours du Maréchal ? « … Le Maréchal a parlé... Ténacité... Loyauté... Retenez ses paroles, vous qui devez refaire la France. Le Maréchal a parlé. Tous, ici, nous comme vous, nous obéirons... » (Courrier du 17 octobre 1941)
 
Lisons « Le Courrier »



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Reprise d'activités au sein de l'A L C

      Octobre 41 : l'interdiction des réunions est levée.
      Le Bureau de l'A L C se réunit le 16 octobre 1941. Cette première réunion regroupait les membres suivants : M M Geffriaud – Martin Etienne – Van Loo – Aubourg – Combet Lucien – Nivert (M. Larose excusé)
A l'ordre du jour :
  • Les cartes d'adhérents et les différents tarifs (membres actifs, honoraires, bienfaiteurs)
  • La ventilation des sommes recueillies : la moitié des cotisations  encaissées serait attribuée aux équipes sportives filiales de l'Amicale (3 équipes de football, 2 équipes de basket, un groupe d'athlétisme)
  • Les activités futures de l'Amicale sont envisagées. En particulier est abordée l'aide nouvelle à apporter aux adhérents prisonniers  
      14 Novembre 1941 : Réunion du Comité Directeur pour la première fois depuis 15 mois mais il reste interdit de réunir une Assemblée Générale. Le Comité décide de désigner au fur et à mesure de ses besoins les membres indispensables. C'est au cours de cette réunion que le Président Geffriaud propose au Comité l'organisation de soirées théâtrales afin de se procurer les fonds nécessaires à l'aide aux prisonniers. Et la première de ces matinées aura lieu en mars 1942
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     Le Noël du Maréchal
      Point d'Arbre de Noël des Écoles Publiques. Il ne fut pas question de reconduire cette manifestation en faveur de nos écoles. L'Arbre de Noël du Maréchal le remplaça, un cadeau pour la propagande du Régime de Vichy
Sous l’Occupation, les fêtes du calendrier offrent un support idéal au régime de Vichy pour diffuser sa Révolution nationale. Noël répond parfaitement aux exigences de la propagande en symbolisant « la famille unie et soudée derrière le Maréchal Pétain, la famille généreuse et solidaire auprès de ses compatriotes les plus démunis »
La gestion du Noël 1941 est rondement menée par le régime de Vichy. Si les enfants sont particulièrement ciblés, d’autres fêtes du calendrier (fête des mères …) mettent de la même manière en valeur la Famille, le Travail et la Patrie. 
 
      Le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat français, avait exprimé le désir de voir célébrer dans un sentiment de dignité et de communauté nationales les fêtes de Noël. Le Préfet de Loire Inférieure avait transmis près de toutes les communes un appel à célébrer cette fête dans un esprit de dignité et de communauté nationale
      Trois longs articles du « Courrier » magnifieront le Noël du Maréchal qui se déroula fin décembre 41 à Châteaubriant et auxquels participèrent les enfants de toutes les écoles de Châteaubriant et leurs instituteurs
« Une fête rappelons-le organisée avec le concours financier de la ville, le Secours National, la Famille du Prisonnier, la Croix-Rouge et le Comité de Propagande du Maréchal et placée sous la présidence des Autorités locales : M. le Sous-Préfet, M. le Maire et M. le Curé"
      Magie des ondes : Le Maréchal devait s'adresser à ses petits amis et des appareils de T.S.F retransmettraient sa voix dans la salle et l'on terminerait par « le Chant du Maréchal » et la distribution à chaque enfant de jouets et de friandises.
      C'est ainsi que ce jour là, seize cents enfants de toutes les écoles de la ville se sont sagement installés dans la salle du Cercle Catholique sous la conduite de leurs maîtres et maîtresses... On put lire le compte rendu détaillé de cette belle fête de Noël 1941 dans le « Courrier » - le premier Noël du Maréchal dont tous les jeunes de France conserveraient le souvenir
 

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L’A.L.C.C
naît de la fusion de L’Amicale Laïque 
et de l’Amicale Cheminote
 
L’événement sportif de l'année 41 pour les Amicalistes et les Cheminots fut la naissance officielle de l' A.L.C.C. et ses débuts, sous ce nouveau sigle, dans le football, le basket et l'athlétisme.
Dès 1940, l'idée d'une fusion entre les sportifs de l'Amicale Laïque et de l'Amicale Cheminote avaitrassemblé de nombreux partisans. Cette idée se concrétisa, en juin 1941, la saison d'hiver passée, après les pourparlers d'usage. On répondit ainsi aux règles imposées par le Commissariat général (5)
Le sport et Vichy
Pour mettre en place sa politique sportive, Vichy créa le Commissariat Général à l’Éducation Générale et Sportive (C G E G S) dès juillet 1940. Deux hommes s’y succèdent à sa tête : le tennisman Jean Borotra puis à partir du 18 avril 1942, le rugbyman Joseph Pascot. Organe pyramidal, le CGEGS comme le souligne Jean-Louis Gay-Lescot est « une structure rigide dont la seule finalité demeure la dépendance et l’obéissance au pouvoir politique » De fait, sa mission principale consiste à « rendre au sport sa vraie place dans les activités de la Nation, en s’inspirant des idées essentielles de la politique du Gouvernement »
 
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Le Commissariat Général à l'Education Générale et aux sports sera chargé de sa mise en œuvre. Comme elle le stipule, la Charte inaugure « un régime de liberté contrôlée », prévoit des sanctions et assure au sein des associations sportives « l’autorité, l’ordre et le travail ». Les conséquences sont lourdes pour le mouvement sportif puisque dorénavant, pour exister et exercer toute association sportive doit obtenir obligatoirement l'agrément délivré par la Direction des Sports du CGEGS, ce qui remet totalement en cause la loi de 1901 sur la liberté d’association. Chaque association sportive doit également être affiliée à une fédération reconnue par le CGEGS. Les fédérations affinitaires gauchisantes comme la FSGT, l’USEP et l’UFOLEP en font les frais et sont interdites. Ce contrôle politique des fédérations est exécuté par le Comité National des Sport - son président est directement nommé en fonction de sa fidélité idéologique à Vichy - dont le rôle est de transmettre les directives du CGEGS au niveau fédéral et d’en faire la propagande. Par cette série de mesures coercitives, Vichy, d’une part, étatise le mouvement sportif et d’autre part, impose aux fédérations une ligne de conduite à tenir : ordre et obéissance au Maréchal
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      Créée en 1941, l’ALCC pour se mettre en règle doit se conformer aux nouveaux textes en vigueur et aux directives du Commissariat Général : Nécessité de déclarer de nouveau la société et de déposer de nouveaux statuts, en 1943, selon le modèle imposé par le Commissariat Général aux sports. Mais quel était l'intérêt  d'une telle fusion ?
 
      L’union fait la force
     (Jean Bothorel - Courrier de Châteaubriant - 5 septembre 1941) 
"Au mois de Juin (1941) dernier, les deux groupements sportifs de l’Amicale laïque et de l’Amicale Cheminote castelbriantaise décidaient de fusionner.
 
D’un côté l’importance de la gare de Châteaubriant a considérablement diminué depuis 1938 et le départ de nombreux employés des chemins de fer rendait pratiquement impossible la constitution d’une équipe purement cheminote.
A l’Amicale Laïque, d’autre part, les jeunes de l’Ecole des Terrasses, s’ils sont pleins de bonne volonté et si les plus âgés, ceux de 16 et 17 ans du Cours Complémentaire possèdent déjà des qualités certaines de footballeurs et d’athlètes, ne peuvent cependant pas prétendre davantage constituer une « équipe » et, au cours de la saison 1940-1941, ce sont les anciens élèves de l’Ecole qui, sous le nom de « Club des Terrasses » et sous les couleurs de l’Amicale Laïque disputèrent parfois avec succès, leurs chances dans la coupe de Châteaubriant.
Vivant chacune leur vie, l’une et l’autre société risquaient de piétiner. Réunies en un seul groupe sportif, elles donnent le jour à un enfant viable. En football, les joueurs qui ont opéré dans l’une ou l’autre société la saison dernière, ont tous signé cette année. Nous avons reçu d’autre part des adhésions intéressantes de joueurs confirmés. Nous pouvons dès à présent constituer deux équipes et la réserve n’est pas loin de valoir l’équipe première. Avec les élèves du Cours Complémentaire, nous formerons une équipe minimes. Avec tous ces éléments, l’A.L.C.C est en droit d’espérer un bon classement dans la coupe de l’Avenir où elle est engagée.
En athlétisme la saison qui s’achève ne nous a donné que des satisfactions… Les juniors et les seniors se sont bien défendus sur plusieurs pistes et même, à plusieurs reprises, ils ont su remporter des victoires.
Nous pensons enfin au basket : deux équipes masculines au moins, seront mises sur pied et toutes deux disputeront les championnats. Il y aura une ou deux équipes purement scolaires, composées des enfants des écoles. Si l’élément féminin s’avère assez nombreux, une équipe de jeunes filles sera également constituée et, si cela est possible, nous en constituerons deux…
Partie d’un bon pied, l’Amicale, plus précisément la double Amicale Laïque et Cheminote est prête à affronter la saison prochaine 
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L’année 42
Lourde atmosphère
 
Les Juifs au ban de la Nation
 
Une lecture attentive des journaux de l'époque met en lumière les menaces qui pesaient sur certains de nos concitoyens. Certaines lois concernant certaines catégories - étrangers – nomades – étaient déjà appliquées et avaient entraîné leur internement dans des camps... S'arrêterait-on là , Non ! Seraient mis au ban de la nation progressivement les Francs-maçons, les Juifs. Et à Chateaubriant, toutes les mesures préconisées seraient appliquées. Et le Courrier, Le Phare, Ouest Eclair de publier les diverses mesures envisagées. Ainsi la population serait-elle au courant des dangers qui guettaient « les autres », des annonces suivies de dénonciations, des arrestations qui suivraient

Extraits de journaux
Sixième ordonnance en date du 7 février 1942 relative aux mesures contre les Juifs dans laquelle étaient annoncées les interdictions et mesures répressives suivantes
  • Limitation des heures de sortie
  • Interdiction du changement de résidence actuelle
  • Dispositions pénales envisagées : « Celui qui conviendra aux dispositions de la présente ordonnance sera puni d'emprisonnement et d'amende ou d'une de ces peines. En outre le coupable pourra être interné dans un camp juif » (Courrier du 20 février 1942)
Quatre mois plus tard, le Courrier » publiait la huitième ordonnance du 29 mai 1942 qui élargissait les mesures contre les juifs restreignant un peu plus leurs droits
 
Signe distinctif des Juifs
  • Il est interdit aux juifs dès l'âge de 6 ans révolus de paraître en public sans porter l'étoile juive
  • l'étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume d'une main et les contours noirs . Elle est en tissu jaune et porte en caractères noirs, l'inscription « Juif ». Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine solidement cousue sur le vêtement
  • Dispositions pénales. 
  • Les infractions à la présente ordonnance seront punies d'emprisonnement et d'amendes ou d'une de ces peines. Des mesures de police telles que l'internement dans un camp de juif pourront s'ajouter ou être substituées à ces peines
A partir du 7 juin 1942, adultes et enfants de plus de 6 ans, y compris sur les bancs de l’école, devaient porter l’étoile jaune, cousue ostensiblement sur la poitrine.(Ce sera le cas du jeune KOHN). Ceux qui le peuvent font valoir que, si les chefs de famille sont juifs, les mères sont « aryennes » et que, n’ayant que deux grands-parents juifs, ils ne tombent pas sous le coup de la loi. Les familles Sinenberg et Kohn se rendent ainsi à la kommandantur qui demande au commissaire de police de surseoir à la remise de l’insigne. Cette demande sera-t-elle suivie d'effet ?

Les Juifs à Châteaubriant (11)
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(11) Extrait de « Châteaubriant - Histoire et Résistance »
Pendant la guerre, seules quelques familles de « Juifs » habitent Châteaubriant, résidents locaux ou réfugiés. Une liste de recensement faite en 1940 relève 31 noms dans la région, sans indiquer le lieu de résidence. 
A Châteaubriant les plus connues sont les familles SINENBERG, RIMMER, PACH, AVERBUCH, ISRAEL et KOHN mais quelques autres familles ont vécu cachées dans les communes environnantes (12)
En juillet 1942, une grande rafle de Juifs a lieu en Loire-Inférieure : 98 arrestations dont 4 dans la région de Châteaubriant : Jean PACH médecin, (qui sera déporté à Auschwitz), Fischel RIMMER, Bickel RYFKA, et Jacob RAVITSKY.
Nouvelle rafle le 9 octobre 1942. Les listes signalent cinq arrestations à Châteaubriant : M. et Mme KOHN, Mme Biena RIMMER et ses deux enfants Robert 6 ans et Bella 16 mois. 
Dernière rafle en janvier 1944 au cours de laquelle sont arrêtés et internés des membres des familles SINENBERG, ISRAËl, DEMILT.
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(12) C'est le cas de la famille KOKUSH dont le mère et les deux filles Sophie et Charlotte vécurent cachées à Ruffigné. On retrouvera les souvenirs de Sophie Kokush dans l'article « Evacués et Réfugiés à Ruffigné 1939 – 1945 » Blog mibonnier
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Les diverses ordonnances élargiront le champ des interdictions. Les Juifs n'ont plus le droit de travailler sauf dans les emplois subalternes et manuels sans contact avec le public, ni d'aller dans les cafés ou les fêtes, ni de conduire un véhicule. Leurs comptes bancaires sont bloqués, les "biens israélites" sont recensés pour être vendus à des "aryens". Des mesures qui seront plus ou moins appliquées à Châteaubriant, la grande majorité des ressortissants restant cachés avant des arrestations qui les condamneront


      En 1942, 
      notre pays et notre région sont occupés par les nazis.
     Beaucoup de castelbriantais sont prisonniers en Allemagne (Le Comité d'entraide en relèvera près de 350), l'activité économique est ralentie et s'exerce en grande partie au profit des occupants, les communications sont lentes et difficiles entravées par le manque d'essence et de charbon, le ravitaillement est de plus en plus difficile, les denrées de première nécessité sont rationnées et les produits d'importation sont absents.
Encore notre région est elle privilégiée par rapport aux grandes villes. A Châteaubriant, un « débrouillard » trouve à se ravitailler assez facilement en beurre, viande, charcuterie en s'adressant directement à la source. Aussi les citadins viennent-ils et de fort loin parfois, dès qu'ils en ont la possibilité nous pousser une visite afin de repartir avec de précieuses provisions. Bien sûr aussi, le marché noir fleurit car tout ce commerce se fait sous le manteau au nez et à la barbe de l'occupant et de l'administration de Vichy. Articles de presse, directives de l'administration française et de l'occupant, sanctions n'endigueront pas ce marché dit « noir » source d'un trafic dont bénéficient certains.
Tous ces problèmes sont angoissants – la vie est difficile – les lendemains angoissants – et les habitants n'ont guère de distractions ce qui explique le suivi de toutes celles organisées par les associations, comités, amicales.
 
En 1942, l'interdiction des réunions est levée. Certaines activités de l'Amicale sont envisagées. Comment subvenir aux besoins, comment apporter une aide nouvelle aux sociétaires et pères d'élèves prisonniers ? (R. Nivert)

       Février 42 avec de jeunes Résistants castelbriantais
       Coup de tonnerre ! Vol d'armes stockées au château ! La nouvelle avait rapidement fait le tour de la ville sous le couvert, assurément, mais celà avait été su. Nos jeunes résistants furent dénoncés et arrêtés. Que s'était-il passé ?
 
« Des jeunes castelbriantais GUERTEAU, TAILLANDIER, PELON, BONVALET pénètrent en fraude dans le château pour faucher des armes, stockées là - elles étaient entreposées dans le donjon - depuis que les Allemands les avaient réquisitionnées chez les habitants.
Ce que nous en dit un des participants -Yves Pelon - « Les deux petits Robert Guertault 14 ans et Robert Taillandier se glissent entre les murs de l'étroit soupirail... Jacques Bonvalet et moi sommes dans le coup et c'est chez moi, parmi les vêtements du magasin, que sont cachées les armes. Hélas nous serons arrêtés rapidement »
Le juge Fichoux devait être chargé de défendre les inculpés. Il ne put rien pour eux... Yves Pelon et Jacques Bonvalet furent les premiers déportés politiques à être internés.
A cette époque, certains français prônent une collaboration active et des articles parus dans le "Courier" invitent à rejoindre les groupes locaux castelbriantais : Collaboration et Ligue Volontaires Français
 
 
Propagande
 
Certains choisissent leur camp, celui de la Collaboration. On recrute ouvertement et beaucoup le regretteront à la fin du conflit. 
Mais qui avait prôné cette collaboration lors de l'entrevue de Montoire ? Le Maréchal Pétain
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L'entrevue de Montoire est la rencontre qui eut lieu le 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler dans la gare de Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher, France). Elle avait été longuement préparée par la rencontre du ministre des Affaires étrangères français Pierre Laval avec l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz, puis avec Hitler et Ribbentrop, deux jours auparavant au même endroit : elle devait poser les bases d'un dialogue entre la puissance occupante et le gouvernement de Vichy.

Écoutons le Maréchal

"C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration...

https://youtu.be/PNMswtqJ0gg

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  • Le Groupe Collaboration dont une antenne existera à Châteaubriant avait été créé au niveau national
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206958221&l=1600&h=860&m=&titre=206958221&dngid=4cc4747fccaa8c3ff549443a8dba5f9f818386b7
  • pour rassembler les Français de bonne volonté qui souhaitent sincèrement établir une France Nouvelle dans une Europe Nouvelle
  • pour réaliser ce dessein tel qu'il a été exposé dans les divers discours du Maréchal
  • pour soutenir la politique extérieure de la France telle qu'elle a été définie et préconisée dans le message du Chef de l'Etat du jeudi 10 octobre 40 et au besoin pour la défendre
  • pour établir dans les rapports franco-allemands cet esprit de collaboration tel qu'il a été défini et préconisé par l'entrevue de Montoire et pour faire mieux connaître aux Français l'Allemagne réelle


      Le Maréchal a choisi et la France tout entière doit le suivre. Vive la collaboration pour que vive la France « Il ne suffit pas qu'on me fasse confiance, il faut qu'on m'aide » a dit le Maréchal
Sous le haut patronage de S. E. M. l'ambassadeur Fernand de Brinon, délégué général du Gouvernement Français... Suivaient les membres du Comité d'Honneur, du Comité directeur, autant de hautes personnalités engagées dans la collaboration franco-allemande (13) 
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(13) Comité d'Honneur: S E Mgr le Cardinal Baudrillard ; M. Pierre Benoit ; M. Abel Bonnard tous les trois de l'Académie Française ; M. Georges Claude de l'Institut ; Mme Claire Croizat, professeur au conservatoire ; M. Drieu de la Rochelle, homme de lettres […]
Comité directeur : Président : M. Alphonse de Chateaubriant ; Vice-Président et Directeur général : M. René Pichard du Page ; Sécrétaire général : M. Ernest Fornairon [...]
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      L'article du Courrier (10 avril 1942) se terminait par tune invitation  à collaborer : Inscrivez-vous à Châteaubriant chez M. F......  C......., place de l'Hôtel de Ville à Châteaubriant

      Et l'on créa donc un groupe « Collaboration » à Châteaubriant. 
Les inscriptions étaient reçues, place de l'hôtel de Ville, résidence du Président de la section locale. La première réunion de fondation avait eu lieu afin de lui donner une existence officielle. Les adhérents avaient désormais la possibilité de s'adresser sur place et en toute confiance à un organisme qui a cru depuis toujours nécessaire, tout ce qu'il faut pour aller de l'avant.
On sait que le groupe « Collaboration » ambitionne de rassembler tous les Français partisans d'une entente entre la France vaincue mais peut-être redevenue lucide et l'Allemagne victorieuse mais »dominant sa victoire ». Y ont naturellement leur place ceux de nos compatriotes qui, après avoir nourri des illusions dangereuses, ont tiré au moins la leçon de la terrible défaite et mesuré l'étendue de leurs erreurs. Et tous se mettront ainsi sous l'égide du Maréchal Pétain qui a pris en main les destinées de la France et compris la voie où elle devait désormais s'engager pour sauver ce qui reste d'elle, retrouver son énergie perdue et faire encore une figure digne de son prestigieux passé dans l'Europe en train de s'édifier sur de nouvelles et de plus jutes bases
 
Envoyez demandes d'adhésions au Président de Collaboration (dont l'adresse suit) 
Certains castelbriantais adhérèrent-ils ? Une deuxième invitation à rejoindre le mouvement était publiée 4 semaines plus tard "Adhérez, Faites adhérer à "COLLABORATION"
 Encart dans Courrier du 29 mai 42

     On pourrait penser que " Collaboration " - " la L. V. F " ne concernaient que Paris et quelques grandes villes dont Nantes. La toile était beaucoup plus large et à Châteaubriant on trouvait des partisans qui recrutaient et la mise en place d' une antenne du groupe Collaboration nantais favorisera le recrutement

Qui trouvait-on ? "Les premiers adhérents sont pour la plupart des personnes appartenant à la moyenne bourgeoisie n'ayant jamais participé aux luttes politiques d'avant guerre, rares sont les employés et les ouvriers. On y rencontre la plupart des dirigeants des nouveaux partis."
Ce mouvement partisan de la collaboration avec l'Allemagne nazie vise à rassembler à l'occasion de conférences , concerts et autres rencontres plus informelles des partisans et des curieux appartenant à toutes les classes de la société . Si à Châteaubriant ces réunions furent rares ce ne fut pas le cas à Nantes, réunions dont la presse castelbriantaise donnera les compte-rendus. 
A l'occasion de ces manifestations, e préfet parle de grands succès mais c'est pour aussitôt en minimiser la portée "Cette affluence aux conférences (1500 personnes en avril - 1500 en mai - 1900 en juin) s'explique par la curiosité... Depuis quatre mois que le groupe Collaboration a été créé à Nantes le nombre d'adhérents dépasse de très peu 500 (Préfet - 30 juin 41) Bon serviteur de l'Etat français et ardent défenseur de la politique de "redressement national du Maréchal, le  Préfet qui se méfierait des milieux collaborationnistes parisiens critiquant l'attitude trop timorée à leurs yeux du gouvernement vis à vis de l'Allemagne (in VIVRE L'OCCUPATION de J Bourgeon"

La création de l'antenne de Châteaubriant
On s'affiche avec mise en place d'un local d'accueil carrefour Pasteur
La boutique de la COLLABORATION installée durant la guerre sera pillée et dévastée à la libération
 
"Le quartier général des Allemands est à « la banque Couchot », tandis qu’en face, dans ce qui fut autrefois le quartier de La Boule d’Or, puis le magasin « La Botte d’Or » puis « Le Casque d’or », se trouve ce que l’on appelle « Radio-Crampon » 
"C’était la radio qui diffusait la propagande allemande à l’aide de haut-parleurs installés dans les rues de la ville. Le préposé était un Allemand nommé Crampon » se souvient Mme Huard" (in La Mée)

    Au sein de la L. V. F (Légion des Volontaires Français) à Châteaubriant

     Certains groupes prônant la lutte contre le communisme et le bolchevisme affichent leur profession de foi. Un communiqué du 1er mai 42 de la permanence tenue par M. B. 4, rue Gambetta à Châteaubriant.
La venue de Jacques Doriot, à Nantes avait-elle décidé M. B. favorable à la L.V. F à ouvrir une permanence et à recruter parmi les Castelbriantais ? 
Les soldats de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme participent à l'affranchissement du monde du joug judéo-bolchevique »
 
 
Sous l'égide du P. P. F. et de la L. V. F.
« M. Jacques Doriot a parlé à Nantes de la lutte contre les Soviets »
A l'heure où se joue avec le sort de l'Europe, celui de la France, Jacques Doriot est venu clamer les vérités essentielles qu'aucun esprit lucide ne devrait ignorer chez nous : la Russie communiste n'a cessé d'être fidèle à son programme : étendre à l'Europe entière, à n'importe quel prix, son régime d'esclavage et de misère. Une victoire soviétique serait un arrêt de mort pour la France aussitôt envahie par les hordes staliniennes. Aucun Français vraiment patriote ne devrait méconnaître à l'heure actuelle l'énorme service que rend l'Allemagne au monde civilisé en contenant à l'est ces hordes déchaînées en attendant de les écraser définitivement.
Hitler vaincra Staline et l'Europe sera sauvée
Les légionnaires français qui pour reprendre les termes du maréchal, détiennent une part de l'honneur de notre pays, contribuent par leur sacrifice à la réconciliation franco-allemande. Cette réconciliation que le 13 décembre avait entravée se fera. Le nouveau gouvernement en est une garantie. Il faut lui faire confiance. Il saura briser le communisme et le gaullisme qui veulent rendre impossible toute collaboration et toute entrevue »
 
Y avait-il nécessité d'une relance près d'éventuels sympathisants ?Mieux connaître l'esprit de la Légion, mieux connaître sa mystique puissante ne pourrait que favoriser les engagements. Nouvel article début juin

 
« Depuis le 7 juillet 1941, date de la fondation de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme et surtout depuis que cette unité a été engagée dans les grands combats autour de Moscou, aux côtés de l'armée allemande, un grand nombre de français non susceptibles de combattre pour des raisons diverses, voient dans le geste des Légionnaires un acte de valeur élevée, un acte symbolique dans le sens de la réconciliation franco-allemande et de la collaboration européenne.
Ces Français sont des sympathisants dont l'appui moral n'est pas à négliger. Ils sont aussi les seuls sur lesquels on puisse compter pour appuyer en France la propagande en faveur de la Légion
Or, la Légion, c'est tout simplement sur l'immense front de l'Est, un drapeau tricolore. Quelques unités parmi des millions de combattants. Mais un symbole magnifique : la France représentée dans un combat gigantesque livré à ses propres ennemis.
Faut-il s'étonner qu'une étrange mystique se soit emparée de ces hommes et que cette mystique du drapeau français flottant dans les steppes russes gagne peu à peu ceux qui sont demeurés ici.
Faut-il s'étonner du succès considérable du mouvement de sympathie en faveur de la Légion des Volontaires Français et de la vague de confiance qui s'élève dans tout le pays
Non, car petit à petit, les Français prennent conscience de leurs devoirs, de leurs intérêts et comprenant alors que les Légionnaires sont, au feu, les pionniers de nos aspirations, ils se groupent avec enthousiasme sous le signe de la Légion
Les Anciens Combattants et les Anciens Légionnaires et la masse sans cesse grandissante des sympathisants doivent former un tout avec les unités militaires de la L.V.F. Actuellement sur le front
Un tout qu'anime un même souffle : l'esprit patriotique, socialiste et européen de la sublime légion.
Permanence de Châteaubriant : 4 rue Gambetta

Les Volontaires voulaient lutter contre le Bolchevisme. Savaient-ils dans quoi ils s'engageaient ? Avaient-ils idée des risques encourus ? Au cinéma de M. Blais, les Actualités cinématographiques sous contrôle allemand apportaient toutes les informations voulues. Les confortaient-elles dans leur décision ? 
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Les Archives de l' I N A nous en donnent un vibrant aperçu. Les "chefs" fascistes DELONCLE, DEAT, DORIOT... que l'on trouvait déjà au sein des Ligues factieuses d'avant-guerre galvanisent leurs troupes lors de réunions au Vélodrome d'hiver qui devait entrer dans l'histoire lors de la rafle du Vel d'Hiv de juillet 42

légion-des-volontaires-francais-contre-le-bolchevisme-video.html (25 juillet 1941)
 
le-premier-contingent-de-la-lvf-video.html (Octobre 41)
 
depart-de-volontaires-pour-le-front-de-l-est-video.html (Juillet 1943)
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La mise au ban d'organisations et de partis 
Quelques articles du Courrier illustrant la situation 

  • La Franc-maçonnerie (Courrier du 4 septembre 1942)
Le 19 août 1940, le Journal Officiel publie le décret de dissolution du Grand Orient de France et de la Grande Loge de France, les autres obédiences seront, elles, dissoutes le 27 février 1941.
En application de la Loi du 13 août 1940, les mandats politiques, les postes de l’administration publique et beaucoup de corps de métiers seront alors interdits aux francs-maçons. Ils sont pourchassés et livrés à la vindicte populaire avec des listes de noms publiés dans les journaux collaborationnistes (cf Courrier) Ils sont très souvent chassés de leur emploi s’ils sont fonctionnaires ou chargés d’une mission publique. 
On les traque, on les dénonce. Ainsi en est-il de Robert Lefebvre contrôleur à l'office interprofessionnel des céréales de Châteaubriant comme fonctionnaire et agent membre de sociétés secrètes ayant appartenu à diverses loges maçonniques dont on cite les noms (Grande Loge de France – Grand Orient de France) Pour pouvoir continuer à exercer il aurait souscrit une fausse déclaration
  • Mise en garde contre « le front national » (Courrier » du 29 mai 42)
A BAS LES MASQUES - Communiqué de la Préfecture régionale
« Depuis quelques mois un groupement occulte s'intitulant sans vergogne « Front National » incite ouvertement la population en faisant appel à son patriotisme à des actes de sabotage contre les troupes d'occupation. L'administration a le devoir d'informer les habitants de la région que ce prétendu Front National n'est qu'une émanation du parti communiste illégal, camouflée pour les besoins de sa propagande criminelle.
Elle met en garde, une fois de plus, la population contre de pareils appels qui ne visent en réalité, qu'à des buts révolutionnaires et à attirer sur la collectivité un surcroît de misères et de malheurs

    Propagande …
  • Un beau concert en faveur des troupes allemandes (Courrier du 23 octobre 1942)
    Une troupe artistique de passage a offert dimanche soir un spectacle de qualité aux troupes d'occupation actuellement dans notre ville. Un orchestre symphonique de grande qualité exécutait avec maestria des œuvres attachantes du auteur-compositeur Johann Strauss, des ballets variés et agréables à suivre, un couple de chanteurs aux voix harmonieuses ont procuré aux nombreux assistants une soirée d'agrément et de charme. Nous n'en voulons pour meilleure preuve que le silence abolu observé pendant le programme et la vigueur des applaudissements soulevés à la fin de chaque partie.
Il nous reste à remercier de sa bienveillance la Orstkommandatur qui avait invité quelques-uns de nos concitoyens à cette belle soirée
  • Le procès des 42 dans la presse (Courrier du 5 février 43)
      37 Terroristes condamnés à mort à Nantes
    Rendant son verdict dans le procès des terroristes, le Tribunal militaire allemand, siégeant à Nantes, a prononcé la peine de mort pour 37 accusés, 3 ont été condamnés à des peines de réclusion ou de prison, 3 ont été acquittés.
Des débats et des aveux mêmes des prévenus, il ressortit clairement qu'il s'agissait là d'une association de bandits, tous depuis longtemps enrôlés dans le parti communiste. La plupart des attentats commis par eux ont été dirigés contre des Français ou des biens privés français. Il faut y ajouter la menace des sanctions collectives supportées par toute la population, sanctions qui eussent pu être aggravées si les auteurs de ces attentats n'avaient pas été arrêtés ; deux meurtres, six tentatives de meurtres ont eu des Français pour victimes. Raymond Hervé avoua vingt attentats, dont un meurtre et plusieurs tentatives de meurtres, ent re autres sa participation avec Le Bris et Le Pailh au meurtre du Juge d'Instruction Bras tué par Le Pailh ; Lagatheu qui abattit le sculpteur Pichaud, assisté en ce meurtre par Guynoiseau ; Cléro et Perrochaud qui tirèrent sur les inspecteurs Vaillant et Parent etc...
Devant de tels faits, il n'est pas un Français, aimant et respectant son pays, qui n'ait souhaité le juste châtiment d'une pègre où ne se retrouve aucune des vertus de chez nous
 
(Ouest-Éclair du 31 janvier – Edition Nantes)
 
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k635928t/f3.item.r=TERRORISTES%20CONDAMNES.zoom
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La vie quotidienne
Reprise des activités de l'Amicale
 
Des « Concerts » sont organisés en vue de se procurer les fonds nécessaires à l'envoi de colis à « nos prisonniers de guerre » Ces séances récréatives sont appelées « concerts » improprement d'ailleurs car ce sont des séances de variétés qui comportent outre les chants, des évolutions rythmiques ou acrobatiques, des numéros comiques, des sketches, des petites pièces de théâtres et autres vaudevilles. Les « acteurs » sont locaux : enfants des écoles, grands élèves des deux Cours Complémentaires, instituteurs et membres de l'Amicale.

La première se déroula le 1er Mars 42
Au programme : Mouvements rythmiques des élèves de la Maternelle - Chants et danses bretonnes par l'école Aristide Briand - Séance théâtrale au cours de laquelle les grands du Cours complémentaire des Terrasses jouèrent une pièce du Moyen Age « La farce du pâté et de la tarte ». Étaient au programme aussi ce jour là chansons, mélodies monologues et un vaudeville en un acte « La semaine anglaise de Codey » qui devaient être interprétés par plusieurs membres de l'Amicale
Le Compte rendu paru la semaine suivante ) présentait les divers « acteurs » que l'on retrouverait avec plaisir lors des séances suivantes
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Courrier du 6 Mars 42
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Avaient joué de façon magistrale la farce : L. Bochat, B. Sassier, A. Ravily et A. Melois qui étaient certes de bons acteurs mais aussi de bons footballeurs de l' équipe cadets des Terrasses
La « Semaine anglaise » avait été interprétée avec beaucoup d'entrain par M M Jean Genêt, M. Jeanneau, G. Lejeune, A. Héry, F. Biveau et J. Bothorel
En seconde partie Mme Maudet, Mlle Duboc, M M Ritouet, Bothorel et Jeanneau obtinrent beaucoup de succès dans la partie de concert très réussie et applaudie.
 
Succès complet. On dut augmenter le nombre de séances et cette année là furent organisées plusieurs séries de concerts afin de satisfaire le nombreux public. On joua en matinée et soirée, salle de la Mairie, le 1er mars et l'on se produisit de nouveau les 13 et 20 décembre. Des séances suivies et qui laissèrent un bénéfice de près de 29 000 francs dans la caisse de l'Amicale
 
Les Garderies scolaires des écoles publiques
Après trois ans d'interruption, elles allaient reprendre dès le début des vacances scolaires
« Des garderies de vacances seront organisées par l'Amicale Laïque du 15 juillet au 15 septembre. Elles auront lieu tous les jours non fériés de 9 h à 11 h 30 et de 14 h à 18 h sauf le samedi après-midi. Les enfants seront placés sous la surveillance de personnes de confiance et se livreront à des jeux et sports variés ou bien iront en promenade aux alentours de la ville.
 
Rassemblement pour les garçons à l'école des Terrasses et pour les filles à l'école de la rue de la Victoire (communiqué du 10 juillet 42)
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Autour de Nous...
Activités sportives
Le sport bat son plein. On a peine à imaginer la vogue que connut l'athlétisme, le nombre de clubs ayant créé une section et les nombreuses réunions mises sur pied. Un calendrier bien rempli
 
28 juin 1942 : Fête des vieilles tiges réservée aux vétérans
Cinq ou six société seraient aux prises par équipes.Tout un programme judicieusement étudié qui devait plaire à tous, petits et grands
Une particularité des Vieilles Tiges était de programmer – hors Challenge – une gamme d'épreuves au côté comique, dont il est inutile de souligner l'intérêt nous annonce le chroniqueur (course à la valise, course des débrouillards, rallye-steeple, relais 4 X 60...)
L'A. L. C. C enleva le challenge de l' Olympia offert généreusement par "M. Blais - Cinéma" devant les Voltigeurs. Réservées au plus de 30 ans, les résultats permettent d'apprécier l'éclectisme des dirigeants des clubs. C'est au poids que nos athlètes s'étaient taillés la part du lion
 
28 juin 1942 « Le kilomètre de Paris Soir »
Une épreuve tout à fait particulière puisqu’elle était courue sur route. Ouverte aux non licenciés nés en 1917 et après. Départs au Pont de la Grenouillère et arrivée rue Aristide Briand. Engagements auprès de M. M. Jeanneau.
« Cette épreuve s'est courue devant une nombreuse assistance. Il y avait 14 engagés
1. Cottrel (A.L.C) . 2' 50'' 3/5 - 2. Degiorgis (A.L.CC) 2'56'' – 3. Dumazeau G (A.L.C.) 2' 57'' 2/5 - 4. Jarno (A.L.C.) 2' 57'' 4/5 - 5. Peslerbes (Mecano-sports) à 50 cm... »
 
Le 5 juillet était programmée la Grande Réunion d'Athlétisme des Voltigeurs Castelbriantais
Première réunion de la saison, elle devrait attirer tous les sportifs de la région. Elle mettra en ligne les meilleurs athlètes du département
Épreuves : Juniors-Seniors ; Cadets
Equipes engagées : S.N.U.C ; Vélo-Sport Nantais ; U.S. Armoricaine ; Mécano-Sports ; Voltigeurs qui présenteraient tous leurs athlètes disponibles ; Amicale Laïque qui a, elle aussi, une belle équipe qui doit obtenir un bon classement.
Le Compte rendu des épreuves atteste de la valeur des athlètes et de la forte concurrence entre les deux sociétés locales. Si les Voltigeurs s'étaient imposés en Juniors Seniors, l'A.L.C. avait dominé les autres équipes en cadets
Ouvrez le Courrier du 10 juillet 1942
 
 
Le 18 juillet c'était autour de l'Amicale d'organiser une réunion, au Stade de l'Usine Huard. 
Participait l'équipe de Segré qui avait déplacé plus de 30 athlètes et une section féminine qui venait de remporter 9 titres aux championnats d'Anjou - qui l'emporta facilement au vu de ses fortes individualités devant l'Amicale qui s'est bien défendue, les Voltigeurs vraiment trop incomplets pour inquiéter les premiers et Mécano dont les jeunes représentants font preuve de qualité, mais manquent encore de puissance et de métier. Épreuves classiques, classement par équipes et deux relais étaient au programme (400 x 300 x 200 x 100) et 4 x 100.. Tous deux enlevés par l'Amicale devant les Voltigeurs et Segré
Particularité de cette réunion : Pour la première fois des athlètes féminines s'étaient produites à Châteaubriant avec au programme 60 m ; 300 m ; hauteur et longueur. Segré avait fait montre d'une telle supériorité que la lutte perdit de son intérêt (Article de P. Q.)
 
 
Jusqu'en août, la saison athlétique battit son plein. Des réunions hebdomadaires à Châteaubriant, Nozay, Conquereuil, Héric, Blain, Nort réunissant pour certaines plus d'une centaine de participants attestent de l'engouement que suscitait l'athlétisme... tout en attendant la saison de BALLON ROND qui reprendrait ses droits
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     Autour de Nous
      Organisation d'activités spécifiques à l'Amicale mais aussi participation à celles dont l'objectif était le même dans certains domaines
       L'Amicale fit – comme bien d'autres associations – tout son devoir durant l'année 1942. Ses membres se retrouvaient constamment là où il était possible de faire œuvre utile. 
En faveur des prisonniers de guerre beaucoup d'amicalistes unirent leurs efforts au sein du Comité d'entraide des prisonniers en faveur duquel les Associations de la ville ( Voltigeurs, Croix Rouge, Secours National, S.A.C,Vieilles Tiges...) organisaient des manifestations visant à se procurer des fonds nécessaires à l'envoi de colis. Un remarquable effort collectif, toutes tendances réunies lors de certaines soirées, concerts organisées dans ce but (R. Nivert)
 
      Effort remarquable des associations civiles et sportives organisant matches, concerts, kermesses et fêtes diverses en faveur des prisonniers de guerre et du Comité d’entraide aux prisonniers
En cette fin juin 42, ceux nombreux qui se dérangeaient avaient la double satisfaction de se distraire et de marquer d'une manière tangible l'intérêt qu'ils portaient à nos chers prisonniers
  • Soirée Cinéma-Concert fin juin 42 
  • Une première soirée avait eu lieu le 26 mars, au profit de nos prisonniers de guerre et le succès qu'elle avait rencontré appelait le renouvellement d'un spectacle similaire. C'est ce qui a été fait la semaine dernière où trois soirées et une matinée ont été données et une large part des recettes a été versée au Comité d'entr'aide local
  • En première partie, on a revu avec plaisir le film choisi « Ces dames aux chapeaux verts » un film connu de beaucoup puisqu'il avait déjà été projeté en film muet à Châteaubriant. Excellente interprétation de Marguerite Moreno, Alice Tissot et Pierre Larquey. Autant d'artistes de renommée nationale.
  • C'est au cours de la seconde partie réservée au jazz formé par ROBY et SES BOYS qu'intervinrent les artistes locaux dont on retrouvera les noms avec plaisir, autant d'animateurs bénévoles au sein d'Associations civiles ou sportives et qui se retrouvaient pour une œuvre commune.
  • Tous unis ce jour là : Roby (M. Plassais) et ses boys (M.M Glédel, Dauffy, G. et A. Combet, Savinel, Renato, Rosemon, Bonvalet, Louis) qui exécutèrent successivement morceaux entraînants et chansons modernes, chœurs, sketches, duos... avec une virtuosité qui dénote beaucoup de dispositions naturelles et un sévère travail de mise au point.
  • Tout ne fut pas également réussi mais cela est bien excusable, étant donné l'ampleur du programme. Plongeons-nous dans l'ambiance de l'époque... Écoutons le fameux « Robby Jazz », Retrouvons M Plassais dont les interprétations sont si comiques dans Ma pomme, la chanson du maçon ; Marcel Glédel dont on connaît toute la virtuosité en solo au saxophone... (3 juillet 42)
 
     Si avant guerre, nous mettions à profit le mois de décembre pour organiser l'Arbre de Noël des Écoles publiques cette manifestation "privée" n'était plus possible
       L'année précédente fin 41, nos écoliers comme tous ceux de Châteaubriant avaient participé au Noël du Maréchal... autour de la personne du Maréchal, Chef de l’État. 
     Fin 42, nouvel appel à l'union de tous, en raison des événements,  Cette fête de Noël qui aurait dû être marquée par diverses manifestations permettant à tous les enfants de célébrer cette fête ne connut pas le succès de l'année précédente. Et pourtant on souhaitait
  • Qu'un arbre de Noël soit organisé dans chaque commune
  • Que dans toutes les écoles publiques et privées les enfants soient invités à confectionner de menus objets qui seraient vendus pour la confection de ces arbres
  • Que le supplément des sommes ainsi recueillies soit remis au Maréchal, pour les enfants de prisonniers dont les mamans sont décédées ou malades depuis la captivité du père
    Aussi « l'Arbre de Noël du Maréchal » fut-il reconduit sous un autre nom :Le « Noël pour tous de Châteaubriant (8 janvier 1943)
      Se souviendraient-ils de la sollicitude du Maréchal ?
      Notre Chef de l’État s'offrait en effet aux regards en une effigie placée entre des houx illuminés aux trois couleurs. Et le journaliste d'exprimer un vœu « Ah ! Si notre Maréchal pouvait être ainsi à l'honneur pareillement dans tous les cœurs français »
      Sous l'égide du Secours National, étaient rassemblés les enfants malheureux, ceux qui appartiennent aux familles des prisonniers et des évacués.... Un Noël resplendissant de bonté et d'espérance malgré les difficultés de l'heure où les friandises sont devenues rares et les jouets tout autant faute de matières premières pour leur fabrication... Des enfants déshérités nombreux, très nombreux, de toutes les écoles, tous accompagnés par leurs maîtresses, leurs maîtres, leurs parents... Un spectacle amusant, un programme varié à la portée de leur compréhension : chants mimés, danses folkloriques, et « la Farce du Cuvier »
 
 
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     1943

     Autour de Nous
     L'envoi de colis... C'est avec la relève le grand sujet de ces années 42... 43... Et toutes les associations de participer à cet effort. Les Prisonniers de Guerre font l'objet de très nombreuses réunions visant à recueillir des fonds pour l'envoi de colis. Mais ils ne seront plus les seuls à bénéficier de mesures d’entr’aide. A compter de juin avec l'arrivée d'évacués de la région nazairienne, on redoublera d'efforts pour subvenir à une partie des besoins de ces nouveaux arrivants. Tous ces efforts sont centralisés par le Comité d'entraide qui se charge de l'envoi des colis. L'Amicale participe grâce aux concerts qu'elle organise
 
      Envoi de colis aux prisonniers (8 janvier 1943)
      L'Amicale des Anciens élèves et Amis des Ecoles Publiques de Châteaubriant enverra en janvier un colis à chacun de ses membres prisonniers. Le bénéfice de cette distribution sera étendu aux pères des élèves des écoles publiques. Se faire inscrire (pour ces derniers) avant le 15 janvier chez M. Geffriaud, Président de l'Amicale.
L'envoi des colis sera effectué par l'intermédiaire du Comité d'Assistance aux Prisonniers de guerre


Confection et envoi de colis  (Source photographique ... )
      D'où provenaient les fonds nécessaires à ces envois ? Des trois séances de variétés organisées fin décembre 42
      La première séance de variétés avait connu un tel succès que finalement « les organisateurs avaient prévu une deuxième en matinée le 20 décembre... On ne s'arrêta pas là... Toutes les places pour cette matinée étant louées, on décida de faire une troisième et dernière séance le même jour à 20 h précises (en soirée) au profit de leurs œuvres post-scolaires et de leurs prisonniers"
      Allons donc au spectacle. Quelques impressions d'un jeune spectateur auxquelles on ajoutera le compte rendu du « Courrier » 
      Le témoignage d'un jeune spectateur - Pierre Martin
 - Le grand fils du propriétaire de l'Hôtel des Voyageurs (sans doute Marcel Glédel) a interprété la chanson de Trenet sur le débit de l'eau et le débit de lait ! C'était un copain de mon cousin Raymond et de son frère André (les deux frères Chailleux). 
- La farce du cuvier ? J'y suis encore ! Je vois très distinctement la scène et les acteurs et je ris de la chute dans le cuvier ! 

 
« En lever de rideau, l'orchestre qui, sous la direction de M. Marcel Glédel, prêtait son précieux concours, créa l'ambiance par une marche espagnole, Le Matador parfaitement exécutée. Puis les fillettes de l'école Aristide Briand se produisirent dans un chant mimé : La légende de Saint Nicolas. Des élèves de l'école des Terrasses, dans une ronde avec chœur, firent entendre de vieilles chansons françaises. L'archet de Mlle Giraud et celui de M. G. Combet charmèrent les auditeurs et furent salués par des applaudissements justement mérités. La Farce du Cuvier et les deux Timides fort bien interprétés amenèrent de nombreux moments de gaieté. 
      Comme si on y était... Quelle farce ! Mettons-nous à la place de Jacquinot. Un homme doit obéir à sa femme et à sa belle-mère, qui veulent lui imposer tous les travaux du logis. Que fera Jacquinot après qu'elles lui aient donné un « rôlet », une liste des travaux qu'il aura à effectuer.
  • LA MÈRE - Ensuite, Jacquinot, il vous faut pétrir, cuire le pain, lessiver,...
  • LA FEMME - Tamiser, laver, décrasser...
  • LA MÈRE - Aller, venir, trotter, courir, et vous démener comme un diable.
  • LA FEMME - Faire le pain, chauffer le four...
  • LA MÈRE - Mener la mouture au moulin...
  • LA FEMME - Mettre le pot au feu et tenir la cuisine nette.
  • JACQUINOT - Si je dois mettre tout cela, il faut le dire mot à mot.
  • LA MÈRE - Bon ! Écrivez donc, Jacquinot : pétrir...
  • LA FEMME - Cuire le pain...
  • JACQUINOT - Lessiver...
  • LA FEMME - Tamiser...
  • LA MÈRE - Laver...
  • JACQUINOT - Laver quoi ?
  • LA MÈRE - Les pots et les plats...
Comment tout cela se terminera-t-il ?
Jacquinot aidera sa femme pour un travail ménager au bord du cuvier, un grand baquet qui contient le linge sale. Sa femme basculera alors dans le cuvier. Tempêtant et suppliant son époux, elle est sur le point de mourir noyée. Jacquinot lui répond simplement que la sortir de l'eau ne fait pas partie de sa liste.... Il ne se décidera à aider sa femme à sortir du cuvier qu'après la promesse qu'il sera dorénavant le maître du logis.
 
     Les applaudissements unanimes qui suivirent les chants de M. Ritouet prouvèrent combien le public apprécie l'organe et la technique d'un amateur que pourraient lui envier bien des professionnels. Mme Maudet, M M. J. Tourillon et Lebon surent également intéresser leur public qui leur fit un vif succès. Des compliments sont dus aussi aux jeunes filles du Cours Complémentaire pour une parfaite exécution de chants et de danses d'Auvergne. Quant à la vente des pochettes surprises, elle permit à chacun d'emporter un souvenir tangible d'une excellente après-midi »
Une large part des bénéfices devait être employée à l'envoi de colis aux prisonniers de guerre du « groupement » 
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Le travail en Allemagne
Les affiches de propagande en faveur de la libération des prisonniers, de la relève, du travail en Allemagne et même du S T O fleurissaient sur les murs. Richesse des archives.
Le besoin de main d’œuvre de l’économie de guerre du Reich devient tel - les hommes étant massivement mobilisés sur le front russe - que les responsables de la main d’œuvre vont chercher à exploiter au maximum les ressources en travailleurs des pays occupés. Pour répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre de l’industrie de guerre allemande et aux demandes successives de Sauckel, diverses mesures furent prises par le gouvernement de Vichy.


 
A compter de 1941, l’appel au volontariat n’eut pas grand succès. « L’Allemagne contribue à la diminution du chômage en France en donnant aux travailleurs qui y demeurent la possibilité de travailler en Allemagne… Il convient de collaborer avec les services allemands » proclame le ministère. Malgré la propagande mettant en avant les bonnes conditions de vie et de travail et les promesses de bons salaires offerts aux spécialistes français, le recrutement restreint ne fait pas l’affaire des autorités allemandes.
 
La relève
 
Il est réclamé à la France, en mai 1942, 250 000 travailleurs industriels dont 150 000 spécialistes. Laval, devenu chef du gouvernement, négocie et obtient, dans le cadre de « la relève », qu’en échange des 150 000 spécialistes, 50 000 prisonniers de guerre soient libérés.« Un nouvel espoir se lève pour nos prisonniers, c’est la relève qui commence » déclare Laval. Ce recrutement était fondé sur la base du volontariat. La possibilité d’une libération des prisonniers engage le gouvernement Pétain dans une voie où rien ne pourra arrêter les demandes allemandes relatives au potentiel de travailleurs dont le Reich a besoin.
« La France toute entière vivait à l’heure P.G. et l’espoir (qui sera déçu de les voir libérés) justifie pour le pouvoir des sacrifices de souveraineté et de dignité. Gestes politiques, paroles, gestes du Maréchal sont approuvés par des millions de Français et de Françaises, épouses, mères et pères des absents qui jugent Montoire et « la relève » à l’aune de leur chagrin et de leurs espérances »
Cet échange ne connut pas le succès attendu. Les résultats, malgré une intense propagande, s’avérèrent vite décevants. On se dirigeait vers l’obligation d’aller travailler en Allemagne. Le gouvernement de Vichy poursuit sa politique de collaboration et promulgue, dès septembre 1942, une loi instituant le principe du travail obligatoire pour les Français et les Françaises d’âge adulte, afin de permettre une éventuelle affectation autoritaire de la main d’œuvre. Une mesure qui allait entrer en vigueur à compter du début 1943. Ce sera le S.T.O.
 
Les prisonniers transformés

En janvier 1943, nouvelle demande de Sauckel qui exige du gouvernement de Vichy 250 000 travailleurs. Laval crut avoir trouvé la solution en demandant en contrepartie la « transformation » de 250 000 prisonniers de guerre, déjà rendus sur place, en travailleurs dits libres. Ces « prisonniers transformés en travailleurs libres » puis dits « travailleurs libres » bénéficiaient d’avantages propres à leur statut en Allemagne. Ils demeuraient sur les mêmes lieux de travail mais cessaient de porter l’uniforme et touchaient un salaire équivalent à celui des travailleurs allemands accomplissant les mêmes tâches Un danger pour eux : ils ne bénéficiaient plus de la convention de Genève. Sortis du camp pour la majorité d’entre eux, ils bénéficiaient d’une adresse individuelle et avaient la possibilité de circuler à peu près librement. La transformation était en principe volontaire même si les pressions allemandes eurent lieu et obtinrent des résultats positifs dans certains stalags. Près d’un prisonnier sur quatre devint « un transformé en travailleur libre ». Le rapport est beaucoup plus faible au niveau de la commune. Seulement trois ruffignolais changèrent de régime ! Cette situation est peu connue car les familles évitèrent, dans la mesure du possible, l’annonce de cette évolution de la situation de leur prisonnier. Au sein du Comité local, elle ne pouvait être inconnue puisque désormais l’envoi des colis se fit différemment et que le port fut remboursé par le gouvernement français. Un changement peu apprécié qui créa quelques tensions. Surtout que cette nouvelle situation accordait aux transformés et en partie à leur famille des avantages supplémentaires tout en continuant à bénéficier des  « avantages » accordés aux prisonniers ?
  • La prime de séparation : Les autorités allemandes estimant équitable dans l’intérêt de toute la main d’œuvre française occupée en Allemagne de faire accorder également aux prisonniers « transformés » la prime de séparation, ce fut fait.
  • L’approvisionnement en vêtements civils : Tout envoi était strictement interdit aux P.G mais ces travailleurs particuliers purent bénéficier de collections de vêtements et de sous-vêtements. Toutefois « ces opérations demandant un certain délai, il est conseillé aux familles d’envoyer à leur prisonnier « transformé » les vêtements qu’elles pourraient se procurer même s’ils sont usagés » (Croix-Rouge - 1er septembre 1943)
  • La délégation familiale : les familles des « transformés » continueront à recevoir cette allocation qui leur était allouée aux termes de la loi du 20 juillet 1942
Ces avantages dont bénéficiaient les prisonniers qui avaient choisi délibérément de travailler pour les Allemands, en Allemagne, suscitaient des mécontentements au sein des Comité locaux Allez faire comprendre à ceux qui ne pouvaient en bénéficier que, seules, les familles des travailleurs libres pouvaient obtenir à la mairie de leur résidence une carte de textile dite d’habillement !
 
Voilà qui explique les très nombreux articles que pouvaient lire les lecteurs castelbriantais du « Courrier » articles et titres du journal favorables à la Relève et au retour des prisonniers. Châteaubriant avait retrouvé un rythme de travail. La Gare et son dépôt, la Fonderie, l' Usine Huard et diverses entreprises locales tournaient de nouveau. Y eut-il des ouvriers de la région qui répondirent à l'appel pressant du Gouvernement de Vichy ?
  • 1er Mai 42 : Travailleurs. Mes camarades
  • 2 juillet 42 : Le Président Laval fait appel aux ouvriers de France
  • 3 juillet 42 : Enfin la Grande Relève. Pas de déserteurs sur le front du travail
  • 24 juillet 42 : La relève est prête (éditorial de A. Quinquette)
  • 6 août 42 : Les captifs attendent des hommes libres et volontaires. Travailleurs, n'hésitez-pas !
  • 1 octobre 42 : La relève doit continuer dans l'intérêt de tous travailleurs et prisonniers. Pourquoi il faut aller en Allemagne
Ajoutons en première page une photo représentant l'arrivée du 2ème train de la Relève en gare de Compiègne en présence de De Brinon représentant le Maréchal
 
  • 16 octobre 42 : Il faut hâter la relève
  • 23 octobre 42 : La vérité sur le travail en Allemagne
Et le Maréchal de mettre tout son poids dans la balance... Et le Président Laval d'adresser un message au peuple français. Mais combien de prisonniers rentreraient-ils ?
  • 3 décembre 42 : 25 000 prisonniers vont rentrer au titre de la Relève
Une lettre d'écolière (Courrier du 13 février 1943) 
Le "Courrier" collabo ne pouvait que mettre en exergue un tel courrier ! Comment mettre en valeur la Relève ? On fera appel aux enfants qui par l'intermédiaire de leurs instituteurs répondraient à l'appel deM. Abel Bonnard, ministre secrétaire d’État à l'éducation nationale.  Celui-ci vient d'inviter,  les enfants de France à participer au concours de la plus belle lettre, organisé comme l'année dernière par l'association nationale des Amis des travailleurs français en Allemagne, pour récompenser les enfants ayant écrit les plus belle lettres de Noël à l'un de leur parent travaillant en Allemagne. 
Cette fois on n'écrit pas au Maréchal... On écrit à un membre de sa famille. Cette petite E. B ne dit-elle pas à son frère J. B, ouvrier travaillant en Allemagne qu'obéissant au Maréchal et à M. Laval , je ferai mon devoir de Française, j'accepterai cette épreuve en pensant que tu contribues ainsi que tes camarades, à la « grande Relève » et que ton sacrifice hâtera le retour des prisonniers. Quant aux conditions de travail de nos travailleurs, chacun sait qu'elles sont très favorables. J'ai appris que tu t'acclimates là-bas et que tu t'habitues de plus en plus en plus à ta nouvelle vie ainsi qu'à ton travail au vu des courriers que tu as envoyés. Que de conditions favorables ! Tu nous dis aussi que les logements sont confortables et chauffés. Tout cela nous rassure sur ton sort
Il ne lui reste plus qu'à souhaiter que l'année 43 sera l'année heureuse pour « notre douce France », que ce sera une année marquée par la,paix et la réconciliation définitive avec l'Allemagne.
  • 15 janvier 43 : La Relève doit se faire à plein
Commencèrent à paraître des listes de prisonniers qui rentraient mais au compte-goutte
23 avril : le travail français en Allemagne. Propagande en faveur du statut de travailleur libre
C'était le nouvel espoir du régime de Vichy et d'en présenter tous les avantages que pouvaient en retirer les prisonniers
  • 4 juin : Statuts des P G transformés en travailleurs libres
Mesures d'équité en faveur des travailleurs libres
Cet échange (3 travailleurs pour un prisonnier) ne connut pas le succès attendu. Les résultats, malgré une intense propagande, s’avérèrent vite décevants. Les travailleurs libres ou transformés furent nombreux par contre.

Le S T O
On se dirigeait vers l’obligation d’aller travailler en Allemagne. Quelles classes seraient concernées ? Le gouvernement de Vichy poursuit sa politique de collaboration et promulgue, dès septembre 1942, une loi instituant le principe du travail obligatoire pour les Français et les Françaises d’âge adulte, afin de permettre une éventuelle affectation autoritaire de la main d’œuvre. Une mesure qui allait entrer en vigueur à compter du début 1943. Ce sera le S.T.O. auquel devraient se soumettre les jeunes gens ayant eu 20 ans en 40, 41, 42.
 
Le 16 février 43, un décret instituait le S T O d'une durée de deux années. Sont épargnés pour un temps les jeunes agriculteurs et les étudiants qui bénéficient d'un sursis pour terminer l'année universitaire. Afin de parer aux défections prévisibles, Laval met en place tout un système de fichage avec la participation des mairies et des divers services administratifs.
Comment cette loi est-elle perçue ? Avancée supplémentaire dans une collaboration d'Etat rejetée par l'opinion, elle est d'entrée condamnée "Il est incontestable qu'elle a soulevé dans l'opinion publique un mécontentement assez profond. La plupart des gens estiment qu'il est regrettable que ce soit une loi française qui permette d'envoyer des ouvriers en Allemagne (Préfet -1er mai 1943) Un constat qui n'empêche pas l'administration  française d'appliquer la loi. La rapidité et la fermeté avec lesquelles  les directives du S T O sont mises en place provoque un raidissement de la population et l'apparition d'une Résistance passive et de réfractaires qui refusent l'enrôlement obligatoire et devront vivre cachés " ce que constate le Préfet "La partie Nord du département limitrophe des départements bretons donne un pourcentage  de réfractaires de 80 %. La plupart du temps les jeunes gens ont quitté leur domicile et il est difficile de les retrouver. Comment subsistent-ils "A cette époque des travaux agricoles, ils trouvent facilement à s'employer soit dans des fermes isolées, soit dans des exploitations forestières assez nombreuses. Il ne faut pas se dissimuler que les populations les accueillent avec plaisir d'abord parce qu'une main d'oeuvre supplémentaire est toujours la bienvenue à la campagne. Ensuite parce que chacun est heureux d'empêcher ces jeunes gens d'aller en Allemagne. Quel sera leur devenir? Ils seront à l'origine des premiers rassemblements de maquis ce que ne relève pas encore le Préfet dont l'enquête des Renseignements généraux n'a pas décelé d'organisation  permettant aux réfractaires d'échapper collectivement à la loi. Satisfaction de sa part  au vu des enquêtes menées dans le nord du département "Les résultats me permettent d’assurer qu'il n'existe aucun point de rassemblement de réfractaires" (Préfet 1er juillet 1943)
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Les activités culturelles de l'Amicale
En cette année 43, l'activité amicaliste continua à se déployer dans ses domaines favoris
  • La poursuite des « Concerts » générateurs de recettes au cours desquels intervenaient les grands élèves des deux Cours Complémentaires et des membres de l'Amicale. L'arrivée de nouveaux acteurs (cf programme des 21 et 8 mars) fut la bienvenue : M. Fontaine, J. Chrétien, M. Brébion, Th Hougron débutaient sur les planches rejoignant une troupe déjà aguerrie
    Du côté des Terrasses, sous la houlette de G. Chanteux leur professeur de français, on avait travaillé une scène du « Médecin malgré lui »... Du Molière.... Du classique. Qu'on imagine le plaisir qu'avaient nos grands de troisième à jouer avec Martine et Lucinde !3
 
L. Bochat, R. Sassier, A. Melois, F. Raimbaud, M. Audrain autant de têtes bien faites ! Brillants élèves dont le palmarès du Cours Complémentaire des Terrasses fait état en juillet 43. La carrière d'instituteur s'ouvrait devant eux. Sur 6 élèves présentés par le C. C., 5 élèves admissibles avaient été reçus sur 20 recrutés au niveau départemental. Si M.M Biveau (Maths) Chanteux (Français et Anglais) étaient satisfaits de leurs élèves que dire de M M. Jeanneau et Nivert qui étaient responsables de l'équipe Cadets de l'A.S. Terrasses, championne d'académie, dans laquelle jouaient tous ces acteurs.
A noter que ces nouveaux élèves instituteurs ne rejoindraient pas l’École Normale de Savenay. Le Régime de Vichy avait supprimé les dites Écoles Normales. Ils poursuivraient leurs études au Lycée Clemenceau de Nantes où ils rejoindraient quelques plus anciens qui ne devaient pas connaître Savenay :R. Ménard
  • Un 1er mai suivant le désir du Maréchal (7 Mai 43)
    L'allocution du Maréchal Pétain du 1er mai 43 destinée « Aux Travailleurs » rappelait quelles étaient les grandes idées contenues dans la charte du travail, « cet outil que je vous ai donné pour la bonne lutte qu'il faut mener sans haine » Et de demander qu'on ait confiance dans lui « Un temps viendra plus proche que vous ne l'espérez où le travail que je vous ai tracé s'accomplira plus facilement dans un monde délivré de la guerre » Et d'exprimer un souhait […] Que le 1er Mai n'exprime plus la plainte du prolétariat mais le triomphe du travail dans la l'ordre, la joie, la liberté »
Une fête dont la date avait été maintenue mais dont le Maréchal avait entrepris d'en modifier le caractère. "Une fête qui ne devait plus être l'occasion de manifestations tapageuses pour revendiquer quoi que ce soit. Il faut qu'elle soit pour notre pays une fête d'union et de paix sociale célébrée dans une fraternité pure. Ce ne serait pas le travail que l'on magnifierait cette année là . Le Maréchal s'est penché sur la jeunesse qui souffre de tant de manières de l'absence à la maison du « cher Papa ». Il nous a donc fixé comme directive pour ce 1er Mai 1943, de nous empresser auprès des enfants de nos prisonniers et leur donner à comprendre par des attentions et des douceurs que la communauté française, cette grande famille encore unie, demeure attentive à toutes les douleurs, à toutes les souffrances »
Tous seraient ainsi assurés de la sollicitude paternelle du Maréchal. Quel fut le déroulement de cette fête des enfants qui avait remplacé la fête du travail ? Elle consista en un goûter savoureux et substantiel offert aux fils et filles de nos chers prisonniers. 
Quels en furent les organisateurs ? Qui apporta son soutien et sa participation ? "Le Maire M. Noël s'était consacré avec dévouement à l'organisation désirée par le Chef de l’État et recommandée par M. le Préfet. IL devait trouver assistance auprès du Sous-préfet Manescu, du Secours National, du Comité d'Entraide aux prisonniers de guerre, de celui de la Croix Rouge et des Voltigeurs Castelbriantais. Absence de l'Amicale dans le chapeau organisateur. Mais sans doute les enfants de nos prisonniers avaient-ils profité de cette invitation ?"
Comment se termina cette grande fête enfantine? « Conquis de toutes les façons et par l'estomac et par le cœur, les enfants ne se firent pas prier pour crier tous ensemble : Vive M. le Maire ! Vive M. le Sous-Préfet ! Vive le Maréchal ! Vive la France !"
 
 
  • La Fête des Mères (4 juin 43 - page 2)
En 1920, avait déjà été élaborée une fête des mères de familles nombreusespuis le gouvernement avait officialisée une journée des mères en 1929, dans le cadre de la politique nataliste encouragée par la République.
Ce n'est donc pas une création du maréchal Pétain mais c'est sous son impulsion qu'elle devient  une « célébration quasi-liturgique, la mère étant mise sur un piédestal » par le régime de Vichy.Tous les Français sont incités à célébrer la maternité. En 1942, le maréchal Pétain s'adresse à la radio aux femmes en ces termes : « Vous seules, savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne »


 
Fin mai 43, c'était autour des Mamans d'être à l'honneur
"Ce 30 mai, nos mères ont reçu les premiers témoignages de notre vénération, dans la maison du Bon Dieu. Elles ne pouvaient en recevoir de plus délicats […] Messe solennelle à Saint Nicolas au cours de laquelle toutes les douces st saintes mères reçurent leur part d'hommages. Un merci vibrant leur fut adressé au nom de chacun de nous, au nom de la France, au nom de la chrétienté auquel nous avons souscrit de toute notre âme. En présence des autorités dont M. le Sous-préfet, Manescau, M. le Maire Noël , se pressaient les mamans décorées de la promotion 43 de la Médaille de la Famille Française. Voilà pour l'office religieux"
La fête s'était poursuivie l'après-midi dans la salle du Cercle Catholique, la seule qui se prêtât à de tels rassemblement, aux premiers rangs de laquelle on retrouvait les autorités civiles et religieuses […] Discours de M. le Sous préfet suivi de la remise des médailles par M. Delatour, président de l'association familiale de Châteaubriant aux 32 mères représentant un total de 231 enfants, toutes décorées par le gouvernement du Maréchal […]
Était venu le temps de la séance récréative donnée avec le concours de toutes les écoles et de musiciens appréciés. Les touts petits de l'école Maternelle (de la Victoire) dans un chant, des fillettes de l'école de Béré dans une poésie récitée avec conviction, l’École Aristide Briand dans une scène chantée « Les joujoux en colère », puis l’École des Terrasses dans un chœur de Dubus « Souvenir et tendresse » et dans une scène comique « Gros malin au restaurant » avaient apporté leur concours de même que ceux de Saint Joseph, de Nazareth. Ce fut autour des élèves de l'école de garçons de Béré de venir chanter « France, ma patrie »... Une séance qui avait duré trois heures... un peu trop longue peut-être pour vos bambins mais quelle bonne après-midi chères mamans !
Mais la fête n'était pas finie. Elle se termina par un goûter offert par la Municipalité et le Secours National aux mamans décorées et à leurs enfants. Nouveau discours de M. Noël qui adressa un grand merci à toutes les autorités présentes et proclama les mérites des organisateurs en tête desquels il y avait Mme Chevalier et M. Delatour dont c'était la deuxième fête qu'ils organisaient et qui faisaient de mieux en mieux
      
Où l'on retrouve les enfants des écoles... Notre premier magistrat adressa un grand merci à Mlle Moreau, inspectrice primaire qui eut ainsi sa part d'éloges pour l'initiative qu'elle avait eue en invitant nos écoliers à traduire par écrit leurs pensées et leurs sentiments sur leur maman. Un concours original et délicat avait été institué : les lauréats devaient recevoir un livret de Caisse d’Épargne de 25 f offert par la ville. Des lauréats dont on publia les noms dans l'ordre du classement pour qu'ils soient mis à l'honneur. 
 
Restait au Maire à réunir dans un même éloge les enfants et leurs mamans «  Les mamans que ces garçonnets et ces fillettes se sont efforcés de magnifier en leur dissertation enfantine et qui reçoivent en ces émouvantes cérémonies de la Fête des Mères, le juste tribut d'admiration et d'éloges que leur vaut une tâche, souvent méconnue, mais qui est toute d'abnégation, de dévouement et même de sacrifices » (Courrier du 4 juin 1943)
 
 
  • Les garderies de Vacances de l'Amicale
      Après interruption due aux événements extérieurs, elles avaient repris l'été 42. L'Amicale les reconduisit pendant l'été 43
Elles réunissent les garçons et les filles sous la surveillance des Normaliens et Normaliennes qui peuvent ainsi se procurer quelques ressources supplémentaires. Gisèle Faure, Simone Terrien, Roger Cloteau, Alphonse Eluère sont nos premiers intervenants cette année là
       Elles ont lieu aux Terrasses et à Béré. Aristide Briand occupée par les Allemands nous est interdite. Des terrains de sortie nous ont été attribués (Tout étant soumis à autorisation par l'occupant). Nos enfants pourront « prendre l'air ». Les effectifs sont remarquables. 98 garçons et 118 filles inscrits . Bien sûr tout est loin d'être parfait !On se plaint du manque de matériel, de ballons en particulier. Le fameux « coco » n'est pas une boisson de première qualité... 
 
      Avez-vous quelquefois goûté au coco ?
      C'est une boisson rafraîchissante qui résulte de la macération de bâtons de réglisse  En cette période de récession, à l'eau on ajoutait un édulcorant de réglisse. A défaut de goût prononcé au moins avait-on la couleur ! Longtemps le coco eut la faveur des enfants. Certains se souviennent encore « Il était dans de toutes petites boites rondes en métal avant d'être délayé dans l'eau: moi et mes copains, souvent on ouvrait la boite, on se la passait et on léchait ou suçait directement le contenu"
     Et la pamprelle en avez-vous bu ?
     C'est une autre boisson hygiénique de l'époque qu'ont connue les pensionnaires des Terrasses et de l'E.A.B - un sirop où dominait l'eau que colorait en rose une poudre (extrait de fruits rouges) - On dégustait cette boisson sucrée, colorée mais sans aucune trace de fruit naturel à défaut de l'eau du robinet
      Mais qu'on imagine le plaisir de tous ces enfants lors de ces garderies! On pense faire mieux l'année prochaine à l'Amicale
Les parents des enfants avaient le choix... La concurrence était là... 
      Tout comme l'Amicale Laïque, le Patro offrait ses services mais uniquement pour les garçonsQu'on se le dise au Patro « C'est presqu'inutile de l'annoncer. Il est tellement connu et sympathique ! Tout le monde sait déjà à Châteaubriant que le « Patro » de vacances commencera le lundi 12 juillet. Comme les années précédentes, il aura lieu au Cercle Catholique, tous les jours de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 18 h (officielles) le samedi excepté. Nous serons heureux d'y accueillir tous les garçons. Grâce au dévouement de leurs dirigeants, ils passeront des vacances agréables et joyeuses. Toujours le sourire !... Telle est la devise des gars du Patro de Châteaubriant. Châteaubriant va de nouveau s'égayer du chant de ses enfants. Ceux-ci goûteront pendant deux mois les charmes d e la vie au grand air dans la gaieté et l'entrain. Car dans la grande famille du Patro, on ne s'ennuie jamais"

      Mais la guerre est menaçante... Si Châteaubriant est resté jusqu'alors à l'écart des bombardements dont ont été frappés Saint Nazaire, Nantes, on procède à des mesures d'anticipation et on travaille à organiser la défense passive dans notre ville
- Des Caves-abris étaient en voie d'achèvement, des écriteaux les désignant avec leur contenance avaient été placés sur la façade des immeubles, des chefs d'immeubles avaient reçu leurs consignes, la principale étant d'ouvrir leurs portes à chaque alerte de jour et de nuit...
- Les tranchées de bombardement seraient entretenues. Celles du derrière de la Mairie seront éclairées de nuit pour éviter les accidents. Celles de l'école de la rue de la Vannerie seront reportées un peu loin de l'immeuble.
« Si jamais nous étions bombardés, ce qu'à Dieu ne plaise, on ne pourrait rien reprocher à la Commission municipale de défense passive qui à accordé à la question l'intérêt qu'elle mérite. Quand tout sera en place et que chacun connaîtra bien son rôle, il n'y aura plus qu'à souhaiter une chose... c'est que toute cette préparation précautionneuse ne serve à rien » (Courrier du 2 juillet 1943)
- Quant à celles de l'école des Terrasses les élèves, octogénaires aujourd'hui, s'en souviennent. C'est dans le parc d'Arbo qui jouxtait l'école dans lequel on avait élevé deux rangées de « baraques-classes » pour remédier à l'augmentation de effectifs scolaires (accueil de nombreux réfugiés) qu'on avait creusé des tranchées pouvant servi d'abri lors de bombardements. La gare toute proche étant un objectif possible. 
 
 
Sous le régime de Vichy et l’occupation allemande, les contraintes administratives seront prégnantes.
  • Interdiction absolue de toute discussion ou manifestation présentant un caractère politique
  • Application des directives du Commissariat aux sports et respect des règles édictées par l’occupant allemand : Cartes sportives pour les dirigeants (voir page…) Liste des noms, profession, adresse du Président, du Vice Président, du secrétaire, du trésorier et des membres du Comité de direction de l’A.L.C.C. (composé de 15 membres de nationalité française) (...)  Un fichage en règle qui n’était pas sans danger !
  • Innombrables demandes près des autorités occupantes : autorisations de se déplacer (ausweis), autorisations d’utiliser les terrains de sports, d’organiser une manifestation sportive…_______________________
La guerre toujours présente 
    
L'arrivée de Nazairiens
 
Conséquence des bombardements de Saint Nazaire : l'arrivée de réfugiés en particulier de l'école d'apprentissage des Chantiers de Penhoet (dénomination de l'époque « Loire Saint Denis »
 
Les chantiers disposent alors de leur propre école d’apprentissage. Elle est située sur le site des chantiers mêmes. On y forme des jeunes, à partir de 14 ans, aux métiers de la navale. L’entrée se fait sur concours. Les admis suivent des cours communs et l’une des trois spécialités proposées : construction mécanique, tôlerie-chaudronnerie ou bois. Au bout de trois ans les apprentis en sortent traceur, ajusteur, fraiseur, menuisier…
Novembre 1942 : Elle subit un terrible bombardement. En novembre 1942, l’évacuation des enfants des écoles primaires a déjà commencé. L’école d’apprentissage, elle, continue de fonctionner avec 220 apprentis. C’est le 9 novembre 1942 que s'abattent les premières bombes américaines à Saint-Nazaire. L’attaque est déclenchée  en plein jour avec des bombardiers lourds B17 et B24 dont la mission était de bombarder la base sous-marine et les installations portuaires nazairiennes. Ce raid aérien, mené par les Américains sur Saint-Nazaire, décime les apprentis des chantiers de Penhoët. 163 personnes dont 134 apprentis décèdent lors de ce tragique événement.
On décide d'évacuer les apprentis. Un des ateliers de Penhoet est fermé et transféré en avril 43 à Châteaubriant, choix motivé par le relatif abri en campagne et les possibilités offertes par l'entreprise Huard qui met à sa disposition un atelier et une salle de cours. Accueil de 29 apprentis répartis sur trois années de formation . Ces apprentis sont logés aux Epinettes, quartier de Saint Michel des Monts. Ce centre d'apprentissage « délocalisé » fermera le 6 juin 44, les apprentis se dispersant. Une présence d'une durée de 15 mois.
L'apprentissage comme pour les apprentis Huard va de pair avec une pratique sportive intense... Gymnastique assurée par M. Cornu, athlétisme, baignade aux beaux jours à la carrière des Princes,et football. Une équipe appelée « Mécano-Sports nazairiens » rencontre celle des communes voisines et la réserve des Voltigeurs et l' A L C
 
La Journée des sinistrés du 19 septembre 43.
L'Ecole des Apprentis de Saint Nazaire repliée à Châteaubriant avait fait appel à toutes les bonnes volontés du pays pour cette organisation. Spontanément se joignirent à eux : l'Amicale Laïque, les Vieilles Tiges, les Voltigeurs Castelbriantais, les Commerçants repliés et réfugiés et ceux de la ville. De tels concours ne pouvaient que préparer une bonne réussite. Dans nos malheurs présents, il n'est que l'union des coeurs dans une fraternelle solidarité, pour vraiment nous consoler et nous maintenir dans l'epérance
 Le sport , le théâtre, les chants sont au programme. Des visiteurs nombreux et une bonne recette en dépit d'aléas contraires
Le matin : Courses pédestres pour les jeunes (moins de 16 ans – plus de 16 et moins de 20 ans)sur un parcours en ville de Saint Michel à l'Hôtel de Ville
Après-midi : Grande Kermesse dans le parc Lemarié à Saint Michel avec le concours des sociétés les plus réputées de Châteaubriant et des Apprentis de Saint Nazaire et de la Maison Huard
Des aléas devaient ternir cette grande fête : le mauvais temps vint malheureusement contrarier la manifestation et le souvenir oppressant des tragiques événements de Nantes jeta sur la fête une ombre de tristesse. Pour ces deux raisons le succès n'atteignit pas tout l'éclat que l'on pouvait escompter 

Courrier page 2 article signé B G (...) dont ce sont les premiers articles 
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206959929&l=1600&h=860&m=&titre=206959929&dngid=b0a800a7668bc2197308d82791db41d2562d2018
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(16) Des nouvelles de la Rédaction du "Courrier"
"L'équipe rédactionnelle du "Courrier" vient d'être complétée par l'arrivée de Mme B. Guiberteau qui nous vient de Niort où elle dirigeait depuis de nombreuses années les trois hebdos " L'Eclair de l'Ouest - Le Petit Gastinais - Le courier de Bressuire". Le courrier était depuis peu amputé de M. Pierre Quinquette fils qui nous a quitté pour satisfaire aux obligations du S T O. Quant au Directeur, M. André Quinquette, il pourra se consacrer aux fonctions dont il a été investi par ses confrères à "La Corporation de la Presse"
  Concentration dans les mêmes mains des moyens d'information castelbriantais... Ainsi peut-on parler  de l'objectif atteint par Pierre Quinquette fils d'installer un cinéma en la salle des fêtes de la mairie (Ce sera le "Familial Cinéma" et l'ouverture d'une deuxième salle de cinéma dans la ville). Délibération municipale favorable fin septembre 43. Autorisation accordée après étude des avantages que la ville pourrait retirer de cette location. Mise au voix au bulletin secret. Adoption du bail pour une durée de 12 ans par 8 voix contre 7. Gérance indirecte du Familial Cinéma puisque Pierre Quinquette est requis S T O. Ce sera, dès la fin janvier 44, le seul cinéma à fonctionner lorsque M. Blais directeur du Cinéma Olympia sera arrêté puis déporté. Un bail de courte durée, qui n'ira pas à son terme, suite aux événements qui suivront la libération de la ville en août 44 et la mise en place d'une nouvelle municipalité
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Les tragiques évènements de Nantes
Les bombardements de Nantes du jeudi 16 septembre 43 étaient dans les mémoires. Comment étaient-ils compris de la population ? Assurément on ne comprenait pas ces bombardements qui causaient tant de morts civils. La presse collabo renforçait la hantise et la peur des Anglo-Américains. et s'appuyant sur des évènements extérieurs survenus en Italie. Un cas italien qui appella réflexions... Un Pays qui, pour échapper à la guerre, pour en voir la fin, s'est conduit comme Gribouille. Voulant retrouver la paix dans la liberté, il a appelé les Anglo-Américains, leur a tout livré, tout promis sans limitation aucune et de ses abandons et de sa folie, il ne recueille que la honte avec des perspectives de ruine et de mort
Messieurs les Anglo-Américains, conclut dans son éditorial "Patrice", nous ne voulons pas de votre "libération", car elle est la pire des servitudes (Courrier du 17 septembre 43


L'Aviation Anglo-américaine a fait, en quatre jours, sur notre sol, de terribles ravages
Les Libérateurs sont passés...
 
Dans Nantes ravagée, on compte plus de 700 morts, 1773 blessés et 10 000 sinistrés
Des bombardements qui entraînèrent l'évacuation des enfants de la ville d'âge scolaire c'est à dire de 6 à 14 ans. Des enfants qui, munis d'un bagage suffisant, vont être répartis dans toutes les communes du département
Affiches relatives à la défense passive placardées par les pouvoirs publics... Accueil d'un contingent d'enfants... Sessions d'examens d'octobre ajournées... Rentrée des classes repoussée au 18 octobre...
Nouveau choc pour tous : Les nouveaux bombardements du 23 septembre
 
   Un souvenir d'enfance : le passage de bombardiers 
    "C'était à Ruffigné, en 43, nous les avons regardé passer très haut dans le ciel argenté... En groupes d'une quinzaine... Aucune opposition de la chasse allemande. Nous ne craignions rien... Où allaient-ils ?  Vers Saint Nazaire ? Comme tous les badauds qui - ce que regrette la presse avec raison - entendent le ronronnement des oiseaux de mort et se portent aussitôt dans le milieu de la rue, nous pointions nos regards curieux vers le ciel. Qu'ils étaient hauts !
    Foin des conseils du journal qui, s'adressant à ceux qui se croient à l'abri dans une cité ou dans un bourg, recommandait la prudence et l'écoute des pouvoirs publics qui disent "Abritez-vous" Comment ? En obéissant et en suivant les consignes de la défense passive


   La guerre... Les bombardements étaient loin de nous... La guerre ? On y jouait ! Nous avions notre base sous-marine, nous aussi, comme les Nazairiens. Dans le champ de Pépé, un sillon creusé dans le sol recouvert en un endroit précis d'un couvercle de lessiveuse... Une protection supplémentaire : des mottes de gazon sur le sommet... Le bombardement pouvait commencer... Quelques pierres, les pommes qui ne manquaient pas, des mottes de terre bien lourdes pleuvaient sur notre base... mais comme celle de Saint Nazaire, la nôtre résistait sous l'avalanche de projectiles ! "
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L'esprit de résistance au sein de l'Amicale
Autant d'activités qui apportent une utile occupation aux adhérents de l'Amicale mais ne font pas oublier la guerre qui tient notre pays sous le joug nazi ni les menaces qui pèsent sur certains de nos joueurs et dirigeants conséquence de leur engagement.
Au sein de notre société – nous dit Raoul Nivert – l'esprit de la Résistance est déjà décelable et soude de nombreux membres. On se réunit certes pour organiser des séances de variétés, des matches, on apporte notre aide lors de manifestations d'entraide... Mais on a ainsi l'occasion de discuter à l'insu de tous, de s'entendre, de s'organiser et cette poussée vers l'esprit de Résistance est de plus en plus grande et s'est affirmée au cours de l'année 1943
Inconscients des dangers qui guettent certains d'entre nous... Non ! Mais on ne pouvait imaginer les événements terribles de janvier 44
 
Premières arrestations... Démantèlement de réseaux
Quelles étaient les actions de « La Résistance » ? Une histoire difficile à établir en totalité. A Châteaubriant, comme partout, la résistance prend plusieurs aspects.
Regroupement au sein de réseaux dont l'histoire a été mise en évidence, après la Libération par les acteurs (arrêtés, déportés) ou par des témoins qui n'avaient pas été « ramassés » Autant d'anonymes à l'époque qui ont accompli des actes de bravoure quotidienne.
Mais qui appartenait au réseau Oscar Buckmaster ? Au réseau F T P ? Au réseau Notre Dame de Castille de Ruffigné? Aux groupes de Résistance de Martigné, de Fercé, de Sion, de Lusanger ? A cette époque le secret était le premier moyen de passer inaperçu.
Car les actions menées, se "font sous le manteau" : les renseignements transmis aux alliés de caractère militaire sur l'implantation des forces allemandes, la constitution des premiers groupes de résistants, les parachutages d'armes sont « top secret ». C'est lorsque des arrestations visant des opposants au régime nazi et au régime collaborant avec les Allemands seront effectuées qu’apparaîtront, et encore en filigrane, ces actions résistantes
Cet engagement de personnes ne pouvant voir la France asservie... de personnes qui dans leurs tâches quotidiennes rendront de multiples services en faveur de celles qui étaient menacées... de personnes dont l'action restera longtemps inconnue jusqu'à leur arrestation, est un des aspects de la Résistance dans notre région et dans notre ville
  • Parachutages réussis qui se succèdent : Fercé... Noyal... Ruffigné
  • Cascade d'arrestations : Celles de fin novembre - début décembre 1943 : Les Allemands raflent le père et le fils Lévèque à Soulvache, Célestin Deroche à Sion, les Letertre à Châteaubriant, Pierre Morvan à Rougé, Joseph Esnault, Raphaël Gicquel à Fercé...
Si la presse locale n'en donne aucun aperçu (elle n'en sait sans doute rien) les nouvelles s'étaient rapidement propagées.
  • Surprise pour la très grande majorité des habitants qui découvrent l'existence et l'action de la Résistance
  • Inquiétude de ceux qui se sentent menacés et dont le tour viendrait peut-être...
Mais la vie quotidienne continuait au sein de notre ville... Les compétitions sportives se poursuivent, les concerts et autres manifestations des associations ont lieu... La lutte souterraine contre l'occupant aussi... Les délations de certains aussi... ce qui entraînera de nouvelles arrestations en janvier, février, mars 44 et le démantèlement des réseaux.
 
1944 : Une année terrible

 
 
Les 21, 22, 23… 26 janvier et le 21 février 1944… 22 membres de l’ALC  sont arrêtés par la Gestapo et déportés vers les camps de concentration (2 seulement reviendront)
 
Écoutons Raoul Nivert
« 1944 ! Sombre année pour l’A L C ! Tragique et exaltante année qui vit la déportation de 29 de ses membres et la libération de notre région, le 4 août, après le débarquement en Normandie.
Parmi les milliers et les milliers de Français tombés victime de leur attachement à la liberté, il n’était pas de société, pas de groupement qui ne comptât un certain nombre des siens. Mais notre ALC eut le triste privilège d’avoir été comparativement à son effectif, un des groupements les plus cruellement touchés. Le plus grand nombre des Castelbriantais arrêtés par la Gestapo, en faisaient partie et se classaient parmi les dirigeants les plus actifs.
Les arrestations commencèrent les 21 et 22 janvier 44 précédant et suivant une réunion du Comité Directeur qui se tint à l’école des Terrasses dans la soirée du 21 et à laquelle participèrent 14 membres. On peut deviner quelles angoisses étaient les leurs.
 
Puis le 23, le 26, le 21 février, nouvelles arrestations. Jours cruels s’il en fut. Et combien plus cruels si nous avions connu, à ce moment là, les effroyables hécatombes des camps de déportation de la barbarie nazie.
Donc à partir du 22 janvier, l’A L C est cruellement désorganisée et toutes ses activités s’arrêtent. La réunion du Comité Directeur qui suivra celle du 21 janvier 44 se situe le 16 mars 45. Plus d’un an de désordres, de pleurs, d’espérances déçues ! Chaque semaine nous amenait l’annonce du décès d’un camarade dans des conditions atroces.
Deux seulement de ces déportés allaient revenir et dans quel état ! Quel lourd tribut payé à la Résistance ! Quelle leçon pour les veules, les esclaves de cette époque (et de nos jours… !) Alors que tout semblait perdu, alors que l’idée de défaite pénétrait dans les esprits faibles, alors que beaucoup disaient déjà oui à l’esclavage, ils ont eu le mérite de relever la tête et de répondre non. Non aux nazis qui voulaient imposer leur tyrannie, non aux traîtres à qui leur forfaiture profitait !
       Que leur souvenir, que l’exemple qu’ils ont donné reste impérissable ! Ils l’ont bien mérité. Je rappelle les noms de nos martyrs amicalistes morts en déportation et de ceux qui ont payé de leur vie, leur action militante et résistante dans la région castelbriantaise, tués au combat ou fusillés par les Allemands. Un bilan terrible.
Et j’en oublie peut-être, particulièrement parmi ceux qui se classent dans les anciens élèves de l’école des Terrasses restés en contact avec l’A L C
 
        Reste leur souvenir dans le cœur de leur famille, de leurs amis, des amicalistes qui les ont connus, côtoyés au cours des activités de notre Amicale… Restent des plaques de rues… le nom d’une école… une plaque commémorative au coin de l’école des Terrasses. Cette dernière fut posée le 15 juin 1947 au cours d’une émouvante cérémonie » (17)
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(17) Extrait de « L'Amicale Laïque Châteaubriant a 70 ans » 1938 - 2008 de M. Bonnier
Source : Bulletin intérieur de l'A. L. C de janvier 1969. Article R. Nivert
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VICHY ET LES JUIFS
Pour les 350 000 juifs français (appelés à l’époque « Israélites »), ces années sous le Régime de Vichy furent noires. Vichy prête la main aux allemands, pour ce qui restera la tache majeure du Régime de la défaite : sa participation à la lutte contre les résistants et sa complicité active dans « la solution finale ». Les français mettront un certain temps à réagir.
Mais la persécution prend un tournant dramatique à partir de 1942 en application de la « Solution finale ». La France participe aux rafles avec l’aide d’une milice créée pour lutter au coté des allemands contre les trouble-fête (résistants et juifs) : par exemple, le 16 et le 17 juillet 1942 a lieu la première grande rafle au Vélodrome d’Hiver. Cette fois, 13 000 personnes sont arrêtées par la Police française. Cela aboutira à un massacre immense : sur une population de 350 000 individus, 75 000 juifs ont été déportés et seulement 2 500 d’entre eux ont pu survivre
« Plusieurs membres de la famille Sinenberg font partie des victimes, en tant que juifs, des rafles de fin janvier 44. Fichés en Mairie, suite au recensement imposé par l’Etat français, ils ne purent échapper à l’holocauste. Ce n’est pas le cas de notre joueur de football - Bernard Israël dit Edmond - apparenté Sinenberg - qui vécut sous un nom d’emprunt, pratiqua son sport sous fausse licence et put regagner la région parisienne, la paix revenue » Autre joueur de football qui sera déporté pour son appartenance à la race juive et ne reviendra pas : André Demilt


     Vraie fausse licence du joueur Bernard Israël dit Bernard Edmond (apparenté famille Sinenberg) venu de la région parisienne se réfugier et se cacher à Châteaubriant. Licence enregistrée le 27 octobre 1943. A la Libération, il avait regagné Boulogne sur Seine. Nous l'avions retrouvé lors de la Kermesse des Sections sportives organisée en 1974 et qui avait vu un rassemblement des joueurs de la Section foot des plus jeunes aux plus vieux. Un retour quelque trente années plus tard au "pays d'adoption" où la famille Israël arrivée en 40 avait vécu avant d'être arrêtée puis déportée en 44. Seul Edmond avait échappé à ces arrestations 

Qu’ajouter à cette longue énumération des victimes nazies déclarait R. Nivert ?
Une simple lettre écrite par un joueur et dirigeant de notre équipe de football, sans aucune préparation, jaillie du cœur, une lettre écrite en prison par Jean Sinenberg, le lendemain de son arrestation avec ses parents, et qui devait mourir dans le camp de concentration d’Ellrich, le 9 février 1945
 
Caserne Richmond le
Jeudi 27 janvier 1944
 
Je pense qu’au reçu de cette lettre vous serez au courant du malheur qui nous est arrivé. Nous sommes depuis hier soir à Nantes tous ensemble en attendant d’être embarqués d’un instant à l’autre…
… Nous allons tous partir au Drancy probablement, un camp près de Paris. C’est un coup dur pour mon père avec son abcès et ma mère avec son angine de supporter un tel voyage. Pour moi, j’ai un moral excellent mais nous n’avons encore rien vu, des heures cruelles nous attendent…
      Vous vous ferez l’interprète près de tous les dirigeants de l’Amicale en leur sisant que si j’en reviens un jour, mon seul espoir est de retrouver la société qui m’était si chère et pour qui j’ai tant lutté malgré les critiques et tous les obstacles, ma chère Amicale.
Ma pensée est pour tous mes bons amis et copains, en particulier M. Geffriaud, Nivert, Raymond Chailleux, Jean Chrétien, Jacques Vrignaud, Paul Guigand et Chanteux (peut-être en ai-je oublié, qu’ils m’en excusent)
     Vous direz à Raoul que sa sacoche avec 580 F est restée chez nous dans le coffre et qu’il prenne chez nous, si possible, tous les équipements et les chaussures (1 à Fraslin, 1 à Bernard, 1 à P. Guignard et la mienne)…
     Je compte sur vous pour exécuter les ordres de cette lettre qui sera la dernière avant longtemps maintenant. Espérons seulement que nous nous retrouverons bientôt dans des jours meilleurs, tous réunis au rami au petit café de Vallet.
Cordiale et dernière poignée de mains
Jean Sinenberg
 
Adieu Châteaubriant
Adieu à tous les amis
Le supplice va commencer
 
En date du 21 novembre 1943. L'utilisation de cette carte - licence sera de courte durée. Deux mois... Arrêté en janvier 44 et déporté, Jean Sinenberg ne reviendra pas
 
 
Deux victimes des Nazis
 
 
M. Marcel Blais (déporté) propriétaire du cinéma Olympia et photographe (à droite) en compagnie de son ami Max Veper (fusillé) devant le magasin - studio - rue du Château.
 
Que sait-on aujourd'hui de la manière dont se sont effectuées les arrestations ?
Plusieurs castelbriantais étaient connus pour leur opposition à toute forme de collaboration. La participation à des activités associatives ou culturelles connues de tous n'étaient pas sans danger. Certains messages, certaines allusions pouvaient être provocatrices. Ainsi auraient été arrêtés à l'issue d'une représentation, d'une « revue », le juge FICHOUX, Léon LEMARRE, Robert PLASSAIS. D'autres menaient des actions cachées, inconnues de la population, de leurs camarades de travail, de leurs équipiers pour les sportifs et qui seront victimes de dénonciations.
Diversité des réseaux dans lesquels certains s'étaient engagés sur le plan local ou régional (Buckmaster, C N D Castille, Francs Tireurs et Partisans... ) Faisaient ainsi partie du réseau Buckmaster, un réseau démantelé à partir de la fin 43, plusieurs amicalistes. Première arrestation, celle de Pierre Morvan le 30 novembre suivies par celles celles des 20, 21, 23 janvier 44.qui frappèrent entre autres plusieurs membres du dit réseau. : André Beaussier, François Laguillez, André Malin, Auguste Morantin, Pierre Morvan. Trois rafles qui s'enchaînèrent dans un très court laps de temps et qui virent aussi les arrestations de Jean Fichoux, Marcel Blais, Georges Dumazeau père, André Demilt, Robert Glain, Jean Goth, Léon Lemarre, Pierre Leray, Robert Plassais... Autant de victimes des nazis qu'ils soient commerçants, employés d'administrations (P T T - Mairie – Sous Préfecture – Magistrature) ouvriers d'usine, ... qui complétèrent les arrestations d'autres castelbriantais
 
 
Qu'étaient-ils devenus ? On savait que la grande majorité avaient connu après leur arrestation la prison au Pré Pigeon d'Angers... Transfert ensuite vers le camp de Royal Lieu près de Compiègne ou vers celui de Drancy... On avait appris qu'ils avaient été « emmenés » puis internés en Allemagne. Pensait-on qu'ils pourraient être être assimilés aux prisonniers de guerre, enfermés dans des camps, travaillant en Kommandos ou en usine ? Sans doute... Mais ces « déportés » qui ne relevaient pas de la Convention de Genève ne concernant que les P G. seraient considérés comme « Terroristes ». On ne savait rien de l'objectif final des nazis visant à leur extermination. Les familles, les amis devaient rester dans l'inconnu pendant toute l'année 44, jusqu'à la découverte des camps de concentration et d'extermination. On pourra alors différencier les diverses parcours qu'ils ont connus : Morts en déportation pour « Terrorisme » (Actes de résistance) ou fusillés – Morts dans les camps d'extermination en raison de leur nationalité ou de « leur race »
 
L'Amicale en 1944... 45

Sa situation était désespérée : complètement désorganisée par l'exécution ou la déportation de 29 de ses membres actifs dont la plupart étaient d'éminent dirigeants et le départ de nombreux autres pour diverses raisons dont la principale était leur participation aux derniers combats de la libération. On ne donnait pas cher de son avenir
Les premiers mois de l'année 1945 ne firent que renforcer cette impression. A mesure que les troupes alliées repoussaient les nazis, les horreurs des camps de concentration étaient connues et chaque semaine nous apportait l'annonce officielle de la mort d'un de nos déportés. Et dans quelles conditions ! Atroces ! Inhumaines ! Aucun de nous n'aurait pu imaginer les tortures subies par nos camarades. Chaque précision sur leur sort n'apportait à leur famille que désespoir et révolte …
Et ainsi toute l'année 1945 !
Des 22 déportés, membres de l'A. L. C, deux seulement revinrent et dans un état lamentable : Jacqueline Leygues et Etienne Martin qui fut marqué physiquement et moralement pour le reste de sa vie. Vingt étaient disparus à jamais et leur mémoire fut célébrée par des services funèbres qui se succédèrent au cours des années 45... 46. Annonce en était faite dans le journal de Châteaubriant qui était reparu après la libération
C'est la presse qui à cette époque jouait un rôle d'information important en rappelant le souvenir des déportés lors des inaugurations de plaques et de monuments commémoratifs qui furent autant de moments où ils furent mis à l'honneur
Ces courriers privés, ces témoignages sont restés longtemps inconnus... On comprendra le succès rencontré par les premiers ouvrages relatant les événements qui s'étaient déroulés pendant la guerre dans notre cité et dans la région castelbriantaise
  • « Châteaubriant et ses Martyrs"  d'Alfred Gernoux paru en 1946
  • « Dora-la-mort » De la Résistance à la déportation par BUCHENWALD et DORA d'Andrès Pontoizeau.
      Lors de la kermesse des Ecoles publiques de Juillet 47, un stand de livres proposait à la vente trois livres : « Le Feu » de Henri Barbusse ; « Les grandes vacances » d'Ambrières et « Dora-la-mort » Un témoignage qui pouvait rappeler à certaines familles castelbriantaises le calvaire qu'avait subi un des leurs, un calvaire comparable à celui de l'auteur.
« Andrès Pontoizeau a écrit après son retour des « camps de la mort » un livre remarquable, Dora-la-mort, sorti en 1947, dans lequel il raconte ce qu'il a vu et ressenti dans les camps qu'il a connus. Pourtant il se dégage de son livre une grande espérance car, même à son apogée, le nazisme n'a pas réussi à détruire la dignité humaine chez les détenus des camps de concentration. 
Il était chef militaire départemental du Cher de Libération-Nord. Le calvaire d'Andrès Pontoizeau commence à Bourges dans les locaux de la Gestapo, continue par Orléans et Compiègne et finit à Dora après un arrêt à Buchenwald. Combien de Castelbriantais avaient connu le même itinéraire? Andrès revint des camps de la mort. Il fut délivré par les Américains et revint à Bourges le 12 mai 1945. Ancien instituteur à Châteaubriant, il était devenu Inspecteur primaire. De retour des camps, Il poursuivit sa carrière dans l'enseignement"

    Honorons leur mémoire... 
     Victimes du régime nazi
  
  Parmi tous ces disparus dont l'existence fut effroyable, rares étaient les témoignages relatifs à leurs conditions de vie dans les camps... Un témoignage d'un jeune co-détenu en compagnie d'André BEAUSSIER. Ce jeune déporté ayant survécu aux tortures du sinistre camp de Monthausen adressa à Mme Beaussier une lettre qui relate, sans vaine recherche d'effet, l'effroyable existence de ces malheureux dont André Beaussier qui n'en revint pas, hélas !
« Au rassemblement, 780 camarades doivent passer par une seule porte en une minute environ. Avec des tuyaux de caoutchouc pleins de sable ou des manches de pelles, les kapos tapent,t sur tout le monde qui se bouscule. Oh ! Les derniers... !
Parler d'aller à l'infirmerie équivaut à une condamnation à mort. Nous avons vu un remède employé par les S.S : un wagonnet plein d'eau. Un jeune juif de 18 ans a la diarrhée ; on le plonge dans cette eau. Il se débat, on l'assomme à l'aide d'une pelle ; au bout de 10 minutes c'est fini.
Au 1er janvier, désinfection du camp. 15 000 prisonniers sont parqués dans 4 « blocks ». Impossible de remuer. Le lendemain, 1 250 « maigres » sont mis à part... Piqûres, noyades, strangulation, coups sur la tête... On les entasse ensuite dans un coin du camp. En trois journées, 1 910 victimes... »
Beaussier avait été affecté à la firme électrique et travaillait dans une usine souterraine. Quand il fut épuisé, qu'il ne put plus marcher, comme il fallait tenir à tout prix (les Russes approchaient, on sentait venir la fin), ses camarades lui laissèrent le travail le plus facile, l'inspection des moteurs. Il pouvait rester assis une heure de temps à autre...
Et puis un jour, à force de souffrance, il alla à la visite. Il repartit le lendemain pour le camp... Depuis ses camarades n'eurent plus de nouvelles (R. Nivert « Il y a 25 ans – Janvier 1970)
    
    Marcel VIAUD instituteur à l'école des Terrasses rue de la Victoire était communiste comme Joseph Autret, lui aussi instituteur mais qui échappera aux arrestations. Tous deux sont militants syndicalistes, fervents amicalistes et pratiquent les sports à l' A C C puis à l' A L C C. Marcel Viaud fut « déplacé » (à la rentrée 41- 42) pour ses opinions « pro-communistes » à l'école de La Ville au Chef en Nozay avec son épouse. Membre du Front National et profitant de sa nouvelle résidence éloignée de toute agglomération, il se montre hospitalier pour tous les traqués, en héberge et en cache plusieurs. Arrêté en juillet 42 par des policiers français de la S P AC (Section de Police Anti Communiste), emprisonné à la prison La Fayette de Nantes, il est condamné à mort le 31 janvier 1943 lors du « procès dit des 42 »
 
Il sera fusillé le 13 janvier 1943 au champ de tir du Bêle à Nantes en compagnie de 24 patriotes. On honorera sa mémoire : plaque commémorative apposée à l'école de la Ville au Chef, rue portant son nom à Châteaubriant dans laquelle on trouve toujours de nos jours l'école Marcel Viaud à l'emplacement de l'ancienne école dite de la rue de la Victoire ou encore de la Vannerie où il avait été instituteur

      Le juge Jean FICHOUX 
On honora sa mémoire lors d'une cérémonie qui se déroula le mardi 15 octobre 1946 au palais de justice de Châteaubriant. Les divers intervenants (Président du Tribunal, Procureur Général, Premier Président de la Cour d'Appel de Rennes) rendirent hommage au Juge Jean Fichoux « qui avait honoré le monde judiciaire en donnant ici, au péril de sa vie, l'exemple du patriotisme et de la Résistance à l'occupant » Une cérémonie marquée par l'inauguration d'une plaque commémorative apposée dans la salle d'audience en présence de tous les magistrats de la Cour et du Tribunal de Châteaubriant, des autorités civiles et religieuses (Sous-Préfet, Conseillers généraux, Conseil Municipal, sociétés militaires avec leurs drapeaux...) des déportés rapatriés et des veuves et familles des déportés morts en Allemagne
Éloges en faveur de cet excellent magistrat patriote. Rappel, de sa carrière (il était arrivé en 1931 et avait siégé près de 15 ans à Châteaubriant) et de son comportement de Résistant. « Au fur et à mesure que l'occupation se faisait plus lourde, les sentiments patriotiques ne faisaient que se fortifier dans cette ville de Châteaubriant qui a été particulièrement éprouvée particulièrement éprouvée par la sauvagerie, il ne cacha pas ses sentiments de résistance […] Malheureusement ces sentiments n'échappèrent pas à la sinistre « Superhempolizer » et le 22 janvier 1944, au matin, il devait être arrêté par les Allemands. Transféré à Angers, puis à Compiègne où on put lui faire parvenir quelques colis mais après Compiègne, cet homme de 60 ans, presque infirme et cardiaque, gravit le calvaire que nous savons maintenant avoir été la déportation et la détention dans ces monstrueux camps de concentration qui ont été si justement appelés "Camps de la mort". Il devait malgré son âge être astreint au travail forcé au camp de Hartheim-Mauthausen et le 18 août 44, alors qu'épuisé, il tombait au retour du travail, des brutes nazies l'achevaient sur place.
Quels avaient été les motifs ayant entraîné son arrestation ? C'est un extrait du dossier personnel du disparu - juge d'instruction - qui en fait état : « L'occupant lui reprochait de n'avoir pas signalé les faits de résistance dont il avait connaissance, aux services compétents, obligation à laquelle il aurait dû donner suite en sa qualité de magistrat... »
 
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=299968470&l=1280&h=984&m=&titre=299968470&dngid=025d91d02d86ee16ff4c4747de33bd674c6cc826_____________________________
 
En Juin 1947  

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  A SUIVRE
75 (IV) - (1945 - 1960) HISTOIRE de L'AMICALE LAÏQUE CASTELBRIANTAISE
https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=9109180975607901904#editor/target=post;postID=8287238980192422154;onPublishedMenu=allposts;onClosedMenu=allposts;postNum=32;src=link
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Les diverses sources consultées
  • Archives A L C - A L C C et Articles du Bulletins intérieur
  • Ouest Eclair - Le "Journal" et le "Courrier" de Châteaubriant (A D L A) - La Mée socialiste
  • Divers Ecritst les auteurs et sources sont précisés
  • Photos de collections particulières d'Amicalistes mises à disposition lors de l'exposition de 'L'Amicale a 50 ans" en 1988
  • Extraits d'articles du blog de M Bonnier
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HISTOIRE de  l' AMICALE LAÏQUE CHATEAUBRIANT
(III)
(1939 - 1945)
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    "Puis viennent les années de guerre ; en 1940 - 41, il est interdit d'enregistrer des adhésions ; le Comité Directeur ne se réunit plus ou très peu. Les préoccupations principales consistent surtout en aide aux adhérents mobilisés et aux innombrables prisonniers de passage ou qui séjournent à Châteaubriant. Se poseront les problèmes des distractions. Quelques concerts sont organisés mais c'est essentiellement dans le domaine sportif que l'on propose des activités... L'A L C a fusionné avec avec l'A C C (Amicale Cheminote Castelbriantaise) qui existait depuis 1937. ...
Puis vient l'année 1944, dramatique, douloureuse avec exécution ou déportation de 29 de ses membres actifs. La dernière réunion eut lieu le 21 janvier 1944 (jour d'arrestations massives à Châteaubriant.
Il faudra attendre le 16 mars 1945 pour que tout reparte...
(Extraits de l'allocution de Solange Leroy - Présidente de l'A L C - 1988 - Les 70 ans de l'Amicale Laïque)
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    Autour de Nous

     Et puis ce fut septembre 39, la mobilisation générale, la guerre et la mise en sommeil forcé des activités traditionnelles de l'Amicale. "La rentrée scolaire fut lamentable" nous dit Raoul Nivert alors instituteur à l'école de la Vannerie


Le premier jour de la mobilisation générale est le Samedi 2 septembre 1939 à zéro heure. Sont visés par le présent ordre tous les hommes non présents sous les drapeaux et appartenant aux armées de terre , de mer, de l'air
 L'afflux de réfugiés parisiens repliés sur notre région 
 
       Il s'agit de l'évacuation de populations qui eut lieu en septembre 39, exode moins connu que celui de Mai-Juin 1940 après l'invasion allemande
La déclaration de guerre (3 septembre 1939) va être suivie d’un déplacement de populations. Sont évacués les habitants des régions de l’est de la France : ceux dont, par mesure de sauvegarde, l’éloignement a été conseillé ou la dispersion permanente ordonnée, enfin les habitants des régions qui se trouveraient soumises au feu de l’ennemi dans des conditions justifiant des départs rapides et spontanés. Trois types d’évacués étaient envisagés Les Parisiens accueillis en septembre 39 faisaient partie de la troisième catégorie : celle des évacués d’office.
La première semaine de septembre 39 voit l’arrivée de personnes originaires du 18ème arrondissement de Paris. Il leur a fallu quitter leur domicile, leur quartier sur instructions et injonctions gouvernementales, aussitôt la déclaration de guerre effective. Bien avant 1938, le gouvernement s’était inquiété de l’évacuation des populations des régions frontalières et de celles de la région parisienne, en apparence les plus menacées, en cas de guerre franco-allemande. L'on décida donc d'affecter à chaque lieu menacé, région frontière ou grande ville, un département de repli. La population serait répartie par voie administrative, entre les diverses localités, où l'on devait préalablement avoir recensé les locaux disponibles. Pour la région parisienne, la vague principale partit au début du mois de septembre. Des trains groupant les gens par quartiers se dirigèrent vers la Bretagne. Dans plusieurs départements, à l'arrivée du train, des cars ou des trains d'intérêt local
La liste des convois arrivés à Châteaubriant avec le nombre de réfugiés qu’ils transportaient est impressionnante. En moyenne 4 convois par jour déverseront dans l’arrondissement les 3, 4, 5, 6, 7 septembre plus de 10 000 personnes. Le flot tarit les 8, 9, 10 septembre où l’on ne comptabilise plus qu’une petite centaine d’évacués.
Ces évacuations exigèrent un grand effort des autorités, de l'administration, des municipalités, des groupements divers et de nombreux bénévoles en faveur des Réfugiés, des évacués, et de leurs familles éprouvées par la guerre. Parmi les principales associations de toutes tendances, on trouva le Comité des Dames (Cercle catholique) le Comité de la Croix rouge spécialement créé pour l'occasion, le bureau de bienfaisance, le Comité d'entraide aux évacués et aux mobilisés, l’œuvre du Poilu de l’école Aristide Briand, l’œuvre de secours immédiat et de protection de l'enfance de création toute récente (juillet 1939) et de nombreux amicalistes intervenants.
Modalités d'accueil... Listes de souscriptions... Réception de dons en nature... Ouverture d'ouvroirs... Tout fut mis en œuvre.
 
Ils arrivent 
(extrait du Courrier de Châteaubriant – 8 septembre 1939)
La menace des bombardements aériens a fait prendre par le Gouvernement la sage mesure qu'est « le repliement » ou évacuation des populations civiles du Nord, de l'Est et de Paris. Précaution qu'on ne saurait trop louer, car hélas, la guerre actuelle se fera aussi bien dans les airs que sur terre.L'exemple de la Pologne où Varsovie et de nombreuses villes ont déjà été maintes fois survolées et bombardées par les appareils ennemis est là pour répondre à un optimisme trop aveugle.
La Loire Inférieure a donc commencé à recevoir les premiers contingents d'évacués. Et Châteaubriant, centre ferroviaire important, a déjà vu passer ou arriver de nombreux convois. Dimanche, dans l'après-midi, un grand nombre de nos concitoyens garnissait les quais de la gare On s'empresse, on aide les femmes, les vieillards, les enfants à descendre ; on sort les bagages... L'animation est grande. On attendait le premier train. Vers 15 h 30, le convoi est annoncé et fait son entrée en gare. Aux portières passent des visages anxieux. On s'empresse, on aide les femmes, les vieillards, les enfants à descendre ; on sort les bagages... Un instant de répit que l'on met à profit pour poser quelques questions et il faut traverser deux voies pour embarquer les arrivants dans un second train... Maintenant des équipes de volontaires longent le convoi et s'affairent pour ravitailler les estomacs vides. Le Comité d'Accueil a bien fait les choses. Il y a de tout : vin, pain, fromage, fruits et en abondance. Un haut parleur discipline les efforts et transmet les indications voulues. Un ordre : on ferme les portières et le train s'ébranle emportant des malheureux réconfortés , nous expriment en s'éloignant leur reconnaissance. Le premier train est passé. Il sera suivi, hélas ! De bien d'autres.
Nous l'avons dit : les Castelbriantais ont montré de quoi ils sont capables. Bien sûr, pour la première fois, il y eut un peu de désordre, un peu de flottement, des lacunes mais l'amabilité, l'empressement de chacun à rendre service facilita les choses.Il y a eu et il y aura encore toutes les nuits et tous les jours, un grand déploiement de bonnes volontés qui font honneur à notre cité »
 
Vint l'heure de la rentrée scolaire
La mobilisation de nos soldats dont de nombreux enseignants, la réquisition de l'école Aristide Briand par l'armée, la dispersion des classes un peu partout en cinq endroits différents entraînèrent une grande désorganisation. On para au plus pressé pour que la rentrée scolaire d'octobre eut lieu à la date prévue. Les enfants évacués rejoignirent sur les bancs de l'école leurs camarades castelbriantais. Des effectifs si chargés qu'on dut doubler certaines classes
L'école Aristide Briand devenue Hôpital auxiliaire
C'est en prévision des événements qui pouvaient survenir, en prévision de l'arrivée de blessés (la situation que l'on avait connue en 14 - 18 faisait craindre le pire) que cette école avait été réquisitionnée. Au bout de trois mois, les locaux scolaires étant insuffisants, la Municipalité avait cherché à récupérer ces locaux. Ce qui lui fut refusé. S'il est vrai que l’État, à qui incombait désormais l'entretien et les éventuels frais de remise en état, l'avait pris à sa charge, la Municipalisé trouvait regrettable que la demande de la ville de reprendre l'école – et dans ce cas de l'évacuer en 24 heures au moindre besoin – n'ait pas été acceptée par l'autorité militaire car, en attendant – disait-elle – l'arrivée heureusement assez lointaine de blessés, on s'est vu obligés de loger les enfants au château dans des locaux moins que confortables. Une situation que déplora l'Amicale et contre laquelle elle s'élevait (1)


En cette fin d'année 39, l'Amicale se réunit deux fois et c'est lors de sa réunion du 24 octobre que le Comité Directeur éleva une vigoureuse protestation auprès des pouvoirs publics contre le scandale de la réquisition de l'école Aristide Briand et demanda la réquisition des locaux du Cercle Catholique restés libres au lieu et place de cette école. Un vœu qui ne fut jamais exaucé malgré l'avis favorable apporté par le Sous Préfet, le Maire, le Conseiller général et l'Inspecteur d'académie
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(1) Réquisition de l’école Aristide Briand. Elle devait durer pendant toute la guerre 39 - 45 et institutrices, écolières et internes du Cours Complémentaire durent cohabiter successivement avec les troupes françaises, les troupes allemandes et les troupes américaines. Dans «Telles furent nos jeunes années" Pierre Martin vécut toute cette période de son enfance à l'école Aristide Briand .Son père instituteur aux Terrasses était un des membres fondateurs de l'Amicale et sa mère était la Directrice d'Aristide Briand. Il a rédigé un récit détaillé de tous les événements que connut l'école et des difficultés rencontrées lors de cette cohabitation forcée
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La dernière réunion de l'année de l'Amicale eut lieu le 6 décembre. Le Comité se préoccupa de l'aide à apporter aux réfugiés, du recouvrement des cotisations, désormais seules ressources de l'Amicale, de la liaison avec nos mobilisés. Ainsi se termina une année si bien commencée. Elle était le début d'une ère tragique qui allait atteindre si durement l'Amicale
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1940 
l’Amicale vit des périodes difficiles.

C’est la guerre et l’occupation allemande après la signature de l’armistice
 
 
Cette année là est restée dans les mémoires de tous ceux qui l’ont vécue. Elle fut une des plus tragiques de notre vingtième siècle. Elle supporta d’abord de longs mois, la « drôle de guerre » stupide et avilissante, puis ce fut l’attaque des nazis, l’exode des populations civiles, la désintégration de notre armée, l’occupation allemande dans tout le nord de la France, le transfert des innombrables prisonniers français dans le grand Reich.   Châteaubriant vécut tous ces événements au même titre que les autres localités de notre pays, plus peut-être car notre ville fut choisie pour recevoir tous les prisonniers militaires de la Région. Ils y séjournèrent plusieurs mois et ce fut un incessant défilé de parents venus de tous les coins de France pour apporter à leurs prisonniers le réconfort de leur présence, voire les moyens de s’évader…
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La drôle de guerre : C’est le 3 septembre 1939 que la France et le Reich allemand étaient entrés en guerre suite à l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes
Dès la fin septembre alors que la Pologne avait été écrasée, l’inactivité sur le front français - mais les soldats ne s’en plaignaient pas - avait commencé à semer le doute. Pendant près de huit mois, la masse de l’armée vivra, pendant cette « drôle de guerre » dans l’inactivité démoralisante du front. Une situation que certains ont du mal à comprendre encore aujourd’hui 
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Sous le régime de Vichy
 
     Le 16 Juin 1940, un nouveau gouvernement est formé à Bordeaux par le Maréchal Pétain. C’est la naissance du Régime de Vichy. Un régime autoritaire et totalitaire, une seule personne a les pleins pouvoirs : Pétain qui dirige le gouvernement.
    Au niveau politique intérieure, mise en place des principes de « la Révolution Nationale ». Nouveau régime de l’Etat Français avec vote d’une nouvelle constitution ayant pour devise la triade «Travail, Famille, Patrie » qui remplace l’ancienne devise de la République « Liberté, Egalité, Fraternité »


  Affiche de propagande de R. Vachet, produite par le Centre de propagande de la Révolution nationale d’Avignon, 1940-1942
   La maison qui s’écroule symbolise la France républicaine et démocratique. Le maréchal Pétain souhaite mener une « Révolution nationale » pour restaurer la France.
1. Les fondations de la France républicaine étaient fragiles, car elles reposaient sur le capitalisme, le communisme (couleur rouge), « la juiverie » (étoile de David), les francs-maçons, etc.
2. La France de la « Révolution nationale» repose sur les paysans, les artisans, l'école, la Légion (des Combattants) autant de valeurs incarnées par la devise « Travail, famille, patrie »

La politique extérieure sera marquée par « la Collaboration » après l’Armistice signé avec l’Allemagne, une collaboration administrative, politique, économique, militaire et idéologique. 
 
"J'entre dans la voie de la collaboration"
déclare le chef de l'Etat

Le premier grand choc qui va ébranler la confiance placée dans le chef de l'Etat et son gouvernement va être la rencontre organisée à Montoire le 24 octobre entre Hitler, Pétain, Laval. Comment est perçu cet événement par les autorités dans leurs rapports adressés à Vichy. Le sous-préfet de Châteaubriant est alarmiste "Dès l'annonce des accords... L'opinion s'est fortement émue  étant certaine, sans discussion possible, d'une paix de conditions extrêmement dures et même d'une collaboration armée contre l'Angleterre (9 novembre 1940)
Le Préfet dans son rapport du 12 novembre fait lui aussi état d'espoirs tempérés d’inquiétudes "L'entrevue de Montoire a fait naître chez beaucoup de Français un espoir nouveau. L'attente d'une paix sauvegardant  l'indépendance et l'unité nationale est dans tous les cœurs. Cependant une partie de la population attend avec une certaine appréhension la réalisation dans les faits de l'accord intervenu. Elle redoute certaines amputations territoriales qui choqueraient son sentiment national. Elle craint une mobilisation industrielle de la France. Enfin elle manifeste un certain scepticisme quant aux résultats d'une politique de collaboration" (VIVRE L'OCCUPATION - Jean Bourgeon)

 
 
       Que devient l’Amicale dans « ce grand désordre » …
 
Bien entendu, elle n’a plus d’activités qui lui soient propres : plus de fêtes, plus de propagande, plus d’initiatives possibles. Elle subit les événements nationaux qui se répercutent en son sein et son seul travail sera d’entraide.
Celle-ci va se manifester non pas isolément mais s’ajoutera et se confondra avec celle d’autres groupements castelbriantais. Les Amicalistes ne furent pas avares de leur peine. On les vit d’abord s’inquiéter du sort de leurs mobilisés puis accueillir les malheureux civils fuyant devant l’avance allemande, enfin secourir dans la mesure de leurs moyens les dizaines de milliers de prisonniers militaires massés dans les quatre camps castelbriantais : le Moulin Roul, Choisel, la Ville en Bois, la Courbetière. 
Quand l’effervescence de l’installation des camps de prisonniers eut diminué, la vie castelbriantaise reprit son cours… Une vie au ralenti, sans rapports faciles avec l’extérieur, car les moyens de communication étaient très rares et… peu sûrs. Il fallait donc vivre en vase clos.
Le problème des distractions se posa assez rapidement et particulièrement celui de l’activité sportive. Un comité castelbriantais, où l’Amicale fut représentée, organisa une coupe de football disputée par des associations de la ville 
 
Les camps de Châteaubriant

      Châteaubriant a compté en juin 1940 environ 45 000 prisonniers de guerre répartis dans 4 camps situés aux environs immédiats de la ville. Les camps A (le Moulin Roul), B (la Courbetière), S (terrain de la Ville en Bois) n’eurent qu’une existence précaire et leurs prisonniers furent dirigés au bout de quelques semaines sur Savenay puis sur l’Allemagne.
      A la mi-janvier, tout était fermé. Un cinquième camp fut ouvert à l’école Saint Joseph qui ne compta que 350 à 400 hommes. Il était réservé aux officiers de toutes armes faits prisonniers. C’est le seul qui bénéficia d’un « certain confort » (classes, cuisines, sanitaires de l’établissement)
      Quant à Choisel, évacué dans un premier temps le 14 janvier 1941 (départ des derniers prisonniers pour l’Allemagne) il servit ensuite de camp d’internement pour certaines catégories de Français.
 
 
 
 Août 1940 - A Châteaubriant. Le camp de la Ville en Bois, à l'arrière de la briqueterie Rouené et sur le terrain de foot Abbé Bougoin (au fond, la tribune du stade). 

Au fil des jours à la Courbetière 
      
      Regroupés à Nantes, à la caserne Mellinet, les prisonniers sont entassés dans des wagons et quittent Nantes, le 22 juin, en train pour Châteaubriant.
« Arrivés de nuit… Un temps de chien ! Il pleut. Nous prenons la direction du camp, sur la route de Saint Nazaire. A pied et par groupes de 100… Le camp ? Des prairies humides en bordure d’un étang. Aucun abri. Nous couchons par terre enveloppés dans nos capotes.
Les premiers jours, il pleut. Nous avons creusé les talus pour nous abriter sous des branches et des couvertures. Des repas très légers – sans pain – lard cru et salé – du thé puis de l’eau…. Les jours passent… On nous entoure de barbelés, les pieds toujours dans l’eau… De nouveaux prisonniers arrivent. Nourriture insuffisante. L’eau est rationnée… Nous lavons tant bien que mal nos affaires dans l’eau de l’étang. Nous avons des poux.
Cohabitation difficile, délicate. Une vraie tour de Babel, ce camp ! Des Polonais, des Anglais, des Malgaches, des Sénégalais, des Annamites. Les premiers départs à partir de début août puis par grosses vagues de 1500. Fin août, c’est mon tour. Nous sommes prêts à quitter ce camp minable, ce camp inhumain.
 
Image d'un camp de prisonniers non castelbriantais
Avait-on pu dresser à la Courbetière ces guitounes, installations de fortune mais bienvenues, pour des prisonniers en transit, avant leur départ pour Savenay et l’Allemagne à compter de septembre.
Nous avons été aidés… Les réquisitions et surtout les collectes faites par la Municipalité de Châteaubriant, le Comité d’entraide aux prisonniers de cette ville, les associations d’anciens combattants, la population nous ont permis d’améliorer l’ordinaire dès le 4ème ou 5èmejour de notre internement… Au début, avec un pain de 3 Kg pour 200 hommes et un petit morceau de lard, nous crevions de faim. L’Intendance française de Nantes ne s’est occupée de nous que vers le 5 août » (3)
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(2) Extraits du rapport sur le Fronstalag de Châteaubriant, fait à la libération, par le Président de l'Amicale des A.C.P.G des camps de Châteaubriant (« La Captivité » Yves Durand)
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Mais pourquoi ne s’évadent-ils pas ? Ces travaux hors du camp, cette surveillance relâchée dans un premier temps, en plein pays français et même de connaissance parfois, paraissent des occasions rêvées pour s’évader. La grande majorité de prisonniers ne saisira pas cette chance. Autant de regrets au vu de ce qu’ils subiront !
« Le sentiment qui domine, c’est que la guerre est bien finie… Donc la démobilisation est prochaine. Plus tôt reviendront l’ordre et la discipline, plus tôt pourront être remplies toutes les formalités de la démobilisation. Il suffit d’attendre en se pliant aux règles imposées par les Allemands. Rares sont ceux qui ne croient pas que c’est une affaire de jours au pire de semaines, avant qu’ils ne retrouvent leurs occupations civiles, leurs foyers… L’abattement de la débâcle, entretenu par les conditions physiques et morales très dures qui ont suivi la capture, le sentiment d’une fin qui rend impuissant à réagir et casse pour un temps tout ressort moral, la croyance dans une démobilisation prochaine puisque l’armistice est signé, tout cela explique qu’on ne prenne pas le risque d’une évasion » (La Captivité » Yves Durand)
Une minorité réagit toutefois. On n’attend pas les décisions du vainqueur qui traînent. Par ailleurs les transferts en Allemagne ont commencé. Il faut profiter des occasions qui se présentent. : De nombreux prisonniers souvent aidés par les civils se feront la belle
Popotes dans un camp de prisonniers
« Nous connaissons de nombreux amicalistes qui, non contents de se préoccuper du ravitaillement des prisonniers, leur apportaient aussi les moyens de s'évader, particulièrement des.. vêtements civils. C'était d'ailleurs assez facile au début de leur installation dans les camps cités. Ils n'étaient pas toujours bien recensés ; il n'était pas rare que les prisonniers partis en corvée de ravitaillement ou pour tout autre motif rentrent au camp avec quelques unités de moins. Mais durant cette période, l'opinion la plus généralement admise était que les prisonniers seraient renvoyés dans leurs foyers avant la fin de l'année 1940 et nous connaissons beaucoup d'entre eux qui n'ont pas voulu courir le risque de l'évasion pour avancer leur libération, de quelques semaines seulement... Hélas ! Les événements allaient infirmer cruellement cette opinion. Au fil des jours, il allait devenir de plus en plus difficile de s'évader... pour finalement se voir entasser dans les wagons à bestiaux et prendre le chemin d'outre-Rhin... ceci pour 5 ans (R. Nivert)
 
Certains articles parus dans la presse peuvent paraître étonnants. En décembre 41, sur les 45 000 prisonniers que notre ville a vus défiler et s'installer dans les environs, il n'en restait plus qu'environ un millier groupés au camp de Choisel, des réfugiés répartis en petits camps et dont le sort est incertain ? Mais à la lecture de l'article d'un prisonnier, les lecteurs du Courrier auraient pu dire comme Candide « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »
Ajoutons le commentaire du chef de camp français l'Adjudant Chef Williot déclarant que dans leur solitude, les prisonniers n'avaient pas été oubliés et même, n'avaient-ils pas été gâtés grâce à la générosité des Castelbriantais avec l'autorisation si bienveillante de l'administration.
Toute une série d'articles, dont la majorité est signée du directeur du journal André Quinquette, visent à améliorer le sort des prisonniers de Guerre dans un premier temps. Par la suite - fidèle à la politique du Maréchal Pétain – il publiera d'innombrables articles, jusqu'à la fin de la parution de son journal, favorables à la politique de collaboration concernant la relève et le travail des Français en Allemagne, le S T O (Service du Travail Obligatoire... Après son propre témoignage Il fera paraître ceux de prisonniers, toujours enfermés, Autres témoignages : ceux d'écrivains et autres artistes ayant visité l'Allemagne, ceux de travailleurs volontaires en Allemagne. Une propagande insidieuse visant à favoriser à montrer l'occupant sous des dehors favorables. Premier article de ce type ? Peut-être celui de décembre 1940
 
      Au camp de Choisel, en décembre 40, on fêta Noël
(Courrier 3 janvier 41 page 2)
      Un camp où tout semble être pour le mieux dans le meilleur des mondes selon le chroniqueur du « Courrier », un prisonnier du camp. Ne fait-on pas tout pour que le millier de prisonniers groupés au camp de Choisel connaisse de « bons moments ? Ne se préparait-il pas quelque chose pour Noël ?Au camp de Choisel, en décembre 40, on fêta Noël
 
« C'est ce qu'ils avaient entendu chuchoter. Ils avaient bien saisi quelques bribes de conservation qu'ils avaient essayé de mettre à bout ; mais dans leur solitude, ils n'avaient pas supposé que tant de joies leur seraient données en ce 25 décembre 1940. Aussi, dès le matin de ce jour, le Camp avait-il pris un air de fête […] Quelle bonne journée ! Le tout en présence de Monsieur le Lieutenant Shneider celui dont la bonté compréhensive a adouci déjà tant de situations cruelles et auquel aucun prisonnier n'a eu recours en vain"
 
 
En 1940 -  Prisonniers de guerre à Choisel devant les baraquements

      Bel exemple de propagande en faveur des autorités occupantes. Quel brave lieutenant ce lieutenant allemand ! A la même époque fleurissaient sur les murs de Châteaubriant et d'ailleurs les affiches dans lesquelles un soldat allemand tenant des petits français dans ses bras appelait tous les Français à lui faire confiance.
 
      Comment l'adjudant-chef Williot, chef du camp français, n'aurait-il pas, à son tour et le même jour, fait remarquer « combien les prisonniers, dans leur solitude, n'avaient pas été oubliés et même gâtés grâce à la générosité des familles de la région et plus particulièrement des Castelbriantais avec l'autorisation si bienveillante de l'Administration (allemande) des camps"
 
 
 
 
      L'Amicale fit - comme bien d'autres associations - tout son devoir durant l'année 1940. Si son activité administrative fut mise en sommeil (il n'y eut aucune assemblée générale, ni de réunion du Comité Directeur) ses membres se retrouvaient constamment là où il était possible de faire œuvre utile. Ils étaient entraînés par un bureau dynamique dont les membres restèrent actifs, un bureau présidé par. M. Geffriaud – Directeur des Terrasses et Président de l'Amicale – qui n'hésita à s'adjoindre toutes les bonnes volontés qui s'offraient à lui.
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 Les camps de Choisel et de la Forge
  (article 77 dans Blog mibonnier)
 
Le sport renaît...
On organise des compétitions sportives
Quand l'effervescence de l'installation des camps de prisonniers fut diminuée, la vie castelbriantaise reprit son cours. Une vie au ralenti, sans rapports faciles avec l'extérieur, car les moyens de communication étaient très rares et peu sûrs. Il fallait donc vivre en vase clos.
Le problème des distractions se posa rapidement et particulièrement l'activité sportive qui devait prendre une place importante dans la vie associative castelbriantaise
Un Comité castelbriantais où l'Amicale était représentée organisa une Coupe de football, disputée par des Associations de la Ville. C'est ainsi que pour faire nombre mais aussi parce qu'il disposait de quelques éléments de valeur, M. Geffriaud engagea une équipe de football dans cette coupe. La première équipe de foot de L’Amicale était née. Elle comprenait des internes du Cours complémentaire, élèves de 16 à 17 ans, d'anciens élèves : Jean Sinenberg, Victor Lemaître et, quand il manquait des joueurs, des prisonniers que l'on « piquait » dans les camps.
Ainsi l'année 1940, vit naître une nouvelle section sportive au sein de l'Amicale, une section qui, pensait-on s'éteindrait, avec la reprise du cours normal des activités humaines... Et pourtant, elle allait durer, lutter et prospérer... et elle existe encore
 
La Coupe de Châteaubriant : On comprend l'intérêt d'une pareille organisation. Elle permettra aux jeunes et vieux de faire du sport de compétition sans avoir besoin de se déplacer. Les premiers matches auront lieu incessamment (22 novembre 1940)
Le calendrier était établi et publié. Matches aller et retour de décembre à Mars. Autant de matches qui en principe auront lieu sur le stade municipal. En cas d'indisponibilité de ce terrain, ils seront disputés soit sur celui des Apprentis Huard, soit sur celui de l'Amicale Cheminote
C'était parti !
Premier match de notre équipe contre l'A E Huard (ou G S A Huard) qui se solde par une défaite (1 - 2) mais « les étudiants sont à féliciter car ils causèrent une agréable surprise à leurs partisans. Ils feront certainement des victimes quand leur ligne d'avants sera au point. Comme prévu les Apprentis gagnèrent cette rencontre mais comme on le voit, de justesse. Aux Terrasses Leroy, Graslan et Lemaitre furent excellents « (20 décembre 1940)
Et c'est cette année là qu'eut lieu le premier derby contre les Voltigeurs. Qui s'y frotte s'y pique ! Cette première rencontre se solda par un 10 à 0 en leur faveur... Et ce n'était que leur équipe 3 ! Dire que lors du match retour, nous avions pris quelques précautions est superflu ! Certes on s'inclina mais honorablement (0 - 2), le commentaire dans la presse en fait foi « Les Voltigeurs ont difficilement battu le Cours Complémentaire. Les deux équipes étaient légèrement renforcées (3)
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(3) Les renforts des Voltigeurs ? Seul M.Pohalé aurait pu nous les dire... Quant à ceux des Terrasses, c'est l'occasion de souligner la bonne entente régnant déjà entre l'A. C. C (les Cheminots) et le Cours Complémentaire (Amicale). Ainsi cette dernière équipe bénéficiait-elle de l'appoint de Bothorel, Autret, et autres. De sérieux renforts. Certains jouaient dans les deux clubs ! A compter de 1941, ce fut plus simple après fusion, tous jouèrent à l'A.L.C.C
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"On avait de part et d'autres fait de louables efforts pour présenter de belles formations. Le match dans ces conditions ne pouvait être que palpitant. Et il le fut longtemps, le résultat en resta indécis […]"
L'équipe des Voltigeurs a mérité de l'emporter car c'est elle qui fournit le meilleur jeu d'ensemble mais le Cours Complémentaire présenta un « onze » rapide, accrocheur et qui eût mérité de sauver l'honneur. Le sort en décida autrement. Au C. C. signalons la belle partie de Lemaitre, Morinière, Sinenberg et Guigan. La défense composée de Graslan, Bothorel, Delanoue, fut souvent prise en défauts. Chez les Voltigeurs, excellente partie d'ensemble. On se démarque enfin et on attaque la balle ; voilà qui fait plaisir mais trop de passes sont encore perdues. Vérité et Carré furent de loin les meilleurs avants ; les demis furent excellents et la défense impeccable » 


En 1941 une société sportive : l’A.L.C.C naît de la fusion de L’Amicale Laïque et de l’Amicale Cheminote
L’événement sportif de l'année 41 pour les Amicalistes et les Cheminots fut la naissance officielle de l' A.L.C.C et ses débuts, sous ce nouveau sigle, dans le football, le basket et l'athlétisme.

Partie d’un bon pied, l’Amicale, plus précisément la double Amicale Laïque et Cheminote était prête à affronter la saison sportive à venir
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Désormais les championnats, résultats et compte rendus des manifestations sportives auxquelles participent les filiales sportives de l'Amicale en foot, basket, athlétisme seront retranscrites dans le blog "Le livre d'or de l' A L Chateaubriant"
https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=9109180975607901904#editor/target=post;postID=1863405826078033832;onPublishedMenu=allposts;onClosedMenu=allposts;postNum=4;src=link 
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1940... 1941 
Autour de nous
Sous l'occupation

10 Novembre 1940 avec d'Anciens Combattants
Parmi les gestes et manifestations attestant d'une « Résistance » morale face à l'occupation allemande, l'étonnement dut être grand pour les castelbriantais de voir flotter un drapeau tricolore sur le monument aux morts. Certains anciens accomplissent des gestes fous comme ces anciens combattants : Joseph Hervé, Etienne Martin, Louis Ganache, Marcel Letertre-père et M. Lassoudière qui placent ce drapeau. Ils ont osé... Un geste symbolique qui ne fut pas apprécié des Nazis

Que s'était passé ? Comment s'était déroulée cette manifestation ? C'est un article du « Journal de Châteaubriant» paru après la Libération - le 9 novembre 1947 - qui nous informe très précisément. Le « Témoin » qui raconte et signe son article étant l'un des 5
 
Un 11 novembre sous l'occupation
Cinq fiers lurons castelbriantais qui n'avaient pas encore voulu admettre que la présence de l'occupant les priverait des joies de fêter leur traditionnelle fête de la Victoire, s'en allaient déambulant dans les rues de notre cité
Ils arrivèrent au Monument aux Morts, y firent face, se recueillirent, saluèrent, firent demi-tour et voilà la pieuse cérémonie terminée.
Pour le retour, les uns voulaient que l'on chantât la Marseillaise, les autres plus modérés conseillaient la prudence. Finalement ils allèrent conter leur histoire dans un petit café de notre ville où ils trouvèrent là un de leur bon camarade bien connu des Castelbriantais et que la mort depuis, nous a ravi, lequel mettant sa profession à leur service, ne put faire mieux que les photographier. (Le photographe, c'est Marcel Blais dont le studio était rue du Château et qui était propriétaire du cinéma « Olympia »)
C'était le 11 novembre 1940 et pendant quatre années encore l'occupant resta là, interdisant à nos vieux Poilus de 14-18 de fêter comme ils l'auraient voulu leur Victoire si chèrement acquise mais pourtant si réelle celle-là. Depuis les cinq se sont dispersés. L'un d'eux appelé par sa fonction publique et qui s'occupa durant la guerre, avec beaucoup de dévouement de nos prisonniers, a dû quitter notre cité ; sur deux autres déportés par l'occupant, un seul jusqu'ici est revenu. Et depuis les autres restés ici, très souvent,t avec la famille et les amis des disparus, étreints par l'angoisse attendent , parfois avec espoir, parfois mêlé de doute, mais sans découragement que la Providence leur ramène celui que l'occupant leur a si cruellement ravitailler "Un des cinq"
La photo des 5 prise au studio de Marcel Blais ?. Est-ce celle prise le jour même où est ce une seconde prise en studio avec drapeau tricolore en arrière plan ?
 
1941
La vie de l'amicale
      
Les réunions officielles sont interdites. Aucun compte rendu dans le registre de délibérations du Comité Directeur. Des « réunions privées » se tiennent toutefois à l'école des Terrasses. Chacun garde le contact avec le Président Geffriaud, pièce maîtresse de l'Amicale se réunit
Toutes les réunions et manifestations organisées avant-guerre ne peuvent plus l'être : Kermesses, soirées récréatives ou théâtrales, arbre de Noël... etc. Restent les manifestations sportives, les matches du dimanche de basket, de foot, les rencontres d'athlétisme. Le nouveau club participera aux divers championnats
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Autour de Nous
      Un article prémonitoire paru en première page (Sources : Ouest-Eclair) repris dans le Courrier le 12 septembre 1941
"L'avis des autorités allemandes annonçant qu'à la suite d'un second attentat dont a été victime, à Paris, un militaire allemand, trois otages étaient fusillés, a vivement ému la population française. La mesure était implacable ; les conditions dans lesquelles elle a été appliquée la rendaient légitime et elle n'a pas été prise à l'improviste.
Après le premier assassinat d'un militaire allemand, l'autorité d’occupation il faut le reconnaître, se montra clémente. Elle aurait pu recourir à une sanction irrémédiable ; elle se borna à retenir des otages parmi lesquels seraient choisies les victimes au cas où le fait se renouvellerait.
L'avertissement qui fut diffusé par la presse, par la radio, par voies d'affiche, n'a malheureusement pas servi.
Des otages, c'est à dire des Français innocents, parmi lesquels figurent des personnes appartenant à toutes les classes sociales ont servi de rançon ; DURA LEX, SED LEX
La mesure est in flexible mais c'est un droit admis et appliqué par toutes les nations. La leçon servira-t-elle ? Donnera-t-elle à réfléchir à trop de français qui continuent de se fier aux voix insidieuses de l'étranger ? Les véritables responsables des attentats que trois Français viennent de payer de leur vie, ce sont les provocateurs de Moscou et de Londres qui, chaque jour, à la radio, poussent leurs auditeurs aux pires excès. Ils prêchent le désordre, la rébellion, le crime et ils osent prétendre défendre les intérêts de la France
Il ne leur suffit pas que nous soyons vaincus ; ils veulent encore semer la division, la haine entre Français, précipiter notre pays dans le chaos.
Restons sourds à ces appels ; les agents de Staline et de Churchill ne sont pas qualifiés pour parler au nom de la France. Écoutons celui qui a pris en mains nos destinées, le Chef qui incarne l'image de la Patrie et qui nous recommande l'ordre, l'union, le calme indispensable à notre relèvement »


Exécution de 27 otages
Le mercredi 22 octobre 1941, à Châteaubriant, les Allemands fusillent 27 détenus en riposte à l'assassinat du commandant allemand de Nantes, le Feld kommandant Fritz Holtz. Celui-ci a été abattu deux jours plus tôt, le 20 octobre, en plein centre de Nantes, par un militant communiste, Gilbert Brustlein, qui a aussi participé les jours précédents au déraillement d'un train de permissionnaires allemands. Le 21 octobre, à Bordeaux, c'était au tour d'un conseiller militaire allemand, Hans Reimers, d'être abattu par un autre résistant communiste, Pierre Rebière.
À l'hôtel Majestic de Paris, le général Otto von Stülpnagel, chef de l'administration militaire d'occupation, décide aussitôt de faire exécuter 50 otages pour l'attentat de Nantes et autant pour celui de Bordeaux en application de l'ordonnance du 28 septembre, dite « code des otages » Le général, qui a déjà fait exécuter 15 otages le mois    précédent, choisit 27 noms sur une liste de 61 détenus du  camp d'internement de Choisel-Châteaubriant. La liste lui a  été fournie par les services du secrétaire d'État à l'Intérieur Pierre Pucheu, collaborateur du maréchal  Pétain à Vichy. Pierre Pucheu lui-même aurait fait un pré-tri en sélectionnant les internés communistes jugés  par lui «particulièrement dangereux"
 
Drame dans la carrière
Le 22 octobre, en début d'après-midi, les gardes allemands assistés d'un lieutenant français procèdent à l'appel des otages dans les baraques du camp de Choisel - Châteaubriant. Les futures victimes ont 30 minutes pour écrire une dernière lettre à leurs proches. Après quoi, chantant la Marseillaise avec leurs camarades de détention, ils montent dans les camions qui vont les transporter à la carrière de la Sablière, à deux kilomètres du camp. Ils refusent de se faire bander les yeux. Face aux 90 SS du peloton d'exécution, 9 poteaux. Trois salves. Les victimes meurent en chantant jusqu'au bout la Marseillaise.  Pour faire le compte, Otto von Stülpnagel ordonne de fusiller également le même jour 16 otages nantais sur le champ de tir du Bêle, près de Nantes, et 5 otages au Mont Valérien, près de Paris.
En répression de l'attentat de Bordeaux, le commandant militaire allemand ordonne par ailleurs d'exécuter 51 détenus bordelais. Ces derniers sont fusillés les 23 et 24 octobre au camp de Souges, près de la métropole aquitaine (Extrait Article André Larané dans « Hérodote.net »
 
      Les titres de la presse
      Deux jours après les exécutions. fidèle aux consignes de la Kommandantur, le "Courrier", seul quotidien qui paraisse encore à Châteaubriant, ne transmet aucun commentaire sur l 'exécution. Par contre les divers articles qu'il fait paraître ensuite - de sa propre initiative ou par obligation des autorités vichyssoises et allemandes - appellent à lutter contre ces lâches attentats perpétrés contre les forces allemandes 

      Dans la presse castelbriantaise 
        (Courrier de Châteaubriant du 24 octobre)

http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206957686&l=1600&h=860&m=&titre=206957686&dngid=15b99f940de84115d19c1caf9a9ac110822f1620 
 
  • DEUX CRIMES LÂCHES ET ODIEUX commis contre l'armée d'occupation. Les représailles font des veuves et des orphelins
  • AVIS du 21 octobre de Von STUELPNAGEL
  • LISTE des otages fusillés à Nantes le 22 octobre
  • AVIS de l'Amiral DARLAN
  • AVIS de M. DUPARD (4) Préfet de la Loire Inférieure
  • AVIS du Maire de Nantes à ses concitoyens
  • APPEL radiodiffusé du Maréchal Pétain
    "Français
    Contre des officiers de l'armée d'occupation, des coups de feu ont été tirés : deux morts. Cinquante français ont, ce matin, payé de leur vie ce crime sans nom. Cinquante autres seront fusillés demain si les coupables ne sont pas découverts.Un ruisseau de sang coule à nouveau sur la France. La rançon est affreuse, elle n'atteint pas directement les vrais coupables.
    Français, votre devoir est clair, il faut faire cesser la tuerie. Par l'armistice nous avons déposé les armes. Nous n'avons pas le droit de les reprendre pour frapper les Allemands dans le dos
    L'étranger qui ordonne ces crimes sait bien qu'il meurtrit la France en pleine chair. Peu lui importe nos veuves, nos orphelins, nos prisonniers !
    Dressez-vous contre ces complots, aidez la justice, un coupable retrouvé et cent Français sont épargnés.
    Je vous jette ce cri d'une voix brisée : « Ne laissez plus faire de mal à la France »
    Vichy le 22 octobre 1941

Les camions qui chantaient
Ce qu'en dit un témoin, "Pierre Martin", dans "Telles furent nos jeunes années" 
Descendu de l'école Aristide Briand que dirigeait sa mère (son père est prisonnier de guerre) jusqu'à l'étang de la Torche où il s'était adossé à la margelle du pont, il entendit soudain un chant, d'abord dans le lointain, puis qui se rapprochait
"C'était un chant interdit par les Allemands. 
C'était la Marseillaise !
Bientôt apparurent des camions bâchés, de couleur kaki, venant de la direction de la Mairie, ils ralentirent et marquèrent presque un arrêt comme si le conducteur du premier hésitait à prendre à droite par la rue du château pour remonter vers la Place des Terrasses, puis ils accélérèrent en continuant tout droit.
Maintenant la Marseillaisse se faisait entendre très fort et je me demandais s'il n'y avait pas un haut parleur  dans les camions mais pourtant c'était un chant interdit et les camions étaient allemands, bien que de marque Ciroën, je l'aurais juré ! Pas de doute : les camions chantaient !
Ils continuèrent leur course, à vitesse modérée, en tout cas par rapport aux vitesses auxquelles on se déplace maintenant. Ils longèrent l'étang au pied du château. Le chant s'amplifiait, puis les camions s'engouffrant sous le tunnel, sous la voie ferrée, il diminua puis ce n'était plus qu'un chant qui s'éloignait omme en sourdine, après le tunnel.
Ce n'est qu'après sa disparition que je me dis que ce chant était forcément chanté par quelqu'un, que les chanteurs sevaient être nombreux un chœur en quelque sorte comme celui que nous avions formé à, l'école, pour chanter "Maréchal nous voilà" que je n'avais chanté qu'une fois car après maman m'avait dit de seulement faire mine de chanter si on m'y obligeait et d'ailleurs je n'avais pas besoin de faire mine car les instituteurs de l'école des Terrasses ne l'avaient pas fait chanter à nouveau, ou alors je ne m'en souviens vraiment plus. A l'école des filles, sous ma maman, on ne l'a jamais chanté"
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Du côté de l'administration française.
Faisons connaissance avec le Préfet Dupard 

Nommé préfet de la Loire Inférieure, il avait pris ses fonctions à Nantes le 1er octobre1940. Pétainiste convaincu, il est bien décidé à faire appliquer dans son département les directives du gouvernement et à y inculquer les valeurs de la Révolution nationale prônée par le Maréchal
Il entreprend dès son arrivée d'épurer l'administration départementale en application des lois du 17 juillet et 13 août exigeant la non-appartenance de tout fonctionnaire à des sociétés secrètes (franc-maçonnerie). Zélé, il élargit le champ de l'épuration à ceux qui ont montré quelque sympathie pour la gauche. On les remplace par des personnes jugées plus sûres.
Visé également : "le personnel enseignant qui a fait de ma part l'objet d'une étude attentive." Deux instituteurs sont révoqués et sept autres relevés de leurs fonctions "qui s'étaient signalés... par leur activité politique extrémiste. Ces mesures ne sont que le début d'une vaste opération d'assainissement moral du personnel enseignant, absolument indispensable pour faciliter  l'oeuvre de redressement entreprise par le gouvernement (Préfet 15/12/40). C'est sans doute dans le cadre de ces poursuites que Marcel Viaud, instituteur à l'école de la Vannerie, fut « déplacé » (à la rentrée 41- 42) pour ses opinions « pro-communistes » à l'école de La Ville au Chef en Nozay avec son épouse.

Le Préfet Dupard en tournée à Châteaubriant la quinzaine précédant l'exécution des 27 otages
Ce jour là, le lundi 13 octobre 41, le Préfet de Loire Inférieure, avec toute l'autorité d'un chef investi des pouvoirs et de la confiance du Maréchal Pétain, avait procédé à l'installation du nouveau Conseil municipal (Municipalité Noël). en lui donnant comme mission, celle de réaliser l'union de tous derrière le Maréchal et son gouvernement.
Comment avait-été préparée cette installation en application de la loi du 16 novembre 1940 ? Ce texte avait pour objet de substituer aux maires hostiles au nouveau régime, dans les communes de plus de 2000 habitants, des magistrats municipaux acquis à la politique du gouvernement et qui seraient non élus mais nommés 
Que nous en dit le sous préfet Lecornu ? " Dans la nomination des maires, j'avais un rôle utile à jouer. A Châteaubriant, le Kreiskommandant, ne pouvant plus supporter l'attitude de refus de M. Bréant, avait officiellement demandé qu'il fut relevé de ses fonctions. Je fis des pieds et des mains pour l'amener à donner sa démission, car sa destitution du fait de l'occupant aurait rebuté tout candidat possible en dehors de ceux que n'aurait pas manqué de présenter le groupe "Collaboration". J'écartais ensuite du mieux que je pus M. Quinquette, directeur de l'hebdomadaire Le courrier de Châteaubriant, ardent défenseur de "la Révolution nationale" du maréchal Pétain, mais qui faisait depuis sa rentrée de captivité profession d'antigaullisme.
Je proposai donc comme maire Maître Noël, mutilé de guerre 14 - 18 qui s'était rallié au gouvernement de Vichy sans pour autant approuver la politique de collaboration. Comme beaucoup de Français, il admirait le général de Gaulle dont il considérait la présence à Londres comme indispensable, mais il approuvait le Maréchal resté pour servir de tampon entre Hitler et les Français. Il fut désigné" 
A l'occasion de cette installation le Préfet Dupard avait prononcé une allocution disant notamment "J'ai choisi pour former le nouveau Conseil des hommes appartenant à tous les milieux sociaux, désintéressés et connaissant à fond les problèmes techniques, économiques et sociaux, les besoins des familles nombreuses et ceux de l'agriculture. Pour mener à bien la tâche parfois difficile qui leur est demandée, les Conseillers municipaux devront se pénétrer de l'idée du devoir et s'inspirer de l'exemple que leur donne le Maréchal. Leur mission comporte un aspect administratif et politique, et à cet égard, il leur est demandé de réaliser l'union derrière le Maréchal et son gouvernement"
Discours du Préfet et du nouveau Maire où l'on trouvait comme l'annonce de temps nouveaux. On espérait qu'un autre esprit se mettrait à souffler en notre Hôtel de ville où la collaboration de toute une équipe constituée dans un esprit d'union et de fidélité au Maréchal allait se mettre à l’œuvre autour de son nouveau maire dont le guide choisi était le Maréchal.
Le loyalisme concordant du Préfet et du nouveau Maire sera confirmé par une adresse en octobre au Chef de l’État, une adresse qu'avait signée tous les conseillers municipaux. N'était-ce pas là le meilleur gage d'avenir ? Quelle était cette adresse votée à l'unanimité au Maréchal ?
« Le Conseil Municipal de Châteaubriant nommé le 6 octobre 1941, exprime son absolue confiance dans l’œuvre de redressement par lui généreusement entreprise et efficacement soutenue. En lui transmettant ses sentiments de respectueuse gratitude, il affirme sa volonté de donner son entier concours à la politique de rénovation nationale et et d'union entre tous les Français suivie par le Chef de l'Etat »
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Les adresses au Maréchal... Le Mythe Pétain

Extraits de "VIVRE L'OCCUPATION" de Jean Bourgeon "La personnalité du Maréchal Pétain est unanimement respectée et son geste de désintéressement lui a valu la gratitude universelle. Ses messages ont produit une impression profonde dans les consciences et le peuple approuve pleinement les grands principes qu'il a pris  comme fondement de la reconstruction nationale (Préfet - 12 novembre 1940)

"L'état d'esprit est meilleur qu'il m'était apparu  à première vue... L'immense majorité de la population vénère le Maréchal Pétain, approuve ses décisions et lui est infiniment reconnaissant de ses efforts... La population rurale  semble toute acquise  au Maréchal et à sa politique (Préfet -15 décembre 1940)

Il fonde ses propos sur l'accueil empressé qu'il a reçu  à chacune de ses visites dans les cantons et sur "l'approbation unanime que reçoivent mes paroles lorsque j'estime nécessaire l'union de tous les français derrière le Maréchal"
Sa visite à Châteaubriant ne pourra que conforter ses impressions mais celles-ci n'étant qu'une preuve fragile, il croit bon  de rajouter à sa démonstration "Les nombreuses adresses au Chef de l'Etat votées par les municipalités du département"

Pendant toute la durée de l'occupation 125 municipalités (57% des communes du département) ont voté une adresse de soutien au chef de l'Etat. La Municipalité de Châteaubriant en fait partie en octobre 41. Un vote qui s'explique par la proximité idéologique de leurs auteurs avec le nouveau régime. Leur caractère spontané est indubitable. Tout aussi spontanés, d'autres soutiens émanent de maires qui, moins séduits par la Révolution nationale, accordent leur confiance au vénéré vainqueur de Verdun

Avant la nomination de cette nouvelle Municipalité, aucune adresse n'avait été adressée du temps de la Municipalité Ernest Bréant. Ce dernier  avait donné sa démission en janvier 41, une démission qui ne sera pas acceptée. Cette municipalité sera rayée des cadres le 22 septembre 41 et trois semaines plus tard VICHY imposera une caricature de Municipalité (Sources - Il y a 50 ans UNE MAIRIE dans la tourmente - La Mée socialiste - 15 novembre 89) 
 
La visite du Préfet en Octobre 41 s'était poursuivie par le Dépôt de gerbes au monument aux mort suivi d'une minute de silence ; la visite à l'hôpital ; l'installation provisoire du Tribunal dans les locaux de la Caisse d'épargne ; le passage par la Kommandatur ; la visite des usines Huard, Le Pecq et Durand Richer pour juger de l'activité industrielle de notre Châteaubriant...
Il lui restait en fin de journée à visiter le Camp de Concentration de Choisel et à recevoir en audience M. Chassagne, chargé de mission de MM. Pucheu, Ministre de l'intérieur, et Lehideux, Ministre de l’Économie Nationale qui est actuellement dans notre région. Autant de noms que nous retrouverons quelque huit jours plus tard lors de l'exécution des 27 otages
Écoliers ! Écoutez le Maréchal
Mais on n'avait eu garde d'oublier les enfants et les écoliers lors de cette visite en mettant à profit l'allocution que le Maréchal diffusait ce jour là, aux enfants des écoles depuis une classe de l'école de Périgny dans l'Allier... Eux aussi seraient de la fête ! Ils participeraient à l'Union derrière le Maréchal tant souhaitée. Comment ? M le Préfet s'était rendu à l'école des Terrasses, afin de se trouver à l'écoute du message au milieu de nos écoliers. Toutes les autorités l'avaient suivi : M. le Sous-Préfet, M. le Maire, MM les Adjoints et M. Leduc, Inspecteur primaire, accompagné de M. Geffriaud directeur de l'école et des instituteurs. Présence obligatoire... Qu'en retiendront nos écoliers ? Le message du Maréchal avait- il marqué leur esprit ? Retiendraient-ils comme conclusion, le simple commentaire du Préfet à la fin du discours du Maréchal ? « … Le Maréchal a parlé... Ténacité... Loyauté... Retenez ses paroles, vous qui devez refaire la France. Le Maréchal a parlé. Tous, ici, nous comme vous, nous obéirons... » (Courrier du 17 octobre 1941)
 
Lisons « Le Courrier »



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Reprise d'activités au sein de l'A L C

      Octobre 41 : l'interdiction des réunions est levée.
      Le Bureau de l'A L C se réunit le 16 octobre 1941. Cette première réunion regroupait les membres suivants : M M Geffriaud – Martin Etienne – Van Loo – Aubourg – Combet Lucien – Nivert (M. Larose excusé)
A l'ordre du jour :
  • Les cartes d'adhérents et les différents tarifs (membres actifs, honoraires, bienfaiteurs)
  • La ventilation des sommes recueillies : la moitié des cotisations  encaissées serait attribuée aux équipes sportives filiales de l'Amicale (3 équipes de football, 2 équipes de basket, un groupe d'athlétisme)
  • Les activités futures de l'Amicale sont envisagées. En particulier est abordée l'aide nouvelle à apporter aux adhérents prisonniers  
      14 Novembre 1941 : Réunion du Comité Directeur pour la première fois depuis 15 mois mais il reste interdit de réunir une Assemblée Générale. Le Comité décide de désigner au fur et à mesure de ses besoins les membres indispensables. C'est au cours de cette réunion que le Président Geffriaud propose au Comité l'organisation de soirées théâtrales afin de se procurer les fonds nécessaires à l'aide aux prisonniers. Et la première de ces matinées aura lieu en mars 1942
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     Le Noël du Maréchal
      Point d'Arbre de Noël des Écoles Publiques. Il ne fut pas question de reconduire cette manifestation en faveur de nos écoles. L'Arbre de Noël du Maréchal le remplaça, un cadeau pour la propagande du Régime de Vichy
Sous l’Occupation, les fêtes du calendrier offrent un support idéal au régime de Vichy pour diffuser sa Révolution nationale. Noël répond parfaitement aux exigences de la propagande en symbolisant « la famille unie et soudée derrière le Maréchal Pétain, la famille généreuse et solidaire auprès de ses compatriotes les plus démunis »
La gestion du Noël 1941 est rondement menée par le régime de Vichy. Si les enfants sont particulièrement ciblés, d’autres fêtes du calendrier (fête des mères …) mettent de la même manière en valeur la Famille, le Travail et la Patrie. 
 
      Le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat français, avait exprimé le désir de voir célébrer dans un sentiment de dignité et de communauté nationales les fêtes de Noël. Le Préfet de Loire Inférieure avait transmis près de toutes les communes un appel à célébrer cette fête dans un esprit de dignité et de communauté nationale
      Trois longs articles du « Courrier » magnifieront le Noël du Maréchal qui se déroula fin décembre 41 à Châteaubriant et auxquels participèrent les enfants de toutes les écoles de Châteaubriant et leurs instituteurs
« Une fête rappelons-le organisée avec le concours financier de la ville, le Secours National, la Famille du Prisonnier, la Croix-Rouge et le Comité de Propagande du Maréchal et placée sous la présidence des Autorités locales : M. le Sous-Préfet, M. le Maire et M. le Curé"
      Magie des ondes : Le Maréchal devait s'adresser à ses petits amis et des appareils de T.S.F retransmettraient sa voix dans la salle et l'on terminerait par « le Chant du Maréchal » et la distribution à chaque enfant de jouets et de friandises.
      C'est ainsi que ce jour là, seize cents enfants de toutes les écoles de la ville se sont sagement installés dans la salle du Cercle Catholique sous la conduite de leurs maîtres et maîtresses... On put lire le compte rendu détaillé de cette belle fête de Noël 1941 dans le « Courrier » - le premier Noël du Maréchal dont tous les jeunes de France conserveraient le souvenir
 

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L’A.L.C.C
naît de la fusion de L’Amicale Laïque 
et de l’Amicale Cheminote
 
L’événement sportif de l'année 41 pour les Amicalistes et les Cheminots fut la naissance officielle de l' A.L.C.C. et ses débuts, sous ce nouveau sigle, dans le football, le basket et l'athlétisme.
Dès 1940, l'idée d'une fusion entre les sportifs de l'Amicale Laïque et de l'Amicale Cheminote avaitrassemblé de nombreux partisans. Cette idée se concrétisa, en juin 1941, la saison d'hiver passée, après les pourparlers d'usage. On répondit ainsi aux règles imposées par le Commissariat général (5)
Le sport et Vichy
Pour mettre en place sa politique sportive, Vichy créa le Commissariat Général à l’Éducation Générale et Sportive (C G E G S) dès juillet 1940. Deux hommes s’y succèdent à sa tête : le tennisman Jean Borotra puis à partir du 18 avril 1942, le rugbyman Joseph Pascot. Organe pyramidal, le CGEGS comme le souligne Jean-Louis Gay-Lescot est « une structure rigide dont la seule finalité demeure la dépendance et l’obéissance au pouvoir politique » De fait, sa mission principale consiste à « rendre au sport sa vraie place dans les activités de la Nation, en s’inspirant des idées essentielles de la politique du Gouvernement »
 
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Le Commissariat Général à l'Education Générale et aux sports sera chargé de sa mise en œuvre. Comme elle le stipule, la Charte inaugure « un régime de liberté contrôlée », prévoit des sanctions et assure au sein des associations sportives « l’autorité, l’ordre et le travail ». Les conséquences sont lourdes pour le mouvement sportif puisque dorénavant, pour exister et exercer toute association sportive doit obtenir obligatoirement l'agrément délivré par la Direction des Sports du CGEGS, ce qui remet totalement en cause la loi de 1901 sur la liberté d’association. Chaque association sportive doit également être affiliée à une fédération reconnue par le CGEGS. Les fédérations affinitaires gauchisantes comme la FSGT, l’USEP et l’UFOLEP en font les frais et sont interdites. Ce contrôle politique des fédérations est exécuté par le Comité National des Sport - son président est directement nommé en fonction de sa fidélité idéologique à Vichy - dont le rôle est de transmettre les directives du CGEGS au niveau fédéral et d’en faire la propagande. Par cette série de mesures coercitives, Vichy, d’une part, étatise le mouvement sportif et d’autre part, impose aux fédérations une ligne de conduite à tenir : ordre et obéissance au Maréchal
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      Créée en 1941, l’ALCC pour se mettre en règle doit se conformer aux nouveaux textes en vigueur et aux directives du Commissariat Général : Nécessité de déclarer de nouveau la société et de déposer de nouveaux statuts, en 1943, selon le modèle imposé par le Commissariat Général aux sports. Mais quel était l'intérêt  d'une telle fusion ?
 
      L’union fait la force
     (Jean Bothorel - Courrier de Châteaubriant - 5 septembre 1941) 
"Au mois de Juin (1941) dernier, les deux groupements sportifs de l’Amicale laïque et de l’Amicale Cheminote castelbriantaise décidaient de fusionner.
 
D’un côté l’importance de la gare de Châteaubriant a considérablement diminué depuis 1938 et le départ de nombreux employés des chemins de fer rendait pratiquement impossible la constitution d’une équipe purement cheminote.
A l’Amicale Laïque, d’autre part, les jeunes de l’Ecole des Terrasses, s’ils sont pleins de bonne volonté et si les plus âgés, ceux de 16 et 17 ans du Cours Complémentaire possèdent déjà des qualités certaines de footballeurs et d’athlètes, ne peuvent cependant pas prétendre davantage constituer une « équipe » et, au cours de la saison 1940-1941, ce sont les anciens élèves de l’Ecole qui, sous le nom de « Club des Terrasses » et sous les couleurs de l’Amicale Laïque disputèrent parfois avec succès, leurs chances dans la coupe de Châteaubriant.
Vivant chacune leur vie, l’une et l’autre société risquaient de piétiner. Réunies en un seul groupe sportif, elles donnent le jour à un enfant viable. En football, les joueurs qui ont opéré dans l’une ou l’autre société la saison dernière, ont tous signé cette année. Nous avons reçu d’autre part des adhésions intéressantes de joueurs confirmés. Nous pouvons dès à présent constituer deux équipes et la réserve n’est pas loin de valoir l’équipe première. Avec les élèves du Cours Complémentaire, nous formerons une équipe minimes. Avec tous ces éléments, l’A.L.C.C est en droit d’espérer un bon classement dans la coupe de l’Avenir où elle est engagée.
En athlétisme la saison qui s’achève ne nous a donné que des satisfactions… Les juniors et les seniors se sont bien défendus sur plusieurs pistes et même, à plusieurs reprises, ils ont su remporter des victoires.
Nous pensons enfin au basket : deux équipes masculines au moins, seront mises sur pied et toutes deux disputeront les championnats. Il y aura une ou deux équipes purement scolaires, composées des enfants des écoles. Si l’élément féminin s’avère assez nombreux, une équipe de jeunes filles sera également constituée et, si cela est possible, nous en constituerons deux…
Partie d’un bon pied, l’Amicale, plus précisément la double Amicale Laïque et Cheminote est prête à affronter la saison prochaine 
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L’année 42
Lourde atmosphère
 
Les Juifs au ban de la Nation
 
Une lecture attentive des journaux de l'époque met en lumière les menaces qui pesaient sur certains de nos concitoyens. Certaines lois concernant certaines catégories - étrangers – nomades – étaient déjà appliquées et avaient entraîné leur internement dans des camps... S'arrêterait-on là , Non ! Seraient mis au ban de la nation progressivement les Francs-maçons, les Juifs. Et à Chateaubriant, toutes les mesures préconisées seraient appliquées. Et le Courrier, Le Phare, Ouest Eclair de publier les diverses mesures envisagées. Ainsi la population serait-elle au courant des dangers qui guettaient « les autres », des annonces suivies de dénonciations, des arrestations qui suivraient

Extraits de journaux
Sixième ordonnance en date du 7 février 1942 relative aux mesures contre les Juifs dans laquelle étaient annoncées les interdictions et mesures répressives suivantes
  • Limitation des heures de sortie
  • Interdiction du changement de résidence actuelle
  • Dispositions pénales envisagées : « Celui qui conviendra aux dispositions de la présente ordonnance sera puni d'emprisonnement et d'amende ou d'une de ces peines. En outre le coupable pourra être interné dans un camp juif » (Courrier du 20 février 1942)
Quatre mois plus tard, le Courrier » publiait la huitième ordonnance du 29 mai 1942 qui élargissait les mesures contre les juifs restreignant un peu plus leurs droits
 
Signe distinctif des Juifs
  • Il est interdit aux juifs dès l'âge de 6 ans révolus de paraître en public sans porter l'étoile juive
  • l'étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume d'une main et les contours noirs . Elle est en tissu jaune et porte en caractères noirs, l'inscription « Juif ». Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine solidement cousue sur le vêtement
  • Dispositions pénales. 
  • Les infractions à la présente ordonnance seront punies d'emprisonnement et d'amendes ou d'une de ces peines. Des mesures de police telles que l'internement dans un camp de juif pourront s'ajouter ou être substituées à ces peines
A partir du 7 juin 1942, adultes et enfants de plus de 6 ans, y compris sur les bancs de l’école, devaient porter l’étoile jaune, cousue ostensiblement sur la poitrine.(Ce sera le cas du jeune KOHN). Ceux qui le peuvent font valoir que, si les chefs de famille sont juifs, les mères sont « aryennes » et que, n’ayant que deux grands-parents juifs, ils ne tombent pas sous le coup de la loi. Les familles Sinenberg et Kohn se rendent ainsi à la kommandantur qui demande au commissaire de police de surseoir à la remise de l’insigne. Cette demande sera-t-elle suivie d'effet ?

Les Juifs à Châteaubriant (11)
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(11) Extrait de « Châteaubriant - Histoire et Résistance »
Pendant la guerre, seules quelques familles de « Juifs » habitent Châteaubriant, résidents locaux ou réfugiés. Une liste de recensement faite en 1940 relève 31 noms dans la région, sans indiquer le lieu de résidence. 
A Châteaubriant les plus connues sont les familles SINENBERG, RIMMER, PACH, AVERBUCH, ISRAEL et KOHN mais quelques autres familles ont vécu cachées dans les communes environnantes (12)
En juillet 1942, une grande rafle de Juifs a lieu en Loire-Inférieure : 98 arrestations dont 4 dans la région de Châteaubriant : Jean PACH médecin, (qui sera déporté à Auschwitz), Fischel RIMMER, Bickel RYFKA, et Jacob RAVITSKY.
Nouvelle rafle le 9 octobre 1942. Les listes signalent cinq arrestations à Châteaubriant : M. et Mme KOHN, Mme Biena RIMMER et ses deux enfants Robert 6 ans et Bella 16 mois. 
Dernière rafle en janvier 1944 au cours de laquelle sont arrêtés et internés des membres des familles SINENBERG, ISRAËl, DEMILT.
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(12) C'est le cas de la famille KOKUSH dont le mère et les deux filles Sophie et Charlotte vécurent cachées à Ruffigné. On retrouvera les souvenirs de Sophie Kokush dans l'article « Evacués et Réfugiés à Ruffigné 1939 – 1945 » Blog mibonnier
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Les diverses ordonnances élargiront le champ des interdictions. Les Juifs n'ont plus le droit de travailler sauf dans les emplois subalternes et manuels sans contact avec le public, ni d'aller dans les cafés ou les fêtes, ni de conduire un véhicule. Leurs comptes bancaires sont bloqués, les "biens israélites" sont recensés pour être vendus à des "aryens". Des mesures qui seront plus ou moins appliquées à Châteaubriant, la grande majorité des ressortissants restant cachés avant des arrestations qui les condamneront


      En 1942, 
      notre pays et notre région sont occupés par les nazis.
     Beaucoup de castelbriantais sont prisonniers en Allemagne (Le Comité d'entraide en relèvera près de 350), l'activité économique est ralentie et s'exerce en grande partie au profit des occupants, les communications sont lentes et difficiles entravées par le manque d'essence et de charbon, le ravitaillement est de plus en plus difficile, les denrées de première nécessité sont rationnées et les produits d'importation sont absents.
Encore notre région est elle privilégiée par rapport aux grandes villes. A Châteaubriant, un « débrouillard » trouve à se ravitailler assez facilement en beurre, viande, charcuterie en s'adressant directement à la source. Aussi les citadins viennent-ils et de fort loin parfois, dès qu'ils en ont la possibilité nous pousser une visite afin de repartir avec de précieuses provisions. Bien sûr aussi, le marché noir fleurit car tout ce commerce se fait sous le manteau au nez et à la barbe de l'occupant et de l'administration de Vichy. Articles de presse, directives de l'administration française et de l'occupant, sanctions n'endigueront pas ce marché dit « noir » source d'un trafic dont bénéficient certains.
Tous ces problèmes sont angoissants – la vie est difficile – les lendemains angoissants – et les habitants n'ont guère de distractions ce qui explique le suivi de toutes celles organisées par les associations, comités, amicales.
 
En 1942, l'interdiction des réunions est levée. Certaines activités de l'Amicale sont envisagées. Comment subvenir aux besoins, comment apporter une aide nouvelle aux sociétaires et pères d'élèves prisonniers ? (R. Nivert)

       Février 42 avec de jeunes Résistants castelbriantais
       Coup de tonnerre ! Vol d'armes stockées au château ! La nouvelle avait rapidement fait le tour de la ville sous le couvert, assurément, mais celà avait été su. Nos jeunes résistants furent dénoncés et arrêtés. Que s'était-il passé ?
 
« Des jeunes castelbriantais GUERTEAU, TAILLANDIER, PELON, BONVALET pénètrent en fraude dans le château pour faucher des armes, stockées là - elles étaient entreposées dans le donjon - depuis que les Allemands les avaient réquisitionnées chez les habitants.
Ce que nous en dit un des participants -Yves Pelon - « Les deux petits Robert Guertault 14 ans et Robert Taillandier se glissent entre les murs de l'étroit soupirail... Jacques Bonvalet et moi sommes dans le coup et c'est chez moi, parmi les vêtements du magasin, que sont cachées les armes. Hélas nous serons arrêtés rapidement »
Le juge Fichoux devait être chargé de défendre les inculpés. Il ne put rien pour eux... Yves Pelon et Jacques Bonvalet furent les premiers déportés politiques à être internés.
A cette époque, certains français prônent une collaboration active et des articles parus dans le "Courier" invitent à rejoindre les groupes locaux castelbriantais : Collaboration et Ligue Volontaires Français
 
 
Propagande
 
Certains choisissent leur camp, celui de la Collaboration. On recrute ouvertement et beaucoup le regretteront à la fin du conflit. 
Mais qui avait prôné cette collaboration lors de l'entrevue de Montoire ? Le Maréchal Pétain
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L'entrevue de Montoire est la rencontre qui eut lieu le 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler dans la gare de Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher, France). Elle avait été longuement préparée par la rencontre du ministre des Affaires étrangères français Pierre Laval avec l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz, puis avec Hitler et Ribbentrop, deux jours auparavant au même endroit : elle devait poser les bases d'un dialogue entre la puissance occupante et le gouvernement de Vichy.

Écoutons le Maréchal

"C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration...

https://youtu.be/PNMswtqJ0gg

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  • Le Groupe Collaboration dont une antenne existera à Châteaubriant avait été créé au niveau national
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206958221&l=1600&h=860&m=&titre=206958221&dngid=4cc4747fccaa8c3ff549443a8dba5f9f818386b7
  • pour rassembler les Français de bonne volonté qui souhaitent sincèrement établir une France Nouvelle dans une Europe Nouvelle
  • pour réaliser ce dessein tel qu'il a été exposé dans les divers discours du Maréchal
  • pour soutenir la politique extérieure de la France telle qu'elle a été définie et préconisée dans le message du Chef de l'Etat du jeudi 10 octobre 40 et au besoin pour la défendre
  • pour établir dans les rapports franco-allemands cet esprit de collaboration tel qu'il a été défini et préconisé par l'entrevue de Montoire et pour faire mieux connaître aux Français l'Allemagne réelle


      Le Maréchal a choisi et la France tout entière doit le suivre. Vive la collaboration pour que vive la France « Il ne suffit pas qu'on me fasse confiance, il faut qu'on m'aide » a dit le Maréchal
Sous le haut patronage de S. E. M. l'ambassadeur Fernand de Brinon, délégué général du Gouvernement Français... Suivaient les membres du Comité d'Honneur, du Comité directeur, autant de hautes personnalités engagées dans la collaboration franco-allemande (13) 
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(13) Comité d'Honneur: S E Mgr le Cardinal Baudrillard ; M. Pierre Benoit ; M. Abel Bonnard tous les trois de l'Académie Française ; M. Georges Claude de l'Institut ; Mme Claire Croizat, professeur au conservatoire ; M. Drieu de la Rochelle, homme de lettres […]
Comité directeur : Président : M. Alphonse de Chateaubriant ; Vice-Président et Directeur général : M. René Pichard du Page ; Sécrétaire général : M. Ernest Fornairon [...]
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      L'article du Courrier (10 avril 1942) se terminait par tune invitation  à collaborer : Inscrivez-vous à Châteaubriant chez M. F......  C......., place de l'Hôtel de Ville à Châteaubriant

      Et l'on créa donc un groupe « Collaboration » à Châteaubriant. 
Les inscriptions étaient reçues, place de l'hôtel de Ville, résidence du Président de la section locale. La première réunion de fondation avait eu lieu afin de lui donner une existence officielle. Les adhérents avaient désormais la possibilité de s'adresser sur place et en toute confiance à un organisme qui a cru depuis toujours nécessaire, tout ce qu'il faut pour aller de l'avant.
On sait que le groupe « Collaboration » ambitionne de rassembler tous les Français partisans d'une entente entre la France vaincue mais peut-être redevenue lucide et l'Allemagne victorieuse mais »dominant sa victoire ». Y ont naturellement leur place ceux de nos compatriotes qui, après avoir nourri des illusions dangereuses, ont tiré au moins la leçon de la terrible défaite et mesuré l'étendue de leurs erreurs. Et tous se mettront ainsi sous l'égide du Maréchal Pétain qui a pris en main les destinées de la France et compris la voie où elle devait désormais s'engager pour sauver ce qui reste d'elle, retrouver son énergie perdue et faire encore une figure digne de son prestigieux passé dans l'Europe en train de s'édifier sur de nouvelles et de plus jutes bases
 
Envoyez demandes d'adhésions au Président de Collaboration (dont l'adresse suit) 
Certains castelbriantais adhérèrent-ils ? Une deuxième invitation à rejoindre le mouvement était publiée 4 semaines plus tard "Adhérez, Faites adhérer à "COLLABORATION"
 Encart dans Courrier du 29 mai 42

     On pourrait penser que " Collaboration " - " la L. V. F " ne concernaient que Paris et quelques grandes villes dont Nantes. La toile était beaucoup plus large et à Châteaubriant on trouvait des partisans qui recrutaient et la mise en place d' une antenne du groupe Collaboration nantais favorisera le recrutement

Qui trouvait-on ? "Les premiers adhérents sont pour la plupart des personnes appartenant à la moyenne bourgeoisie n'ayant jamais participé aux luttes politiques d'avant guerre, rares sont les employés et les ouvriers. On y rencontre la plupart des dirigeants des nouveaux partis."
Ce mouvement partisan de la collaboration avec l'Allemagne nazie vise à rassembler à l'occasion de conférences , concerts et autres rencontres plus informelles des partisans et des curieux appartenant à toutes les classes de la société . Si à Châteaubriant ces réunions furent rares ce ne fut pas le cas à Nantes, réunions dont la presse castelbriantaise donnera les compte-rendus. 
A l'occasion de ces manifestations, e préfet parle de grands succès mais c'est pour aussitôt en minimiser la portée "Cette affluence aux conférences (1500 personnes en avril - 1500 en mai - 1900 en juin) s'explique par la curiosité... Depuis quatre mois que le groupe Collaboration a été créé à Nantes le nombre d'adhérents dépasse de très peu 500 (Préfet - 30 juin 41) Bon serviteur de l'Etat français et ardent défenseur de la politique de "redressement national du Maréchal, le  Préfet qui se méfierait des milieux collaborationnistes parisiens critiquant l'attitude trop timorée à leurs yeux du gouvernement vis à vis de l'Allemagne (in VIVRE L'OCCUPATION de J Bourgeon"

La création de l'antenne de Châteaubriant
On s'affiche avec mise en place d'un local d'accueil carrefour Pasteur
La boutique de la COLLABORATION installée durant la guerre sera pillée et dévastée à la libération
 
"Le quartier général des Allemands est à « la banque Couchot », tandis qu’en face, dans ce qui fut autrefois le quartier de La Boule d’Or, puis le magasin « La Botte d’Or » puis « Le Casque d’or », se trouve ce que l’on appelle « Radio-Crampon » 
"C’était la radio qui diffusait la propagande allemande à l’aide de haut-parleurs installés dans les rues de la ville. Le préposé était un Allemand nommé Crampon » se souvient Mme Huard" (in La Mée)

    Au sein de la L. V. F (Légion des Volontaires Français) à Châteaubriant

     Certains groupes prônant la lutte contre le communisme et le bolchevisme affichent leur profession de foi. Un communiqué du 1er mai 42 de la permanence tenue par M. B. 4, rue Gambetta à Châteaubriant.
La venue de Jacques Doriot, à Nantes avait-elle décidé M. B. favorable à la L.V. F à ouvrir une permanence et à recruter parmi les Castelbriantais ? 
Les soldats de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme participent à l'affranchissement du monde du joug judéo-bolchevique »
 
 
Sous l'égide du P. P. F. et de la L. V. F.
« M. Jacques Doriot a parlé à Nantes de la lutte contre les Soviets »
A l'heure où se joue avec le sort de l'Europe, celui de la France, Jacques Doriot est venu clamer les vérités essentielles qu'aucun esprit lucide ne devrait ignorer chez nous : la Russie communiste n'a cessé d'être fidèle à son programme : étendre à l'Europe entière, à n'importe quel prix, son régime d'esclavage et de misère. Une victoire soviétique serait un arrêt de mort pour la France aussitôt envahie par les hordes staliniennes. Aucun Français vraiment patriote ne devrait méconnaître à l'heure actuelle l'énorme service que rend l'Allemagne au monde civilisé en contenant à l'est ces hordes déchaînées en attendant de les écraser définitivement.
Hitler vaincra Staline et l'Europe sera sauvée
Les légionnaires français qui pour reprendre les termes du maréchal, détiennent une part de l'honneur de notre pays, contribuent par leur sacrifice à la réconciliation franco-allemande. Cette réconciliation que le 13 décembre avait entravée se fera. Le nouveau gouvernement en est une garantie. Il faut lui faire confiance. Il saura briser le communisme et le gaullisme qui veulent rendre impossible toute collaboration et toute entrevue »
 
Y avait-il nécessité d'une relance près d'éventuels sympathisants ?Mieux connaître l'esprit de la Légion, mieux connaître sa mystique puissante ne pourrait que favoriser les engagements. Nouvel article début juin

 
« Depuis le 7 juillet 1941, date de la fondation de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme et surtout depuis que cette unité a été engagée dans les grands combats autour de Moscou, aux côtés de l'armée allemande, un grand nombre de français non susceptibles de combattre pour des raisons diverses, voient dans le geste des Légionnaires un acte de valeur élevée, un acte symbolique dans le sens de la réconciliation franco-allemande et de la collaboration européenne.
Ces Français sont des sympathisants dont l'appui moral n'est pas à négliger. Ils sont aussi les seuls sur lesquels on puisse compter pour appuyer en France la propagande en faveur de la Légion
Or, la Légion, c'est tout simplement sur l'immense front de l'Est, un drapeau tricolore. Quelques unités parmi des millions de combattants. Mais un symbole magnifique : la France représentée dans un combat gigantesque livré à ses propres ennemis.
Faut-il s'étonner qu'une étrange mystique se soit emparée de ces hommes et que cette mystique du drapeau français flottant dans les steppes russes gagne peu à peu ceux qui sont demeurés ici.
Faut-il s'étonner du succès considérable du mouvement de sympathie en faveur de la Légion des Volontaires Français et de la vague de confiance qui s'élève dans tout le pays
Non, car petit à petit, les Français prennent conscience de leurs devoirs, de leurs intérêts et comprenant alors que les Légionnaires sont, au feu, les pionniers de nos aspirations, ils se groupent avec enthousiasme sous le signe de la Légion
Les Anciens Combattants et les Anciens Légionnaires et la masse sans cesse grandissante des sympathisants doivent former un tout avec les unités militaires de la L.V.F. Actuellement sur le front
Un tout qu'anime un même souffle : l'esprit patriotique, socialiste et européen de la sublime légion.
Permanence de Châteaubriant : 4 rue Gambetta

Les Volontaires voulaient lutter contre le Bolchevisme. Savaient-ils dans quoi ils s'engageaient ? Avaient-ils idée des risques encourus ? Au cinéma de M. Blais, les Actualités cinématographiques sous contrôle allemand apportaient toutes les informations voulues. Les confortaient-elles dans leur décision ? 
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Les Archives de l' I N A nous en donnent un vibrant aperçu. Les "chefs" fascistes DELONCLE, DEAT, DORIOT... que l'on trouvait déjà au sein des Ligues factieuses d'avant-guerre galvanisent leurs troupes lors de réunions au Vélodrome d'hiver qui devait entrer dans l'histoire lors de la rafle du Vel d'Hiv de juillet 42

légion-des-volontaires-francais-contre-le-bolchevisme-video.html (25 juillet 1941)
 
le-premier-contingent-de-la-lvf-video.html (Octobre 41)
 
depart-de-volontaires-pour-le-front-de-l-est-video.html (Juillet 1943)
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La mise au ban d'organisations et de partis 
Quelques articles du Courrier illustrant la situation 

  • La Franc-maçonnerie (Courrier du 4 septembre 1942)
Le 19 août 1940, le Journal Officiel publie le décret de dissolution du Grand Orient de France et de la Grande Loge de France, les autres obédiences seront, elles, dissoutes le 27 février 1941.
En application de la Loi du 13 août 1940, les mandats politiques, les postes de l’administration publique et beaucoup de corps de métiers seront alors interdits aux francs-maçons. Ils sont pourchassés et livrés à la vindicte populaire avec des listes de noms publiés dans les journaux collaborationnistes (cf Courrier) Ils sont très souvent chassés de leur emploi s’ils sont fonctionnaires ou chargés d’une mission publique. 
On les traque, on les dénonce. Ainsi en est-il de Robert Lefebvre contrôleur à l'office interprofessionnel des céréales de Châteaubriant comme fonctionnaire et agent membre de sociétés secrètes ayant appartenu à diverses loges maçonniques dont on cite les noms (Grande Loge de France – Grand Orient de France) Pour pouvoir continuer à exercer il aurait souscrit une fausse déclaration
  • Mise en garde contre « le front national » (Courrier » du 29 mai 42)
A BAS LES MASQUES - Communiqué de la Préfecture régionale
« Depuis quelques mois un groupement occulte s'intitulant sans vergogne « Front National » incite ouvertement la population en faisant appel à son patriotisme à des actes de sabotage contre les troupes d'occupation. L'administration a le devoir d'informer les habitants de la région que ce prétendu Front National n'est qu'une émanation du parti communiste illégal, camouflée pour les besoins de sa propagande criminelle.
Elle met en garde, une fois de plus, la population contre de pareils appels qui ne visent en réalité, qu'à des buts révolutionnaires et à attirer sur la collectivité un surcroît de misères et de malheurs

    Propagande …
  • Un beau concert en faveur des troupes allemandes (Courrier du 23 octobre 1942)
    Une troupe artistique de passage a offert dimanche soir un spectacle de qualité aux troupes d'occupation actuellement dans notre ville. Un orchestre symphonique de grande qualité exécutait avec maestria des œuvres attachantes du auteur-compositeur Johann Strauss, des ballets variés et agréables à suivre, un couple de chanteurs aux voix harmonieuses ont procuré aux nombreux assistants une soirée d'agrément et de charme. Nous n'en voulons pour meilleure preuve que le silence abolu observé pendant le programme et la vigueur des applaudissements soulevés à la fin de chaque partie.
Il nous reste à remercier de sa bienveillance la Orstkommandatur qui avait invité quelques-uns de nos concitoyens à cette belle soirée
  • Le procès des 42 dans la presse (Courrier du 5 février 43)
      37 Terroristes condamnés à mort à Nantes
    Rendant son verdict dans le procès des terroristes, le Tribunal militaire allemand, siégeant à Nantes, a prononcé la peine de mort pour 37 accusés, 3 ont été condamnés à des peines de réclusion ou de prison, 3 ont été acquittés.
Des débats et des aveux mêmes des prévenus, il ressortit clairement qu'il s'agissait là d'une association de bandits, tous depuis longtemps enrôlés dans le parti communiste. La plupart des attentats commis par eux ont été dirigés contre des Français ou des biens privés français. Il faut y ajouter la menace des sanctions collectives supportées par toute la population, sanctions qui eussent pu être aggravées si les auteurs de ces attentats n'avaient pas été arrêtés ; deux meurtres, six tentatives de meurtres ont eu des Français pour victimes. Raymond Hervé avoua vingt attentats, dont un meurtre et plusieurs tentatives de meurtres, ent re autres sa participation avec Le Bris et Le Pailh au meurtre du Juge d'Instruction Bras tué par Le Pailh ; Lagatheu qui abattit le sculpteur Pichaud, assisté en ce meurtre par Guynoiseau ; Cléro et Perrochaud qui tirèrent sur les inspecteurs Vaillant et Parent etc...
Devant de tels faits, il n'est pas un Français, aimant et respectant son pays, qui n'ait souhaité le juste châtiment d'une pègre où ne se retrouve aucune des vertus de chez nous
 
(Ouest-Éclair du 31 janvier – Edition Nantes)
 
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k635928t/f3.item.r=TERRORISTES%20CONDAMNES.zoom
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La vie quotidienne
Reprise des activités de l'Amicale
 
Des « Concerts » sont organisés en vue de se procurer les fonds nécessaires à l'envoi de colis à « nos prisonniers de guerre » Ces séances récréatives sont appelées « concerts » improprement d'ailleurs car ce sont des séances de variétés qui comportent outre les chants, des évolutions rythmiques ou acrobatiques, des numéros comiques, des sketches, des petites pièces de théâtres et autres vaudevilles. Les « acteurs » sont locaux : enfants des écoles, grands élèves des deux Cours Complémentaires, instituteurs et membres de l'Amicale.

La première se déroula le 1er Mars 42
Au programme : Mouvements rythmiques des élèves de la Maternelle - Chants et danses bretonnes par l'école Aristide Briand - Séance théâtrale au cours de laquelle les grands du Cours complémentaire des Terrasses jouèrent une pièce du Moyen Age « La farce du pâté et de la tarte ». Étaient au programme aussi ce jour là chansons, mélodies monologues et un vaudeville en un acte « La semaine anglaise de Codey » qui devaient être interprétés par plusieurs membres de l'Amicale
Le Compte rendu paru la semaine suivante ) présentait les divers « acteurs » que l'on retrouverait avec plaisir lors des séances suivantes
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Courrier du 6 Mars 42
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Avaient joué de façon magistrale la farce : L. Bochat, B. Sassier, A. Ravily et A. Melois qui étaient certes de bons acteurs mais aussi de bons footballeurs de l' équipe cadets des Terrasses
La « Semaine anglaise » avait été interprétée avec beaucoup d'entrain par M M Jean Genêt, M. Jeanneau, G. Lejeune, A. Héry, F. Biveau et J. Bothorel
En seconde partie Mme Maudet, Mlle Duboc, M M Ritouet, Bothorel et Jeanneau obtinrent beaucoup de succès dans la partie de concert très réussie et applaudie.
 
Succès complet. On dut augmenter le nombre de séances et cette année là furent organisées plusieurs séries de concerts afin de satisfaire le nombreux public. On joua en matinée et soirée, salle de la Mairie, le 1er mars et l'on se produisit de nouveau les 13 et 20 décembre. Des séances suivies et qui laissèrent un bénéfice de près de 29 000 francs dans la caisse de l'Amicale
 
Les Garderies scolaires des écoles publiques
Après trois ans d'interruption, elles allaient reprendre dès le début des vacances scolaires
« Des garderies de vacances seront organisées par l'Amicale Laïque du 15 juillet au 15 septembre. Elles auront lieu tous les jours non fériés de 9 h à 11 h 30 et de 14 h à 18 h sauf le samedi après-midi. Les enfants seront placés sous la surveillance de personnes de confiance et se livreront à des jeux et sports variés ou bien iront en promenade aux alentours de la ville.
 
Rassemblement pour les garçons à l'école des Terrasses et pour les filles à l'école de la rue de la Victoire (communiqué du 10 juillet 42)
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Autour de Nous...
Activités sportives
Le sport bat son plein. On a peine à imaginer la vogue que connut l'athlétisme, le nombre de clubs ayant créé une section et les nombreuses réunions mises sur pied. Un calendrier bien rempli
 
28 juin 1942 : Fête des vieilles tiges réservée aux vétérans
Cinq ou six société seraient aux prises par équipes.Tout un programme judicieusement étudié qui devait plaire à tous, petits et grands
Une particularité des Vieilles Tiges était de programmer – hors Challenge – une gamme d'épreuves au côté comique, dont il est inutile de souligner l'intérêt nous annonce le chroniqueur (course à la valise, course des débrouillards, rallye-steeple, relais 4 X 60...)
L'A. L. C. C enleva le challenge de l' Olympia offert généreusement par "M. Blais - Cinéma" devant les Voltigeurs. Réservées au plus de 30 ans, les résultats permettent d'apprécier l'éclectisme des dirigeants des clubs. C'est au poids que nos athlètes s'étaient taillés la part du lion
 
28 juin 1942 « Le kilomètre de Paris Soir »
Une épreuve tout à fait particulière puisqu’elle était courue sur route. Ouverte aux non licenciés nés en 1917 et après. Départs au Pont de la Grenouillère et arrivée rue Aristide Briand. Engagements auprès de M. M. Jeanneau.
« Cette épreuve s'est courue devant une nombreuse assistance. Il y avait 14 engagés
1. Cottrel (A.L.C) . 2' 50'' 3/5 - 2. Degiorgis (A.L.CC) 2'56'' – 3. Dumazeau G (A.L.C.) 2' 57'' 2/5 - 4. Jarno (A.L.C.) 2' 57'' 4/5 - 5. Peslerbes (Mecano-sports) à 50 cm... »
 
Le 5 juillet était programmée la Grande Réunion d'Athlétisme des Voltigeurs Castelbriantais
Première réunion de la saison, elle devrait attirer tous les sportifs de la région. Elle mettra en ligne les meilleurs athlètes du département
Épreuves : Juniors-Seniors ; Cadets
Equipes engagées : S.N.U.C ; Vélo-Sport Nantais ; U.S. Armoricaine ; Mécano-Sports ; Voltigeurs qui présenteraient tous leurs athlètes disponibles ; Amicale Laïque qui a, elle aussi, une belle équipe qui doit obtenir un bon classement.
Le Compte rendu des épreuves atteste de la valeur des athlètes et de la forte concurrence entre les deux sociétés locales. Si les Voltigeurs s'étaient imposés en Juniors Seniors, l'A.L.C. avait dominé les autres équipes en cadets
Ouvrez le Courrier du 10 juillet 1942
 
 
Le 18 juillet c'était autour de l'Amicale d'organiser une réunion, au Stade de l'Usine Huard. 
Participait l'équipe de Segré qui avait déplacé plus de 30 athlètes et une section féminine qui venait de remporter 9 titres aux championnats d'Anjou - qui l'emporta facilement au vu de ses fortes individualités devant l'Amicale qui s'est bien défendue, les Voltigeurs vraiment trop incomplets pour inquiéter les premiers et Mécano dont les jeunes représentants font preuve de qualité, mais manquent encore de puissance et de métier. Épreuves classiques, classement par équipes et deux relais étaient au programme (400 x 300 x 200 x 100) et 4 x 100.. Tous deux enlevés par l'Amicale devant les Voltigeurs et Segré
Particularité de cette réunion : Pour la première fois des athlètes féminines s'étaient produites à Châteaubriant avec au programme 60 m ; 300 m ; hauteur et longueur. Segré avait fait montre d'une telle supériorité que la lutte perdit de son intérêt (Article de P. Q.)
 
 
Jusqu'en août, la saison athlétique battit son plein. Des réunions hebdomadaires à Châteaubriant, Nozay, Conquereuil, Héric, Blain, Nort réunissant pour certaines plus d'une centaine de participants attestent de l'engouement que suscitait l'athlétisme... tout en attendant la saison de BALLON ROND qui reprendrait ses droits
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     Autour de Nous
      Organisation d'activités spécifiques à l'Amicale mais aussi participation à celles dont l'objectif était le même dans certains domaines
       L'Amicale fit – comme bien d'autres associations – tout son devoir durant l'année 1942. Ses membres se retrouvaient constamment là où il était possible de faire œuvre utile. 
En faveur des prisonniers de guerre beaucoup d'amicalistes unirent leurs efforts au sein du Comité d'entraide des prisonniers en faveur duquel les Associations de la ville ( Voltigeurs, Croix Rouge, Secours National, S.A.C,Vieilles Tiges...) organisaient des manifestations visant à se procurer des fonds nécessaires à l'envoi de colis. Un remarquable effort collectif, toutes tendances réunies lors de certaines soirées, concerts organisées dans ce but (R. Nivert)
 
      Effort remarquable des associations civiles et sportives organisant matches, concerts, kermesses et fêtes diverses en faveur des prisonniers de guerre et du Comité d’entraide aux prisonniers
En cette fin juin 42, ceux nombreux qui se dérangeaient avaient la double satisfaction de se distraire et de marquer d'une manière tangible l'intérêt qu'ils portaient à nos chers prisonniers
  • Soirée Cinéma-Concert fin juin 42 
  • Une première soirée avait eu lieu le 26 mars, au profit de nos prisonniers de guerre et le succès qu'elle avait rencontré appelait le renouvellement d'un spectacle similaire. C'est ce qui a été fait la semaine dernière où trois soirées et une matinée ont été données et une large part des recettes a été versée au Comité d'entr'aide local
  • En première partie, on a revu avec plaisir le film choisi « Ces dames aux chapeaux verts » un film connu de beaucoup puisqu'il avait déjà été projeté en film muet à Châteaubriant. Excellente interprétation de Marguerite Moreno, Alice Tissot et Pierre Larquey. Autant d'artistes de renommée nationale.
  • C'est au cours de la seconde partie réservée au jazz formé par ROBY et SES BOYS qu'intervinrent les artistes locaux dont on retrouvera les noms avec plaisir, autant d'animateurs bénévoles au sein d'Associations civiles ou sportives et qui se retrouvaient pour une œuvre commune.
  • Tous unis ce jour là : Roby (M. Plassais) et ses boys (M.M Glédel, Dauffy, G. et A. Combet, Savinel, Renato, Rosemon, Bonvalet, Louis) qui exécutèrent successivement morceaux entraînants et chansons modernes, chœurs, sketches, duos... avec une virtuosité qui dénote beaucoup de dispositions naturelles et un sévère travail de mise au point.
  • Tout ne fut pas également réussi mais cela est bien excusable, étant donné l'ampleur du programme. Plongeons-nous dans l'ambiance de l'époque... Écoutons le fameux « Robby Jazz », Retrouvons M Plassais dont les interprétations sont si comiques dans Ma pomme, la chanson du maçon ; Marcel Glédel dont on connaît toute la virtuosité en solo au saxophone... (3 juillet 42)
 
     Si avant guerre, nous mettions à profit le mois de décembre pour organiser l'Arbre de Noël des Écoles publiques cette manifestation "privée" n'était plus possible
       L'année précédente fin 41, nos écoliers comme tous ceux de Châteaubriant avaient participé au Noël du Maréchal... autour de la personne du Maréchal, Chef de l’État. 
     Fin 42, nouvel appel à l'union de tous, en raison des événements,  Cette fête de Noël qui aurait dû être marquée par diverses manifestations permettant à tous les enfants de célébrer cette fête ne connut pas le succès de l'année précédente. Et pourtant on souhaitait
  • Qu'un arbre de Noël soit organisé dans chaque commune
  • Que dans toutes les écoles publiques et privées les enfants soient invités à confectionner de menus objets qui seraient vendus pour la confection de ces arbres
  • Que le supplément des sommes ainsi recueillies soit remis au Maréchal, pour les enfants de prisonniers dont les mamans sont décédées ou malades depuis la captivité du père
    Aussi « l'Arbre de Noël du Maréchal » fut-il reconduit sous un autre nom :Le « Noël pour tous de Châteaubriant (8 janvier 1943)
      Se souviendraient-ils de la sollicitude du Maréchal ?
      Notre Chef de l’État s'offrait en effet aux regards en une effigie placée entre des houx illuminés aux trois couleurs. Et le journaliste d'exprimer un vœu « Ah ! Si notre Maréchal pouvait être ainsi à l'honneur pareillement dans tous les cœurs français »
      Sous l'égide du Secours National, étaient rassemblés les enfants malheureux, ceux qui appartiennent aux familles des prisonniers et des évacués.... Un Noël resplendissant de bonté et d'espérance malgré les difficultés de l'heure où les friandises sont devenues rares et les jouets tout autant faute de matières premières pour leur fabrication... Des enfants déshérités nombreux, très nombreux, de toutes les écoles, tous accompagnés par leurs maîtresses, leurs maîtres, leurs parents... Un spectacle amusant, un programme varié à la portée de leur compréhension : chants mimés, danses folkloriques, et « la Farce du Cuvier »
 
 
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     1943

     Autour de Nous
     L'envoi de colis... C'est avec la relève le grand sujet de ces années 42... 43... Et toutes les associations de participer à cet effort. Les Prisonniers de Guerre font l'objet de très nombreuses réunions visant à recueillir des fonds pour l'envoi de colis. Mais ils ne seront plus les seuls à bénéficier de mesures d’entr’aide. A compter de juin avec l'arrivée d'évacués de la région nazairienne, on redoublera d'efforts pour subvenir à une partie des besoins de ces nouveaux arrivants. Tous ces efforts sont centralisés par le Comité d'entraide qui se charge de l'envoi des colis. L'Amicale participe grâce aux concerts qu'elle organise
 
      Envoi de colis aux prisonniers (8 janvier 1943)
      L'Amicale des Anciens élèves et Amis des Ecoles Publiques de Châteaubriant enverra en janvier un colis à chacun de ses membres prisonniers. Le bénéfice de cette distribution sera étendu aux pères des élèves des écoles publiques. Se faire inscrire (pour ces derniers) avant le 15 janvier chez M. Geffriaud, Président de l'Amicale.
L'envoi des colis sera effectué par l'intermédiaire du Comité d'Assistance aux Prisonniers de guerre


Confection et envoi de colis  (Source photographique ... )
      D'où provenaient les fonds nécessaires à ces envois ? Des trois séances de variétés organisées fin décembre 42
      La première séance de variétés avait connu un tel succès que finalement « les organisateurs avaient prévu une deuxième en matinée le 20 décembre... On ne s'arrêta pas là... Toutes les places pour cette matinée étant louées, on décida de faire une troisième et dernière séance le même jour à 20 h précises (en soirée) au profit de leurs œuvres post-scolaires et de leurs prisonniers"
      Allons donc au spectacle. Quelques impressions d'un jeune spectateur auxquelles on ajoutera le compte rendu du « Courrier » 
      Le témoignage d'un jeune spectateur - Pierre Martin
 - Le grand fils du propriétaire de l'Hôtel des Voyageurs (sans doute Marcel Glédel) a interprété la chanson de Trenet sur le débit de l'eau et le débit de lait ! C'était un copain de mon cousin Raymond et de son frère André (les deux frères Chailleux). 
- La farce du cuvier ? J'y suis encore ! Je vois très distinctement la scène et les acteurs et je ris de la chute dans le cuvier ! 

 
« En lever de rideau, l'orchestre qui, sous la direction de M. Marcel Glédel, prêtait son précieux concours, créa l'ambiance par une marche espagnole, Le Matador parfaitement exécutée. Puis les fillettes de l'école Aristide Briand se produisirent dans un chant mimé : La légende de Saint Nicolas. Des élèves de l'école des Terrasses, dans une ronde avec chœur, firent entendre de vieilles chansons françaises. L'archet de Mlle Giraud et celui de M. G. Combet charmèrent les auditeurs et furent salués par des applaudissements justement mérités. La Farce du Cuvier et les deux Timides fort bien interprétés amenèrent de nombreux moments de gaieté. 
      Comme si on y était... Quelle farce ! Mettons-nous à la place de Jacquinot. Un homme doit obéir à sa femme et à sa belle-mère, qui veulent lui imposer tous les travaux du logis. Que fera Jacquinot après qu'elles lui aient donné un « rôlet », une liste des travaux qu'il aura à effectuer.
  • LA MÈRE - Ensuite, Jacquinot, il vous faut pétrir, cuire le pain, lessiver,...
  • LA FEMME - Tamiser, laver, décrasser...
  • LA MÈRE - Aller, venir, trotter, courir, et vous démener comme un diable.
  • LA FEMME - Faire le pain, chauffer le four...
  • LA MÈRE - Mener la mouture au moulin...
  • LA FEMME - Mettre le pot au feu et tenir la cuisine nette.
  • JACQUINOT - Si je dois mettre tout cela, il faut le dire mot à mot.
  • LA MÈRE - Bon ! Écrivez donc, Jacquinot : pétrir...
  • LA FEMME - Cuire le pain...
  • JACQUINOT - Lessiver...
  • LA FEMME - Tamiser...
  • LA MÈRE - Laver...
  • JACQUINOT - Laver quoi ?
  • LA MÈRE - Les pots et les plats...
Comment tout cela se terminera-t-il ?
Jacquinot aidera sa femme pour un travail ménager au bord du cuvier, un grand baquet qui contient le linge sale. Sa femme basculera alors dans le cuvier. Tempêtant et suppliant son époux, elle est sur le point de mourir noyée. Jacquinot lui répond simplement que la sortir de l'eau ne fait pas partie de sa liste.... Il ne se décidera à aider sa femme à sortir du cuvier qu'après la promesse qu'il sera dorénavant le maître du logis.
 
     Les applaudissements unanimes qui suivirent les chants de M. Ritouet prouvèrent combien le public apprécie l'organe et la technique d'un amateur que pourraient lui envier bien des professionnels. Mme Maudet, M M. J. Tourillon et Lebon surent également intéresser leur public qui leur fit un vif succès. Des compliments sont dus aussi aux jeunes filles du Cours Complémentaire pour une parfaite exécution de chants et de danses d'Auvergne. Quant à la vente des pochettes surprises, elle permit à chacun d'emporter un souvenir tangible d'une excellente après-midi »
Une large part des bénéfices devait être employée à l'envoi de colis aux prisonniers de guerre du « groupement » 
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Le travail en Allemagne
Les affiches de propagande en faveur de la libération des prisonniers, de la relève, du travail en Allemagne et même du S T O fleurissaient sur les murs. Richesse des archives.
Le besoin de main d’œuvre de l’économie de guerre du Reich devient tel - les hommes étant massivement mobilisés sur le front russe - que les responsables de la main d’œuvre vont chercher à exploiter au maximum les ressources en travailleurs des pays occupés. Pour répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre de l’industrie de guerre allemande et aux demandes successives de Sauckel, diverses mesures furent prises par le gouvernement de Vichy.


 
A compter de 1941, l’appel au volontariat n’eut pas grand succès. « L’Allemagne contribue à la diminution du chômage en France en donnant aux travailleurs qui y demeurent la possibilité de travailler en Allemagne… Il convient de collaborer avec les services allemands » proclame le ministère. Malgré la propagande mettant en avant les bonnes conditions de vie et de travail et les promesses de bons salaires offerts aux spécialistes français, le recrutement restreint ne fait pas l’affaire des autorités allemandes.
 
La relève
 
Il est réclamé à la France, en mai 1942, 250 000 travailleurs industriels dont 150 000 spécialistes. Laval, devenu chef du gouvernement, négocie et obtient, dans le cadre de « la relève », qu’en échange des 150 000 spécialistes, 50 000 prisonniers de guerre soient libérés.« Un nouvel espoir se lève pour nos prisonniers, c’est la relève qui commence » déclare Laval. Ce recrutement était fondé sur la base du volontariat. La possibilité d’une libération des prisonniers engage le gouvernement Pétain dans une voie où rien ne pourra arrêter les demandes allemandes relatives au potentiel de travailleurs dont le Reich a besoin.
« La France toute entière vivait à l’heure P.G. et l’espoir (qui sera déçu de les voir libérés) justifie pour le pouvoir des sacrifices de souveraineté et de dignité. Gestes politiques, paroles, gestes du Maréchal sont approuvés par des millions de Français et de Françaises, épouses, mères et pères des absents qui jugent Montoire et « la relève » à l’aune de leur chagrin et de leurs espérances »
Cet échange ne connut pas le succès attendu. Les résultats, malgré une intense propagande, s’avérèrent vite décevants. On se dirigeait vers l’obligation d’aller travailler en Allemagne. Le gouvernement de Vichy poursuit sa politique de collaboration et promulgue, dès septembre 1942, une loi instituant le principe du travail obligatoire pour les Français et les Françaises d’âge adulte, afin de permettre une éventuelle affectation autoritaire de la main d’œuvre. Une mesure qui allait entrer en vigueur à compter du début 1943. Ce sera le S.T.O.
 
Les prisonniers transformés

En janvier 1943, nouvelle demande de Sauckel qui exige du gouvernement de Vichy 250 000 travailleurs. Laval crut avoir trouvé la solution en demandant en contrepartie la « transformation » de 250 000 prisonniers de guerre, déjà rendus sur place, en travailleurs dits libres. Ces « prisonniers transformés en travailleurs libres » puis dits « travailleurs libres » bénéficiaient d’avantages propres à leur statut en Allemagne. Ils demeuraient sur les mêmes lieux de travail mais cessaient de porter l’uniforme et touchaient un salaire équivalent à celui des travailleurs allemands accomplissant les mêmes tâches Un danger pour eux : ils ne bénéficiaient plus de la convention de Genève. Sortis du camp pour la majorité d’entre eux, ils bénéficiaient d’une adresse individuelle et avaient la possibilité de circuler à peu près librement. La transformation était en principe volontaire même si les pressions allemandes eurent lieu et obtinrent des résultats positifs dans certains stalags. Près d’un prisonnier sur quatre devint « un transformé en travailleur libre ». Le rapport est beaucoup plus faible au niveau de la commune. Seulement trois ruffignolais changèrent de régime ! Cette situation est peu connue car les familles évitèrent, dans la mesure du possible, l’annonce de cette évolution de la situation de leur prisonnier. Au sein du Comité local, elle ne pouvait être inconnue puisque désormais l’envoi des colis se fit différemment et que le port fut remboursé par le gouvernement français. Un changement peu apprécié qui créa quelques tensions. Surtout que cette nouvelle situation accordait aux transformés et en partie à leur famille des avantages supplémentaires tout en continuant à bénéficier des  « avantages » accordés aux prisonniers ?
  • La prime de séparation : Les autorités allemandes estimant équitable dans l’intérêt de toute la main d’œuvre française occupée en Allemagne de faire accorder également aux prisonniers « transformés » la prime de séparation, ce fut fait.
  • L’approvisionnement en vêtements civils : Tout envoi était strictement interdit aux P.G mais ces travailleurs particuliers purent bénéficier de collections de vêtements et de sous-vêtements. Toutefois « ces opérations demandant un certain délai, il est conseillé aux familles d’envoyer à leur prisonnier « transformé » les vêtements qu’elles pourraient se procurer même s’ils sont usagés » (Croix-Rouge - 1er septembre 1943)
  • La délégation familiale : les familles des « transformés » continueront à recevoir cette allocation qui leur était allouée aux termes de la loi du 20 juillet 1942
Ces avantages dont bénéficiaient les prisonniers qui avaient choisi délibérément de travailler pour les Allemands, en Allemagne, suscitaient des mécontentements au sein des Comité locaux Allez faire comprendre à ceux qui ne pouvaient en bénéficier que, seules, les familles des travailleurs libres pouvaient obtenir à la mairie de leur résidence une carte de textile dite d’habillement !
 
Voilà qui explique les très nombreux articles que pouvaient lire les lecteurs castelbriantais du « Courrier » articles et titres du journal favorables à la Relève et au retour des prisonniers. Châteaubriant avait retrouvé un rythme de travail. La Gare et son dépôt, la Fonderie, l' Usine Huard et diverses entreprises locales tournaient de nouveau. Y eut-il des ouvriers de la région qui répondirent à l'appel pressant du Gouvernement de Vichy ?
  • 1er Mai 42 : Travailleurs. Mes camarades
  • 2 juillet 42 : Le Président Laval fait appel aux ouvriers de France
  • 3 juillet 42 : Enfin la Grande Relève. Pas de déserteurs sur le front du travail
  • 24 juillet 42 : La relève est prête (éditorial de A. Quinquette)
  • 6 août 42 : Les captifs attendent des hommes libres et volontaires. Travailleurs, n'hésitez-pas !
  • 1 octobre 42 : La relève doit continuer dans l'intérêt de tous travailleurs et prisonniers. Pourquoi il faut aller en Allemagne
Ajoutons en première page une photo représentant l'arrivée du 2ème train de la Relève en gare de Compiègne en présence de De Brinon représentant le Maréchal
 
  • 16 octobre 42 : Il faut hâter la relève
  • 23 octobre 42 : La vérité sur le travail en Allemagne
Et le Maréchal de mettre tout son poids dans la balance... Et le Président Laval d'adresser un message au peuple français. Mais combien de prisonniers rentreraient-ils ?
  • 3 décembre 42 : 25 000 prisonniers vont rentrer au titre de la Relève
Une lettre d'écolière (Courrier du 13 février 1943) 
Le "Courrier" collabo ne pouvait que mettre en exergue un tel courrier ! Comment mettre en valeur la Relève ? On fera appel aux enfants qui par l'intermédiaire de leurs instituteurs répondraient à l'appel deM. Abel Bonnard, ministre secrétaire d’État à l'éducation nationale.  Celui-ci vient d'inviter,  les enfants de France à participer au concours de la plus belle lettre, organisé comme l'année dernière par l'association nationale des Amis des travailleurs français en Allemagne, pour récompenser les enfants ayant écrit les plus belle lettres de Noël à l'un de leur parent travaillant en Allemagne. 
Cette fois on n'écrit pas au Maréchal... On écrit à un membre de sa famille. Cette petite E. B ne dit-elle pas à son frère J. B, ouvrier travaillant en Allemagne qu'obéissant au Maréchal et à M. Laval , je ferai mon devoir de Française, j'accepterai cette épreuve en pensant que tu contribues ainsi que tes camarades, à la « grande Relève » et que ton sacrifice hâtera le retour des prisonniers. Quant aux conditions de travail de nos travailleurs, chacun sait qu'elles sont très favorables. J'ai appris que tu t'acclimates là-bas et que tu t'habitues de plus en plus en plus à ta nouvelle vie ainsi qu'à ton travail au vu des courriers que tu as envoyés. Que de conditions favorables ! Tu nous dis aussi que les logements sont confortables et chauffés. Tout cela nous rassure sur ton sort
Il ne lui reste plus qu'à souhaiter que l'année 43 sera l'année heureuse pour « notre douce France », que ce sera une année marquée par la,paix et la réconciliation définitive avec l'Allemagne.
  • 15 janvier 43 : La Relève doit se faire à plein
Commencèrent à paraître des listes de prisonniers qui rentraient mais au compte-goutte
23 avril : le travail français en Allemagne. Propagande en faveur du statut de travailleur libre
C'était le nouvel espoir du régime de Vichy et d'en présenter tous les avantages que pouvaient en retirer les prisonniers
  • 4 juin : Statuts des P G transformés en travailleurs libres
Mesures d'équité en faveur des travailleurs libres
Cet échange (3 travailleurs pour un prisonnier) ne connut pas le succès attendu. Les résultats, malgré une intense propagande, s’avérèrent vite décevants. Les travailleurs libres ou transformés furent nombreux par contre.

Le S T O
On se dirigeait vers l’obligation d’aller travailler en Allemagne. Quelles classes seraient concernées ? Le gouvernement de Vichy poursuit sa politique de collaboration et promulgue, dès septembre 1942, une loi instituant le principe du travail obligatoire pour les Français et les Françaises d’âge adulte, afin de permettre une éventuelle affectation autoritaire de la main d’œuvre. Une mesure qui allait entrer en vigueur à compter du début 1943. Ce sera le S.T.O. auquel devraient se soumettre les jeunes gens ayant eu 20 ans en 40, 41, 42.
 
Le 16 février 43, un décret instituait le S T O d'une durée de deux années. Sont épargnés pour un temps les jeunes agriculteurs et les étudiants qui bénéficient d'un sursis pour terminer l'année universitaire. Afin de parer aux défections prévisibles, Laval met en place tout un système de fichage avec la participation des mairies et des divers services administratifs.
Comment cette loi est-elle perçue ? Avancée supplémentaire dans une collaboration d'Etat rejetée par l'opinion, elle est d'entrée condamnée "Il est incontestable qu'elle a soulevé dans l'opinion publique un mécontentement assez profond. La plupart des gens estiment qu'il est regrettable que ce soit une loi française qui permette d'envoyer des ouvriers en Allemagne (Préfet -1er mai 1943) Un constat qui n'empêche pas l'administration  française d'appliquer la loi. La rapidité et la fermeté avec lesquelles  les directives du S T O sont mises en place provoque un raidissement de la population et l'apparition d'une Résistance passive et de réfractaires qui refusent l'enrôlement obligatoire et devront vivre cachés " ce que constate le Préfet "La partie Nord du département limitrophe des départements bretons donne un pourcentage  de réfractaires de 80 %. La plupart du temps les jeunes gens ont quitté leur domicile et il est difficile de les retrouver. Comment subsistent-ils "A cette époque des travaux agricoles, ils trouvent facilement à s'employer soit dans des fermes isolées, soit dans des exploitations forestières assez nombreuses. Il ne faut pas se dissimuler que les populations les accueillent avec plaisir d'abord parce qu'une main d'oeuvre supplémentaire est toujours la bienvenue à la campagne. Ensuite parce que chacun est heureux d'empêcher ces jeunes gens d'aller en Allemagne. Quel sera leur devenir? Ils seront à l'origine des premiers rassemblements de maquis ce que ne relève pas encore le Préfet dont l'enquête des Renseignements généraux n'a pas décelé d'organisation  permettant aux réfractaires d'échapper collectivement à la loi. Satisfaction de sa part  au vu des enquêtes menées dans le nord du département "Les résultats me permettent d’assurer qu'il n'existe aucun point de rassemblement de réfractaires" (Préfet 1er juillet 1943)
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Les activités culturelles de l'Amicale
En cette année 43, l'activité amicaliste continua à se déployer dans ses domaines favoris
  • La poursuite des « Concerts » générateurs de recettes au cours desquels intervenaient les grands élèves des deux Cours Complémentaires et des membres de l'Amicale. L'arrivée de nouveaux acteurs (cf programme des 21 et 8 mars) fut la bienvenue : M. Fontaine, J. Chrétien, M. Brébion, Th Hougron débutaient sur les planches rejoignant une troupe déjà aguerrie
    Du côté des Terrasses, sous la houlette de G. Chanteux leur professeur de français, on avait travaillé une scène du « Médecin malgré lui »... Du Molière.... Du classique. Qu'on imagine le plaisir qu'avaient nos grands de troisième à jouer avec Martine et Lucinde !3
 
L. Bochat, R. Sassier, A. Melois, F. Raimbaud, M. Audrain autant de têtes bien faites ! Brillants élèves dont le palmarès du Cours Complémentaire des Terrasses fait état en juillet 43. La carrière d'instituteur s'ouvrait devant eux. Sur 6 élèves présentés par le C. C., 5 élèves admissibles avaient été reçus sur 20 recrutés au niveau départemental. Si M.M Biveau (Maths) Chanteux (Français et Anglais) étaient satisfaits de leurs élèves que dire de M M. Jeanneau et Nivert qui étaient responsables de l'équipe Cadets de l'A.S. Terrasses, championne d'académie, dans laquelle jouaient tous ces acteurs.
A noter que ces nouveaux élèves instituteurs ne rejoindraient pas l’École Normale de Savenay. Le Régime de Vichy avait supprimé les dites Écoles Normales. Ils poursuivraient leurs études au Lycée Clemenceau de Nantes où ils rejoindraient quelques plus anciens qui ne devaient pas connaître Savenay :R. Ménard
  • Un 1er mai suivant le désir du Maréchal (7 Mai 43)
    L'allocution du Maréchal Pétain du 1er mai 43 destinée « Aux Travailleurs » rappelait quelles étaient les grandes idées contenues dans la charte du travail, « cet outil que je vous ai donné pour la bonne lutte qu'il faut mener sans haine » Et de demander qu'on ait confiance dans lui « Un temps viendra plus proche que vous ne l'espérez où le travail que je vous ai tracé s'accomplira plus facilement dans un monde délivré de la guerre » Et d'exprimer un souhait […] Que le 1er Mai n'exprime plus la plainte du prolétariat mais le triomphe du travail dans la l'ordre, la joie, la liberté »
Une fête dont la date avait été maintenue mais dont le Maréchal avait entrepris d'en modifier le caractère. "Une fête qui ne devait plus être l'occasion de manifestations tapageuses pour revendiquer quoi que ce soit. Il faut qu'elle soit pour notre pays une fête d'union et de paix sociale célébrée dans une fraternité pure. Ce ne serait pas le travail que l'on magnifierait cette année là . Le Maréchal s'est penché sur la jeunesse qui souffre de tant de manières de l'absence à la maison du « cher Papa ». Il nous a donc fixé comme directive pour ce 1er Mai 1943, de nous empresser auprès des enfants de nos prisonniers et leur donner à comprendre par des attentions et des douceurs que la communauté française, cette grande famille encore unie, demeure attentive à toutes les douleurs, à toutes les souffrances »
Tous seraient ainsi assurés de la sollicitude paternelle du Maréchal. Quel fut le déroulement de cette fête des enfants qui avait remplacé la fête du travail ? Elle consista en un goûter savoureux et substantiel offert aux fils et filles de nos chers prisonniers. 
Quels en furent les organisateurs ? Qui apporta son soutien et sa participation ? "Le Maire M. Noël s'était consacré avec dévouement à l'organisation désirée par le Chef de l’État et recommandée par M. le Préfet. IL devait trouver assistance auprès du Sous-préfet Manescu, du Secours National, du Comité d'Entraide aux prisonniers de guerre, de celui de la Croix Rouge et des Voltigeurs Castelbriantais. Absence de l'Amicale dans le chapeau organisateur. Mais sans doute les enfants de nos prisonniers avaient-ils profité de cette invitation ?"
Comment se termina cette grande fête enfantine? « Conquis de toutes les façons et par l'estomac et par le cœur, les enfants ne se firent pas prier pour crier tous ensemble : Vive M. le Maire ! Vive M. le Sous-Préfet ! Vive le Maréchal ! Vive la France !"
 
 
  • La Fête des Mères (4 juin 43 - page 2)
En 1920, avait déjà été élaborée une fête des mères de familles nombreusespuis le gouvernement avait officialisée une journée des mères en 1929, dans le cadre de la politique nataliste encouragée par la République.
Ce n'est donc pas une création du maréchal Pétain mais c'est sous son impulsion qu'elle devient  une « célébration quasi-liturgique, la mère étant mise sur un piédestal » par le régime de Vichy.Tous les Français sont incités à célébrer la maternité. En 1942, le maréchal Pétain s'adresse à la radio aux femmes en ces termes : « Vous seules, savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne »


 
Fin mai 43, c'était autour des Mamans d'être à l'honneur
"Ce 30 mai, nos mères ont reçu les premiers témoignages de notre vénération, dans la maison du Bon Dieu. Elles ne pouvaient en recevoir de plus délicats […] Messe solennelle à Saint Nicolas au cours de laquelle toutes les douces st saintes mères reçurent leur part d'hommages. Un merci vibrant leur fut adressé au nom de chacun de nous, au nom de la France, au nom de la chrétienté auquel nous avons souscrit de toute notre âme. En présence des autorités dont M. le Sous-préfet, Manescau, M. le Maire Noël , se pressaient les mamans décorées de la promotion 43 de la Médaille de la Famille Française. Voilà pour l'office religieux"
La fête s'était poursuivie l'après-midi dans la salle du Cercle Catholique, la seule qui se prêtât à de tels rassemblement, aux premiers rangs de laquelle on retrouvait les autorités civiles et religieuses […] Discours de M. le Sous préfet suivi de la remise des médailles par M. Delatour, président de l'association familiale de Châteaubriant aux 32 mères représentant un total de 231 enfants, toutes décorées par le gouvernement du Maréchal […]
Était venu le temps de la séance récréative donnée avec le concours de toutes les écoles et de musiciens appréciés. Les touts petits de l'école Maternelle (de la Victoire) dans un chant, des fillettes de l'école de Béré dans une poésie récitée avec conviction, l’École Aristide Briand dans une scène chantée « Les joujoux en colère », puis l’École des Terrasses dans un chœur de Dubus « Souvenir et tendresse » et dans une scène comique « Gros malin au restaurant » avaient apporté leur concours de même que ceux de Saint Joseph, de Nazareth. Ce fut autour des élèves de l'école de garçons de Béré de venir chanter « France, ma patrie »... Une séance qui avait duré trois heures... un peu trop longue peut-être pour vos bambins mais quelle bonne après-midi chères mamans !
Mais la fête n'était pas finie. Elle se termina par un goûter offert par la Municipalité et le Secours National aux mamans décorées et à leurs enfants. Nouveau discours de M. Noël qui adressa un grand merci à toutes les autorités présentes et proclama les mérites des organisateurs en tête desquels il y avait Mme Chevalier et M. Delatour dont c'était la deuxième fête qu'ils organisaient et qui faisaient de mieux en mieux
      
Où l'on retrouve les enfants des écoles... Notre premier magistrat adressa un grand merci à Mlle Moreau, inspectrice primaire qui eut ainsi sa part d'éloges pour l'initiative qu'elle avait eue en invitant nos écoliers à traduire par écrit leurs pensées et leurs sentiments sur leur maman. Un concours original et délicat avait été institué : les lauréats devaient recevoir un livret de Caisse d’Épargne de 25 f offert par la ville. Des lauréats dont on publia les noms dans l'ordre du classement pour qu'ils soient mis à l'honneur. 
 
Restait au Maire à réunir dans un même éloge les enfants et leurs mamans «  Les mamans que ces garçonnets et ces fillettes se sont efforcés de magnifier en leur dissertation enfantine et qui reçoivent en ces émouvantes cérémonies de la Fête des Mères, le juste tribut d'admiration et d'éloges que leur vaut une tâche, souvent méconnue, mais qui est toute d'abnégation, de dévouement et même de sacrifices » (Courrier du 4 juin 1943)
 
 
  • Les garderies de Vacances de l'Amicale
      Après interruption due aux événements extérieurs, elles avaient repris l'été 42. L'Amicale les reconduisit pendant l'été 43
Elles réunissent les garçons et les filles sous la surveillance des Normaliens et Normaliennes qui peuvent ainsi se procurer quelques ressources supplémentaires. Gisèle Faure, Simone Terrien, Roger Cloteau, Alphonse Eluère sont nos premiers intervenants cette année là
       Elles ont lieu aux Terrasses et à Béré. Aristide Briand occupée par les Allemands nous est interdite. Des terrains de sortie nous ont été attribués (Tout étant soumis à autorisation par l'occupant). Nos enfants pourront « prendre l'air ». Les effectifs sont remarquables. 98 garçons et 118 filles inscrits . Bien sûr tout est loin d'être parfait !On se plaint du manque de matériel, de ballons en particulier. Le fameux « coco » n'est pas une boisson de première qualité... 
 
      Avez-vous quelquefois goûté au coco ?
      C'est une boisson rafraîchissante qui résulte de la macération de bâtons de réglisse  En cette période de récession, à l'eau on ajoutait un édulcorant de réglisse. A défaut de goût prononcé au moins avait-on la couleur ! Longtemps le coco eut la faveur des enfants. Certains se souviennent encore « Il était dans de toutes petites boites rondes en métal avant d'être délayé dans l'eau: moi et mes copains, souvent on ouvrait la boite, on se la passait et on léchait ou suçait directement le contenu"
     Et la pamprelle en avez-vous bu ?
     C'est une autre boisson hygiénique de l'époque qu'ont connue les pensionnaires des Terrasses et de l'E.A.B - un sirop où dominait l'eau que colorait en rose une poudre (extrait de fruits rouges) - On dégustait cette boisson sucrée, colorée mais sans aucune trace de fruit naturel à défaut de l'eau du robinet
      Mais qu'on imagine le plaisir de tous ces enfants lors de ces garderies! On pense faire mieux l'année prochaine à l'Amicale
Les parents des enfants avaient le choix... La concurrence était là... 
      Tout comme l'Amicale Laïque, le Patro offrait ses services mais uniquement pour les garçonsQu'on se le dise au Patro « C'est presqu'inutile de l'annoncer. Il est tellement connu et sympathique ! Tout le monde sait déjà à Châteaubriant que le « Patro » de vacances commencera le lundi 12 juillet. Comme les années précédentes, il aura lieu au Cercle Catholique, tous les jours de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 18 h (officielles) le samedi excepté. Nous serons heureux d'y accueillir tous les garçons. Grâce au dévouement de leurs dirigeants, ils passeront des vacances agréables et joyeuses. Toujours le sourire !... Telle est la devise des gars du Patro de Châteaubriant. Châteaubriant va de nouveau s'égayer du chant de ses enfants. Ceux-ci goûteront pendant deux mois les charmes d e la vie au grand air dans la gaieté et l'entrain. Car dans la grande famille du Patro, on ne s'ennuie jamais"

      Mais la guerre est menaçante... Si Châteaubriant est resté jusqu'alors à l'écart des bombardements dont ont été frappés Saint Nazaire, Nantes, on procède à des mesures d'anticipation et on travaille à organiser la défense passive dans notre ville
- Des Caves-abris étaient en voie d'achèvement, des écriteaux les désignant avec leur contenance avaient été placés sur la façade des immeubles, des chefs d'immeubles avaient reçu leurs consignes, la principale étant d'ouvrir leurs portes à chaque alerte de jour et de nuit...
- Les tranchées de bombardement seraient entretenues. Celles du derrière de la Mairie seront éclairées de nuit pour éviter les accidents. Celles de l'école de la rue de la Vannerie seront reportées un peu loin de l'immeuble.
« Si jamais nous étions bombardés, ce qu'à Dieu ne plaise, on ne pourrait rien reprocher à la Commission municipale de défense passive qui à accordé à la question l'intérêt qu'elle mérite. Quand tout sera en place et que chacun connaîtra bien son rôle, il n'y aura plus qu'à souhaiter une chose... c'est que toute cette préparation précautionneuse ne serve à rien » (Courrier du 2 juillet 1943)
- Quant à celles de l'école des Terrasses les élèves, octogénaires aujourd'hui, s'en souviennent. C'est dans le parc d'Arbo qui jouxtait l'école dans lequel on avait élevé deux rangées de « baraques-classes » pour remédier à l'augmentation de effectifs scolaires (accueil de nombreux réfugiés) qu'on avait creusé des tranchées pouvant servi d'abri lors de bombardements. La gare toute proche étant un objectif possible. 
 
 
Sous le régime de Vichy et l’occupation allemande, les contraintes administratives seront prégnantes.
  • Interdiction absolue de toute discussion ou manifestation présentant un caractère politique
  • Application des directives du Commissariat aux sports et respect des règles édictées par l’occupant allemand : Cartes sportives pour les dirigeants (voir page…) Liste des noms, profession, adresse du Président, du Vice Président, du secrétaire, du trésorier et des membres du Comité de direction de l’A.L.C.C. (composé de 15 membres de nationalité française) (...)  Un fichage en règle qui n’était pas sans danger !
  • Innombrables demandes près des autorités occupantes : autorisations de se déplacer (ausweis), autorisations d’utiliser les terrains de sports, d’organiser une manifestation sportive…_______________________
La guerre toujours présente 
    
L'arrivée de Nazairiens
 
Conséquence des bombardements de Saint Nazaire : l'arrivée de réfugiés en particulier de l'école d'apprentissage des Chantiers de Penhoet (dénomination de l'époque « Loire Saint Denis »
 
Les chantiers disposent alors de leur propre école d’apprentissage. Elle est située sur le site des chantiers mêmes. On y forme des jeunes, à partir de 14 ans, aux métiers de la navale. L’entrée se fait sur concours. Les admis suivent des cours communs et l’une des trois spécialités proposées : construction mécanique, tôlerie-chaudronnerie ou bois. Au bout de trois ans les apprentis en sortent traceur, ajusteur, fraiseur, menuisier…
Novembre 1942 : Elle subit un terrible bombardement. En novembre 1942, l’évacuation des enfants des écoles primaires a déjà commencé. L’école d’apprentissage, elle, continue de fonctionner avec 220 apprentis. C’est le 9 novembre 1942 que s'abattent les premières bombes américaines à Saint-Nazaire. L’attaque est déclenchée  en plein jour avec des bombardiers lourds B17 et B24 dont la mission était de bombarder la base sous-marine et les installations portuaires nazairiennes. Ce raid aérien, mené par les Américains sur Saint-Nazaire, décime les apprentis des chantiers de Penhoët. 163 personnes dont 134 apprentis décèdent lors de ce tragique événement.
On décide d'évacuer les apprentis. Un des ateliers de Penhoet est fermé et transféré en avril 43 à Châteaubriant, choix motivé par le relatif abri en campagne et les possibilités offertes par l'entreprise Huard qui met à sa disposition un atelier et une salle de cours. Accueil de 29 apprentis répartis sur trois années de formation . Ces apprentis sont logés aux Epinettes, quartier de Saint Michel des Monts. Ce centre d'apprentissage « délocalisé » fermera le 6 juin 44, les apprentis se dispersant. Une présence d'une durée de 15 mois.
L'apprentissage comme pour les apprentis Huard va de pair avec une pratique sportive intense... Gymnastique assurée par M. Cornu, athlétisme, baignade aux beaux jours à la carrière des Princes,et football. Une équipe appelée « Mécano-Sports nazairiens » rencontre celle des communes voisines et la réserve des Voltigeurs et l' A L C
 
La Journée des sinistrés du 19 septembre 43.
L'Ecole des Apprentis de Saint Nazaire repliée à Châteaubriant avait fait appel à toutes les bonnes volontés du pays pour cette organisation. Spontanément se joignirent à eux : l'Amicale Laïque, les Vieilles Tiges, les Voltigeurs Castelbriantais, les Commerçants repliés et réfugiés et ceux de la ville. De tels concours ne pouvaient que préparer une bonne réussite. Dans nos malheurs présents, il n'est que l'union des coeurs dans une fraternelle solidarité, pour vraiment nous consoler et nous maintenir dans l'epérance
 Le sport , le théâtre, les chants sont au programme. Des visiteurs nombreux et une bonne recette en dépit d'aléas contraires
Le matin : Courses pédestres pour les jeunes (moins de 16 ans – plus de 16 et moins de 20 ans)sur un parcours en ville de Saint Michel à l'Hôtel de Ville
Après-midi : Grande Kermesse dans le parc Lemarié à Saint Michel avec le concours des sociétés les plus réputées de Châteaubriant et des Apprentis de Saint Nazaire et de la Maison Huard
Des aléas devaient ternir cette grande fête : le mauvais temps vint malheureusement contrarier la manifestation et le souvenir oppressant des tragiques événements de Nantes jeta sur la fête une ombre de tristesse. Pour ces deux raisons le succès n'atteignit pas tout l'éclat que l'on pouvait escompter 

Courrier page 2 article signé B G (...) dont ce sont les premiers articles 
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=206959929&l=1600&h=860&m=&titre=206959929&dngid=b0a800a7668bc2197308d82791db41d2562d2018
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(16) Des nouvelles de la Rédaction du "Courrier"
"L'équipe rédactionnelle du "Courrier" vient d'être complétée par l'arrivée de Mme B. Guiberteau qui nous vient de Niort où elle dirigeait depuis de nombreuses années les trois hebdos " L'Eclair de l'Ouest - Le Petit Gastinais - Le courier de Bressuire". Le courrier était depuis peu amputé de M. Pierre Quinquette fils qui nous a quitté pour satisfaire aux obligations du S T O. Quant au Directeur, M. André Quinquette, il pourra se consacrer aux fonctions dont il a été investi par ses confrères à "La Corporation de la Presse"
  Concentration dans les mêmes mains des moyens d'information castelbriantais... Ainsi peut-on parler  de l'objectif atteint par Pierre Quinquette fils d'installer un cinéma en la salle des fêtes de la mairie (Ce sera le "Familial Cinéma" et l'ouverture d'une deuxième salle de cinéma dans la ville). Délibération municipale favorable fin septembre 43. Autorisation accordée après étude des avantages que la ville pourrait retirer de cette location. Mise au voix au bulletin secret. Adoption du bail pour une durée de 12 ans par 8 voix contre 7. Gérance indirecte du Familial Cinéma puisque Pierre Quinquette est requis S T O. Ce sera, dès la fin janvier 44, le seul cinéma à fonctionner lorsque M. Blais directeur du Cinéma Olympia sera arrêté puis déporté. Un bail de courte durée, qui n'ira pas à son terme, suite aux événements qui suivront la libération de la ville en août 44 et la mise en place d'une nouvelle municipalité
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Les tragiques évènements de Nantes
Les bombardements de Nantes du jeudi 16 septembre 43 étaient dans les mémoires. Comment étaient-ils compris de la population ? Assurément on ne comprenait pas ces bombardements qui causaient tant de morts civils. La presse collabo renforçait la hantise et la peur des Anglo-Américains. et s'appuyant sur des évènements extérieurs survenus en Italie. Un cas italien qui appella réflexions... Un Pays qui, pour échapper à la guerre, pour en voir la fin, s'est conduit comme Gribouille. Voulant retrouver la paix dans la liberté, il a appelé les Anglo-Américains, leur a tout livré, tout promis sans limitation aucune et de ses abandons et de sa folie, il ne recueille que la honte avec des perspectives de ruine et de mort
Messieurs les Anglo-Américains, conclut dans son éditorial "Patrice", nous ne voulons pas de votre "libération", car elle est la pire des servitudes (Courrier du 17 septembre 43


L'Aviation Anglo-américaine a fait, en quatre jours, sur notre sol, de terribles ravages
Les Libérateurs sont passés...
 
Dans Nantes ravagée, on compte plus de 700 morts, 1773 blessés et 10 000 sinistrés
Des bombardements qui entraînèrent l'évacuation des enfants de la ville d'âge scolaire c'est à dire de 6 à 14 ans. Des enfants qui, munis d'un bagage suffisant, vont être répartis dans toutes les communes du département
Affiches relatives à la défense passive placardées par les pouvoirs publics... Accueil d'un contingent d'enfants... Sessions d'examens d'octobre ajournées... Rentrée des classes repoussée au 18 octobre...
Nouveau choc pour tous : Les nouveaux bombardements du 23 septembre
 
   Un souvenir d'enfance : le passage de bombardiers 
    "C'était à Ruffigné, en 43, nous les avons regardé passer très haut dans le ciel argenté... En groupes d'une quinzaine... Aucune opposition de la chasse allemande. Nous ne craignions rien... Où allaient-ils ?  Vers Saint Nazaire ? Comme tous les badauds qui - ce que regrette la presse avec raison - entendent le ronronnement des oiseaux de mort et se portent aussitôt dans le milieu de la rue, nous pointions nos regards curieux vers le ciel. Qu'ils étaient hauts !
    Foin des conseils du journal qui, s'adressant à ceux qui se croient à l'abri dans une cité ou dans un bourg, recommandait la prudence et l'écoute des pouvoirs publics qui disent "Abritez-vous" Comment ? En obéissant et en suivant les consignes de la défense passive


   La guerre... Les bombardements étaient loin de nous... La guerre ? On y jouait ! Nous avions notre base sous-marine, nous aussi, comme les Nazairiens. Dans le champ de Pépé, un sillon creusé dans le sol recouvert en un endroit précis d'un couvercle de lessiveuse... Une protection supplémentaire : des mottes de gazon sur le sommet... Le bombardement pouvait commencer... Quelques pierres, les pommes qui ne manquaient pas, des mottes de terre bien lourdes pleuvaient sur notre base... mais comme celle de Saint Nazaire, la nôtre résistait sous l'avalanche de projectiles ! "
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L'esprit de résistance au sein de l'Amicale
Autant d'activités qui apportent une utile occupation aux adhérents de l'Amicale mais ne font pas oublier la guerre qui tient notre pays sous le joug nazi ni les menaces qui pèsent sur certains de nos joueurs et dirigeants conséquence de leur engagement.
Au sein de notre société – nous dit Raoul Nivert – l'esprit de la Résistance est déjà décelable et soude de nombreux membres. On se réunit certes pour organiser des séances de variétés, des matches, on apporte notre aide lors de manifestations d'entraide... Mais on a ainsi l'occasion de discuter à l'insu de tous, de s'entendre, de s'organiser et cette poussée vers l'esprit de Résistance est de plus en plus grande et s'est affirmée au cours de l'année 1943
Inconscients des dangers qui guettent certains d'entre nous... Non ! Mais on ne pouvait imaginer les événements terribles de janvier 44
 
Premières arrestations... Démantèlement de réseaux
Quelles étaient les actions de « La Résistance » ? Une histoire difficile à établir en totalité. A Châteaubriant, comme partout, la résistance prend plusieurs aspects.
Regroupement au sein de réseaux dont l'histoire a été mise en évidence, après la Libération par les acteurs (arrêtés, déportés) ou par des témoins qui n'avaient pas été « ramassés » Autant d'anonymes à l'époque qui ont accompli des actes de bravoure quotidienne.
Mais qui appartenait au réseau Oscar Buckmaster ? Au réseau F T P ? Au réseau Notre Dame de Castille de Ruffigné? Aux groupes de Résistance de Martigné, de Fercé, de Sion, de Lusanger ? A cette époque le secret était le premier moyen de passer inaperçu.
Car les actions menées, se "font sous le manteau" : les renseignements transmis aux alliés de caractère militaire sur l'implantation des forces allemandes, la constitution des premiers groupes de résistants, les parachutages d'armes sont « top secret ». C'est lorsque des arrestations visant des opposants au régime nazi et au régime collaborant avec les Allemands seront effectuées qu’apparaîtront, et encore en filigrane, ces actions résistantes
Cet engagement de personnes ne pouvant voir la France asservie... de personnes qui dans leurs tâches quotidiennes rendront de multiples services en faveur de celles qui étaient menacées... de personnes dont l'action restera longtemps inconnue jusqu'à leur arrestation, est un des aspects de la Résistance dans notre région et dans notre ville
  • Parachutages réussis qui se succèdent : Fercé... Noyal... Ruffigné
  • Cascade d'arrestations : Celles de fin novembre - début décembre 1943 : Les Allemands raflent le père et le fils Lévèque à Soulvache, Célestin Deroche à Sion, les Letertre à Châteaubriant, Pierre Morvan à Rougé, Joseph Esnault, Raphaël Gicquel à Fercé...
Si la presse locale n'en donne aucun aperçu (elle n'en sait sans doute rien) les nouvelles s'étaient rapidement propagées.
  • Surprise pour la très grande majorité des habitants qui découvrent l'existence et l'action de la Résistance
  • Inquiétude de ceux qui se sentent menacés et dont le tour viendrait peut-être...
Mais la vie quotidienne continuait au sein de notre ville... Les compétitions sportives se poursuivent, les concerts et autres manifestations des associations ont lieu... La lutte souterraine contre l'occupant aussi... Les délations de certains aussi... ce qui entraînera de nouvelles arrestations en janvier, février, mars 44 et le démantèlement des réseaux.
 
1944 : Une année terrible

 
 
Les 21, 22, 23… 26 janvier et le 21 février 1944… 22 membres de l’ALC  sont arrêtés par la Gestapo et déportés vers les camps de concentration (2 seulement reviendront)
 
Écoutons Raoul Nivert
« 1944 ! Sombre année pour l’A L C ! Tragique et exaltante année qui vit la déportation de 29 de ses membres et la libération de notre région, le 4 août, après le débarquement en Normandie.
Parmi les milliers et les milliers de Français tombés victime de leur attachement à la liberté, il n’était pas de société, pas de groupement qui ne comptât un certain nombre des siens. Mais notre ALC eut le triste privilège d’avoir été comparativement à son effectif, un des groupements les plus cruellement touchés. Le plus grand nombre des Castelbriantais arrêtés par la Gestapo, en faisaient partie et se classaient parmi les dirigeants les plus actifs.
Les arrestations commencèrent les 21 et 22 janvier 44 précédant et suivant une réunion du Comité Directeur qui se tint à l’école des Terrasses dans la soirée du 21 et à laquelle participèrent 14 membres. On peut deviner quelles angoisses étaient les leurs.
 
Puis le 23, le 26, le 21 février, nouvelles arrestations. Jours cruels s’il en fut. Et combien plus cruels si nous avions connu, à ce moment là, les effroyables hécatombes des camps de déportation de la barbarie nazie.
Donc à partir du 22 janvier, l’A L C est cruellement désorganisée et toutes ses activités s’arrêtent. La réunion du Comité Directeur qui suivra celle du 21 janvier 44 se situe le 16 mars 45. Plus d’un an de désordres, de pleurs, d’espérances déçues ! Chaque semaine nous amenait l’annonce du décès d’un camarade dans des conditions atroces.
Deux seulement de ces déportés allaient revenir et dans quel état ! Quel lourd tribut payé à la Résistance ! Quelle leçon pour les veules, les esclaves de cette époque (et de nos jours… !) Alors que tout semblait perdu, alors que l’idée de défaite pénétrait dans les esprits faibles, alors que beaucoup disaient déjà oui à l’esclavage, ils ont eu le mérite de relever la tête et de répondre non. Non aux nazis qui voulaient imposer leur tyrannie, non aux traîtres à qui leur forfaiture profitait !
       Que leur souvenir, que l’exemple qu’ils ont donné reste impérissable ! Ils l’ont bien mérité. Je rappelle les noms de nos martyrs amicalistes morts en déportation et de ceux qui ont payé de leur vie, leur action militante et résistante dans la région castelbriantaise, tués au combat ou fusillés par les Allemands. Un bilan terrible.
Et j’en oublie peut-être, particulièrement parmi ceux qui se classent dans les anciens élèves de l’école des Terrasses restés en contact avec l’A L C
 
        Reste leur souvenir dans le cœur de leur famille, de leurs amis, des amicalistes qui les ont connus, côtoyés au cours des activités de notre Amicale… Restent des plaques de rues… le nom d’une école… une plaque commémorative au coin de l’école des Terrasses. Cette dernière fut posée le 15 juin 1947 au cours d’une émouvante cérémonie » (17)
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(17) Extrait de « L'Amicale Laïque Châteaubriant a 70 ans » 1938 - 2008 de M. Bonnier
Source : Bulletin intérieur de l'A. L. C de janvier 1969. Article R. Nivert
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VICHY ET LES JUIFS
Pour les 350 000 juifs français (appelés à l’époque « Israélites »), ces années sous le Régime de Vichy furent noires. Vichy prête la main aux allemands, pour ce qui restera la tache majeure du Régime de la défaite : sa participation à la lutte contre les résistants et sa complicité active dans « la solution finale ». Les français mettront un certain temps à réagir.
Mais la persécution prend un tournant dramatique à partir de 1942 en application de la « Solution finale ». La France participe aux rafles avec l’aide d’une milice créée pour lutter au coté des allemands contre les trouble-fête (résistants et juifs) : par exemple, le 16 et le 17 juillet 1942 a lieu la première grande rafle au Vélodrome d’Hiver. Cette fois, 13 000 personnes sont arrêtées par la Police française. Cela aboutira à un massacre immense : sur une population de 350 000 individus, 75 000 juifs ont été déportés et seulement 2 500 d’entre eux ont pu survivre
« Plusieurs membres de la famille Sinenberg font partie des victimes, en tant que juifs, des rafles de fin janvier 44. Fichés en Mairie, suite au recensement imposé par l’Etat français, ils ne purent échapper à l’holocauste. Ce n’est pas le cas de notre joueur de football - Bernard Israël dit Edmond - apparenté Sinenberg - qui vécut sous un nom d’emprunt, pratiqua son sport sous fausse licence et put regagner la région parisienne, la paix revenue » Autre joueur de football qui sera déporté pour son appartenance à la race juive et ne reviendra pas : André Demilt


     Vraie fausse licence du joueur Bernard Israël dit Bernard Edmond (apparenté famille Sinenberg) venu de la région parisienne se réfugier et se cacher à Châteaubriant. Licence enregistrée le 27 octobre 1943. A la Libération, il avait regagné Boulogne sur Seine. Nous l'avions retrouvé lors de la Kermesse des Sections sportives organisée en 1974 et qui avait vu un rassemblement des joueurs de la Section foot des plus jeunes aux plus vieux. Un retour quelque trente années plus tard au "pays d'adoption" où la famille Israël arrivée en 40 avait vécu avant d'être arrêtée puis déportée en 44. Seul Edmond avait échappé à ces arrestations 

Qu’ajouter à cette longue énumération des victimes nazies déclarait R. Nivert ?
Une simple lettre écrite par un joueur et dirigeant de notre équipe de football, sans aucune préparation, jaillie du cœur, une lettre écrite en prison par Jean Sinenberg, le lendemain de son arrestation avec ses parents, et qui devait mourir dans le camp de concentration d’Ellrich, le 9 février 1945
 
Caserne Richmond le
Jeudi 27 janvier 1944
 
Je pense qu’au reçu de cette lettre vous serez au courant du malheur qui nous est arrivé. Nous sommes depuis hier soir à Nantes tous ensemble en attendant d’être embarqués d’un instant à l’autre…
… Nous allons tous partir au Drancy probablement, un camp près de Paris. C’est un coup dur pour mon père avec son abcès et ma mère avec son angine de supporter un tel voyage. Pour moi, j’ai un moral excellent mais nous n’avons encore rien vu, des heures cruelles nous attendent…
      Vous vous ferez l’interprète près de tous les dirigeants de l’Amicale en leur sisant que si j’en reviens un jour, mon seul espoir est de retrouver la société qui m’était si chère et pour qui j’ai tant lutté malgré les critiques et tous les obstacles, ma chère Amicale.
Ma pensée est pour tous mes bons amis et copains, en particulier M. Geffriaud, Nivert, Raymond Chailleux, Jean Chrétien, Jacques Vrignaud, Paul Guigand et Chanteux (peut-être en ai-je oublié, qu’ils m’en excusent)
     Vous direz à Raoul que sa sacoche avec 580 F est restée chez nous dans le coffre et qu’il prenne chez nous, si possible, tous les équipements et les chaussures (1 à Fraslin, 1 à Bernard, 1 à P. Guignard et la mienne)…
     Je compte sur vous pour exécuter les ordres de cette lettre qui sera la dernière avant longtemps maintenant. Espérons seulement que nous nous retrouverons bientôt dans des jours meilleurs, tous réunis au rami au petit café de Vallet.
Cordiale et dernière poignée de mains
Jean Sinenberg
 
Adieu Châteaubriant
Adieu à tous les amis
Le supplice va commencer
 
En date du 21 novembre 1943. L'utilisation de cette carte - licence sera de courte durée. Deux mois... Arrêté en janvier 44 et déporté, Jean Sinenberg ne reviendra pas
 
 
Deux victimes des Nazis
 
 
M. Marcel Blais (déporté) propriétaire du cinéma Olympia et photographe (à droite) en compagnie de son ami Max Veper (fusillé) devant le magasin - studio - rue du Château.
 
Que sait-on aujourd'hui de la manière dont se sont effectuées les arrestations ?
Plusieurs castelbriantais étaient connus pour leur opposition à toute forme de collaboration. La participation à des activités associatives ou culturelles connues de tous n'étaient pas sans danger. Certains messages, certaines allusions pouvaient être provocatrices. Ainsi auraient été arrêtés à l'issue d'une représentation, d'une « revue », le juge FICHOUX, Léon LEMARRE, Robert PLASSAIS. D'autres menaient des actions cachées, inconnues de la population, de leurs camarades de travail, de leurs équipiers pour les sportifs et qui seront victimes de dénonciations.
Diversité des réseaux dans lesquels certains s'étaient engagés sur le plan local ou régional (Buckmaster, C N D Castille, Francs Tireurs et Partisans... ) Faisaient ainsi partie du réseau Buckmaster, un réseau démantelé à partir de la fin 43, plusieurs amicalistes. Première arrestation, celle de Pierre Morvan le 30 novembre suivies par celles celles des 20, 21, 23 janvier 44.qui frappèrent entre autres plusieurs membres du dit réseau. : André Beaussier, François Laguillez, André Malin, Auguste Morantin, Pierre Morvan. Trois rafles qui s'enchaînèrent dans un très court laps de temps et qui virent aussi les arrestations de Jean Fichoux, Marcel Blais, Georges Dumazeau père, André Demilt, Robert Glain, Jean Goth, Léon Lemarre, Pierre Leray, Robert Plassais... Autant de victimes des nazis qu'ils soient commerçants, employés d'administrations (P T T - Mairie – Sous Préfecture – Magistrature) ouvriers d'usine, ... qui complétèrent les arrestations d'autres castelbriantais
 
 
Qu'étaient-ils devenus ? On savait que la grande majorité avaient connu après leur arrestation la prison au Pré Pigeon d'Angers... Transfert ensuite vers le camp de Royal Lieu près de Compiègne ou vers celui de Drancy... On avait appris qu'ils avaient été « emmenés » puis internés en Allemagne. Pensait-on qu'ils pourraient être être assimilés aux prisonniers de guerre, enfermés dans des camps, travaillant en Kommandos ou en usine ? Sans doute... Mais ces « déportés » qui ne relevaient pas de la Convention de Genève ne concernant que les P G. seraient considérés comme « Terroristes ». On ne savait rien de l'objectif final des nazis visant à leur extermination. Les familles, les amis devaient rester dans l'inconnu pendant toute l'année 44, jusqu'à la découverte des camps de concentration et d'extermination. On pourra alors différencier les diverses parcours qu'ils ont connus : Morts en déportation pour « Terrorisme » (Actes de résistance) ou fusillés – Morts dans les camps d'extermination en raison de leur nationalité ou de « leur race »
 
L'Amicale en 1944... 45

Sa situation était désespérée : complètement désorganisée par l'exécution ou la déportation de 29 de ses membres actifs dont la plupart étaient d'éminent dirigeants et le départ de nombreux autres pour diverses raisons dont la principale était leur participation aux derniers combats de la libération. On ne donnait pas cher de son avenir
Les premiers mois de l'année 1945 ne firent que renforcer cette impression. A mesure que les troupes alliées repoussaient les nazis, les horreurs des camps de concentration étaient connues et chaque semaine nous apportait l'annonce officielle de la mort d'un de nos déportés. Et dans quelles conditions ! Atroces ! Inhumaines ! Aucun de nous n'aurait pu imaginer les tortures subies par nos camarades. Chaque précision sur leur sort n'apportait à leur famille que désespoir et révolte …
Et ainsi toute l'année 1945 !
Des 22 déportés, membres de l'A. L. C, deux seulement revinrent et dans un état lamentable : Jacqueline Leygues et Etienne Martin qui fut marqué physiquement et moralement pour le reste de sa vie. Vingt étaient disparus à jamais et leur mémoire fut célébrée par des services funèbres qui se succédèrent au cours des années 45... 46. Annonce en était faite dans le journal de Châteaubriant qui était reparu après la libération
C'est la presse qui à cette époque jouait un rôle d'information important en rappelant le souvenir des déportés lors des inaugurations de plaques et de monuments commémoratifs qui furent autant de moments où ils furent mis à l'honneur
Ces courriers privés, ces témoignages sont restés longtemps inconnus... On comprendra le succès rencontré par les premiers ouvrages relatant les événements qui s'étaient déroulés pendant la guerre dans notre cité et dans la région castelbriantaise
  • « Châteaubriant et ses Martyrs"  d'Alfred Gernoux paru en 1946
  • « Dora-la-mort » De la Résistance à la déportation par BUCHENWALD et DORA d'Andrès Pontoizeau.
      Lors de la kermesse des Ecoles publiques de Juillet 47, un stand de livres proposait à la vente trois livres : « Le Feu » de Henri Barbusse ; « Les grandes vacances » d'Ambrières et « Dora-la-mort » Un témoignage qui pouvait rappeler à certaines familles castelbriantaises le calvaire qu'avait subi un des leurs, un calvaire comparable à celui de l'auteur.
« Andrès Pontoizeau a écrit après son retour des « camps de la mort » un livre remarquable, Dora-la-mort, sorti en 1947, dans lequel il raconte ce qu'il a vu et ressenti dans les camps qu'il a connus. Pourtant il se dégage de son livre une grande espérance car, même à son apogée, le nazisme n'a pas réussi à détruire la dignité humaine chez les détenus des camps de concentration. 
Il était chef militaire départemental du Cher de Libération-Nord. Le calvaire d'Andrès Pontoizeau commence à Bourges dans les locaux de la Gestapo, continue par Orléans et Compiègne et finit à Dora après un arrêt à Buchenwald. Combien de Castelbriantais avaient connu le même itinéraire? Andrès revint des camps de la mort. Il fut délivré par les Américains et revint à Bourges le 12 mai 1945. Ancien instituteur à Châteaubriant, il était devenu Inspecteur primaire. De retour des camps, Il poursuivit sa carrière dans l'enseignement"

    Honorons leur mémoire... 
     Victimes du régime nazi
  
  Parmi tous ces disparus dont l'existence fut effroyable, rares étaient les témoignages relatifs à leurs conditions de vie dans les camps... Un témoignage d'un jeune co-détenu en compagnie d'André BEAUSSIER. Ce jeune déporté ayant survécu aux tortures du sinistre camp de Monthausen adressa à Mme Beaussier une lettre qui relate, sans vaine recherche d'effet, l'effroyable existence de ces malheureux dont André Beaussier qui n'en revint pas, hélas !
« Au rassemblement, 780 camarades doivent passer par une seule porte en une minute environ. Avec des tuyaux de caoutchouc pleins de sable ou des manches de pelles, les kapos tapent,t sur tout le monde qui se bouscule. Oh ! Les derniers... !
Parler d'aller à l'infirmerie équivaut à une condamnation à mort. Nous avons vu un remède employé par les S.S : un wagonnet plein d'eau. Un jeune juif de 18 ans a la diarrhée ; on le plonge dans cette eau. Il se débat, on l'assomme à l'aide d'une pelle ; au bout de 10 minutes c'est fini.
Au 1er janvier, désinfection du camp. 15 000 prisonniers sont parqués dans 4 « blocks ». Impossible de remuer. Le lendemain, 1 250 « maigres » sont mis à part... Piqûres, noyades, strangulation, coups sur la tête... On les entasse ensuite dans un coin du camp. En trois journées, 1 910 victimes... »
Beaussier avait été affecté à la firme électrique et travaillait dans une usine souterraine. Quand il fut épuisé, qu'il ne put plus marcher, comme il fallait tenir à tout prix (les Russes approchaient, on sentait venir la fin), ses camarades lui laissèrent le travail le plus facile, l'inspection des moteurs. Il pouvait rester assis une heure de temps à autre...
Et puis un jour, à force de souffrance, il alla à la visite. Il repartit le lendemain pour le camp... Depuis ses camarades n'eurent plus de nouvelles (R. Nivert « Il y a 25 ans – Janvier 1970)
    
    Marcel VIAUD instituteur à l'école des Terrasses rue de la Victoire était communiste comme Joseph Autret, lui aussi instituteur mais qui échappera aux arrestations. Tous deux sont militants syndicalistes, fervents amicalistes et pratiquent les sports à l' A C C puis à l' A L C C. Marcel Viaud fut « déplacé » (à la rentrée 41- 42) pour ses opinions « pro-communistes » à l'école de La Ville au Chef en Nozay avec son épouse. Membre du Front National et profitant de sa nouvelle résidence éloignée de toute agglomération, il se montre hospitalier pour tous les traqués, en héberge et en cache plusieurs. Arrêté en juillet 42 par des policiers français de la S P AC (Section de Police Anti Communiste), emprisonné à la prison La Fayette de Nantes, il est condamné à mort le 31 janvier 1943 lors du « procès dit des 42 »
 
Il sera fusillé le 13 janvier 1943 au champ de tir du Bêle à Nantes en compagnie de 24 patriotes. On honorera sa mémoire : plaque commémorative apposée à l'école de la Ville au Chef, rue portant son nom à Châteaubriant dans laquelle on trouve toujours de nos jours l'école Marcel Viaud à l'emplacement de l'ancienne école dite de la rue de la Victoire ou encore de la Vannerie où il avait été instituteur

      Le juge Jean FICHOUX 
On honora sa mémoire lors d'une cérémonie qui se déroula le mardi 15 octobre 1946 au palais de justice de Châteaubriant. Les divers intervenants (Président du Tribunal, Procureur Général, Premier Président de la Cour d'Appel de Rennes) rendirent hommage au Juge Jean Fichoux « qui avait honoré le monde judiciaire en donnant ici, au péril de sa vie, l'exemple du patriotisme et de la Résistance à l'occupant » Une cérémonie marquée par l'inauguration d'une plaque commémorative apposée dans la salle d'audience en présence de tous les magistrats de la Cour et du Tribunal de Châteaubriant, des autorités civiles et religieuses (Sous-Préfet, Conseillers généraux, Conseil Municipal, sociétés militaires avec leurs drapeaux...) des déportés rapatriés et des veuves et familles des déportés morts en Allemagne
Éloges en faveur de cet excellent magistrat patriote. Rappel, de sa carrière (il était arrivé en 1931 et avait siégé près de 15 ans à Châteaubriant) et de son comportement de Résistant. « Au fur et à mesure que l'occupation se faisait plus lourde, les sentiments patriotiques ne faisaient que se fortifier dans cette ville de Châteaubriant qui a été particulièrement éprouvée particulièrement éprouvée par la sauvagerie, il ne cacha pas ses sentiments de résistance […] Malheureusement ces sentiments n'échappèrent pas à la sinistre « Superhempolizer » et le 22 janvier 1944, au matin, il devait être arrêté par les Allemands. Transféré à Angers, puis à Compiègne où on put lui faire parvenir quelques colis mais après Compiègne, cet homme de 60 ans, presque infirme et cardiaque, gravit le calvaire que nous savons maintenant avoir été la déportation et la détention dans ces monstrueux camps de concentration qui ont été si justement appelés "Camps de la mort". Il devait malgré son âge être astreint au travail forcé au camp de Hartheim-Mauthausen et le 18 août 44, alors qu'épuisé, il tombait au retour du travail, des brutes nazies l'achevaient sur place.
Quels avaient été les motifs ayant entraîné son arrestation ? C'est un extrait du dossier personnel du disparu - juge d'instruction - qui en fait état : « L'occupant lui reprochait de n'avoir pas signalé les faits de résistance dont il avait connaissance, aux services compétents, obligation à laquelle il aurait dû donner suite en sa qualité de magistrat... »
 
http://archinoe.fr/loire-atlantique_v3/presse_seriel_visu.php?id=299968470&l=1280&h=984&m=&titre=299968470&dngid=025d91d02d86ee16ff4c4747de33bd674c6cc826_____________________________
 
En Juin 1947  

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  A SUIVRE
75 (IV) - (1945 - 1960) HISTOIRE de L'AMICALE LAÏQUE CASTELBRIANTAISE
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Les diverses sources consultées
  • Archives A L C - A L C C et Articles du Bulletins intérieur
  • Ouest Eclair - Le "Journal" et le "Courrier" de Châteaubriant (A D L A) - La Mée socialiste
  • Divers Ecritst les auteurs et sources sont précisés
  • Photos de collections particulières d'Amicalistes mises à disposition lors de l'exposition de 'L'Amicale a 50 ans" en 1988
  • Extraits d'articles du blog de M Bonnier
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